RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Remettre la transformation radicale de la société à l’ordre du jour

Contribution de Fabien Bon, militant écologiste et libertaire de Millau (Aveyron) à l’occasion des journées de l’écologie radicale les 29, 30 et 31 août 2008 à Miremont (Auvergne).

La catastrophe industrielle et la soumission à l’ordre social

La dégradation irréversible de la vie terrestre due au développement industriel a été signalée et décrite depuis plus de cinquante ans. Ceux qui détaillaient ce processus et ses effets pensaient qu’une prise de conscience y mettrait un terme. Quels que fussent leurs désaccords sur les moyens à mettre en oeuvre, tous étaient convaincus que la connaissance de l’étendue du désastre entraînerait une remise en cause quelconque du conformisme social.
Mais nous ne pouvons que constater que la connaissance de cette détérioration s’intégrait sans heurts à la soumission des individus à l’ordre social et « participait surtout de l’adaptation à de nouvelles formes de survie en milieu extrême » (1).

En détruisant toutes les bases morales et matérielles sur lesquelles elle reposait, la société marchande crée des conditions de précarité et d’insécurité si aiguës que seul un accroissement de l’asservissement à la machine sociale peut encore faire passer cette montagne de misère humaine pour un monde vivable. En effet, il n’est nul besoin de compteur Geiger ou d’analyses de fumées toxiques pour découvrir à quel point la société marchande est mortifère : avant de la subir en tant que consommateur, chaque individu doit l’endurer en tant que travailleur.

Des contestations qui ne font que renforcer l’ordre social

On croit avoir tout dit lorsqu’on critique les « dérives néo-libérales » qui auraient inventé récemment la « mondialisation ». Cela nous permet ainsi de ne pas voir que cette logique d’universalisation depuis longtemps à l’oeuvre n’est qu’un petit aspect du désastre.

Concernant la décroissance telle quelle est actuellement prônée, le rationnement volontaire est demandé pour les « éco-citoyens » et les « consomm’acteurs » et on en réclame aveuglément à des mesures étatiques (subventions, taxes). Si l’on se risque quelque fois à se déclarer « anticapitalistes », (dans une incohérence totale avec des propositions comme celles d’un « revenu minimum garanti » qui ne ferait que mieux intégrer les individus à la société de consommation issue du système capitaliste) on ne s’aventure jamais à remettre en cause la domination de l’Etat.

Nous devons cesser de penser en terme de réforme de la « société capitaliste ». C’est à un niveau beaucoup plus fondamental, celui des rapports de production et de l’utilité même de cette production, qu’il faut agir pour inverser la tendance.
L’alternative ne peut pas être « éventuellement » écologique, elle l’est fondamentalement, parce qu’elle remet en cause les bases mêmes de la société marchande qui est à l’origine des désastres sociaux et écologiques.

« Lutter contre le réchauffement de la planète, c’est juste empêcher la poubelle de déborder ; au lieu d’inventer une économie de la poubelle, il faut supprimer la cause, il faut supprimer le capitalisme » (2).
Nous devons ainsi exclure le développement « durable », l’état « providence », l’économie « solidaire » et autres artefacts d’un capitalisme « équitable » qui n’est qu’une forme de domination sociale moins visible que les autres.

Sortir de la société marchande et de l’asservissement à la machine sociale

Il nous faut donc sortir de l’asservissement à la machine sociale et aux promesses scientistes d’un progrès ininterrompu. C’est la seule sortie envisageable. Elle suppose de sortir de la société marchande, voilà pourquoi son abolition est une nécessité. Nous devons sortir de cette société. « Bien sûr nous pouvons la réformer, c’est ce qui se fait tous les jours pour différer la catastrophe dont elle ne cesse de nous menacer. Mais la catastrophe est là . » (1)

Il faut aussi en finir avec toutes les formes de soumission et d’aliénation (souvent intériorisées par les individus eux-mêmes) comme les religions, l’ordre moral, le salariat, le patriarcat, l’hétéro-normalité, le nationalisme, le militarisme, les superstitions, le racisme, le sexisme ... etc.

Ce que l’on a communément l’habitude d’appeler « démocratie » n’est que la façade « participative » de la soumission des individus à la machine sociale, puisqu’une minorité de la population donne tout pouvoir à un petit groupe de « représentants », par l’intermédiaire d’organisations bureaucratiques dont l’objectif affiché est d’assurer la pérennité d’un Etat tout puissant (qu’il soit de droite ou de gauche, un homme ou une assemblée peut décider du sort de plus de soixante millions d’habitants ou d’un seul individu, que ceux-ci soient d’accord ou pas).

Dans une perspective d’abolition de la société marchande, l’Etat - dont le rôle a toujours été de servir la machine industrielle - n’aura plus aucune utilité et devra en conséquence être aboli.

De l’abolition de l’état à l’autogestion

La société post-marchande sera composée de communautés autonomes et autogérées ou aucun rapport de domination et d’aliénation sociale n’existera. Dans l’esprit des communautés libertaires, chacun pourra se fixer ses propres règles dans le respect de l’autre. Cette autogestion devra non pas être une idéologie figée dans le marbre mais être toujours remise en question pour permettre l’émancipation de chaque individu au sein de l’écosystème.

Comment faire ?

Nous devons proposer une stratégie de contre-pouvoirs, praticable dès maintenant, qui sera susceptible d’ouvrir la voie à des ruptures ultérieures. Nous devons radicaliser, fédérer et autogérer les luttes pour remette la transformation radicale de la société à l’ordre du jour.

Dans les entreprises, dans les quartiers, dans les lycées et dans les universités, chaque lutte peut faire avancer la démocratie autogestionnaire : Assemblées Générales souveraines, mandat impératif de la base ... etc.

A l’heure de la « globalisation » de la société marchande, nous devons refuser les replis souverainistes et oeuvrer à la coordination mondiale des luttes afin de combattre les inégalités et l’insécurité sociale car l’avenir est pour nous à la solidarité.

Nous devrons donc développer une stratégie extra-parlementaire, c’est à dire en totale indépendance de l’Etat, du patronat et des partis bureaucratiques. Cela ne signifie pas que nous devons rejeter en bloc l’électoralisme, mais simplement que nous devons arrêter de croire que nous pourrons transformer radicalement notre société par la voie des institutions. Cela ne nous empêchera donc pas de participer de façon ponctuelle à des élections sans, bien sur, participer à des exécutifs, même locaux, car le rôle réel de tout poste ou mandat exécutif est de représenter et d’assurer « l’autorité » (c’est à dire la soumission des individus) de l’Etat.

Notes

1 « Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable », de René Riesel et Jaime Semprun.

2 Intervention de Thierry Lodé, professeur d’écologie évolutive à l’université d’Angers, auteur de « La Guerre des sexes chez les animaux ».

Liens

journal La Gauche Verte

Blog de Fabien Bon

Solidaires, Ecologistes et Libertaires - Millau

URL de cet article 7044
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Ainsi parle Chávez
Hugo Chávez, figure du Venezuela et de l’Amérique latine contemporaine, si critiqué et diffamé dans la plupart des médias, était indéniablement le président métisse, issu d’une famille pauvre, avec lequel les classes populaires pouvaient s’identifier. Pendant 13 ans, chaque dimanche, il s’est adressé à son peuple dans une émission appelée « Allô président », fréquemment enregistrée sur le terrain et en public. Ce livre recueille certaines de ses allocutions. Tour à tour professeur, historien, blagueur, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Nous faisons semblant de ne pas comprendre le lien entre notre confortable niveau de vie et les dictatures que nous imposons et protégeons par une présence militaire internationale.

Jerry Fresia

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.