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Quel avenir pour nos démocraties ?

Si de nombreux pays se réclament de la démocratie, il faut distinguer les systèmes européens de celui des Etats Unis où l’influence de l’argent est telle que l’on peut parler de ploutocratie. En Europe l’on peut différencier les démocraties majoritaires, (France-Angleterre) dans lesquelles les coalitions majoritaires n’ont guère à tenir compte des contre-pouvoirs, des démocraties qui valorisent une représentation plus proportionnelle des opinions politiques et un système plus équilibré grâce au fédéralisme ou au poids des partenaires sociaux (Suisse-Allemagne-pays scandinaves).

Un point commun majeur est que toutes sont des démocraties représentatives qui reposent essentiellement sur l’élection, mais paradoxalement le poids du citoyen sur la prise de décision par les gouvernants est de plus en plus faible. Le pouvoir est finalement exercé par une élite peu contrôlée, qui est très proche de l’élite économique, et beaucoup plus sensible aux pressions des lobbys que des mouvements citoyens. Ensuite, les gouvernants se sont laissés eux-mêmes dessaisir d’une grande partie de leur pouvoir et ils ont de moins en moins d’emprise sur la sphère économique et financière.

Contrairement à l’idéal antique de la démocratie athénienne, où l’assemblée des citoyens concentrait l’essentiel du pouvoir décisionnel et où se pratiquait le tirage au sort, la rotation et la collégialité des fonctions, le pouvoir est actuellement exercé par une classe politique professionnelle. Cette professionnalisation proche de l’oligarchie prolonge le principe que tout le monde n’est pas capable d’exercer des charges gouvernementales, et qu’il est nécessaire de gouverner à la place d’une opinion publique jugée versatile et dangereuse.

La France est le seul pays d’Europe où une même personne, le président de la république, incarne la communauté politique et à la fois gouverne. Ailleurs, le président assure un rôle moral et symbolique d’arbitre, mais le pouvoir exécutif est aux mains du premier ministre. De plus, dans nos frontières, le poids du législatif par rapport à l’exécutif est particulièrement faible, et le cumul des mandats généralisé. Notre système est vraiment très déséquilibré.

Notre culture du pouvoir ne va pas nécessairement dans le sens de la démocratie. Des formes de prises de décisions autoritaires et personnalisées s’observent à tous les niveaux, au niveau national (président de la république) comme au niveau local (maire). Avec cette culture de l’autorité, va aussi une absence de contre-pouvoirs et d’acceptation de la possibilité d’une remise en question des pouvoirs élus. La France est un exemple paroxystique de démocratie majoritaire où, lorsqu’un pouvoir l’a emporté grâce à une élection, il peut en faire ce qu’il veut. On est loin de l’idéal démocratique !

Il faut en finir avec l’idée que seuls les élus par la grâce d’une élection peuvent incarner l’internet général, et donc monopoliser la prise de décision. Il faudrait par exemple ouvrir le champ à des assemblées citoyennes tirées au sort ou permettre les référendums d’initiative populaire. Cela exige cependant que des mouvements sociaux d’ampleur fassent bouger le centre de gravité de l’agenda politique. Cela s’est déjà produit à partir du 19éme siècle par exemple, l’émergence de partis de masse a favorisé l’instauration de l’état social.

On ne pourra absolument pas changer le système s’il n’y a pas un réveil citoyen via des mouvements sociaux de masse, des mobilisations importantes… ; rien ne peut dire encore si ces mouvements pourront contraindre le système à s’adapter, mais il est certain que les institutions et les élites telles qu’elles sont ne se réformeront que si elles y sont contraintes par la rue.

D’après un article de Loïc BLONDIAUX et Yves SINTONER pour le journal du CNRS

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http://2ccr.unblog.fr/2012/06/07/quel-avenir-pour-nos-democraties/

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