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Printemps arabe : l’été sera chaud

Juppé droit dans des bottes de plus en plus boueuses

De Tripoli à Damas, il reste sûr d’avoir raison. Il le dit et le rabâche, avec cette morgue qui avait brisé sa carrière politique en France. Un psychorigide aux Affaires étrangères pendant cette période, cela commence à inquiéter. Et pas seulement les Français.

Car, n’en déplaise à Alain Juppé, Tripoli et Damas résistent à la guerre et aux pressions. Le Yémen reste chaotique et les révolutions démocratiques, tunisiennes comme égyptiennes, battent sérieusement de l’aile. A ce tableau, il faut rajouter une guerre que l’on dit finie, sans jamais avoir été gagnée et qui sera, donc, perdue : celle d’Afghanistan, avec un retrait pour le moins hâtif au regard des événements. Petit point d’étape.

Afghanistan. Barack Obama a annoncé le retrait de 10.000 soldats américains d’ici la fin de l’année et de 23.000 autres d’ici à l’été 2012. Lors d’une allocution télévisée, le président américain a indiqué qu’après cette première vague de départs, le retrait continuerait progressivement. Les responsabilités, en matière de sécurité, doivent être transférées aux forces afghanes en 2014. Le retrait des forces américaines a été rendu possible par les progrès enregistrés face au réseau Al Qaïda, a ajouté Obama, sans rire. Ce sont les Talibans qui rigolent.

La France coordonnera, avec les Etats-Unis, le retrait progressif de ses quelque 4.000 soldats déployés en Afghanistan, a annoncé l’Elysée, dans la foulée. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a déclaré que ce retrait était le résultat "de l’élimination de Ben Laden et du travail des hommes sur le terrain. Ce sera significatif sur l’année 2011 et nous aurons, en 2012, comme le font les Américains, la concrétisation de ce mouvement", a-t-il expliqué. On lui laisse la responsabilité d’une analyse qu’il faudra bien conserver pour la comparer à la situation sur le terrain. Car, plus aligné sur Obama que Sarkozy, ce n’est pas possible.

Une légitimité douteuse

Libye. A force de protéger les civils de l’Est, on tue ceux de l’Ouest et le but de guerre humanitaire devient une élimination physique des adversaires. Sauf tir au but « chanceux », toujours possible, cela ne pourra pas durer longtemps. Le front des alliés contre le régime de Mouammar Kadhafi continue de s’effriter, présentant même une grosse fissure avec une demande de Rome de suspendre, « immédiatement », les hostilités, aussitôt contrecarrée par Paris, à la pointe de la coalition depuis le début des opérations.

« Je crois que l’alliance se fissure », analyse, pour l’AFP, Natalino Ronzetti, de l’Institut des Affaires Internationales de Rome. « Il y a une atmosphère de divergence de la part de certains membres (de la coalition), non seulement à cause des coûts énormes, mais aussi parce qu’il n’est pas certain que les récentes frappes aériennes soient complètement légitimes, du point de vue de la résolution de l’ONU », explique-t-il.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a réclamé « une suspension immédiate des hostilités » pour instaurer de « vrais couloirs humanitaires ».La réplique de la France ne s’est pas fait attendre. Le Quai d’Orsay s’est dit opposé à « toute pause dans les opérations », estimant que cela « risquerait de permettre à Mouammar Kadhafi de gagner du temps et de se réorganiser ».

Déjà , le 10 juin, un autre allié, la Norvège, qui avait envoyé six chasseurs F-16 pour contribuer aux frappes, avait annoncé qu’elle allait, dans un premier temps, réduire son engagement militaire, puis qu’elle y mettrait fin, à compter du 1er août, deux mois avant l’expiration de l’actuel mandat de l’OTAN. Le pays scandinave est ainsi devenu le premier membre de la coalition à planifier ouvertement son retrait des opérations aériennes au-dessus de la Libye.

Aux Etats-Unis, aussi, ces opérations sont loin de faire l’unanimité. Le Congrès doit se pencher prochainement sur des résolutions finalisées mardi, visant à autoriser des opérations « limitées » en Libye, alors que nombre d’élus sont prêts à s’en prendre au financement d’une guerre engagée sans l’aval du Congrès.

L’Europe encore tout faux avec la Syrie

Syrie. Lors d’une conférence de presse à Paris, Vladimir Poutine a jugé « sans perspectives » toute « intervention dans les affaires d’un État souverain ». Un parfait chorus avec Dmitri Medvedev, qui a déjà déclaré dimanche que Moscou userait de son droit de veto à l’ONU contre toute résolution du Conseil de Sécurité condamnant la répression en Syrie. Damas s’est lancé, de son côté, dans une offensive diplomatique, critiquant l’Europe pour son « ingérence » dans les affaires syriennes, mais en ménageant son voisin, la Turquie, dont les dirigeants n’ont pourtant pas mâché leurs mots à l’égard de la situation qui prévaut dans le pays.

Dans une conférence de presse, tenue à Damas, le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a accusé l’Union Européenne de vouloir « semer la division et le chaos » en Syrie. Il a spécifiquement accusé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, d’entretenir des « illusions de l’époque coloniale française. Nous allons oublier que l’Europe est sur la carte et nous regarderons vers l’est, vers le sud et vers toute main qui nous sera tendue. »

Yemen. C’est la guerre avec al Qaïda. L’armée yéménite a poursuivi ses raids aériens et ses opérations terrestres contre des membres présumés d’Al-Qaïda, qui tiennent la ville de Zinjibar, dans le sud, selon des sources militaires et des responsables locaux. "Nous sommes engagés dans de violents combats avec les terroristes appartenant à Al-Qaïda auxquels nous avons infligé de lourdes pertes en dépit de leur mobilité", a indiqué à un officier participant aux opérations.

"Nous avons procédé à un retrait tactique de trois kilomètres des brigades 119 et 201, non pas sous la pression de l’ennemi mais dans le cadre d’une stratégie qui, nous l’espérons, donnera des résultats", a-t-il dit. Selon cet officier, les "éléments d’Al-Qaïda, dont des combattants arabes, sont bien entraînés et opposent une forte résistance ; mais ils ont subi de lourdes pertes". Où est la révolution démocratique ?

Tunisie et Egypte décevantes

Tunisie. Premier procès contre Ben Ali : une demi-journée de parodie de justice ; un procès qui a eu lieu sans l’accusé ; les avocats n’ont pas été autorisés à plaider. Cette première audience express, soldée par une condamnation à 35 années de prison, a laissé un goût amer. Où est le printemps du droit et de la dignité ?

Egypte. Dix huit formations politiques égyptiennes, rassemblées autour du Parti de la Liberté et de la Justice, issu des Frères musulmans, se sont accordées, mardi, sur une plate-forme commune pour les élections législatives de septembre, rapporte l’AFP. Parmi ces formations politiques figurent le Wafd (libéral), le Tagammou (gauche) et Al-Nour (salafiste), ont indiqué la confrérie sur son site internet et l’agence officielle Mena.

Certaines d’entre elles ne sont pas encore légalisées. Elles vont élaborer "un projet de loi électorale pour les législatives garantissant une plus large représentation des partis et des forces politiques". Les Egyptiens doivent élire, au mois de septembre, leurs nouveaux députés qui seront chargés, par la suite, de rédiger une nouvelle constitution. Le Premier ministre, Essam Charaf, a évoqué, dimanche dernier, l’idée d’un report du scrutin, pour permettre à tous les partis politiques de se structurer. Le pays est dirigé, depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, le 11 février, par le Conseil suprême des forces armées. L’armée, puis les Frères Musulmans. Où sont les rêves de la place Tarik ?

Bien sûr, le processus ne fait que commencer. « Il faut leur donner le temps et soutenir les forces démocratiques », entend-on fréquemment. Le temps, cependant, ne risque-t-il pas de transformer en dangereuse utopie un « printemps arabe » gagnant un été qui s’annonce caniculaire ?

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