Premiers de cordée et l’ADN de la politique macronienne.
Apporter son soutien aux grévistes luttant avec détermination contre le retrait de la réforme des retraites par point concoctée par le gouvernement relève du devoir de tout progressiste, le dire et l’écrire est une obligation.
Depuis plusieurs décennies, la France ne cesse de s’enfoncer chaque jour un peu plus dans le brouillard de la déraison pour le grand bonheur des seigneurs de l’argent qui chaque année voient leur fortune gagner en épaisseur.
L’entité des mille français les plus riches est couronnée du titre de « Premiers de cordée » par un Président convaincu que le salut du pays, voire son épanouissement, ne peut venir que des grands capitalistes dont le pouvoir d’investir est le moteur indispensable pour tirer la France vers le haut. Si c’était vrai, cela se saurait car l’Histoire nous enseigne tout à fait le contraire : esclaves, serfs, ouvriers agricoles et de l’industrie, ce sont ceux-là qui, sous une terrible oppression, ont produit et continuent de produire les richesses qui permettent à leurs maîtres de manger à loisir, de déféquer grassement et de construire pyramides, palais, navires de luxe et pointer la lune d’un regard envieux. Qui a joué le rôle de premiers de cordée dans la constitution de leur colossale fortune ? Encore des questions : depuis toutes ces décennies qui ont vu les financiers régner sur la France, « l’égalité » entre les citoyens s’est-elle renforcée ou s’est-elle-rétrécie, imitant en cela la peau de chagrin, les riches devenant plus riches et les pauvres plus pauvres ? Et la « liberté » si chère au cœur des hommes, a-t-elle conquis de nouveaux horizons ou a-t-elle gagné en restriction ? Quant à la « fraternité », pour savoir qu’est-ce qu’elle est devenue, il suffit de noter que la pauvreté améliore chaque année son record, résultat des courses aujourd’hui la France compte 10 millions de démunis, avec en prime toujours plus de travailleurs pauvres dont le salaire ne permet pas de vivre décemment. C’est dire combien les supposés « premiers de cordée » capitalistes vont finir par transformer simplement en cynique chimère la devise de la République qui garnit les frontons de nos écoles.
Notre Président, taxé à juste titre de « Président des riches » par les Gilets jaunes et autres opprimés des temps modernes, avec son « essayez-donc la dictature » a mis sur le tapis de l’actualité la problématique du vieux couple démocratie/despotisme. Essayons d’y voir clair.
Multiples modifications de la Constitution sans consultation des Français, assemblée nationale ne comptant quasiment plus de représentants des milieux populaires, soit la grande majorité de la société française, déni de la proportionnelle intégrale avec pour conséquence directe une représentation des courants politiques ô combien éloignée de la réalité, des lois importantes votées parfois par la majorité d’une infime minorité de parlementaires, l’indécent mépris du verdict des Français au référendum de 2005 se rapportant à une « Constitution pour « l’Europe », représentants qui, une fois mandatés, font faire 180° au programme proposé aux électeurs ( ah ! cet incomparable "Mon adversaire, c’est le monde de la finance" dont nous a gratifié le pince sans rire de Hollande), la loi organique qui inverse le calendrier électorale mettant l’élection législative dans la foulée des présidentielles, loi qui au lieu de renforcer la séparation du pouvoir législatif du pouvoir exécutif, tout au contraire a transformé les députés de la majorité parlementaire en supplétifs de l’exécutif, obligés d’obéir au doigt et à l’œil aux desideratas du Président de la république, aggravant ainsi le caractère monarchique de celui-ci – pauvre révolution française qui voit sa progéniture prendre le visage de ce qu’elle avait déboulonné. Cet inventaire ne donne-t-il pas à penser que notre démocratie, si elle n’est pas morte a du moins du plomb dans l’aile ? Est-ce mal dire que de dire qu’elle agonise ? !
La dictature est à la démocratie ce que la nuit et au jour, le noir qui attend son heure pour prendre la place de la lumière. En sommes-nous menacés ? La réponse est oui. Sans équivoque. Voilà pourquoi : le monde de la finance n’a pas le cœur à chanter comme un savetier, il est porteur de dictature comme le froid est coltineur de rhume. Oui, lorsque tout baigne pour les potentats et que rien ne menace leur formidable pactole, c’est tout sourire qu’ils s’accommodent bien de la démocratie. Toutefois, les précautionneux qu’ils sont gardent sous le coude différents dispositifs qui leur permettent de modifier les règles du jeu démocratique, selon ce que recommande leurs intérêts de classe du moment, qui sait ? : main mise sur le pouvoir de d’Etat et de sa violence légitime, règne absolue sur le système médiatique ( merci cher Mitterrand, le socialiste qui a ouvert aux monarques de la finance le droit de se payer des organes médiatiques en continu, armes sans pareil de communication, de propagande et de modelage des opinions, pensez-donc tous les quart d’heure le marteau tape sur la tête du burin !), infiltration de l’opposition afin de pervertir la ligne politique d’un mouvement devenu factieux aux yeux du pouvoir en place (pleurez à chaudes larmes, oh vous, anciens militant du parti de Thorez),étranglement bancaire, dépolitisation de la jeunesse par addiction au sport, aux jeux d’argent, à la musique, aux jeux vidéo violents (fusil-mitrailleur en main, l’on canarde à vue pareillement à ce qui se passa à l’hôtel « Mandalay Bay » de Las-Vegas le 1er octobre 2017, bilan du tableau de chasse : 59 morts et 546 blessés ! )
Il en va autrement lorsque les choses changent en leur défaveur et qu’un gros nuage noir menace de les transformer en quidams obligés comme vous et moi de travailler pour gagner leur vie à la sueur de leur front, alors... Alors ? alors sans hésitation aucune, pestant, haletant et suant, ils recourent à la force, au crime et même au génocide s’il le faut. La grande histoire de l’humanité jalonne d’exemples édifiants. Nul besoin de parler de Spartacus ou de la Commune de Paris qui a vu Thiers recourir à la force armée étrangère ( ah ! non ce n’est pas de la trahison, il faut bien défendre ces « pauvres bourgeois ! » tremblants de peur), ni même d’évoquer ces capitalistes jugés au procès de Nuremberg, l’histoire contemporaine nous abreuve de suffisamment de cas illustrant la réaction sans merci des nantis lorsque leurs richesses sont menacées par un mouvement populaire, spécimen du genre : le Chili et le putsch du 11 septembre 1973 de Pinochet contre Salvador Allende, élu démocratiquement. Inutile de rentrer dans les détails du bain de sang qui s’en suivit. Là, sous nos yeux, le Président Evo Morales a été obligé de s’exiler : l’autoproclamée présidente par intérim, Jeanine Añes, tout de suite reconnue par tous les pays du grand capital, les EU en tête, ne cache pas son souhait de le voir gisant bien tranquille dans un caveau et réprime violemment ses partisans : 23 morts déjà dans l’escarcelle, nombre qui sans doute ne manquera pas de s’envoler. Si ce n’est pas du fascisme, en tout cas ça lui ressemble. Il suffit d’interroger l’actualité pour découvrir quelque part dans le monde des événements similaires où les multimillionnaires défendent fusil à la main leurs fabuleux magots.
Dans la situation actuelle du monde, nul pays n’est à l’abri du fascisme, le risque ne vaut pas moins pour la France – impossible n’est pas français, n’est-ce pas, si même ce n’est pas pour demain -encore que l’autoritarisme étant l’antichambre du fascisme, qui sait ?
Pour revenir à la métaphore des « Premiers de cordée », elle a ceci de bien : elle permet d’isoler avec précision l’ADN de la politique que combattent Gilets jaunes et grévistes opposés à la réforme des retraites à points, jugée contraire à leurs minces acquis et à leurs droits de vivre décemment de leur travail. L’ADN de l’idéologie macronienne peut-être défini sous la forme d’un sophisme reposant sur une prémisse et trois déductions :
1- Le capitalisme, en particulier la haute finance internationale, est l’unique vecteur de prospérité économique. Les grands investisseurs, âme et force de l’économie mondiale, sont le moyen indispensable au développement d’un pays.
2- A raison, les richissimes actionnaires, n’investissent dans un pays que si celui-ci n’entrave d’aucune façon leur droit à engranger d’appréciables profits et les encourage au moyens d’avantages divers.
3- En conséquence, toute politique efficace de l’Etat se doit de supprimer tous les facteurs contraires à la logique capitaliste et de galvaniser concrètement la course aux profits des grandes entreprises afin non seulement que celles-ci ne partent pas mais aussi qu’elles servent d’incitateur à d’autres grands actionnaires à venir investir dans Eldorado français.
4 – L’état a le devoir de réformer la législation du travail dans le sens exigé par les entreprises, d’opérer des ristournes fiscales et de vendre aux privés des entreprises super lucratives comme la « Française des jeux » ou les aéroports. Si nécessaire, dépouiller les millions de petites gens (5 euros par ci, quelques euros sucrés aux chômeurs) et voilà constituée une manne financière à distribuer comme bon point aux actionnaires afin de les attacher au pays.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la réforme de la retraite à point. Et l’ensemble des décisions et actes du Président, depuis 2 ans et demi de gestion du pays, ne sont que l’application sans concession de cette vision économique. Monsieur le monarque républicain s’en tient à cette conviction qui l’habite âme et corps, il agit en PDG qui n’a d’autres choix que d’obéir aux objectifs du cahier des charges qu’il a signé (avec qui ? – impossible d’interroger des forces de l’ombre). Il ne peut y déroger, il y va de sa crédibilité ! Revenir sur une réforme des retraites mal fagotée, rejetée par la majorité des Français, ça jamais ! et hue ! députés et gens de la télévision, allez-donc répéter inlassablement l’un après l’autre que « cette réforme est la plus juste et la plus distributive ! » Raffarin le dit si bien : « faire passer la loi des retraites du gouvernement pour river les financiers dans notre pays, c’est ça le courage politique ! »
Dire que la technocratie est en train de tordre le cou à la politique n’est pas faux ! N’est pas faux non plus que de dire que poussé par la contrainte du cahier des charges, le Président applique parfaitement, brutalement, sans état d’âme, l’adage qui dit, inversons les termes, « la caravane passe, les chiens aboient ». Ainsi dans sa pensée, la source du pouvoir en bonne république n’est qu’un conglomérat d’aboyeurs.
Car si on l’examine bien les choses, on s’aperçoit très vite que cette théorie néolibérale n’est rien d’autre qu’une remise à la mode du féodalisme dont les seigneurs, bras droits du roi et maîtres d’armes vivaient richement de l’impitoyable exploitation du travail des serfs. Les grands détenteurs de capitaux ne sont rien d’autre que les seigneurs en costume du dit monde moderne.
Par quoi se caractérise ce monde dit moderne ? En tout cas pas par la supposée mondialisation. Celle-ci n’a aucune réalité. Ce n’est qu’un slogan, un leurre d’ordre incantatoire pour éviter le négativisme de son vrai nom : l’impérialisme financier – banque, entreprises du CAC40, brasseurs d’affaires, spéculateurs comme monsieur Soros (homme d’affaire mais aussi contre-révolutionnaire patenté) qui ne rate jamais l’occasion de se vanter de gagner des millions en une minute rien qu’en spéculant sur la monnaie d’un pays. Pour les personnes les frontières n’ont jamais été aussi hermétiques. L’argent seul entre et sort comme chez-lui et gare au pays qui entrave son droit à la supranationalité : si tu ne me laisses pas m’installer chez-toi, j’actionne les médias et te voilà habillé pour l’hiver de l’épaisse et sale pelisse de « dictateur » même si ton Président est démocratiquement élu ; à l’inverse même si tu es une véritable dictature comme l’Egypte avec un président putschiste mais qui ouvre large ses portes à la finance internationale – frères et sœurs de BNP Paribas ou de Coca-cola- tu es une belle et généreuse démocratie et peu importe que l’on tue juste pour voir la couleur du sang d’un opposant. De la vérité nous on s’en fiche, pragmatisme et efficacité idéologique sont la seule chose qui compte.
Inversion de sens des mots et des valeurs, la ruse du voleur qui crie au voleur, le recours au cache-sexe linguistique (par exemple appel au mot « oligarque » pour cacher la qualité de simple « accapareur » de ceux qui, avant la chute du mur de Berlin, avaient zéro dollar en poche pour quelques jours plus tard, en avoir des milliards – oh ! miracle du travail contre-révolutionnaire), le sac à tromperie des communicants et autres agents publicitaires au service du libéralisme est bien rempli de vilains procédés, de tours de passe-passe, de déformants de la réalité. Tenez ce mot de « libéralisme » qui fait appel à la « liberté » si chère au cœur des hommes, que veut-il dire exactement ? – liberté de travailler et de vivre décemment pour chaque citoyen ou liberté d’exploiter et de s’enrichir toujours plus haut, toujours plus fort et tant-pis pour ceux qui n’ont que leur bras et leur sueur pour joindre les deux bouts et encore : je vous laisse choisir. Les metteurs en scène de la politique macronienne ont trouvé le slogan idoine dans le terme « réforme ». A la moindre contestation de l’action des décisions prises, le « macronien », en bébé qui pleure ou en harangueur des foules, crie, hurle, saute au plafond « ne faut-il faut réformer la France » - oui mais dans quel sens ? Dans le sens de la régression ou dans le sens du progrès ? Séduisante ambivalence du vocable ! : les concepteurs chargés du système de communication de l’idéologie réformiste ont dû se lécher les babines : vendre comme déterminante évolution vers le progrès et la prospérité une politique tout ce qu’il y a de rétrograde équivalant à cent pas en arrière dans la remise en cause des acquis sociaux des salariés : du droit à l’erreur de l’employeur, au plafonnement des indemnités prudhommales , plus que jamais, c’est la déification de l’entreprise capitaliste qui, pourtant, de par même son statut, est lucrative et dont la solidité repose sur le principe à deux volets : minima dans les dépenses (les salaires, quelle calamité !), maximum dans les bénéfices. Loin d’être un Dieu bon, probe et compulsionnel, l’entreprise capitalise fait feu de tout bois pour vendre, y compris des produits mortifères – scandale du Médiator ou de la Dépakine, jeux vidéo super violent où l’on flingue à vue, mensonges publicitaire, affaire « dieselgate » de Volkswagen, corruption... Relevons au passage que la France, au sortir de la deuxième guerre mondiale, sous De Gaulle, s’est relevée avec l’entreprise d’Etat, ah jolie « caravelle – libellule du ciel, et non avec l’entreprise privée qui partage avec le rapace la même appétence. « Que De Gaulle vive et que ses idées meurent », j’entends crier les activistes libéraux qui tiennent dans leur viseur le programme du Conseil national de la Résistance qu’ils effeuillent les yeux gonflés de dépit.
Tout ce long développement – fort argumenté je crois – a pour but d’insister longuement sur l’extrême dangerosité du libéralisme – la sangsue boulimique -la majorité des Français en a parfaitement conscience oui ! mais n’en tire pas la juste conséquence en ne lui réservant leurs coups que de manière erratique. Bravo les Gilets jaunes d’être les seuls à comprendre que votre misère, votre déréliction, n’a d’autres sources que le microcosme de la finance avec ses lois, ses gendarmes et ses agents de propagande. Tout logiquement, votre courroux vise en premier lieu celui qui, dans votre bien-aimée patrie, est responsable de tous vos malheurs.
A en croire Mélenchon, Marine Le Pen serait plus dangereuse pour la France que Monsieur Macron, il est convaincu de cela et c’est cette conviction qui a fait qu’il il n’a pas fait ce qu’il faut pour éviter à la France le chao dans lequel elle épuise ses forces. Au deuxième tour de la présidentielle de 2017 nul besoin n’était de soutenir ouvertement la présidente du FN, ni même de citer son nom, il fallait tout juste ne pas s’affaler -livide et yeux révulsés à cause de sa quatrième place dans les résultats du 1er tour, mais au contraire, de rester plus que jamais debout pour crier, hurler, marteler « tout sauf le représentant de la finance ». Il le savait pourtant que le candidat arrivé en tête était un homme de la finance, la similitude avec l’itinéraire pompidolien en dit long sur la politique qu’il allait fatalement mener : le président Pompidou qui, comme l’actuel Président, a fait un passage fécond dans la Banque Rothschild, n’est-il pas le promoteur de la loi dont il partage le nom avec Giscard d’Estaing, alors son ministre des finances ? Loi 73-7 du 3 janvier 1973 qui « a interdit à l’Etat de se financer sans intérêt auprès de la Banque de France et qui a obligé notre Etat, nous faisions comme les Allemands, c’était la mode, c’était une façon de penser, on a obligé les Etats d’aller se financer sur le marché financier privé à 4 ou 5% », c’est dit non par un affreux gauchiste mais par Michel Rocard, ex premier Ministre de la France. Autre fait qui pouvait mettre la puce à l’oreille de tout observateur politique, surtout s’il est d’une réelle sensibilité de gauche, le Président actuel a été un des premiers conseillers dans la campagne électorale de Hollande ce qui signifiait au moins une communauté de vision économique avec son prédécesseur. Jamais deux sans trois, ajoutons ce que personne n’ignore, que le chef de l’exécutif actuel a été le ministre des finances du Président « ennemi de la finance » qui une fois élu va en faire son enfant préféré, approfondissant ainsi le malsain mensonge en politique, imité en cela par son élève, énarque lui aussi qui dans le domaine du mensonge, bravo, ne manque pas de virtuosité, avec sa magnifique phrase prononcée avec la solennité d’un César lors les vœux présidentiels du 31 décembre 2019, je cite : « ... face aux colères exprimées par le mouvement des Gilets jaunes nous avons su instaurer un dialogue respectueux et républicain sans précédent dans une démocratie... ». Quel aplomb dans l’affabulation !
Hélas ! Beaucoup de politiciens se réclamant de la gauche, en pmarfait inquisiteur, répandent de grossières balivernes à l’encontre de Marine Le Pen, la traitant fallacieusement de fasciste, de danger pour la société, de perverse pour la rendre répulsive au possible dans le but de justifier au final leur ralliement aux candidats du libéralisme," au front (républicain), camardes, barrage ! barrage ! hurlent-ils en harangueur des foules. Pourquoi ne pas faire barrage en premier au grand capital ? Procédé qui n’honore nullement la gauche, la vraie gauche. Il ne faut pas que j’aie l’air de la défendre, lorsque viendra le moment de la combattre, et ce moment viendra fatalement, je le ferai avec détermination, mais sans recourir aux imprécations qu’on réserve généralement aux sorcières. C’est une erreur fatale comme dit mon ordinateur que de la sous-estimer. C’est au contraire une femme politique talentueuse qui sait où elle va. A mon sens, la vérité est la seule arme efficace et payante au bout du compte et à même de faire triompher une idée juste. Etrange paradoxe que celui-là : la gauche, qui a appelé de voter Macron au deuxième tour de la présidentielle arguant qu’il y a lieu de « sauver la République », au final se retrouve avec un Président qui concrètement est à l’opposé des intérêts de la « république », imposant une soit disant réforme dont plus 60% de Français ne veulent pas. En fuyant le tonnerre, on tombe sous la foudre, dit le proverbe. La palme d’or dans l’appel à voter pour le représentant des banques et de la finance, revient sans conteste à l’ancien secrétaire général du PCF, monsieur Pierre Laurent qui, espérant un bon prix au jeu dit « est vainqueur le premier qui parle », le soir même du deuxième tour, après l’annonce des résultats, se fendit, avec la précipitation du lapin de la fable (pourquoi réfléchir !) d’un appel sur France2, je cite : « à battre » Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle en utilisant l’autre bulletin... » L’autre bulletin, le bulletin du Président Macron. Quant au deuxième prix, il va en toute justice au premier lieutenant de Mélenchon, Monsieur Corbière qui, voulant sans doute éviter le tonnerre, lança le 26 avril 2017 : « Pas une voix ne doit aller pour le Front National ». Comme tous les ténors du parti socialiste, du parti républicain, de Fillon – pourtant victime expiatoire du premier tour, de Sarkozy le grand ami des banques, tous ensemble, tous ensemble ! gauche et droite libérale de la classe des friqués. Qu’il eut dit « pas une voix ne doit aller au représentant de la finance » la France aurait évité, il y a des chances, de sombrer dans le désordre actuel. Force est de constater que le prétendu « front républicain » nous a fait culminer dans une situation abracadabrant qui voit une gauche se présentant comme viscéralement attachée aux valeurs de la République mettre sur le piédestal élyséen un courtier de premier plan du monde de l’argent. Un courtier qui ne répugne pas à flétrir, en veux-tu en voilà, l’idéal démocratique comme en témoigne la toute dernière flétrissure qui consista à jeter à la poubelle l’avis super critique du Conseil d’Etat sur le projet de loi contesté par le peuple de France. Les militants de gauche qui ont écouté les leaders de leur formation appeler à déclencher le réflexe républicain doivent s’en mordre les doigts en s’apercevant que, résultat des courses, ils ont participé à élire un monarque absolu porté sur l’enrichissement des riches et l’appauvrissement des pauvres. Plus ..., tu meurs, par politesse, je vous laisse choisir le mot qui convient ! Ajoutons à cela, Marine Le Pen en profite pour accuser sans qu’on puisse – vérité oblige, lui donner tort que cette gauche férue de « front républicain » n’a de gauche que le nom et que dans les faits, elle n’est qu’un petit pédicule à la traine du système politique responsable de la décrépitude de la France. Une gauche « républicainement » responsable se doit de s‘interdire de détourner et de pervertir le vote des Français. C’est le moins qu’on puisse attendre d’elle.
Qu’est–ce qui vitaminise à souhait le RN ? Réponse à deux sous : le capitalisme financier qui paupérise à tour de bras et rien d’autre ! L’analyse concrète d’une situation concrète de la France d’aujourd’hui conduit à l’énoncé suivant : impossible d’affaiblir le RN sans d’abord affaiblir grandement le libéralisme et sa politique mortifère. Chaque progrès de la politique libérale jette dans les bras du parti de Marine Le Pen des milliers de nouveaux électeurs ballotés par la mal-vie, et, ironie de l’histoire, beaucoup d’entre eux appartenaient à des mouvements de gauche. Le simple bon sens indique en conséquence que l’ennemi N°1 dans l’étape que nous vivons est la capitalisme financier –despote des temps moderne, n’en déplaise à Mélenchon qui, lui, prétend le contraire, ce qui veut dire que si Marine Le Pen avait été élue à la place de Macron, elle n’aurait pas appliqué son programme – sortie de l’OTAN, capitalisme industriel et non financier, retraite par répartition avec fixation de l’âge légal à 60 ans, retrait de la loi El Khomri, référendum d’initiative populaire, augmentation sérieuse des salaires (tout de même quelques points communs avec le programme de la France Insoumise. En ce qui concerne la réforme des retraites, Marine Le Pen a été la première à demander un référendum, réclamation suivie par les Insoumis et maintenant le PCF... Une fois élue, peut-être, aurait-elle fait table rase de « ces points de convergence », ça reste une supposition fleurant le procès d’intention, mais supposons... D’un, elle ne serait pas le premier politicien qui ment, de deux, tant mieux je dirais, parce que de cette façon, elle signerait en long et en large son discrédit, preuve à l’appui, et rejoindrait ainsi le sérail politique des menteurs-tricheurs-manipulateurs qui a dirigé la France depuis le Général De Gaulle, cela pour la livrer à la finance internationale. Sa démystification, concrète, prouvée, serait un gain immense pour les mouvements de gauche. En réalité peu importe son programme, l’essentiel étant que le RN ne jouit pas d’une grande considération auprès des banques, ensuite le capitalisme industriel qu’il propose de réinstaller finira par mettre à mal le capitalisme financier.
« Un ennemi dangereux deviendra un allié si l’on sait s’y prendre » dit le proverbe.
Avant de proposer à la réflexion de tous certaines considérations sur le leader le mieux loti de la gauche, considérations qui me sont propres, j’aimerais dire clairement et nettement que si par miracle aux prochaines élections présidentielle de 2022, Mélenchon se trouverait face à la candidate RN, je voterai pour lui sans hésitation (je l’ai fait au premier tour de 2017) cela en vertu du principe qui fonde ma vision politique, à savoir toujours opter pour le moindre mal.
Etrange le camarade Mélenchon ! Orateur d’exception, d’une grande intelligence politique, pugnace et sachant magner les métaphores qui font mouche, cependant il a bien accrochés à ses basques quelques défauts rédhibitoires : position en faveur de la casse de la Lybie et soutien à Sarkozy pour cette intervention indigne de la France – un homme aussi expérimenté que lui ne pouvait ignorer les objectifs ultimes poursuivis dans cette guerre qui a entièrement cassé ce pays et déstabilisé tout le Sahel( tiens ! la gauche « républicaine » n’a jamais demandé que Sarkozy et son inspirateur soient jugés pour cette infamie toute contraire aux intérêts de la France ), égocentricité – moi ou le déluge qui l’amena à achever le pauvre et agonisant PCF (Merci Hue qu’on peut « huer » pour son excellent travail), l’obsessionnelle haine pour Marine Le Pen qui l’aveugle et l’empêche de voir en face cette réalité : le RN est aujourd’hui un parti incontournable du paysage politique français, tellement bien ancré que beaucoup de militants de base de la gauche ont déserté leurs mouvements pour venir s’y réfugier ( impossible de passer sous silence le fait que les leaders de la gauche ont leur implication dans la transformation du FN en premier parti de l’Hexagone). Chez lui les sentiments et la passion prennent souvent le pas sur la raison de sorte qu’il confond finesse et finasserie. De ce fait, il passe à côté d’une stratégie murement réfléchie. En principe l’homme de gauche est planificateur ; sagesse et perspicacité recommandent de faire toujours chose après chose. Ses comportements et prises de position lui ont couté beaucoup de voix. Assommé par les résultats du 2ème de la présidentielle de 2017, il ne comprend toujours pas pourquoi il se retrouva quatrième, derrière le « casseroleux » Fillon alors, et c’est tout ce qu’il y a de plus vrai, qu’il avait mené une magnifique holographique campagne électorale. Livide, les yeux gonflés de déception, le moins qu’on puisse dire, à cet instant-là, il manqua de fair-play et sans prendre le temps il finassa disant : « (...) Je ne voterai pas Front national, tout le monde le sait. » ce qui implicitement suggérait de faire comme lui, or, à mon sens, tactiquement, le minimum recommandait de se taire pour ne rien à avoir avec l’élection du représentant des riches qui depuis deux ans et demi joue au roi soleil avec son moi je sais ! et allez-vous faire foutre gilets jaunes et autre grévistes de...
Tout ce long développement, vous l’avez compris et vous me le pardonnerez j’espère, se justifie par mon grand espoir que les choses ne se répèteront pas de la même façon pour la présidentielle de 2022 et que la gauche chère à mon cœur, patiente et déterminée, saura faire de sorte que le temps jouera pour elle à condition qu’elle mette au vestiaire haine viscérale et fausses ruses qui lui font croire que vociférer c’est gagné !
Il est très probable que le Président actuel ne sera pas réélu. Stratèges et communicants commandités par les « maîtres du monde »sont sans doute déjà sur le pied de guerre pour lui trouver un remplaçant viable. Cette fois, il s’agit d’opter pour une personne qui répond au moins à deux critères : donner l’air d’être antinomique avec l’actuel résident de l’Elysée (comme Obama par rapport à un Bush complètement décrédibilisé) et avoir les talents d’un animateur de foire. Je soupçonne « le bureau des légendes » de lorgner du côté de Ségolène Royale, soudain positionnée par les médias comme première opposante à Macron. Belle, sexy, énarque, elle ne manque pas d’atouts. Qui connait sa carrière sais qu’elle est libéralo compatible. Et suprême avantage, elle passe pour une sincère militante écologiste – écologie tout à fait conciliable avec ce capitalisme qui surproduit, gaspille, dénature, casse et engrange sans répugnance d’énormes profits. Je me méfie personnellement de cette écologie dont les thuriféraires mentent au moins par omission (des espèces disparaissent oui mais pas un mot sur l’apparition de beaucoup de nouvelles, motus sur l’influence qu’exerce la galaxie sur notre minuscule planète, sans le réchauffement serait-on devenu des homo sapiens ? ) et font mentir Darwin et ses principes d’évolution, de mutation et d’adaptation, mais c’est là un autre débat... Et si ça coince un peu, doivent se dire les patrons de sa campagne électorale, on fera comme pour Fillon, on battra le tambour médiatique pour arroser et faire fleurir le dit « front républicain. Enfin une femme présidente ! quelle aubaine pour une république en mal de féminité – grande “ gratitude ” – non ? Une fois élue, pour savoir ce qu’elle fera, c’est fort simple – repasser le film réalisé par le Président Hollande.
Quand on y regarde de près, ce sont les gilets jaunes qui montrent le bon chemin. Venant de tous les horizons, de gauche, du FN, sans parti ou simples quidams, ils marchent inlassablement tous les samedis depuis plus d’un an, épaule contre épaule, le dos du gilet noirci de mots exprimant leur révulsion d’un système politique qui a les yeux Chimène pour les seuls riches. Ils ne se trompent pas d’ennemis, eux. Ils ont une idée très claire de l’auteur de leur misère, de leur désespérance et de la déraison qui étrangle leur chère France.
Que les dirigeants de la gauche en prennent de la graine !
Hassen Bouabdellah. Ecrivain