Excellent article, comme tous ceux que nous fait parvenir notre ami Thierry Deronne.
Je veux le commenter uniquement sur la forme et plus précisément sur l’emploi des genres (et non pas des « sexes ») masculin/féminin dans des mêmes mots : les invité(e)s, les citoyen(e)s….
Outre que cette mode est une entorse à la langue qui est enseignée dans toutes les écoles en application des directives qui découlent des préconisations de Grévisse et de l’Académie, elle présente les inconvénients suivants :
– Elle alourdit et allonge à loisir tout écrit.
– Elle appelle, à terme, la féminisation de mots qui n’ont pas de masculin, mais aussi la masculinisation de mots féminins : recrue, sentinelle, belette, et mille autres.
– Elle est inapplicable à l’oral, sauf à prononcer des horreurs comme : « les candidates et les candidats ont rencontre les élu (euu)s.
– Elle est également intenable à l’écrit. Je n’ai JAMAIS lu un texte qui la respecte jusqu’au bout. On a, au contraire, et systématiquement, des textes qui appliquent à la fois la règle de l’Académie et celle des mouvements féministes ou des politiciens en quête de suffrages féminins.
– Dans le texte de cet article, je relève que les mots « citoyens » et « invités » ont été affligés d’un féminin dans le masculin, mais qu’ont été oubliés des mots qui auraient dû alors être féminisés, au nom de la logique et de la cohésion : penseurs, engagés, opprimés, européens, tous, manifestants, représentés, entre eux, présidents, élus, intellectuels, préférés, organisateurs, interlocuteurs, participants et même invités et citoyens qui obéissent, au fil des lignes, à l’une ou l’autre règle. J’en oublie sans doute.
Bernard Gensane et moi avions signés dans LGS deux articles étayés sur le sujet.
http://www.legrandsoir.info/Le-la-Grand-e-Soir-ee-a-ses-lecteurs-trices-francais-es-et-etrangers-eres.html
Bien entendu (et en qualité d’écrivain), je suis atterré et prêt à jeter ma plume aux orties. Cette mode barbare, si elle triomphait, obligerait à introduire dans les dictionnaires des milliers de mots dont on se passe très bien car il en existe qui les désignent au moins implicitement. Quand on parle des droits de l’Homme et des citoyens, chacun comprend depuis des décennies que c’est des humains qu’il est question. De même on peut deviner qu’une chouette est parfois un mâle, comme une grenouille. De surcroît, et là est l’horreur intégrale, toute la littérature, depuis qu’elle existe, est à jeter. Pis, il sera désormais impossible d’écrire un roman, une thèse, de prononcer un discours. Et que dire de la poésie ?
Lisez-moi ce poème jusqu’au bout, si vous pouvez, essayez de le déclamer et pleurez avec moi devant le gâchis.
MV
La rose et le réséda
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Tous (toutes) deux adoraient la belle prisonnière (le beau prisonnier) des soldats
Lequel (laquelle)montait à l’échelle et lequel (laquelle) guettait en bas
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle cette clarté sur leur pas
Que l’un(e) fut de la chapelle et l’autre s’y dérobât
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Tous (toutes) les deux étaient fidèles des lèvres du coeur des bras
Et tous (toutes) les deux disaient qu’elle (qu’il) vive et qui vivra verra
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle fou (folle)qui fait le délicat
Fou (folle) qui songe à ses querelles au coeur du commun combat
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Du haut de la citadelle la sentinelle (le sentinel) tira
Par deux fois et l’un(e) chancelle l’autre tombe qui mourra
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Ils (elles) sont en prison Lequel (Laquelle) a le plus triste grabat
Lequel (laquelle) plus que l’autre gèle lequel (laquelle)préfère les rats
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Un(e) rebelle est un(e) rebelle deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle passent de vie à trépas
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle (celui) qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu’il (qu’elle) aima
Pour qu’à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat
Celui (celle) qui croyait au ciel celui (celle) qui n’y croyait pas
L’un(e) court et l’autre a des ailes de Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle le grillon (la grillonne) rechantera
Dites flûte ou violoncelle le double amour qui brûla
L’alouette (l’allouet) et l’hirondelle (l’hirondel) la rose et le réséda
(Pardon, Aragon).