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Pourquoi il n’y a plus de gorilles dans le Grésivaudan. Le téléphone portable, gadget de destruction massive, par PMO.


[Les opérateurs ont compris le bénéfice qu’ils pouvaient tirer d’individus dévalorisés, angoissés, incapables de communiquer ou de supporter l’inconnu. Leur argument de vente dessine en négatif la société techno-marchande qui crée ces individus. Pourquoi aurions-nous besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et morcelle nos vies ? Rappel : dans un pays où trois habitants sur quatre sont équipés de l’appareil-qui-renforce-les-liens, 15 000 personnes sont mortes dans l’indifférence générale en trois semaines de canicule.

Si ce marché est si porteur, c’est que le rouleau-compresseur marketing a su capter ce qui, dans ce monde high tech et dévoué à la guerre économique, avait été détruit : les rapports sociaux. Il est typique du système de nous vendre, à coup d’innovations, des remèdes aux maux causés par les innovations précédentes. ]


Grenoble, 8 juin 2005.


On croyait tout savoir sur les nuisances du téléphone portable. On était
loin du compte. A l’échelle planétaire (trafic de déchets électroniques,
massacres de populations et d’espèces menacées...), nationale
(surveillance électronique, destruction de paysages, bombardement
publicitaire...), locale (destruction du Grésivaudan, pollution, pillage
des ressources et des fonds publics...) et individuelle (addiction au
gadget, effet "bulle", autisme social...), découvrons le fléau universel
qu’est le portable.

"Compte tenu du très fort développement prévisible du Centre de
Recherche en Nanotechnologies de la zone d’activité des Fontaines et de
la Zone Industrielle de Crolles (Isère), soutenu localement et nationalement, il est indispensable de compléter de façon urgente sa desserte, pour
assurer son accessibilité." [1]
On sait que pour devenir une agglomération de "statut international",
une "Silicon Valley à la française", et bientôt un "Pôle de
compétitivité", la cuvette grenobloise a sacrifié depuis un siècle ses
paysages, son environnement, la santé de ses habitants, la démocratie
locale et le contrôle de sa vie [2].
Livrée au techno-gratin, la ville se
consume dans la R&D et la course à la Croissance, dont le dernier avatar
sont ces nanotechnologies qui imposent aujourd’hui une nouvelle bretelle
d’autoroute. Il faut bien transporter jusqu’à Crolles les produits
chimiques stockés à Lancey, sur l’autre rive de l’Isère, et les employés
de l’Alliance, contraints de se loger jusqu’à Albertville. Rien que de
très conforme au projet de "continuité urbaine de Genève à Valence"
prévu par le Schéma directeur pour 2020. On ne fait pas de mégapole sans
bretelles d’autoroute, et ce semi-échangeur de Bernin en préfigure bien
d’autres, et de plus imposants.

Rappel : Crolles II, ce sont des investissements colossaux (2,8
milliards d’euros dont 543 M€ d’aides publiques), la destruction des
terres agricoles du Grésivaudan, le transport et le stockage de produits
hautement toxiques, les bouchons sur l’autoroute, la guerre économique
contre Chinois et Américains, le pillage des ressources en eau, les
contrôles d’identité à l’entrée de l’Alliance, la soumission des
chercheurs du CEA aux exigences des industriels STMicroelectronics,
Philips et Freescale Semiconductors, la visite régulière des autorités -
Chirac, Sarkozy, Devedjian, etc.
LA fierté du techno-gratin.

Pour quoi faire ? Des téléphones portables.

* * *

"Allo, c’est moi. J’suis dans le bus. J’arrive. A tout de suite."

* * *

Ne souriez pas. Si vous trouvez dérisoire le résultat de ces sacrifices,
gaspillages et destructions, c’est que vous n’entendez rien à la réalité
économique. Le téléphone portable, c’est une innovation, et comme l’a
expliqué Michel Destot, maire de Grenoble, avec l’innovation "apparaît
le développement des activités économiques qui génère lui-même des
emplois pour l’ensemble de nos concitoyens. Il y a là une véritable mine
d’or, prenons-en conscience." [3]

Le téléphone portable génère bien d’autres choses que des emplois et de l’or. Non seulement il accélère la destruction de la planète, mais il
contribue à la technification totale du monde. Des effets dont jamais
les chercheurs du CEA-Léti, sous-traitant de Nokia, ne parlent dans
leurs réunions mensuelles à la Fnac, ce débitant de téléphones
prétendûment "agitateur d’idées".


I - Il n’y a plus de gorilles au numéro demandé


Le téléphone portable est un concentré de nuisances.
D’abord à cause de sa puce. Eric D. Williams, chercheur à l’université
des Nations Unies à Tokyo, a mesuré les éléments nécessaires à la
fabrication d’une puce de 2 grammes. Résultat : 1,7 kg d’énergie
fossile, 1 m3 d’azote, 72 g de produits chimiques et 32 l. d’eau. Par
comparaison, il faut 1,5 tonne d’énergie fossile pour construire une
voiture de 750 kg. Soit un ratio de 2 pour 1, alors qu’il est de 630
pour 1 pour la puce. [4]

A Crolles, l’usine à puces de l’Alliance STMicroelectronics/Freescale/Philips engloutit 700 m3 d’eau par heure, et soumet les pouvoirs publics à ses exigences : 150 000 € d’amende par heure à payer à l’entreprise en cas de défaillance dans la fourniture d’eau, et obligation de doubler prochainement les conduites d’adduction. Si l’Alliance a choisi le Grésivaudan, c’est aussi pour piller ses ressources en eau pure - y compris en période de sécheresse et de canicule. Crolles II, site Seveso, consomme des produits toxiques comme la phosphine (hydrogène phosphoré), le thilane ou l’arsine (hydrogène et arsenic) : "des gaz de combats", se vantait un salarié de ST lors d’une visite publique. Les produits chimiques sont stockés à des kilomètres du site, notamment à Lancey, et circulent chaque jour dans des camions qui traversent l’agglomération.
Officiellement, en 2002 l’Alliance a rejeté dans l’atmosphère 9 tonnes
de NOx, 10270 tonnes de CO2, 40 tonnes de COV [5]. C’est déjà énorme. Mais un salarié de l’usine confie, sans vouloir en dire plus, que la teneur
en produits polluants des rejets dans l’atmosphère serait faussée par
l’utilisation de gaz pulsés. Comment le vérifier ? La direction ne
communique pas sur les chiffres.

Ce n’est pas tout. Autour de sa puce, votre téléphone a besoin de
coltan, un minerai résistant à la chaleur. Celui-ci est extrait
notamment en République Démocratique du Congo.
Comme les diamants, le coltan a été au centre d’une guerre pour le
contrôle des ressources qui a tué plus de trois millions de personnes
dans sept pays. Au Congo, de nombreux enfants sont retirés de l’école
pour aller travailler dans les mines de coltan. Le minerai est acheté
aux rebelles congolais et à des compagnies minières hors-la-loi par
trois sociétés : Cabot Inc. aux Etats-Unis, HC Starc en Allemagne, et
Nigncxia en Chine. Ces sociétés transforment le minerai en une poudre
qu’elles vendent à Nokia, Motorola, Ericsson, Sony, Siemens et Samsung. [6]
Les mines de coltan sont situées sur le territoire des derniers gorilles
des plaines, qui sont la cible des mineurs. Au rythme du saccage actuel,
les spécialistes estiment à 10 ou 15 ans maximum l’espérance de survie
de l’espèce. [7]

Chaque fois que vous passez un coup de fil sur votre portable, vous
jouez avec la santé des habitants du Grésivaudan, avec la vie des
Congolais et celle des derniers grands singes de la planète.

***

"Allo ? Ouais, je suis à la boulangerie. Une baguette. Non, je parlais à 
la dame. Quoi ? A moins le quart, OK."

***


Téléphone jetable

"Force est de constater que les Smartphones ont considérablement évolué. L’Orange SPV originel ? Démodé ! Le P800 de Sony Ericsson ? Presque ringard ! Les derniers appareils du genre accueillent volontiers les
cartes Flash 64 Mo et embarquent des slots SD qui vous permettront de
porter la mémoire totale à 1 Go." [8]

Au-delà du jargon hystérique typique des amateurs de gadgets
électroniques, on aura compris l’essentiel : dans leur monde, le danger
c’est la ringardise. Il faut changer son téléphone portable ou son
"assistant personnel" aussi souvent que l’exigent la mode, le "progrès"
et les fabricants. "En moyenne les Japonais changent de mobile tous les
douze à dix-mois", indique Yoshimi Ogawa [9] , patronne d’Index Corporation,
société japonaise qui vend du "contenu" pour portables, et qui a acheté
le club de foot grenoblois.

Changer de téléphone signifie jeter son téléphone. Depuis le lancement
de ce gadget sur le marché, 500 millions d’exemplaires ont déjà été
jetés, grossissant les montagnes de déchets électroniques et électriques
(DEEE). Rien qu’en France, nous en produisions 25 kg par personne en
2001, et ce chiffre doit doubler d’ici 2013. "Or, ces déchets sont loin
d’être anodins. Ils concentrent un mélange complexe de matières et de
composants particulièrement toxiques. Métaux lourds, cadmium, mercure,
et plomb en grande quantité : 40 % du plomb trouvé dans les décharges
provient de l’électronique de consommation. Les rebuts électroniques et
électriques sont pour l’essentiel incinérés avec les déchets ménagers et
provoquent ainsi d’importantes émissions de dioxines. Ces substances,
ennemies de longue date de l’air, des sols et des nappes phréatiques,
menacent également la santé des êtres vivants. Quelques mois suffisent
pour qu’un téléphone mobile dernier cri et un ordinateur ultra-performant se métamorphosent en bombes à retardement pour l’environnement." [10]

Aux apôtres du "recyclage" censé résoudre le problème, précisons la fin
de l’histoire : "Plus de la moitié des ordinateurs "recyclés" (NDR : aux
Etats-Unis) sont en réalité expédiés en Chine, où des travailleurs
médiocrement payés récupèrent les parties jugées intéressantes des
appareils (voir www.ban.org). Mais cela se traduit par une sérieuse pollution, en raison des quantités importantes de plastique et de métaux lourds entrant dans la composition des ordinateurs. Les pièces inutiles sont brûlées, provoquant des émanations toxiques, ou abandonnées dans des décharges où l’eau de ruissellement entraîne les polluants dans les
nappes phréatiques. Non loin de Hong Kong, dans la ville de Guiyu,
spécialisée dans ce "recyclage" particulier, les enquêteurs ont constaté
que l’eau n’était plus potable et devait être acheminée par citernes de
villes voisines, tandis que les maladies se multiplieraient du fait de
la pollution de l’air." [11]

Plus près de nous, à Bourg-Fidèle (Ardennes), l’usine Métal Blanc a été
jugée en février 2005 pour la contamination par le plomb et le cadmium
du sol, de l’air et de l’eau, avec des conséquences sur la santé d’une
quarantaine de personnes (salariés et enfants voisins
essentiellement) [12] . L’activité de cette usine ? Le recyclage. On voit
que les nuisances sont aussi durables que le développement des
industries qui les provoquent.

***

"C’est M. Busy, je serai un peu en retard à notre rendez-vous,
installez-vous, j’arrive."

***

Grillades de cerveau

"Rentabilité oblige, les téléphones mobiles ont été mis sur le marché
sans que des études préalables de nuisance aient été faites. Autrement
dit, les utilisateurs sont les cobayes d’une expérience planétaire dont
on ignore encore, faute de recul suffisant, les conséquences sur la santé."
Depuis ce constat de Science et Vie en avril 1999, scientifiques,
industriels et gouvernements jouent au ping-pong avec les enquêtes sur
la santé des porteurs de mobiles. L’Organisation mondiale de la santé a
lancé une étude en 1996, dont on attend les résultats pour 2005 : oui ou
non les portables et les antennes-relais sont-ils un danger pour la santé ?
"Les champs électromagnétiques générés par les antennes des téléphones
portables provoquent indirectement des ruptures dans les brins d’ADN de
cellules humaines et animales. Ils vont même jusqu’à perturber la
synthèse de certaines protéines.
Tels sont deux des résultats marquants de l’étude européenne Reflex ,
dévoilée le 8 décembre dernier par la fondation allemande Verum, basée à 
Munich. Financée par l’Union européenne ainsi que par les gouvernements
suisse et finlandais, elle a mobilisé douze laboratoires pendant quatre ans.
(...) Le Pr Franz Adlkofer, coordinateur du projet et directeur exécutif
de la fondation Verum, assène d’ailleurs que l’étude démontre
l’existence "d’un mécanisme physiopathologique qui pourrait être à la
base du développement de désordres fonctionnels ou de maladies
chroniques chez l’animal et chez l’homme". (...) les impacts biologiques
observés sur les cellules sont apparus pour des doses d’énergie (...)
inférieures au seuil de 2 W/kg actuellement recommandé par la Commission
internationale de protection contre les rayonnements non ionisants et
repris par la législation française." [13]
"(...) ces ondes électromagnétiques atteignent, à 2 cm de profondeur, la
région la plus superficielle -mais aussi la plus sensible- du cerveau :
le cortex, ou écorce cérébrale (...), provoquant une élévation de la
température du tissu cérébral. "Au niveau du cortex, cette augmentation
est d’environ 1°C", explique Luc Vershaeve, de l’équipe d’Anne-Marie
Maes, au Vlaamse Instelling voor Technologish Onderzoek, à Mol
(Belgique). Tout se passe exactement comme dans un four à micro-ondes,
sauf qu’ici c’est le centre névralgique du corps humain qui subit un
échauffement. "Si l’on téléphone régulièrement et pendant de longues
périodes il n’est pas impossible que l’effet thermique finisse par léser
l’ADN cellulaire et provoquer des tumeurs cancéreuses" précise Luc
Verschaeve" [14]


Les ondes nuisibles pour la vérité

Pourquoi les cobayes humains ne sont-ils pas informés ? Parce que le
lobby de la téléphonie mobile ne laisse rien passer, verrouille les
résultats négatifs, enfume les autorités sanitaires, attaque en
diffamation les citoyens qui expriment leurs inquiétudes [15].

"D’une façon générale, tous les résultats mettant en cause la téléphonie
mobile sont systématiquement rejetés par les fabricants de portables. Le
Dr Henry Lai qui travallait sous contrat avec Wireless Technology
Research (WTR) une société sous la tutelle de fabricants de téléphones
mobiles, s’est vu refuser la publication de ses travaux parce qu’ils
démentaient le credo des fabricants. (...) "Ils me demandaient
d’interpréter différemment mes résultats afin de les rendre plus
favorables à la téléphonie mobile", s’insurge le chercheur.
La même mésaventure est arrivée au biologiste américain Ross Adey, qui
effectuait une étude pour le compte de Motorola (...). Comme le fabricant
refusait d’admettre ses conclusions, à savoir l’effet nocif des ondes
électromagnétiques sur des animaux de laboratoire, il a préféré arrêter
sa collaboration scientifique. "Tout se passe comme autrefois avec les
fabricants de cigarettes, qui refusait de réveler toutes les études
montrant les dangers du tabac" proteste Henry Lai." [16]

En France, quatre chercheurs du Comité scientifique sur les champs
électromagnétiques ont publié en février 2004 leur livre blanc des
incidences de la téléphonie mobile et des antennes relais sur votre
santé : "Votre GSM, votre santé : on vous ment !" [17] .
Ces scientifiques, en pointe dans le domaine, avaient été écartés du
groupe d’experts consultés par l’AFSSE (Agence française de sécurité
sanitaire de l’environnement) en 2003. Leur livre résume ce que les
autorités françaises n’ont pas voulu entendre : "Cette publication a été
rendue nécessaire en raison des nombreux troubles observés chez les
riverains des stations-relais de téléphonie mobile (dont l’installation
en France a été particulièrement anarchique) et chez les utilisateurs de
téléphones portables. Sont passés en revue les travaux scientifiques
mondiaux relatifs à l’exposition des êtres vivants aux ondes de la
téléphonie mobile. On peut y constater des effets particulièrement
nocifs sur le système nerveux et le métabolisme cellulaire. Les
publications officielles françaises, destinées à permettre le
développement technologique sans entrave, y sont examinées et critiquées.
Les études épidémiologiques menées un peu partout dans le monde révèlent
clairement l’étiologie des nombreux malaises ressentis par les
utilisateurs de téléphones portables et les riverains d’antennes relais
(insomnies, troubles cardiaques, hypertension, céphalées...) ainsi que
l’existence possible d’un lien entre cette exposition et des pathologies
lourdes telles des maladies neurodégénératives, certaines formes de
cancer..." [18]

Rendons hommage aux rares scientifiques capables de résister, quand les représentants de la téléphonie mobile, eux, évoquent des "symptômes
subjectifs" [19] chez leurs clients qui se plaignent.
Les opérateurs, eux, ont été entendus par l’AFSSE lors de la
consultation de 2003, affirmant à cette occasion : "Depuis quelques
mois, nous assistons à un véritable marché de la peur qui rend malades
les personnes fragiles. Ces dernières dorment mal ou ont mal à la tête à 
force d’être inquiétées par des discours alarmistes." [20]

***

"J’entends rien ! T’es où ? Hein ?"

***


II - Le triomphe du conformisme


Fin 2004 l’Autorité de régulation des télécommunications recensait 44,55 millions de possesseurs de téléphones portables en France, soit un taux de pénétration de 74 %. [21] "Deux adolescents sur trois entre 12 et 17 ans
en possèdent un. Ils sont 91 % entre 18 et 24 ans. Si l’on excepte les
personnes âgées et les enfants en bas âge, le marché arrive aux limites
de la saturation." [22]
Pourquoi excepter les enfants en bas âge ? "Rose
(pour les filles), bleu (pour les garçons), deux oreilles et, à la place
du nez, un gros bouton pour choisir parmi cinq numéros pré-enregistrés :
papa, maman, la nounou... BabyMo, "premier téléphone portable entièrement conçu pour l’enfant" cible les 4-10 ans et ne coûte que 1 €... si vous souscrivez pour votre bambin un forfait de deux heures par mois sur une durée d’un an chez Bouygues, Orange ou SFR." [23] . "Ces nouvelles
générations sont préparées à un monde où les nouvelles technologies
seront omniprésentes", explique au Monde 2 Régis Bigot, directeur
adjoint du département "Conditions de vie et aspirations des Français"
au CREDOC.

Harcèlement publicitaire, appareils à 1 fr. puis 1 €, disparition des
cabines téléphoniques, coût exorbitant des appels depuis un fixe vers un
mobile et pression sociale ont fait du téléphone portable la technologie
au développement le plus rapide de l’histoire. Plus que tous ses
prédécesseurs, ce gadget pousse au mimétisme et au conformisme si chers
aux marketeurs. "Ne pas céder au portable, c’est ne pas avoir peur
d’exister par nous-mêmes, affirme Françoise, 35 ans, libraire dans le
Sud-Ouest. J’ai fini par céder à la pression de mon entourage. Ce qui
les gênait dans mon attitude, c’était le refus de m’aligner sur le
comportement dominant." [24]
Faites le test. Dites à vos collègues que vous n’avez pas de portable.
Hors les exceptions qui chuchotent : "Tu as bien raison, j’aimerais en
faire autant", la majorité s’esclaffe : "T’es contre le progrès ? Tu
t’éclaires à la bougie ?" ou s’inquiète : "Mais comment tu fais ?"

Si trois Français sur quatre se demandent comment ils ont fait pour se
passer de portable jusqu’ici, c’est grâce au bourrage de crâne du
marketing et des sociologues des "usages" qui, au "laboratoire d’idées"
IDEAs Lab de Minatec par exemple, vendent leur méthode aux marchands de gadgets. [25]

Une méthode efficace, et brevetée : la "Conception Assistée par l’Usage" ("design smart process") a été inventée par un Grenoblois, sociologue et anthropologue de l’innovation au CNRS, Philippe Mallein. En 1999 il a créé sa société, Ad Valor, pour vendre sa méthode. "Celle-ci identifie les usages des technologies avant même la conception de nouveaux
produits. Objectif : créer de véritables nouveaux produits, avec de
véritables nouveaux usages, et ne pas seulement s’adapter à ce que le
marché semble demander." [26]
C’est bien ce qu’il nous semblait. Le "marché" (nous) n’a jamais demandé
de téléphone portable. Mais grâce à Mallein, de nouveaux "usages"
(besoins en novlangue), ont été créés.
Il faut voir le sourire glorieux de Michel Ida, patron d’IDEA’s Lab,
quand, dans ses conférences sur les "objets intelligents", il demande au
public : "qui a un téléphone portable ?"
Il faut entendre le cynisme de Denis Marsacq, du laboratoire "Sources
d’énergie miniatures" du CEA-Grenoble, sous-traitant de Nokia dans la
recherche sur les mini-piles à combustible pour portables, lâchant lors
d’une conférence à la Fnac : "Bien sûr ces piles coûteront plus cher que
le rechargement d’un téléphone sur une prise électrique, mais nous
ciblons les adolescents, qui sont immatures et moins rationnels, et nous
pensons qu’ils accrocheront au "sans fil" total."

Souvenons-nous : ne pas seulement s’adapter à ce que le marché semble demander.
C’est ainsi que vos collègues s’esclaffent. Et Mallein, le sociologue
jaune, de qualifier les drogués de gadgets de "pionniers", et les
réfractaires de "conformistes". Orwell nous l’avait bien dit : "La
Guerre c’est la Paix - La Liberté c’est l’Esclavage - L’Ignorance c’est
la Force".
De même que dans 1984 l’histoire est réécrite chaque jour, on ne saura
bientôt plus qu’il existait un temps où l’on ne s’appelait pas pour se
dire qu’on arrivait. Comme on ne sait plus aujoud’hui qu’il a existé un
temps où l’on ne s’appelait pas du tout. Où l’on frappait à la porte des
gens pour leur parler.

***

"Vi1 2m1 c tro top"

***


Leur soumission hypnotique au marketing conduit les consommateurs à 
négliger l’essentiel : "Recul sensible des dépenses de nourriture,
progrès spectaculaires des achats de loisirs, notamment dans la haute
technologie... En quelques années, les habitudes de consommation des
Français ont profondément changé (...) Pour continuer à acheter les
produits qui les font rêver (...) ils rognent ostensiblement sur les
produits alimentaires de marque vendus par la grande distribution et
prennent le chemin des magasins de proximité à bas prix, les fameux hard
discounters." [27] Un choix cohérent, puisque les hard discounters
regorgent de produits à base d’OGM [28] : quand on est "techno" on l’est
jusqu’à sa sauce barbecue.

En rognant sur leur alimentation, les Français ont permis aux opérateurs
de téléphonie mobile d’engranger 16,7 milliards d’euros en 2002, soit
l’équivalent du chiffre d’affaire de la construction aéronautique et
spatiale. [29] Le constructeur Nokia a réalisé un chiffre d’affaire global
de 29,26 milliards d’euros en 2004 [30], et estime que 630 millions de
téléphones seront vendus dans le monde en 2005, toutes marques confondues.
Sans parler des "services" annexes : en France en 2004 le chargement de
sonneries musicales a rapporté 8,5 M€ aux sites de téléchargement
payant, qui tablent sur un marché de 160 à 200 M€ par an [31]. Index
Corporation réalisait en 2003 un chiffre d’affaires de 150 M€’ en
vendant ses "contenus" pour téléphones mobiles : sonneries, fonds
d’écran, jeux, horoscopes, strip teases, etc.


Soin palliatif

Si ce marché est si porteur, c’est que le rouleau-compresseur marketing
a su capter ce qui, dans ce monde high tech et dévoué à la guerre
économique, avait été détruit : les rapports sociaux. Il est typique du
système de nous vendre, à coup d’innovations, des remèdes aux maux
causés par les innovations précédentes. Vous ne parlez plus à vos
voisins à cause de la télévision ? Téléphonez-leur !

D’après les opérateurs de téléphonie mobile, le portable serait un objet
qui "valorise" ("il véhicule nos signes extérieurs de richesse ou
d’originalité"), "rassure" ("tout se passe comme si ce petit objet (...)
protégeait d’un monde potentiellement hostile"), "renforce les liens"
("il sert à appeler des personnes que l’on voit tout le temps et qui
habitent près de chez soi, et ce, pour des conversations courtes et
répétées"), voire "permet de se déclarer". [32]

Les opérateurs ont compris le bénéfice qu’ils pouvaient tirer
d’individus dévalorisés, angoissés, incapables de communiquer ou de
supporter l’inconnu. Leur argument de vente dessine en négatif la
société techno-marchande qui crée ces individus. Pourquoi aurions-nous
besoin d’une médiation électronique pour communiquer si ce n’est pour
nous adapter à un monde qui atomise chacun de nous et morcelle nos vies
 ? Rappel : dans un pays où trois habitants sur quatre sont équipés de
l’appareil-qui-renforce-les-liens, 15 000 personnes sont mortes dans
l’indifférence générale en trois semaines de canicule. Sans doute ne
faisaient-elles pas partie des personnes "qu’on voit tout le temps", et
à qui il est urgent de téléphoner pour prévenir qu’on sera en retard.

Supposé renforcer les liens avec les proches, le portable permet à coup
sûr d’éviter le contact avec des inconnus. Voyez ces urbains égarés,
accrochés à leur portable pour se faire guider à distance plutôt que de
demander leur chemin à des gens. Ou ces zombies en transit rivés à leurs
SMS, certains d’éviter ainsi le regard de leurs voisins de bus.
"Selon Béatrice Fracchiolla, sociologue et chercheuse en pointe sur les
nouvelles technologies, son usage immodéré (NDR : du portable) sert à 
combler les temps de déplacements quotidiens qui sont souvent source
d’angoisse. "Ce temps passé en transit dans des sortes de "non-lieux"
successifs, au milieu d’une foule anonyme, entraîne une perte
d’identité", écrit-elle dans la revue Esprit critique, fondée en 1999.
(...) La sociologue voit dans le portable (...) autant de tentatives de
reconquête par l’humain d’espaces urbains chaotiques. Des moyens d’être
mobile, comme autant de "palliatifs au rapport de voisinage qui diminue
au fur et à mesure que les villes s’agrandissent et s’étendent, que
leurs frontières deviennent de plus en plus délétères."" [33]

***

"Mais chérie puisque je te dis que je suis à Angoulême ! Bon, je te rappelle."

***


La prothèse crée le handicap

Comme la prothèse qui remplace un membre, le téléphone est supposé
réparer artificiellement les dégâts de ce monde-là , qui fait de nous les
rouages de la machine à produire et à consommer en masse, à faire la
queue au supermarché, au multiplexe, au télésiège, au péage d’autoroute.
Sans doute les opérateurs ont-ils raison d’attribuer le succès du
portable à la crainte "d’un monde potentiellement hostile" et sans doute
ont-ils quelque intérêt à renforcer un peu plus cette hostilité du
milieu, à chaque lancement d’un nouveau service ou d’une nouvelle norme
de communication sans fil.

Puis, la prothèse se substituant au membre, les machines nous privent de
l’usage de nos facultés. Depuis la voiture, les citadins ne savent plus
marcher pour les trajets les plus minimes (plus de la moitié des
déplacements en voiture concernent des trajets de moins de 3 km), et, se
plaignant de l’"épidémie" d’obésité qui les frappe, de la pollution, des
morts sur la route, des guerres pour le pétrole, etc, ne songent même
plus à retomber sur leurs pieds. Ils ont oublié comment on vivait sans
voiture, et cet oubli est une amputation. La prothèse s’est faite handicap.
Observons les utilisateurs de téléphones mobiles : devenus incapables de
se repérer dans l’espace et d’être à l’heure à un rendez-vous (parce
qu’ils croient pouvoir être partout à la fois ?), incapables même
d’imaginer comment faire pour retrouver quelqu’un quelque part sans
portable, ils ont en outre perdu la faculté de vivre le présent.
Amputés de leur présence au monde, ils s’envoient des SMS pendant que le
train traverse des paysages inconnus.

Non seulement le téléguidage rend le territoire virtuel, mais le
bavardage incessant au portable transforme la vie en son commentaire -
partagé malgré eux par les voisins du bavard bruyant. Une extraction de
la réalité qui culmine avec les fonctions appareil-photo et caméra
désormais intégrées à tous les téléphones. L’important n’étant plus ce
que l’on est en train de vivre, mais les images qu’on en tire. Même les
chanteurs pop s’émeuvent de ces forêts de portables tendus à bout de
bras par des spectateurs pressés de les mettre en boîte. "Tout ce qui
était directement vécu s’est éloigné dans une représentation."

***

"Devine d’où je t’appelle ?"

***


Le portable s’avère l’inverse de ce qu’il prétend être - un outil de communication. Depuis combien de temps n’avez-vous pas eu une
conversation non interrompue par une sonnerie ? Conditionnés, nous
trouvons ça normal, mais faisons un pas de côté : regardons-nous, la
bouche ouverte, stoppés par le réflexe pavlovien de nos interlocuteurs
plus pressés de répondre au coup de sonnette que de nous laisser finir
notre phrase. On en est là .
L’histoire retiendra peut-être que la civilisation occidentale du XXIe
siècle fut celle des "brouilleurs de portables" installés dans les
salles de spectacle et de cinéma pour remplacer la faculté d’attention
aux autres. Le progrès, sans doute.


Enchaînés par le sans-fil

Devenus accros à ce gadget comme les fumeurs à leur tabac, les bébés à leur tétine (comme celle-ci on porte son portable autour du cou) et les
déprimés à leurs anxiolitiques, les propriétaires de portables passent
leur temps à vérifier qu’ils n’ont pas oublié leur téléphone, que
celui-ci est bien chargé, qu’ils n’ont pas reçu de nouveaux messages,
etc, et ajoutent à l’hostilité perçue du monde un motif d’angoisse
supplémentaire : le risque de se faire voler leur appareil (la hausse
des chiffres de la délinquance doit beaucoup aux vols de portables). "On
déclare d’ailleurs retourner plus volontiers chez soi pour récupérer son
portable plutôt que ses papiers en cas d’oubli." [34]
Voilà le sans-fil sous son vrai jour de fil à la patte supplémentaire.
Voilà l’autonomie de l’individu un peu plus cabossée par une prothèse
techno qui dispense de trouver en soi les ressources pour se démêler des
aléas du quotidien. Voilà achevée la couverture totale du territoire,
jusqu’aux sommets de montagnes, devenus des squares où il n’y a qu’à 
sonner pour être secouru en hélico.
Voilà enfin effacée la frontière entre vie privée et vie publique,
mêlées dans la même obsession du contact permanent. Les entreprises ont
bien compris l’intérêt de ce boulet aux pieds de leurs employés.
Désormais joignables tout le temps, ceux-ci n’ont plus d’excuses pour ne
pas se consacrer entièrement à leur tâche. Voyages en train,
embouteillages, files d’attente, pauses : tout ce temps doit être
rentabilisé en gardant le contact avec le bureau. Vitesse, rentabilité,
flexibilité, le portable est l’outil idéal du business : les entreprises
le considèrent comme le deuxième moyen de communication facteur de
productivité. [35]

Une récente publicité rappelle ce que nous avons perdu, sur fond de
paysage sauvage : "Allez où votre portable ne passe pas." Pour nous
fourguer... un 4x4.
Le téléphone mobile n’est pas seulement un gadget polluant : il façonne
le monde, "révolutionne notre quotidien" comme disent les chercheurs et
les industriels, sans que jamais nous ne l’ayons choisi. Et ce
techno-totalitarisme s’impose à tous, gogos et réfractaires, qu’on le
veuille ou non. Contrairement aux niaiseries lâchées par les employés du
CEA, nous n’avons pas le choix d’avoir un portable ou pas, si nous
voulons encore faire partie de la société. A un postulant pour un job de
manutentionnaire, la responsable d’une agence d’intérim grenobloise :
"Vous n’avez pas de portable ? Mais ça va pas être possible !"

***

"Allo, j’suis dans le rayon, là . Je prends quoi comme café, en poudre ou en grain ?"

***

III - Filez droit, vous êtes tracés


Derrière le joujou high tech se cache un super-traceur d’individus,
exact opposé de la liberté promise par les vendeurs de portables et du
"nomadisme" frelaté vanté par le faisan Attali. Quelle est cette liberté
qui nous attache à une laisse électronique, à un objet dont la présence
dans notre poche suffit à nous localiser partout ? En France 35 000
antennes-relais maillent le territoire et enregistrent les signaux émis
par les GSM, tandis que les factures détaillées des opérateurs
reconstituent l’intégralité de nos appels. Preuve de la fiabilité du
système : "Le portable en dit tant sur la localisation et les
fréquentations des suspects qu’il est devenu un outil indispensable pour
la police (...) Qu’il s’agisse de déterminer un emploi du temps, un
itinéraire ou un réseau de relations, l’étude des appels téléphoniques
fixes et mobiles ­ est devenue "un recours quasi systématique", selon un
magistrat." [36]

Pas besoin d’être un criminel pour être cyber-fliqué. Les journalistes
de l’Equipe l’ont compris quand une juge s’intéressant à leurs sources -
que la loi leur permet de protéger - a fait appel à la technologie.
"Tout ce que vous allez dire au téléphone pourra être retenu contre
vous. Tel est le message que la Justice vient de délivrer à la presse
(...). Il suffit que la police le demande pour que les opérateurs
fournissent la liste des appels reçus et envoyés pendant une période
donnée. Si les textes (NDR : législatifs) permettent aux journalistes de
garder le silence, rien n’empêche de faire parler la technologie à leur
place. C’est ce qu’on appelle une avancée pour la liberté de la presse." [37]

Les lycéens qui ont manifesté contre la loi Fillon au printemps dernier
ont aussi fait les frais de leurs portables, mis sur écoute très
facilement. "Le réseau GSM est précieux pour les micros espions. Il
suffit d’une puce téléphonique ­ - la carte SIM - ­ et d’un peu de
technique pour permettre à un micro espion de fonctionner sur le réseau
du portable. Les enquêteurs peuvent donc l’écouter en toute légalité en
composant un simple numéro téléphonique et profiter ainsi d’une
meilleure couverture qu’un micro classique." [38]

L’intégration de la géolocalisation (GPS) dans les portables permet
désormais le suivi de tous par tous. L’opérateur japonais NTTDoCoMo a
créé le premier téléphone espion, avec un service de localisation des
porteurs depuis un ordinateur ou un autre portable. "Idéal pour repérer
les membres de la famille tels que les enfants ou les personnes âgées",
vend NTT.
Idéal aussi pour le harcèlement publicitaire : une boutique peut repérer
des passants à proximité et leur envoyer une offre sur leur téléphone,
avec le plan du quartier. La société française Watisit propose ainsi un
système d’"hyperlocalisation", Wherisit, "permettant d’orienter par SMS
les cibles vers les distributeurs les plus proches."
"S’appuyant sur l’omniprésence du téléphone mobile dans notre quotidien,
Watisit renforce l’attractivité des supports de communication et
facilite les réactions d’intérêt des personnes touchées par les
campagnes." [39]

La traçabilité du cheptel humain est un des marchés d’avenir pour
l’industrie électronique. Puces, RFID (système d’identification à 
distance par radio-fréquence), implants sous-cutanés, données
biométriques : la technologie permet de nous suivre, nous identifier,
nous ficher, nous contrôler. Il faut juste nous faire accepter cette
nouvelle condition d’hommes soumis. Le téléphone portable et ses gadgets
ludiques sont parfaits pour ça. Ils nous conditionnent à l’idée d’être
tracés, et nous préparent à la domestication totale. Les industriels qui
ne s’embarrassent pas de fioritures l’ont expliqué dans un programme
d’action publié en 2004 par le GIXEL (Groupement des industries de
l’interconnexion, des composants et des sous-ensembles électroniques) :
"La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques
comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire
accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci
la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles.
Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et
les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être
accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la
personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes :

- Éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette
technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine,
et les parents ou leurs représentants s’identifieront pour aller
chercher les enfants.
- Introduction dans des biens de consommation, de confort ou des jeux : téléphone portable, ordinateur, voiture, domotique, jeux vidéo.
- Développer les services « cardless » à la banque, au supermarché, dans les transports, pour l’accès Internet..." [40]

Vous avez gobé le portable ? Vous avalerez les contrôles biométriques.
Si nous voulons vraiment préserver ce qui reste de notre environnement,
nous affranchir de la marchandise, briser les paillasses de ce
monde-laboratoire, résister au techno-contrôle : refusons le téléphone
portable.


 Source : Pièces et Main d’Oeuvre
www.piecesetmaindoeuvre.com


7 juillet 2005
Grenoble : perquisition chez « Pièces et Main d’Oeuvre »

Ce mercredi 6 juillet, une personne du site www.piecesetmaindoeuvre.com a été interpellée à son domicile, et a subi une perquisition suivie d’une garde à vue d’une journée. Son ordinateur ainsi que des documents lui ont été confisqués jusqu’à nouvel ordre. Des menaces ont également été formulées concernant de futures perquisitions et tracasseries policières. Lire sur Rebellyon



[1Enquête publique création du semi-échangeur "Crolles II", avril 2005.

[2cf "Croissance à la grenobloise - Comment on nous détruit" sur www.piecesetmaindoeuvre.com).

[3In L’espace alpin et la modernité, bilan et perspectives au tournant
du siècle, sous la direction de Daniel J. Grange, PUG 2002.

[4Libération 21/11/02

[5d’après le "Bilan de l’environnement industriel en Rhône-Alpes" de la
DRIRE)

[6source COLTAN

[7Sciences et Avenir, juin 2004

[8Stuff, février 2005

[9Le Journal du Net, 27/01/04

[10Le Figaro Magazine 7/07/01

[11Le Monde 17/04/02

[12Le Monde 23/02/05

[1301net, 14/01/2005 www.01net.com.

[14Science et Vie, avril 1999

[15cf affaire d’Etienne Cendrier à Paris, 2003

[16Science et Vie, avril 1999

[17R. Gautier, P. Le Ruz, D. Oberhausen, R. Santini - Editions Marco
Pietteur.

[19Association française des opérateurs de téléphonie mobile : www.afom.fr.

[20Extrait des auditions des opérateurs de téléphonie mobile par
l’AFSSE, 10/01/03 - www.afsse.fr.

[21Le Monde, 27/01/05

[22Le Monde 2, 19/02/05

[23Télérama 16/02/05

[24Le Monde 2, 19/02/05

[25cf Aujourd’hui le Nanomonde n°3, www.piecesetmaindoeuvre.com.

[2601 Informatique, 22/11/02

[27Le Parisien, 14/01/05

[29cf www.afom.fr.

[30Le Monde, 28/01/05

[31Libération, 5-6/02/05

[32cf www.afom.fr.

[33Le Monde 2, 19/02/05

[34cf www.afom.fr.

[35id.

[36Libération 4/12/04

[37Télérama, 26/01/05

[38Libération 4/12/04

[40cf www.gixel.fr.


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Lorsque l’on tente, comme ce fut le cas récemment en France, d’obliger une femme à quitter la Burqa plutôt que de créer les conditions où elle aurait le choix, ce n’est pas une question de libération mais de déshabillage. Cela devient un acte d’humiliation et d’impérialisme culturel. Ce n’est pas une question de Burqa. C’est une question de coercition. Contraindre une femme à quitter une Burqa est autant un acte de coercition que l’obliger à la porter. Considérer le genre sous cet angle, débarrassé de tout contexte social, politique ou économique, c’est le transformer en une question d’identité, une bataille d’accessoires et de costumes. C’est ce qui a permis au gouvernement des Etats-Unis de faire appel à des groupes féministes pour servir de caution morale à l’invasion de l’Afghanistan en 2001. Sous les Talibans, les femmes afghanes étaient (et sont) dans une situation très difficile. Mais larguer des "faucheuses de marguerites" (bombes particulièrement meurtrières) n’allait pas résoudre leurs problèmes.

Arundhati Roy - Capitalism : A Ghost Story (2014), p. 37

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