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Pour un universalisme républicain et populaire.

Alors que la division centrale de notre époque reste, plus que jamais, la division entre exploiteurs et exploités, entre impérialismes et peuples opprimés, entre Capital et Travail, un certain nombre d’intellectuels de gauche, d’universitaires, de jeunes penseurs et, désormais, d’étudiants, cèdent aux sirènes des universités dites « progressistes » d’Outre-Atlantique qui somment de repousser ces vieux schémas « archaïques » et dépassés pour y substituer le règne de l’épanouissement individuel et des particularismes fondés sur l’« ethnie », la religion, le repli régional, l’orientation sexuelle, etc., comme ... de l’épanouissement individualiste et de toutes sortes de replis communautaires.

Pour l’unité des travailleurs

Se rendant supérieures et plus importantes que les divisions de classes, un panel de théories racialistes, « indigénistes », communautaristes, régionalistes, sexistes et particularistes, prétendent dessiner les nouveaux rapports de domination dans la société capitaliste, en « hiérarchisant » la souffrance et l’oppression des individus selon leur sexe, leur genre, leur couleur de peau, leur origine, voire le passé de leurs ancêtres. Ainsi, nous assistons à l’abandon théorique – peut-être ultime – d’une partie de la gauche qui, par clientélisme petit-bourgeois et refus de mettre au premier plan le combat de classe pour une société sans classes permettant l’épanouissement entier et solidaire de chaque nation et de chaque individu, jette à la poubelle l’universalisme républicain et populaire, principe fondamental de la nation définie comme construction sociopolitique historiquement déterminée plutôt que comme une communauté « ethnique ». Et cette « décontraction » intervient au moment où le MEDEF, clairement désireux de prendre sa revanche historique sur l’ensemble des conquêtes sociales de 1905, de 1936, 1945 et 1968, appelle ouvertement à « démanteler le programme du CNR » (Denis Kessler, Challenges 2007) et pour cela, à « reconfigurer le territoire national » (métropoles, grandes régions, « pacte girondin » cher à Macron, « droit à la différenciation des territoires »), à désétablir la langue française pour diviser les citoyens en « communautés linguistiques » porteuses de « droits » spécifiques (Charte européenne des langues régionales et minoritaires), à substituer à la souveraineté nationale et au principe de défense nationale les « Etats-Unis d’Europe » et l’« armée européenne » arrimée à l’OTAN, à mettre radicalement en cause la loi laïque de séparation de l’Etat et des Eglises (« la République ne reconnaît, ne subventionne ni ne salarie aucun culte ») au profit du dialogue institutionnel de l’Etat avec les Eglises, tout ces particularismes factices et diviseurs s’articulant parfaitement avec le faux universalisme capitaliste et impérialiste du CETA, du TAFTA et de ce que le MEDEF nomme l’« Union transatlantique ».

Or, s’autoproclamant champions de l’anti-racisme, de la défense des minorités opprimées, quelles soient « ethniques » ou sexuelles, nos bien-pensants saccagent tout ce qui a fait la force de la gauche internationaliste et patriote, jacobine et populaire, progressiste et universaliste dans notre histoire. Projetant de mener la population dans une guerre permanente des particularismes poussés à l’extrême, laissant sur le banc de touche tous ceux qui ne sont pas « aptes » à ce modernisme frelaté, voilà qui est du pain-béni pour le grand Capital : car après avoir détruit l’URSS, s’affairant à démanteler les conquêtes sociales du CNR et s’attaquant plus que jamais à la Révolution française, il ne reste plus à ce grand Capital qu’à défaire la République française enfantée par les Sans-culotte et par les Soldats de l’An II, pour mettre en pratique ce que le triste clown néolibéral et pseudo-libertaire Philippe Val chantait dans sa jeunesse : « Prolétaires de tous les pays, désunissez vous », pour enfin en finir avec les apports théorico-organisationnels d’Engels et Marx en faveur du mouvement d’émancipation des travailleurs et des peuples, et ainsi les désarmer définitivement contre leurs ennemis capitalistes.

Refuser l’individualisme et construire le tous ensemble

Car là est bien le mot d’ordre actuel de l’idéologie et de la classe dominantes. Désunir le prolétariat, le peuple et la nation laborieuse en mettant abusivement en exergue, au dessus de tout, les particularités régionales (nationalisme corse ou alsacien teinté de racisme anti-français), les différentes croyances ou non-croyances (fanatiques religieux réactionnaires et « bouffeurs de curés » gauchistes ont la désunion du peuple travailleur dans les veines, alors que le PCF de Thorez invitait très justement au combat de classe tous les travailleurs croyants et non-croyants...), les origines « ethniques », les orientations sexuelles (sous couvert de tolérance et de lutte très légitime contre l’homophobie, certains voudraient nier les réalités matérielles et physiques pour ériger en principe non-discutable les fantasmes de quelques-uns), voire les moindres détails qui font que les individus sont... des individus. Et en ignorant le fait, souligné par Marx depuis longtemps, que non seulement l’homme est un être social, mais qu’« il ne peut s’individualiser que dans la société ».

Il ne s’agit donc certainement pas de dénier toutes ces différences qui, du moment qu’elles ne servent pas les intérêts destructeurs de la classe capitaliste, peuvent être autant de richesses pour une nation comme la France, tant que cette dernière fonde son concept de la nation républicaine sur le caractère le plus rassembleur pour TOUS, c’est-à-dire faisant d’abord de tous ses citoyens des individus politiques censés être égaux et tous français, et non comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis d’Amérique une addition de communautés vivant précairement les unes séparées des autres. On constate ainsi l’existence tolérée de tribunaux islamiques dans des quartiers de grandes villes anglaises, tandis qu’aux Etats-Unis les statistiques officielles font état de la « race » et de la religion des individus, qui est également recensée en RFA lors de la collecte des « impôts d’Eglise ».

Défendre l’universalisme révolutionnaire : républicain, populaire, prolétaire et jacobin
Le caractère malfaisant des théories développées à gauche par ces « obsédés de la race, du sexe, du genre, de l’identité... », comme titrait récemment Marianne, qui se drapent de « progressisme » et d’« universalisme » pour leur basses œuvres de destruction idéologique, se double du même danger venant de l’extrême-droite dont, au fond, ces théories antimatérialistes ne font qu’inverser les conceptions racistes, provincialismes, machistes traditionnelles au lieu d’appeler au « tous ensemble en même temps » pour la souveraineté de toutes les nations, pour leur libre coopération égalitaire, pour la construction d’une humanité sans exploitation de classes, sans oppression nationale, sans aliénation sexuelle et sans guerres impérialistes.

Ne remettant pas en cause ce vol lexical et ne prenant pas une seconde pour se demander si le progressisme et l’universalisme pouvaient être autre chose que ce qu’en font les « narcissisme des petites différences » (Freud), Eric Zemmour continue de dénoncer le caractère (pseudo)-universaliste et progressiste des « bobos sans-frontiéristes qui détruisent la nation chrétienne millénaire » et qui auraient favorisé l’émergence de « zones étrangères et islamistes » en plein cœur du territoire. C’est ainsi qu’il s’est exprimé lors de la Convention des droites et qu’il a ainsi, sans doute à son insu, révélé la véritable dualité et le but partagé entre la dangereuse théorie du « grand remplacement ethnique et civilisationnel » et celle de la défense des « particularismes sexuels, de genres et ethniques » : isoler et anéantir l’universalisme républicain, le prendre en étau entre le particularisme d’une pseudo-gauche fractionnant le monde en « minorités » de plus en plus isolées, et le FAUX universalisme de l’impérialisme euro-atlantique, masque du néocolonialisme et de la négation du mouvement ouvrier.

L’universalisme républicain, populaire (et prolétaire !) et jacobin, qui trouvait le plus puissant de ses bastions dans le PCF du combat de classe, fut abandonné par les directions mutantes successives qui prirent la tête du parti, comme furent abandonnés parallèlement les concepts marxistes-léninistes de dictature du prolétariat ou de centralisme démocratique (et bien d’autres encore depuis les années soixante-dix). Car c’est bien de l’abandon du marxisme-léninisme et de la lutte des classes par le PCF, que découle l’abandon progressif de l’universalisme populaire issu de Rousseau, de Marat, de Robespierre, des insurrections ouvrières et républicaines du XIXe siècle (1830, 1848, 1871), de Jaurès, du Front populaire, des grandes réformes sociales des ministres communistes de 1945.

Pour rassembler et unir les travailleurs, reconstruire un solide parti communiste

En abandonnant ses outils théoriques de lutte (et sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire), le PCF a petit à petit perdu son implantation et son rôle d’avant-garde dans les quartiers populaires qu’il gérait (avec le sabotage d’associations pilotées par le PS comme “SOS racisme”, on comprend la manœuvre) et où la mixité était organisée par lui pour favoriser l’intégration et la concorde par la défense commune du monde du travail et la primeur des intérêts de classe, quartier populaires laissés alors de fait seuls et à l’abandon face à la désindustrialisation, à la disparition des services publics et à la désintégration du tissu social très insuffisamment entretenu aujourd’hui par quelques associations de quartiers. A l’époque, le PCF défendait à la fois le drapeau tricolore issu de la Révolution française et le drapeau rouge de la Commune et de la Révolution d’Octobre...

L’universalisme républicain associé à son prolongement prolétarien, le combat anticapitaliste et communiste, n’opérant plus comme le catalyseur de l’intégration de nouvelles populations jetées encore et toujours dans ces quartiers pauvres, la mixité populaire a peu à peu disparu, et avec elle les quartiers populaires qui sont parfois devenus de véritables ghettos « ethniques » sur lesquels l’extrême-droite peut appuyer son propos pour dénoncer... l’universalisme républicain !

On constate donc bien comment l’extrême-droite réactionnaire, nationaliste et raciste, et la pseudo-gauche antirépublicaine, antinationale et communautariste (voire de plus en plus raciste elle aussi : sous couvert d’antiracisme, la duperie est totale...), fonctionnent comme les mâchoires d’un seul et même étau prêt à broyer idéologiquement le peuple et à disloquer la nation, au risque de la mener vers la guerre civile sans perspective, tout cela pour le plus grand plaisir de l’UE et des capitalistes « français » qui, pour assurer leurs places dans la course aux profits maximums, doivent démanteler la patrie de Robespierre, des communes et des départements, des conquêtes sociales du CNR, du PCF de Thorez et de la CGT de Krasucki qui reste encore un frein, de par son héritage historique, à l’hégémonie capitaliste. En un mot, si un faux universalisme républicain est bien souvent le masque du néocolonialisme ou du patriarcat, un véritable universalisme d’esprit jacobin peut être le creuset d’un véritable combat tous ensemble en même temps contre l’impérialisme et le capitalisme.

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