@ Dwaabala
Conférence de Presse 1967.
Question d’un journaliste : « Mon général, la guerre ayant éclatée au Moyen-Orient il y a 6 mois, et qui s’est terminée aussitôt qu’elle s’est lancée. Que pensez-vous de l’évolution de la situation dans ce secteur du monde depuis le mois de juin ?
Réponse du Général De Gaulle :
« L’établissement entre les deux guerres mondiales, car il faut en remonter jusque-là, l’’établissement d’un foyer sioniste en Palestine, et puis après la 2ème guerre mondiale d’un Etat d’Israël, soulevait à l’époque un certain nombre d’appréhensions. On pouvait se demander même chez beaucoup de Juifs si l’implantation de cette communauté sur des terres plus ou moins acquises sous des conditions plus ou moins justifiables, et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables frictions et conflits. Et certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés, ce qu’ils avaient été de tous temps, c’est-à-dire un peuple d’élites, sûr de lui-même et dominateur, n’en vienne une fois qu’il serait rassemblé, dans le site de son ancienne grandeur, n’en vienne à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’il formait depuis 19 siècles « L’an prochain à Jérusalem ! ». En dépit du flot, tantôt montant, tantôt descendant des malveillances qu’ils provoquaient, qu’ils suscitaient plus exactement, dans certains pays à certaines époques,, un capital considérable d’intérêts et même de sympathies s’était formé en leur faveur, et surtout, il faut bien le dire, dans la Chrétienté ; un capital qui était issu de l’immense souvenir du Testament, nourri à toutes les sources d’une magnifique liturgie entretenue par la Commisération qu’inspirait leur antique malheur et que poétisait chez nous la légende du « Juif errant », accru par les abominables persécutions qu’ils avaient subi pendant la 2ème guerre mondiale, et grossi depuis qu’ils avaient retrouvé une patrie, par les travaux, leurs travaux constructifs, et le courage de leurs soldats. C’est pourquoi, indépendamment des vestes concours, en argent, en influence et en propagande que les Israéliens recevaient des milieux juifs d’Amérique et d’Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l’établissement de leur Etat sur le territoire que lui avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu’ils parviennent, en usant d’un peu de modestie, à trouver avec ses voisins, un modus vivendi pacifique. Il faut dire que ces données psychologiques ont quelque peu changé depuis 1956. A la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître, en effet, un Etat d’Israël guerrier, et résolu à s’agrandir. Et ensuite, l’action qu’il menait pour doubler sa population par l’immigration de nouveaux éléments, donnait à penser que le territoire qu’il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps, et qu’il serait porté pour l’agrandir, à utiliser toutes occasions qui se présenteraient. C’est pourquoi d’ailleurs, la 5ème République s’était dégagée vis-à-vis d’Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet Etat. Et la 5ème République s’était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. Bien sûr, nous conservions avec le gouvernement israélien des rapports cordiaux, et même nous lui fournissions pour sa défense éventuelle les armements qu’il demandait d’acheter. Mais en même temps, nous lui prodiguions des avis de modération, notamment des litiges concernant les eaux du Jourdain (…) Enfin, nous ne donnions pas notre aval à son installation dans un quartier de Jérusalem dont il s’était emparé, et nous maintenions notre ambassade à Tel-Aviv. D’autre part, une fois mis un terme à l’affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes du Moyen-Orient la même politique d’amitié et de coopération qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde, et dont la raison et le sentiment font qu’elle doit être aujourd’hui une des bases fondamentales de notre action extérieure. Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux Arabes que pour nous l’Etat d’Israël est un fait accompli et que nous n’admettrions pas qu’il fut détruit. De sorte que tout compris, on pouvait imaginer qu’un jour viendrait où notre pays aurait aidé directement à ce qu’une paix réelle fut conclue et garantie en Orient, pourvu qu’aucun drame nouveau ne vint à la déchirer. Hélas, le drame est venu, qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie et aussi des menaces prodiguées contre Israël. Le 22 mai l’affaire Akaba, fâcheusement créée par l’Egypte, allait offrir un prétexte à ceux qui voulaient en découdre. Pour éviter les hostilités, la France a, dès le 24 mai, proposé aux trois autres grandes puissances d’interdire, conjointement avec elles, à chacune des deux parties, d’entamer le combat. Le 02 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré qu’il donnerait tort à quiconque entamerait le premier l’action des armes. C’est ce que moi-même, le 24 mai, déclarais à Monsieur Eban, Ministre des Affaires Etrangères d’Israël, que je voyais à Paris. « Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l’infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup plus organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés que les Arabes, je ne doute pas que, le cas échéant, vous remportiez des succès militaires, mais ensuite vous vous retrouveriez engagés sur le terrain, et au point de vue international, dans des difficultés grandissantes. D’autant plus que la guerre en Orient ne peut manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable, et d’avoir des conséquences malencontreuses pour beaucoup de pays, si bien que c’est à vous, devenus des conquérants, qu’on attribuerait peu à peu les inconvénients. On sait que la voix de la France n’a pas été entendue, Israël ayant attaqué, s’est emparée en 6 jours de combat des objectifs qu’il voulait atteindre.[…] ».
Voilà la réponse d’où est extraite ma citation. Alors, s’il vous plaît, n’essayez pas de déformer mes propos et de me faire passer pour ce que je ne suis pas. Legrandsoir, respectable média, n’a pas besoin de fausses polémiques alimentées de manière intentionnelle et malhonnête. De grâce, ne me répondez même pas, je n’ai vraiment pas envie de discuter avec vous, qui que vous soyez. Merci.