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Portrait d’Ana Belén Montes

Portrait d’Ana Belén Montes – c’est celui d’une femme éprise de justice, rédigé par sa cousine, Myriam Montes, et que nous a transmis depuis Cuba Julián Gutiérrez Alonso, un des responsables de la CIM, la Campagne Internationale pour Ana Belén Montes.

Diverses campagnes internationales ont mis en lumière le cas d’Ana Belén Montes, qui depuis 15 ans est détenue dans une prison pour malades mentaux des USA, avec une condamnation à 25 ans de prison pour avoir fourni des renseignements top secrets à Cuba.

Pour tous ceux qui, comme moi, ne connaissent pas grand-chose d’Ana Belén, voici un portrait rédigé par sa cousine, Myriam Montes, et que nous a transmis depuis Cuba Julián Gutiérrez Alonso, un des responsables de la CIM, la Campagne Internationale pour Ana Belén Montes.

Un portrait qui va bien au-delà de l’image transmise dans les habituelles campagnes : celui d’une femme éprise de justice.

Il faudrait beaucoup d’Ana Belén pour que le monde soit plus vivable.

Annie Arroyo

* * *

El 21/06/2016 21:05, Miriam Montes escribió :
Apreciado Julián, Vicente y el resto de los compañeros que luchan por Ana :

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et pas mal d’émotion les échanges qu’il y a eu au sein de la CIM. Je vais arrêter là avec mes remerciements, vous savez l’immense valeur que ça a pour moi et, surtout, pour Ana.

Ana et moi nous nous écrivons aussi souvent que nous le pouvons. Je ne perds aucune occasion de lui parler de vous... et j’essaie de le faire de façon discrète, pour des raisons évidentes.

Elle sait. Je lui ai envoyé des articles (on ne lui a pas donné le discours de Castro lors de la visite d’Obama). Je lui envoie des photos que je sélectionne et tous les poèmes que je reçois de tous. Récemment, je lui ai envoyé d’autres articles publiés sur Cubadebate à propos de la visite d’Obama avec le point de vue d’analystes cubains. Je ne sais pas si on les lui aura donnés. Ana est informée au sujet des évènements politiques au niveau international.

Elle lit avec avidité. Mais les mesures administratives spéciales restreignent encore ce qu’elle peut recevoir.

Dans la prison, ils scrutent tout, comme c’est l’usage dans des cas comme le sien. J’adorerais lui envoyer les notes prises lors de cette réunion. Je ne crois pas qu’on me le permette, car il ne lui est pas permis de recevoir ou d’envoyer de correspondance avec des gens hors de son cercle fermé. Je vous assure que votre amour, elle le recevra.

Ana résiste. Elle le fait cramponnée à l’idéologie qu’elle a défendue. Elle à la loyauté de sa propre conscience. Parce que c’est une chose qui ne nous abandonne jamais, qu’on le veuille ou non. C’est pourquoi je crois que la conscience de Ana l’accompagne au milieu de sa solitude et lui donne la paix.

Ana résiste avec les mots qu’elle lit. Elle résiste en contemplant et en appréciant les beautés de la Nature dans les documentaires du National Geographic qu’on passe à la prison. Elles lui rappellent qu’il existe un monde harmonieux en dehors des cellules qui la retiennent prisonnière. Ça lui donne un peu d’espace par rapport à ce monde effarant. Elle sait que malgré les injustices dont elle a été le témoin, la bonté humaine existe. Et vous.

Ana s’instruit, elle se fait des opinions, elle s’exprime. Elle s’autorise à avoir des sentiments. Ses larmes coulent quand une émotion la gagne. Quand elle devine que son rêve récent commence à devenir réalité, et ce même si elle est en première ligne pour connaître les idéologies propres aux empires.

Elle est touchée de voir que la lutte pour sa cause est véritablement la lutte pour un idéal plus vaste et plus transcendantal que sa libération ; cette lutte fait référence à la réconciliation entre des pays et des peuples, au rapprochement entre des citoyens du monde, même si ils ont des modes de vie différents.

Ana aime Cuba. Mais elle aime encore plus les causes justes. Elle a protégé Cuba car c’était un pays matraqué par une nation puissante et hostile. Si cela avait été le contraire, elle aurait défendu le pays agressé. La Ana que j’ai connue pendant nos étés d’adolescentes choisissait toujours les oubliés, les moins favorisés. D’où lui est venue cette conscience de l’autre ? Je ne le sais pas moi non plus.

Dans nos familles (au moins du côté paternel, d’où je viens), il y a des représentants d’une variété d’idéologies et de styles de vie. Un père médecin et conservateur ; un oncle sociologue, indépendantiste, qui recherche les vérités, rien de traditionnel (mon père) ; un autre oncle ex prêtre jésuite, qui a abandonné l’habit ecclésiastique pour obéir à sa propre conscience (à mon point de vue) ; une enseignante, maîtresse de maison talentueuse, épouse et mère.

J’avoue que c’est une façon très terre à terre de classer des personnalités complexes, comme le sont tous les êtres humains ; mais j’essaie de reconstruire un réseau familial autour de Ana.

Le leader nationaliste Juan Antonio Corretjer Montes était apparenté à notre famille, bien que nous n’ayons jamais eu le privilège de la connaître personnellement, pour autant que je m’en souvienne. Du côté de sa mère, elle n’a pas eu d’oncles, de tantes ni de grands-mères, si ce n’est deux grands-tantes et une amie de sa mère qu’elle et tous ses frères et sœurs appelaient « titi ». Ana était très attentionnée avec elles, et aussi avec notre grand-mère. Très affectueuse. Elle leur rendait visite à toutes et leur faisait des cadeaux.

Elle est l’aînée de quatre frères et sœurs. Il échoit souvent aux filles aînées certaines responsabilités maternelles, allez savoir pourquoi (je suis moi aussi l’aînée de trois jeunes sœurs). Ana a été une étudiante brillante, avec un sens de la justice chevillé au corps. Elle a voyagé dans l’Amérique Latine, en Espagne, dans les Caraïbes. Elle a connu des gens. Elle a écouté des points de vue...

Ana ne veut pas (et je le répète) être une figure emblématique. Ça la dérange qu’on dise qu’elle est une héroïne ou quelqu’un d’exceptionnel. Pour elle, son action a obéi à une obligation personnelle qu’elle ne pouvait ignorer. D même que les médecins cubains qui ont ressenti l’obligation humaine, religieuse, professionnelle ou idéologique d’offrir leurs services aux malades de l’Ebola, là-bas en Afrique occidentale, malgré les risques que cela impliquait.

Certains en sont morts. Mais ils ne se sont pas sacrifiés pour que l’histoire en fasse des héros ou des êtres exceptionnels. Ils ont simplement répondu à leurs obligations et ils ont assumé les risques. Une obligation qui, pour eux, de toute évidence, était incontournable. C’est comme ça que je vois Ana. C’est pour ça qu’elle ne recherche ni n’espère les éloges. C’est pour ça qu’elle supporte le blâme. C’est aussi pour ça qu’elle a supporté la peur de l’espionnage et qu’elle supporte encore l’enfer de la prison. Pour elle, le soutien à sa cause n’est rien d’autre que le soutien à la souveraineté de Cuba face aux États-Unis.

Ana est ainsi. Internationaliste. Solidaire. Respectueuse de l’humanité. Avec la modestie qui est généralement celle de ceux qu’habitent de nobles idéaux.

Voilà que je me mets à pleurer. J’espère avoir partagé quelque chose qui vous aidera à mieux la connaître.

Je vous embrasse.

Miriam

Auteur : Miriam Montes, le 21/06/2016

Traduction : Annie Arroyo

»» http://www.francecuba.org/portrait-d-ana-belen-montes/
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