Je suis un ancien lecteur du Monde. Je ne l’achète plus depuis plusieurs années. A la lecture de cet article, je ne regrette pas ma décision - pas du tout, bien au contraire !
Il n’y a aucun article ou dessin particulier qui m’a convaincu de sauter le pas (de ne plus l’acheter). Cela s’est fait tout seul, naturellement, spontanément. Je n’ai ressenti aucun dégoût contre le journal les derniers temps que je le lisait, simplement une sorte d’incompréhension devant ce qui me paraissait comme de la bêtise, une sorte de refus d’utiliser leur cerveau de la part des journalistes. Un jour, je n’ai plus ressenti le besoin de l’acheter - chose que je faisais chaque jour jusqu’alors ! J’étais un vrai "drogué" ; je me souviens par exemple, lors d’un séjour touristique à Venise, d’avoir parcouru la ville dans tous les sens un après-midi entier pour pouvoir mettre la main sur un exemplaire (que j’ai fini par dégoter au kiosque de la gare...). Le jour où j’ai cessé d’acheter le Monde, j’ai eu une grande sensation de sérénité, de liberté retrouvée, y compris, mais je ne devais le comprendre que plus tard, de liberté de penser.
Je souhaite sincèrement que Le Monde cesse de paraître et mette la clé sous la porte - définitivement. Le trio ultralibéral Minc-Colombani-Plenel a transformé ce qui a été le plus grand journal de langue française du XXè siècle, en un torchon qui maintenant se vautre dans le néoconservatisme va-t-en guerre tendance hystérique (si j’en crois par le ton de certains éditoriaux, cités comme il se doit dans les revues de presse d’une grande radio généraliste du service public).
Cette disparition serait le plus grand service à rendre à la mémoire d’Hubert Beuve-Méry, mémoire qui est salie et profanée à chaque nouveau numéro du Monde qui paraît.
Un petit rappel historique : Hubert Beuve-Méry travaillait dans les années 1930 comme journaliste au "Temps", l’ancêtre du "Monde" (dont il a hérité des archives). En 1938, il avait "couvert" pour ce journal la conférence de Munich (la vraie, pas celle dont on nous rebat les oreilles à chaque fois qu’un dirigeant refuse d’obéir à l’Occident). Conférence où les "démocrates" Daladier et Chamberlain ont tout simplement vendu la Tchécoslovaquie à Hitler pour éviter la guerre ; guerre qui est arrivée moins d’un an après, Hitler ayant appris à cette occasion que la menace, la mauvaise foi et la force payaient.
"Le Temps" était alors contrôlé par le Comité des Forges (fraction la plus dure du patronat de l’époque, le MEDEF à côté ce sont de gentils gauchistes naïfs). Beuve-Méry avait donc écrit un article condamnant les accords de Munich, où il prophétisait (seul contre tous à l’époque) que Hitler allait bientôt "passer à l’action" devant l’inaction des "démocraties". Cet article a été censuré par le Comité des Forges pour qui le slogan "plutôt Hitler que le Front populaire" n’était pas une parole en l’air. Beuve-Méry démissionna du journal avec éclat.
Puis la guerre est venue. "Le Temps" a soutenu Pétain, puis s’est sabordé en 1942, mais trop tard pour pouvoir être de nouveau autorisé à la Libération. Beuve-Méry a alors fondé "Le Monde" en décembre 1944, avec quelques anciens journalistes du "Temps", plus les archives de ce dernier ainsi que quelques financements, le tout venant du Quai d’Orsay (Beuve-Méry a assez rapidement retrouvé son indépendance par rapport aux diplomates français ; c’était un aussi un fin maneuvrier).
Aujourd’hui, grâce au trio Minc-Colombani-Plenel, "Le Monde" est revenu au niveau (très bas) du "Temps" du Comité des Forges de 1938. Vivement que "Le Monde" disparaisse pour que la mémoire d’Hubert Beuve-Méry arrête d’être salie chaque jour (sauf le dimanche) par un journal qu’il voulait "libre des puissances d’argent" et qui a fini par revenir sous la coupe de ces dernières.