Comment ça ? il faudrait que le GS "définisse sa ligne" et "choisisse son camp" ? Et pour quelle raison ?
Entre le camp Dieudonné et le camp Valls, il y aurait obligation de se placer dans l’un ou l’autre ?
Choisir son camp entre les ouvriers en lutte pour leurs emplois, pour leurs salaires, pour leurs conditions de travail contre le patronat, oui, mais ici ? Faut-il se prononcer obligatoirement pour l’un ou l’autre ?
Valls n’a aucune leçon à donner aux autres en matière de racisme, de discrimination, et de justice, lui-même versant dans l’abject impunément. Il a, entre autres, à son actif le harcèlement, l’expulsion et la stigmatisation des Rroms (ceux-là mêmes dont les parents et aïeuls ont été envoyés dans les camps mais qui ne bénéficient pas, pour autant, de sa protection et de son empathie), la chasse aux sans papiers, leur incarcération et leur expulsion, ou la mise à l’index des musulmans et des non-"blancos".
Dans un Etat de droit, tout mandat politique lui serait interdit pour incitation à la haine et traitement discriminatoire anticonstitutionnel.
Quant à Dieudonné, ses positions volontairement ambigües, sa proximité affichée avec l’extrême-droite et son choix de prendre le contrepied des pouvoirs tout en utilisant les mêmes armes qu’eux ne justifie en rien qu’on le soutienne.
Alors, il faudrait dépasser les visions binaires qu’on veut nous imposer et qui profitent depuis des décennies aux pouvoirs en place.
Demander au GS de "clarifier sa position" sur Dieudonné, c’est ridicule.
Les interventions des admins du GS (et de nombreux commentateurs) ont été très claires, qui ne cautionnent ni l’un ni l’autre parti, mais mettent en garde contre les nouvelles atteintes aux droits fondamentaux de tous les citoyens en matière d’égalité, de justice et de liberté d’expression.
Parce que c’est de cela qu’il faut s’indigner dans cette affaire, comme dans bien d’autres à l’heure actuelle.
Vouloir faire taire un homme seul, chercher à lui faire fermer son théâtre et faire interdire ses spectacles, le ruiner et le menacer de prison, c’est de l’abus de pouvoir, et cela ouvre la porte à bien d’autres mesures liberticides.
Si des propos publics sont condamnables, qu’ils soient, donc, condamnés par la voie légale, pas par une meute despotique et partiale qui bénéficie de tous les relais médiatiques et qui se réclame de la justice en lieu et place des instances légales.
Nous sommes censés ne plus être au temps des gladiateurs où c’était la foule présente dans l’arène qui décidait de la vie et de la mort des vaincus.
C’est à la justice, donc, de décider et de prononcer la sentence prévue dans les textes de loi, pas au pouvoir exécutif de prendre l’initiative, avec force tapage, d’infliger lui-même une sanction totalement disproportionnée à un délit où ce sont ces pouvoirs et leurs médias qui fournissent le dossier à charge.
D’autre part, l’indignation et l’exigence de sanctions contre les proclamés "antisémites" – où, dans de nombreux cas, l’accusation d’antisémitisme est prononcée arbitrairement pour interdire tout débat sur les crimes commis par Israël et ceux qui le soutiennent - ne s’étendent pas à la propagande acharnée anti-"arabo-musulmane", menée au nom de la "liberté d’expression" et qui sert aujourd’hui de justification à toutes les destructions, à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Ce parti pris flagrant et ostentatoire montre bien qu’il ne s’agit ni de justice, ni de lutte contre le racisme, mais d’instrumentalisation de l’opinion à des fins liberticides et criminelles.
Et, si dans un camp, l’antisionisme permet parfois de satisfaire l’antisémitisme de certains, dans l’autre, c’est l’accusation d’antisémitisme qui sert à occulter l’idéologie sioniste.
Et, ici, Viktor est très clair dans son billet : l’antisémitisme étant un délit, accuser publiquement et illégitimement quelqu’un d’antisémitisme, comme de tout autre délit, relève de la calomnie, également punissable par la loi.
Que faut-il dire de plus ? C’est cela, pourtant, le cœur du débat.
La calomnie est une arme redoutable qu’utilisent désormais ceux qui ont accès aux grands médias, réservés à une caste de cooptés, pour faire taire toute voix discordante.
Et, comme cela a été souligné dans un commentaire, Mélenchon et Chavez en ont fait les frais, ainsi que René Balme, d’ailleurs, et on a vu que même la gauche cède lâchement à ces pressions.
Et c’est ainsi qu’on laisse perpétuer l’idée que c’est l’antisémitisme qui motive les opposants au capitalisme, au sionisme et aux "interventions humanitaires".
Tant que la gauche tergiversera, tant qu’elle ne s’opposera pas clairement et d’une même voix à ces manœuvres d’intimidation, on ne pourra pas s’attaquer à ce système corrompu et sans foi ni loi et on laissera la place aux opportunistes.
@pilhaouer "Le fait de présenter un texte ou une vidéo sans commentaire peut laisser penser qu’on en approuve l’intégralité, notre défaut commun étant de chercher la plupart du temps à prouver ce que nous croyons et non à rechercher la vérité".
Très juste. Merci de le souligner.