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Paris n’est plus la bienvenue au coeur de l’Afrique noire, Antoine Glaser et Stephen Smith.


« L’Afrique et la France sont comme les vieux couples »


Le Courrier, mardi 28 juin 2005.

Propos recueillis par Ian Hamel


Les deux journalistes Antoine Glaser et Stephen Smith racontent comment la grande fraternité apparente entre la France et l’Afrique s’est transformée en si peu de temps en une véritable haine.

Côte d’Ivoire, Togo, les images d’émeutes et les déclarations incendiaires se répètent. Paris n’est plus la bienvenue au coeur de l’Afrique noire. Les Américains ont déjà installé une base à Djibouti et pensent s’établir au Gabon. Les Chinois pointent leur nez partout. Qu’est-ce qui a provoqué cette rupture ? Antoine Glaser et Stephen Smith avaient déjà écrit ensemble deux tomes de Ces messieurs Afrique, des pamphlets féroces sur les profiteurs tricolores de ce continent. Ils viennent de signer Comment la France a perdu l’Afrique, un ouvrage décapant. Antoine Glaser, qui répond à nos questions, est directeur de La Lettre du Continent, une lettre confidentielle.


LE COURRIER : POURQUOI CETTE BRUTALE HOSTILITÉ DES AFRICAINS ENVERS PARIS ? LA FRANCE NE SE COMPORTAIT POURTANT PAS MIEUX DANS LE PASSÉ.

Antoine Glaser : La France et l’Afrique sont comme les vieux couples qui ne se disent pas les choses, et qui ont peur de divorcer. Ainsi n’osent-ils pas revenir sur les accords de coopération militaire signés en 1960 et qui sont devenus totalement anachroniques. Résultat, si une crise éclate, la France sera systématiquement mise en accusation. Soit on lui reprochera d’intervenir, soit, au contraire, on ne lui pardonnera pas de ne pas intervenir. Pendant toute la guerre froide, le monde « libre » a confié la défense de l’Afrique à la France. Celle-ci intégrait le Sénégal, le Gabon ou le Congo dans sa politique intérieure. Mais depuis la chute du mur de Berlin, la situation n’est plus du tout la même. Nous ne faisons qu’assister à une rupture inéluctable.


QUELLE EST LA GOUTTE D’EAU QUI A FAIT DÉBORDER LE VASE ?

- Le début de la rupture remonte à 1994 avec Edouard Balladur, le premier premier ministre français à ne pas avoir une sensibilité africaine. Il a dévalué le franc CFA et il a laissé la compagnie aérienne Air Afrique tomber en faillite sans même en discuter avec les Africains. Pour eux, c’était une trahison impardonnable. Il faut comprendre que ce pays imaginaire, la « Françafrique », était balayé par des courants allant dans les deux sens. Les Français intervenaient en Afrique, mais les chefs d’Etat africains, comme l’Ivoirien Houphouët-Boigny avaient aussi leur mot à dire en participant financièrement aux campagnes électorales tricolores.


VOUS RÉVÉLEZ QUE L’ARMÉE AMÉRICAINE VA S’INSTALLER AU GABON...

- Il y a déjà 2000 soldats américains à Djibouti, ancienne colonie française. Cette concurrence a contraint Paris à négocier la location de sa propre base militaire. Dans le golfe de Guinée, riche en pétrole, les Etats-Unis ont d’abord pensé s’installer dans les îles de Sao Tomé et Principe. Mais selon certaines sources, ils choisiraient plutôt le Gabon, autre ancienne colonie française.


POURQUOI CET INTÉRÊT AMÉRICAIN POUR CETTE RÉGION ?

- L’Afrique recèle 90 milliards de barils de réserves prouvées, c’est presque autant que les réserves de l’Irak, et autant que celles de l’ex-URSS. En plus, il s’agit de brut facile à raffiner. Le golfe de Guinée est en face du continent américain. Il n’y a pas de côte à longer, de canal ou détroit à franchir, pas de risque d’un attentat kamikaze. L’Angola ou le Nigeria offrent aux Etats-Unis une marge de manoeuvre pour désamorcer une éventuelle menace d’un chantage de la part du monde arabe.


VOUS INSISTEZ ÉGALEMENT SUR L’ARRIVÉE DES CHINOIS.

- Leur venue relève de la même logique que celle des Américains. Les importations de pétrole chinois grimpent de 25% par an. Pékin offre un autre avantage pour les dictatures africaines, sa non-ingérence systématique dans les affaires intérieures. Petro-China est entrée dans un consortium international au Soudan. Couvrant les crimes contre l’humanité commis par les milices gouvernementales au Darfour, la Chine a menacé de recourir à son droit de veto au Conseil de sécurité pour éviter à Karthoum des sanctions de l’ONU.

 Source : Le Courrier de Genève www.lecourrier.ch



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Karl Marx

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