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Palmyre la martyre – « Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre »

La citation du titre est de l’historien britannique Arnold Joseph Toynbee (1889-1975), spécialiste de l’essor et de la chute des civilisations qui place les cultures dont elles sont porteuses, ou bien qu’elles abritent, comme critères dominants les définissant, grand admirateur du tunisien Ibn Khaldoun (1332-1406) – le père fondateur de l’histoire et l’un des pères fondateurs de la sociologie en tant que sciences - et en particulier de sa Muqaddima [ = المقدمة = Prolégomènes], préface de son Histoire universelle qui lui a inspiré cette citation.

Les barbares fanatiques et aculturés ont encore frappé, ce vendredi 20 janvier 2017, en procédant à de nouvelles destructions de trésors archéologiques à la cité antique de Palmyre en Syrie – classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO – dont la façade du Théâtre romain qui fut dynamitée, immédiatement après avoir servi de scène d’horreur pour une exécution massive en y assassinant des prisonniers membres de l’Armée syrienne libre (ASL), la rébellion modérée, et des partisans du régime, théâtre qui fut déjà, par le passé, haut lieu de mises en scène atroces d’assassinats perpétrés par ces mêmes barbares que l’islamiste « modérée » tunisien Rached Ghannouchi, chouchou de l’Occident (1), décrit comme étant de simples « musulmans en colère » (2). Ainsi, en juillet 2015, Daech avait diffusé une vidéo de l’extrême montrant 25 soldats du régime syrien exécutés au pistolet à bout portant par 25 jeunes adolescents sur la scène de ce même théâtre (3). Ces destructions furent qualifiées de « crime de guerre [et] d’immense perte pour le peuple syrien et pour toute l’Humanité » par Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, en ajoutant que cela « montre combien le nettoyage culturel conduit par des extrémistes vise à la fois les vies humaines et les monuments historiques, afin de priver le peuple syrien de son passé et de son avenir »(4).

Rien n’arrête la barbarie autodestructive du patrimoine culturel et cultuel de l’aire de la civilisation du Monde arabo-musulman, dont d’innombrables éléments sont inscrits sur la Liste du Patrimoine de l’Humanité, opérée par les islamistes de tous bords comme on peut le constater dans leur sinistre palmarès couvrant, parmi tant d’autres, l’Afghanistan, l’Arabie wahhabite, l’Irak, la Libye, le Mali, le Pakistan, le Soudan, la Syrie et la Tunisie. Même les sites associés au prophète de l’Islam – y compris sa maison natale, celle de son père et celle de sa première épouse, Khadija, où il aurait reçu la plupart de ses premières révélations, convertie en toilettes publiques – et à la religion naissante n’ont pas été épargnés, à coups de fatwas, dans l’indifférence totale, à commencer par celle de l’UNESCO : on estime à environ 98% (je dis bien quatre-vingt-dix-huit pour cent) le pourcentage du patrimoine historique et religieux détruit par l’Arabie wahhabite (5), et cela, sous prétexte que – comme le pense Daech et les « enfants de Ghannouchi » d’ailleurs – l’attachement à des bâtiments et des sites historiques éloigne de l’adoration du Dieu Unique et mène à l’adoration de la pierre, des lieux construits, et donc au polythéisme. De plus, ces destructions ont su souvent faire conjuguer les dogmes wahhabites avec le béton, ce qui a fait le bonheur des grands magnats de l’immobilier de la famille régnante et associées. Paradoxalement, soit dit en passant, la conception du Dieu Unique qui constitue l’essence même de l’Islam – rappelée cinq fois par jour lors des appels à la prière – est altérée dans la pratique par la divinisation de son prophète par des actes d’idolâtrie et des psaumes qui devraient être exclusivement consacrés au Dieu Unité. Sans oublier que dans l’ensemble des interprétations juridiques et éthiques que les islamistes donnent du diptyque des Écritures sacrées islamiques qu’est le couple Coran – Hadiths (6), pour constituer leur Sharia, les Hadiths sont plus usités que le Coran et apparaissent comme étant, encore plus que le Coran, la brique fondamentale de leur théologie et de leur pensée et leur source d’inspiration principale dans leur vie quotidienne, atteignant une dimension archétypale et sacrale où la vie du Prophète est dogmatisée, sacralisée et mythologisée. Dans ce cadre, il convient de souligner qu’il a été, historiquement et scientifiquement, prouvé que les Hadiths, existant initialement sous forme orale, n’ont été rapportés sous formes de recueils écrits qu’au minimum deux siècles après la mort du Prophète. Il est donc légitime de s’interroger sur leur authenticité et de se demander si, pour des raisons philosophico-géo-politiques, on n’a pas attribué au Prophète des hadiths fallacieux, d’autant plus que plusieurs hadiths considérés, traditionnellement, à cent pour cent authentiques, semblent relever, plutôt, d’une hagiographie où le merveilleux côtoie l’apologétique. En outre, ces ennemis de l’Islam des lumières, dans leurs interprétations, refusent de démêler le temporel de l’éternel et le conjoncturel de l’universel et se prévalent, souvent, de textes sortis de leurs contextes, ou bien de textes apocryphes ou même de textes inexistants. Qui plus est, certains hadiths considérés authentiques attribuent au Prophète des miracles, par exemple, faire parler ou pleurer des objets inanimés ou des animaux, ce qui contredit le Coran, puisque, tout en mentionnant des miracles effectués par d’autres prophètes, le Coran fait remarquer, à plusieurs reprises, que le prophète de l’islam n’est pas habilité à en faire. Tout cela fait de la Sharia une œuvre humaine hautement fluctuante (7) et son application nous éloigne de la notion de Dieu-Unicité qui, de surcroît, aime la beauté et s’émerveille souvent devant ses propres créations, sur terre et dans l’univers - comme il est développé tout le long du Coran dans ses meilleurs passages poétiques - application au nom de laquelle ces barbares fanatiques et aculturés nous ont privés et privent les génération futures de tant de merveilles du Patrimoine mondial de l’Humanité en les détruisant.

Ce que je peux dire en conclusion
C’est que ce qui se passe au Levant
Depuis un bon bout de temps
Comme je l’ai décrit auparavant
Donne absolument raison
À Toynbee, l’anglo-saxon
Et constitue une démonstration
De la fameuse allégation
Qu’Ibn Khaldoun a énoncée il y a longtemps
Dans sa Muqaddima citée précédemment :
« Quand elles se bédouinisent
Les civilisations se détruisent »
À fortiori, quand elles s’islamistisent
Par frérisation ou wahhabisation
Et ce ne sont pas les pétrodollars, à flots, coulant
Qui pourraient arrêter cet infernal mouvement
Bien au contraire, ils l’attisent
Destruction dont l’impact déborde largement
Le théâtre des décrites opérations
Mouvement qui menace également
Plus d’un pays de l’Occident

Seule une prise de conscience de ce danger menaçant
De la part des forces de progrès de toutes les nations
Et en première ligne celles des pays arabo-musulmans
Qui devraient libérer la pratique de leur sainte religion
De l’emprise de ces incultes, qu’il soit simple exécutant
Financier, dirigeant subalterne ou premier chaînon
Sujet de l’Émir Tamim ou bien celui du Roi Salman
Imam lambda de banlieue ou idéologue influent
Islamiste se disant modéré ou fanatique combattant
Car, tous, quoiqu’ils disent, ont un seul but, une seule obsession :
Que partout sur terre règne la Sharia comme Constitution
Je disais donc, seule une telle prise de conscience et ladite action
À la charge des progressistes des pays arabo-musulmans
Pourraient stopper cette démoniaque radicalisation
Qui risque de précipiter la planète entière et ses habitants
Dans un apocalyptique irréversible anéantissement

Salah HORCHANI

[1] Voir mon poème intitulé « Tunisie et terrorisme islamiste : Poème ouvert aux médias occidentaux », paru sous le lien suivant :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/301216/tunisie-et-terrorisme-islamiste-poeme-ouvert-aux-medias-occidentaux

[2] Pour cette complice-criminelle description, voir, par exemple, mon poème (et sa première référence) intitulé «  Cette fois-ci, les "enfants en colère" de Ghannochet, à Berlin, viennent de frapper », paru sous le lien suivant :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/201216/cette-fois-ci-les-enfants-en-colere-de-ghannochet-berlin-viennent-de-frapper

[3]http://www.lefigaro.fr/international/2015/07/04/01003-20150704ARTFIG00148-daesh-diffuse-une-video-d-une-execution-de-masse-a-palmyre.php

[4]http://abonnes.lemonde.fr/syrie/article/2017/01/21/l-ei-commet-de-nouvelles-destructions-a-palmyre_5066612_1618247.html

[5]http://time.com/3584585/saudi-arabia-bulldozes-over-its-heritage/

où il est écrit :

« Over 98% of the Kingdom’s historical and religious sites have been destroyed since 1985, estimates the Islamic Heritage Research Foundation in London. "It’s as if they wanted to wipe out history" says Ali Al-Ahmed, of the Institute for Gulf Affairs in Washington, D.C. (...) The house of the Prophet’s first wife, Khadijah has made way for public toilets. A Hilton hotel stands on the site of the house of Islam’s first caliph, Abu Bakr ».

http://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/medina-saudis-take-a-bulldozer-to-islams-history-8228795.html

Voir, aussi, le lien suivant où l’on trouve un inventaire de ces destructions qui fait froid dans le dos :

http://www.algerie-dz.com/forums//showthread.php?t=342266&langid=1

[6] Les recueils des hadiths du Prophète, à l’image des Évangiles, sont constitués de paroles attribuées au Prophète, voire même prononcées devant lui, ou bien de faits et de gestes accomplis par lui ou en sa présence, et ayant obtenu son approbation tacite.

[7] Voir, à ce sujet, le paragraphe 2. de mon article intitulé « Tunisie : Sacrée Sharia ! Chaque fois qu’on la pousse par la porte, les islamistes la font revenir par la fenêtre ! », paru sous le lien suivant :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/281113/tunisie-sacree-sharia-chaque-fois-qu-la-pousse-par-la-porte-les-islamistes-la-font-revenir-par-l

paragraphe intitulé « La Sharia est une œuvre humaine hautement fluctuante ».

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L’une des choses les plus étonnantes dans le coup monté contre Assange, c’est son audace. Ils savent qu’ils peuvent s’en tirer parce que les grands médias refusent d’en parler.

Matt Kennard

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