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Ouyahia est-il un Rainilaiarivony algérien ?

L’exploration du gaz de schiste est une opération incertaine et à haut risque. Elle est très hâtive en Algérie. L’Algérie ne possède ni la technologie ni les lois qui permettent de contrôler les multinationales pétrolières qui n’ont ni foi ni lois. Le cas du Nigeria est un exemple concret. Cet exemple nous sert de leçon.

Je commence par un proverbe catholique car les Versets coraniques ne font plus leçons chez certains types de commis flou-flou. Ce proverbe est la pierre de base du programme Ouyahia : " L’arrogance précède la ruine comme l’orgueil précède la chute ". Alors, mieux vaut être humble avec les humbles que de partager le butin avec les orgueilleux.Après cette introduction j’essaye de répondre à une question que le commun du peuple se pose. Comment l’Algérie est arrivée à cette image après gloire et réputation ?

La réponse est simple. Elle se résume comme suit : dans tous les pays du monde, un président trace les grandes lignes de son programme. Les détails sont entre les mains du premier ministre et ses ministres. Les insensés économistes, à courte vision, comptaient sur 31 milliards de dollars de recettes provenant des ventes d’hydrocarbures en 2017. Avant la chute des cours du pétrole brute, ces recettes dépassaient 65 milliards de dollars. Face à la chute accélérée des recettes pétrolières, ces responsables ont été contraints de puiser ces dernières années dans les réserves de devises, qui ont sublimé de moitié en trois ans sous la gouvernance de nos grands stratèges. Ces grands stratèges se cachent derrière le programme du Président sans justifier leurs fautes. Souffrant à contenir ce déficit budgétaire (13,7 % du PIB en 2016), les invisibles appellent sa Majesté Rainilaiarivony "l’homme des sales besognes". Eureka ! Ouyahia trouve les solutions faciles et non conventionnelles : la planche à billets et le gaz de schistes.

En tant que spécialiste en gaz naturel et citoyen algérien, il est de mon devoir de répondre à Ouyahya qui méconnait la modestie de nos universitaires et médit sur les compétences algériennes en les taxant de théoriciens incapables. Monsieur Ouyahia ignore ses limites comme il ignore les principes de l’économie.

Les lois rudimentaires de l’économie nous enseignent qu’un chômeur ne s’aventure jamais à dépenser les quelques sous de son épargne dans une action commerciale dont son revenu est incertain et ne peut pas couvrir ses besoins.

L’exploration du gaz de schiste est une opération incertaine et à haut risque. Elle est très hâtive en Algérie. L’Algérie ne possède ni la technologie ni les lois qui permettent de contrôler les multinationales pétrolières qui n’ont ni foi ni lois. Le cas du Nigeria est un exemple concret. Cet exemple nous sert de leçon. Dans l’article “ L’or noir du désespoir : Visite le long d’un fleuve toxique ” publié dans Paris Match l’année passée nous lisons « Le malheur du Nigeria, c’est la richesse de ses sous-sols. Toutes les compagnies pétrolières y plantent leurs forages et empoisonnent ainsi le delta du Niger. La population, misérable et malade, ne reçoit rien de cette manne. Et ceux qui tentent de faire justice sont achetés et corrompus ». L’Algérie ni le Japon ni l’Allemagne. Elle ressemble un peu au Nigeria.

Je rappelle à Ouyahia que l’exploitation du gaz de notre désespoir repose sur l’injection d’un mélange d’eau, de produits chimiques toxiques et de sable nécessaire pour extraire le gaz et le pétrole enfouis dans des roches dures comme les schistes. La perméabilité de ces roches est très basse. En langage populaire ces roches ressemblent au marbre. La technique d’exploitation de ce gaz est très controversée. Dans le doute les bons gens s’abstiennent.

Aux Etats-Unis, grand profitant des gaz de schiste, l’Agence de protection de l’environnement avait conclu dans un rapport publié fin 2016 que cette méthode d’extraction peut avoir un effet négatif sur la disponibilité et la qualité des ressources en eau. Ailleurs, dans certains pays, la fracturation hydraulique a été strictement interdite. En France, le Conseil constitutionnel avait décidé de valider la loi du 13 juillet 2011, votée à l’initiative de Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, qui interdit en France l’usage de la fracturation hydraulique pour explorer et exploiter les pétroles et le gaz de schiste. En Allemagne, le 24 juin 2016, la chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, a voté une loi qui barrait l’emploi à but commercial de la fracturation hydraulique « non conventionnelle ».

Chez nous, Monsieur Medelci et ses collaborateurs sont absents et muets et font le “ tout va bien ”. Ils gardent le silence … Ils laissent Ouyahia continuer son rêve dans une utopie imaginaire où les réserves de gaz de schiste et la planche à papier font miroiter son succès.

Ouyahia n’est pas polonais mais son rêve l’est. Les politiciens polonais rêvaient en plein jour. Ils pensaient transformer la Pologne en Norvège. Les ressources polonaises en gaz et pétrole non conventionnels étaient estimées entre 346 et 768 milliards de m3. Mais en 2010, date du premier forage dans le pays, aucun gisement ajusté à une exploitation commerciale n’a été découvert. Le gaz de schiste polonais s’est avéré bien moins rentable que celui extrait aux Etats-Unis. Les experts d’énergie pensent que la chute des prix du baril de pétrole rend l’exploitation du gaz de schiste pas trop intéressante économiquement. Notre grand stratège veut exploiter le gaz de schiste pendant la chute libre de son pétrole. Il veut exploiter le gaz de schiste avec un argent qui ne procède pas ! Il oublie la lourdeur administrative et la bureaucratie corruption de son système.... Il oublie sa législation boiteuse et non conforme au présent. Il veut blanchir le tableau d’exploitation de ce gaz de malheur par un discours des années soixante. Un discours conçu pour les années du yéyé quand les algériens dansaient le twist et lisaient salut les copains !

J’informe monsieur Ouyahia qu’en juin 2015, ConocoPhillips, la société américaine de pétrole a annoncé le retrait de ses concessions en Pologne, pourtant considérées comme les plus prometteuses du pays, après avoir investi 220 millions de dollars et appliqué les technologies d’extraction les plus avancées. Le rêve polonais se termine par un cauchemar environnemental et une déception financière. La sœur de ConocoPhillips est chez nous. En plus claire mon pays vit le temps de la trinité non conventionnelle : Ouyahia, le gaz et le financement.

Prenons nos précautions. Préparons-nous et soyons conscients. Cet hiver va être dur et non conventionnel pour les Algériens si l’homme des sales besognes se maintient au poste de premier ministre jusqu’à Janvier prochain. L’homme de la rue pense que Bouteflika a fait un mauvais choix. De quarante millions d’Algériens, dont 30 millions moins de 30 ans, il a préféré l’homme du sale boulot dont la femme est de Tlemcen si je me rappelle bien. C’est un choix ! Les goûts et les couleurs ne se discutent pas dit le vieil adage français.

Le président est absent du décor politique. Que Dieu le protège des invisibles parasites qui l’entourent. Certains s’adressent au Peuple et prétendent parler à sa place. Mais Ouyahia ne peut pas parler au peuple. Il préfère parler uniquement aux députés et aux sénateurs. Ces bras de leviers sont payés pour le regarder, l’écouter et l’applaudir.

Dans les endroits où se côtoient la misère, la violence, la haine et l’ignorance, le discours rude et non conventionnel d’Ouyahia sert de fuel pour l’agitation. En première phase, les gens du sous-sol vont bruler leurs meubles pour se réchauffer et échauffer leurs caves en hiver. En deuxième phase, les meubles se terminent, ils sautillent sur place pour se réchauffer. Etouffés par le manque d’oxygène dans un espace de mépris, ils passent à la troisième phase. En troisième phase, ils sortent dans la rue pour la réchauffer par les cris et les chahuts de gamins !

Pour éviter le pire, la classe intellectuelle doit se libérer du carcan fixé dans le rapport des forces claniques et dénoncer la putréfaction politique qui détruit le pays.

Dans la politique responsable, La bouche d’un gouverneur ne doit pas être un volcan d’où sortent le gaz de schiste et la flambée des prix des légumes.

Si Ahmed ! Les jeunes gens s’en foutent complètement de votre la philosophie. Ils ne croient plus aux laïusse politiques. Ils veulent un boulot, une bonne formation et un avenir certain. Les sages de votre génération voient les ces jeunes souffrir dans la rue. Ils vous disent qu’y a possibilité qu’ils souffrent moins. Hélas vous ne vous intéressez pas à cette possibilité. Vous vous croyez plus intelligent que tous les algériens .....Avec votre orgueil mal placé vous avez déçus les algériens. Vous les avez choqués par des photos des années rouges. Vous utilisez le poids des mots comme le mot « martyrs ou chouhada » pour justifier votre arrogance et votre démagogie aveugle. Je suis désolé, on ne gouverne pas un pays par l’intimidation et l’arrogance. On gouverne par la sagesse, la science, la patience, la fraternité et le bon cœur.

Monsieur Ouyahya ! Etes-vous au courant que 60 % de notre Sahara n’est pas encore exploité ou même exploré. Le Nord est presque non exploré à l’exception de certaines régions (Tiaret et Batna). Nos eaux territoriales sont vierges. Les Egyptiens et les Israéliens ont trouvé du gaz naturel conventionnel dans la mer méditerranée. La Grèce a lancé deux appels d’offres, la semaine passée, pour la prospection et l’exploitation de gisements de pétrole et de gaz offshore dans l’ouest et le sud du pays. La Grèce a mené plusieurs tentatives infructueuses au cours des 50 dernières années pour trouver d’importantes réserves de pétrole et de gaz. Depuis la crise de la dette, elle redouble d’efforts pour y parvenir, encouragée par les récentes découvertes de gaz au large d’Israël et de Chypre. Pourquoi ne pas faire comme eux. Sommes-nous incapables ? Ou tout simplement un complexe d’infériorité ?

Un ex-ministre de l’énergie peut vous informer. Il est parti en Norvège pour le transfert de technologie des forages offshore. Dans mes conversations avec l’ex-ambassadeur de Norvège en Algérie à Oslo, cet été, j’ai appris que l’ex-ministre a pris les ascenseurs sous-marins en compagnie de notre ambassadeur en Norvège pour visiter un appareil de forage offshore. Les autorités de Norvège étaient prêtes à aider l’Algérie en cette matière. Hélas ! la politique n’est plus politique !

Si Ahmed, êtes-vous au courant que 30 % du pétrole brute reste piéger dans le sous-sol après exploitation. Un puits sec peut donner ces 30% en utilisant les nouvelles techniques d’EOR (Enhanced Oil Recovey). L’EOR est inexistante en Algérie. Sid Ahmed Ghozali voulait lancer ce projet les années 90. Avec cette technologie Hassi Messaoud peut produire encore !

Votre politique des années 1990 et la politique de l’exclusion de Chakib ont mis à la retraite les cadres capables et compétents de la Sonatrach à l’âge de 50 ans. Certains sont consultants à l’étranger ; d’autres ont mis la gandoura et pris le chalet et répètent à longueur de journée « Que Dieu protège notre cher pays ». Parmi eux, je cite mes amis de l’IAP qui étaient chef de zones dans les complexes de gaz et raffinages à Arzew et Skikda. Ils attendent la fin de leur vie dans une Algérie détruite par la démagogie et l’esprit oligarchique. Depuis leur départ l’Algérie importe le mazout, le bitume et l’essence !

En conclusion : Pour justifier le titre de ce texte je reviens à l’histoire. " Rainilaiarivony est mort en exil à Alger le 17 juillet 1896 ". Un siècle après la mort de Rainilaiarivony, Zeroual nomme Ouyahia comme Premier ministre. La femme de Rainilaiarivony, la dernière reine de Madagascar, Ranavalona III, est décédée en exil à Alger le 23 mai 1917. Un siècle après la mort de cette reine, Bouteflika ou un autre nomme Ouyahia Premier ministre.

Rainilaiarivony était Premier ministre et co-roi. Rainilaiarivony, fut premier ministre de Madagascar durant 31 ans, il fut également co-roi de Madagascar en tant qu’époux des reines successives de Madagascar Rasoherina, Ranavalona II et Ranavalona III. Il avait une réelle influence sur toutes ses épouses successives. En réalité ces reines ne gouvernaient plus et laissaient leur premier ministre et époux diriger le royaume. L’autorité du Premier ministre Rainilaiarivony, au pouvoir depuis 1864, est devenue très impopulaire auprès de la population. Un traité d’alliance franco-malgache est signé le 17 décembre 1885 par la reine Ranavalona III. Des désaccords sur l’application de ce traité, servent de prétextes à l’invasion française de 1895. L’invasion française ne rencontre que peu de résistance. J’ai peur de dire d’Ouyahia incarne Rainilaiarivony.

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Le Joueur. Jérôme Kerviel seul contre tous
BLANRUE, Paul-Eric
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