La transphbnie est un signe de bonne santé
À vous lire, je n’en suis pas convaincu...
La transphobie n’est qu’une forme actualisée et acceptable d’homophobie. On peut se dire transphobe sans la moindre honte parce que la droite internationale a réussi, par le biais de certaines personnalités médiatiques réactionnaires dont l’omniprésence en ligne s’explique par un soutien financier sans limites, à imposer un discours anti-LGBTQ construit entièrement sur des mensonges et des exagérations. Cette panique morale pour des microphénomènes est parfaitement mise en lumière par les cris d’orfraie d’hommes adultes face à la présence ultra-minoritaire de personnages LGBT même secondaires dans les productions Netflix, devant une Blanche-Neige métissée ou une Petite Sirène un peu trop bronzée... L’argument-clé de ses nouveaux « indignés », c’est que, dans les deux derniers cas, ça ne correspondrait plus à l’esprit « Disney » ou à l’oeuvre originale... Ils démontrent dès lors l’infinitude de leur bêtise en oubliant que Disney n’a jamais cessé depuis sa naissance de piller les patrimoines culturels nationaux, de les déformer, de les édulcorer pour les rendre digestes à la sensibilité occidentale, et surtout d’en corrompre le sens profond. Que ce soit un épisode de l’histoire chinoise, une légende indienne, un conte arabe ou une fable de Grimm...
De deux choses l’une : soit les réactionnaires souhaitent des oeuvres entièrement blanches et hétérosexuelles dominées par les mâles (ce qu’est toujours la production mainstream américaine majoritaire), soit ils croient à la neutralité de l’art. Dans le pire des cas, ils font la preuve de leur racisme, de leur homophobie et de leur misogynie. Dans le meilleur, ils sont juste stupides : l’art, et encore moins le cinéma, n’a jamais été neutre. Et au bout du bout, comme le dit l’ami Goya, l’avis de l’extrême-droite sur l’art, on s’en contrefout. Si on les avait écoutés, l’art ne serait jamais sorti des églises.
Comme je l’ai démontré dans cet article(*), la transphobie repose sur les mêmes ressorts que l’homophobie de groupuscules puritains dans les années 60-70. Mots pour mots : idéologisation, danger pour la famille, la société, la civilisation, danger pour l’enfance et amalgame mensonger avec la pédophilie. Tout y est, rien n’a été inventé. Les discours transphobes d’aujourd’hui sont le copié-collé des discours homophobes d’hier. Qu’ils viennent des puritains, des conservateurs ou des TERF, tous fraient dans les mêmes sphères : JK Rowling soutient et fréquente des TERF qui elles-mêmes soutiennent et fréquentent des groupuscules d’extrême-droite. Le récent mea culpa de Marguerite Stern à destination des catholiques de France en est une illustration parfaite : cette ancienne Femen devenue TERF et reconvertie dans la transphobie a été applaudie par tout le spectre de la droitosphère française .
Être transphobe, c’est non seulement avoir la même vision déglinguée que l’extrême-droite et les ultra-cathos mais c’est aussi se ranger du côté de la domination capitaliste la plus brutale et la plus froidement exploitrice : l’oligarchie mondialiste est homophobe, transphobe et raciste, elle l’est par conviction profonde et ceux qui croient que le wokisme de Disney ou de Netflix prouve le contraire sont des naïfs qui ne comprennent rien au fonctionnement du capitalisme.
Trump, Bolloré, Arnaud, Musk : même combat.
Pour ceux qui ont un doute, je recommande les mises au point claires et nettes du camarade Antoine Goya qu’on ne peut pas vraiment accuser de pro-wokisme.
(*) Primo, un article, et plus encore de moi, n’a en soi qu’une valeur relative. Seul le rapport quantité/qualité des sources qu’il fournit pour étayer son propos en a. Deuxio, un article est un travail de réflexion plus poussé qu’un simple commentaire dans un forum et quiconque valorise la transphobie en quelques caractères fait oeuvre de paresse : vous voulez démontrer que les personnes transgenres sont un danger pour la civilisation humaine, j’attends que vous le fassiez à travers une argumentation construite et appuyée par des données et des preuves, et non par le biais d’une remarque lapidaire digne d’un tweetos, forme ultime de psittacisme décérébré.