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Incroyables décomptes

Nouveau traité START et vieille politique de puissance. (Il Manifesto)

12 avril à Washington, au sommet du Conseil de sécurité de l’Onu sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire, le président Obama va "montrer des faits et pas seulement des mots ». Quels sont ces faits ?

Avec le nouveau traité START, qui sera signé le 8 avril à Prague, les Etats-Unis et la Russie, les deux plus grandes puissances nucléaires, lancent « un message clair » : ils entendent « guider » la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. C’est ce qu’a déclaré le président Obama qui, après avoir scellé l’accord, interviendra le 12 avril à Washington, au sommet du Conseil de sécurité de l’Onu sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Là , a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Obama « pourra montrer des faits et pas seulement des mots ». Quels sont ces faits ?

Selon le Bulletin of the Atomics Scientists, les Etats-Unis possèdent 5.200 têtes nucléaires opérationnelles, soit toujours utilisables ; la Russie, 4.850. En plus de celles-ci, les deux puissances possèdent au total 12.350 têtes non opérationnelles (mais non encore démantelées). Le nouveau START ne limite pas le nombre de têtes nucléaires opérationnelles contenues dans les arsenaux. Il établit seulement une limite pour les « têtes nucléaires déployées », soit celles qui sont prêtes au lancement, installées sur des vecteurs stratégiques de portée supérieure à 5.500 Kms : des missiles balistiques intercontinentaux avec une base à terre, des missiles balistiques lancés depuis des sous-marins, et depuis des gros bombardiers.

L’incroyable décompte

Mais, tandis que les têtes de missiles sont comptées à la pièce, chaque gros bombardier est compté comme une seule pièce même s’il en transporte beaucoup plus. Un B-52 - rappelle le New York Times (30 mars 2010)- transporte 14 missiles de croisière et 6 bombes nucléaires. Ainsi, sur la base d’un compte partiel, le Département d’Etat estime que les USA ont actuellement 1.762 têtes nucléaires déployées sur 798 vecteurs ; la Russie, 1.741 sur 566 vecteurs. Le nouveau START permet à chacune des deux parties de conserver 1.550 têtes nucléaires déployées, soit un nombre à peine inférieur (10% environ) à l’actuel, et un nombre de vecteurs substantiellement inchangé : 800 chacun, dont 700 prêts au lancement à tout instant. Un potentiel destructif capable de balayer l’espèce humaine et quasiment toute autre forme de vie sur la Terre.

En outre le nouveau traité n’indique aucune limite effective à l’augmentation qualitative des forces nucléaires. Aux Etats-Unis, les responsables des laboratoires nucléaires ont déjà averti le Congrès que le programme fédéral pour « l’extension de la vie de l’arsenal nucléaire » ne suffit pas à en garantir la fiabilité dans les prochaines décennies. Ils font ainsi pression pour créer une « coûteuse nouvelle génération de têtes nucléaires » (The New York Times, 26 mars) et le vice-président Joseph Biden leur a promis à cet effet 5 milliards de dollars de plus. On est en train de développer en même temps de nouveaux vecteurs, tel que le « missile global hypersonique » de Boeing qui pourrait devenir opérationnel en moins de trois ans : il permettrait au Pentagone de frapper en une heure n’importe quel objectif dans n’importe quelle partie du monde. Reste aussi en dehors du traité la question des armes nucléaires « tactiques », que les USA continuent à conserver dans cinq pays « non nucléaires » de l’OTAN (Belgique, Allemagne, Italie, Hollande et Turquie) et dans d’autres, en violant ainsi le Traité de non-prolifération.

Le « Bouclier » sans freins

En même temps, le nouveau START ne met aucune limite au nouveau projet de « bouclier » anti-missiles que les USA veulent étendre à l’Europe, sur la frontière du territoire russe : système non pas de défense mais d’attaque qui, une fois mis au point, leur permettrait de lancer une première frappe (first strike), en se fiant à la capacité du « bouclier » de neutraliser les effets de représailles. A Washington, on assure que le « bouclier » n’est pas dirigé contre la Russie mais contre la menace de missiles iraniens. A Moscou on le prend au contraire pour une tentative de prendre un avantage stratégique décisif sur la Russie. Le général Nikolaï Makarov a donc averti que, si les USA continuent à développer le « bouclier », cela « amènera inévitablement à une nouvelles phase de la course aux armements, en minant l’essence même du traité sur la réduction des armes nucléaires » (Rossiyskaya Gazeta, 23 mars). En attendant Moscou ne reste pas les bras croisés : en mai sera lancé le nouveau sous-marin multifonctions Yasen à propulsion nucléaire, armé de 24 missiles de croisière à longue portée, y compris à tête nucléaire.

C’est avec ces faits que le président Obama se présentera le 12 avril au Conseil de sécurité, en exhibant le nouveau START qui confère aux deux plus grandes puissances nucléaires, détentrices de 95% des plus de 23 mille armes nucléaires existant dans le monde, le droit de « guider » la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Le doigt accusateur sera pointé sur l’Iran (comme le confirme la rencontre Obama-Sarkozy du 31 mars), accusé de vouloir fabriquer la bombe atomique, tandis qu’on laissera à coup sûr dans l’ombre le fait qu’Israël possède un arsenal de centaines d’armes nucléaires, qu’il garde pointées sur d’autres pays de la région.

Edition du 1er avril 2010 de Il manifesto

http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20100401/pagina/10/pezzo/275056/

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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Résistant en Palestine - Une histoire vraie de Gaza.
Ramzy BAROUD
Comprenez, de l’intérieur de Gaza, comment le peuple palestinien a vécu la signature des Accords d’Oslo : les espoirs suscités et immédiatement déçus, la désillusion et la colère suscitée par l’occupation et la colonisation israéliennes qui continuent... La seconde Intifada, et la montée politique du Hamas... Né à Gaza en 1972, Ramzy BAROUD est un journaliste et écrivain américano-palestinien de renommée internationale. Rédacteur en chef de The Brunei Times (version papier et en ligne) et (…)
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