Ce qui transparait de ce billet, c’est ce que ne disent jamais clairement les journaux prétendument satiriques et autres, à savoir que ce ne sont pas les religieux qui menacent le plus le principe de laïcité, ce sont les politiques eux-mêmes.
Comme ce ministre de la République, dans la foulée des précédents, qui s’en va assister aux cérémonies religieuses et qui se vante de ne pas faire de jaloux (en effet, les athées et agnostiques n’auront pas droit à sa visite -mais je ne suis pas sûre d’en vouloir). Il faudrait, également, pour être encore plus juste faire la tournée des popotes chez les bouddhistes, les Jéhovah, les protestants et les autres.
Ce sont ces gens-là qui ramènent constamment la religion au sein des affaires de l’Etat.
L’ancien président, celui à la verticalité contrariée, cherchant à déséquilibrer, voire détruire les principes fondamentaux de la République n’a cessé de se livrer à des provocations pour diviser la France en communautés religieuses.
Ainsi, lors de son installation en grande pompe comme chanoine d’honneur de Latran, il a prononcé un discours sur l’identité française et la laïcité, comparant avantageusement le prêtre par rapport à l’instituteur, parlant des "racines essentiellement chrétiennes de la France", décrétant fallacieusement que la « morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme, quand elle n’est pas adossée à une espérance » et " "[appelant de ses voeux] l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à -dire une laïcité qui (…) ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout ».
Tout cela en rupture totale et arrogante avec la réserve que doit observer un président de la République française.
Il a également donné en catimini le droit aux établissements catholiques de distribuer des diplômes en France (ce qui voudrait dire qu’un jour, on pourrait voir des épreuves sur le créationnisme, par ex., mais qui s’en est ému au point d’en faire un n° spécial, par ex. ?).
On ne compte plus les entorses qui ont été faites à la loi de 1905 de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat lors de son quinquennat (visites officielles au Vatican, du président ou de ses ministres ; leur présence au dîner du Crif, où est, d’ailleurs, convoquée et se presse toute la classe politique française, etc.).
En revanche, pour la religion musulmane, il a fait des efforts différents, mais toujours en contravention avec les principes régissant la loi de 1905, qui garantit pleinement le respect égal de la liberté de conscience aussi bien pour les croyants que pour les athées et les agnostiques, l’égalité entre les cultes et la neutralité de l’Etat, notamment de ses services publics, à leur égard.
D’autre part, il avait en projet de créer des établissements confessionnels dans les quartiers "défavorisés" pour les mettre en concurrence avec les écoles publiques (je ne sais s’il a réalisé ce projet, finalement, mais mettre en parallèle écoles privées et écoles publiques - privées, elles, de moyens, c’est une grande idée des US qui mène à la privatisation totale de l’école).
On n’a jamais autant parlé de laïcité que depuis que les religions sont mises dos à dos et en concurrence par les politiques.
On n’a jamais autant parlé de laïcité que quand on a décidé de légiférer sur le port du foulard et de la burqa.
Aujourd’hui, pratiquement tout le monde se prévaut de la "laïcité" pour inciter à des mesures toujours plus discriminatoires, en contradiction totale avec le texte de loi. Mais, on le voit encore avec le nouveau ministre de l’intérieur, les textes de loi ne valent que pour la piétaille.
Si les institutions religieuses jouent leur rôle de groupe de pression, cherchant à en obtenir toujours davantage, c’est aux élus de dire fermement non, en vertu de la loi de 1905.
Or, ce sont eux qui la corrompent pour servir leurs propres intérêts et ceux des castes possédantes qui comptent sur eux pour créer les conditions de rejet qui leur permettront de poursuivre leurs guerres d’invasion, baptisées désormais pudiquement "interventions humanitaires".
En conséquence, ce ne sont pas les institutions religieuses qu’il faut combattre, et certainement pas les croyants, mais, avant tout, les élus de tous bords qui ouvrent toujours plus grand la brèche pour qu’elles puissent s’y engouffrer, et qui créent des différences de traitement évidentes entre les diverses communautés.
Hélas, ce n’est pas ainsi que l’entendent les porte-parole de toute la politique atlantiste et du "choc des civilisations".
Mais, qu’on soit athée, agnostique ou adepte d’une religion, n’est pas un obstacle pour la cohésion d’une société laïque, qui admet toutes les croyances philosophiques et religieuses. D’ailleurs, les sympathies ou antipathies que nous pouvons avoir envers ceux que nous côtoyons ont souvent bien peu à voir avec la religion, sauf à être intolérants, car on ne peut définir un être sur sa simple appartenance religieuse.
Je relève, toutefois dans le billet : "les ’sans religion’ représentent entre 25% et 30% de la population tandis que 40% à 45% déclarent ne pas croire en dieu".
D’abord, je ne comprends pas ces chiffres. Que veut dire ""sans religion", par ex.? dans quel pourcentage les Français seraient-ils donc adeptes d’une religion ?
D’autre part, laisser entendre que les adeptes de religions étant minoritaires, ils n’auraient pas droit au chapitre, cela n’a pas de sens. Une société laïque doit reconnaître toutes les convictions mais n’en privilégier aucune.
Il ne s’agit donc pas, contrairement à des élections, de prendre en compte une majorité par rapport à une minorité, mais d’accepter à égalité dans la république tous les particularismes, l’Etat et ses représentants devant s’appliquer à oeuvrer dans l’intérêt de chacun-e sans favoriser les dogmes de quiconque.
En matière de santé publique, de justice ou d’éducation, par exemple.