Benjamin Netanyahu est peut-être "un menteur" comme le dit Sarkozy, mais il n’est pas le seul dans ce cas sur la scène mondiale.
Les médias étaient tout excités de ce que le président Nicolas Sarkozy ait décrit Benjamin Netanyahu comme "un menteur" pendant un entretien privé avec le président Barack Obama. L’échange entre les deux leaders a pris place peu après une conférence de presse pendant le sommet du G20.
Le commentaire du président français n’a rien révélé de neuf ; il y a une sorte de consensus à la fois en Israël et à l’extérieur du pays, sur ce qu’il faut penser de la duplicité de Netanyahu. Les Palestiniens qui en ont fait les frais pourrait servir de référence à ceux qui font profession de la commenter.
Ce qui est remarquable, c’est qu’Obama, qui n’a pas réfuté la description qu’a donnée Sarkozy du premier ministre israélien, se soit plaint d’être obligé d’avoir affaire tous les jours à ce leader israélien fourbe.
On ne sait pas si les deux Assemblées du Congrès étasunien, dont les membres ont fait plus de 60 standing ovations à Netanyahu au cours d’un discours truffé de mensonges de ce dernier au début de l’année, partagent l’opinion de Sarkozy. Ce qui est clair, c’est que même s’ils sont d’accord avec le président français, cela ne les empêchera pas de se montrer aussi obséquieux avec Netanyahu la prochaine fois qu’il se retrouvera devant eux. Le Congrès actuel est l’adepte le plus fervent d’Israël dans toute l’histoire américaine et il apprécie tant Netanyahu "qui parle anglais avec un accent américain" qu’il a adopté toutes les positions israéliennes et obéi à tous ses diktats sans discussion.
Obama dont l’élection a soulevé des vagues d’optimisme chez les Arabes et les Musulmans à cause de son origine ethnique et culturelle et de ses discours enflammés, est devenu un pantin entre les mains de Netanyahu et, en réalité, la plus grande caution de ses mensonges. Le président des Etats-Unis est devenu l’ennemi public n° 1 des Palestiniens et l’obstacle principal à leur ambition d’obtenir la reconnaissance internationale de leur état fantôme en devenant membre de l’ONU et de ses agences.
C’est honteux de la part d’Obama d’avoir reproché à son homologue français de ne pas l’avoir consulté et de s’être désolidarisé de lui en votant favorablement à l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO. Malgré sa soumission à Netanyahu, pour des raisons électorales apparemment, on aurait pu s’attendre à ce qu’Obama soutienne moralement la position française si ça n’avait pas été un vote public.
Il faut espérer que le président Sarkozy, qui a eu le courage de ses opinions à propos de Netanyahu et de ses mensonges ne fera pas pression sur l’Autorité Palestinienne et son président pour les ramener à la table de négociations inutiles en face d’un "partenaire pour la paix" malhonnête et qui ne tient pas ses engagements. Netanyahu est le chef d’un gouvernement considéré comme le plus extrémiste de l’histoire extrémiste d’Israël et on ne peut lui faire confiance pour conclure un accord de paix.
La logique serait que les Etats-Unis et l’Occident, et spécialement les leaders du monde libre, punissent leur hypocrite allié israélien pour ses mensonges au lieu de punir la victime de ces mensonges, le peuple palestinien. C’est ce peuple qui est assiégé, persécuté et dépouillé de son droit le plus essentiel à la dignité et à l’indépendance. C’est exactement ce que signifie la menace étasunienne d’utiliser son veto au Conseil de Sécurité pour empêcher la reconnaissance de l’état palestinien. Le gel de l’assistance financière des Etats-Unis à l’UNESCO pour avoir accepté l’état palestinien comme membre, n’est que le début. Tout l’ONU est sous la menace d’un accès de dépit étasunien.
Netanyahu va continuer à mentir et il y aura, en Europe, à la Maison Blanche et au Congrès étasunien des gens pour le croire, ce qui ne fera que souligner une fois de plus l’hypocrisie et la duplicité de l’âme occidentale pour tout ce qui touche aux Israéliens et aux Palestiniens.
C’est peut-être parce qu’ils considèrent que Netanyahu fait partie de la famille. Après tout, le président George W Bush n’a-t-il pas menti sur les armes de destruction massives de l’Irak ? Bill Clinton n’a-t-il pas menti en niant avoir eu une "relation sexuelle" avec Monica Lewinsky ? L’ancien premier ministre britannique et actuel envoyé au Moyen Orient, Tony Blair, n’a-t-il pas menti en parlant d’un dossier confirmant la capacité de Saddam Hussein de déployer des armes de destruction massive en 45 minutes ?
Benjamin Netanyahu est sans doute une "menteur" comme le dit Sarkozy mais il n’est pas le seul dans ce cas. La seule différence entre lui et Sarkozy c’est que ce dernier a eu le courage de le dire à tous, même si ce n’était pas son intention.
MEM
09 November 2011
