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"Ne prenez pas la vie… par les épines", nous disent-ils ! ou Faut-il encore changer de Dico en 2014 pour comprendre la suite ? 

Prendre le train des réformes, créer du lien social, définir de nouveaux projets de relance de la croissance en synergie avec les partenaires sociaux et en privilégiant le dialogue social aux blocages et aux prises en otages inacceptables de la part d’une frange toujours plus radicalisée de l’ultra gauche, etc.

Mais quel est ce langage qui envahit tous les esprits et les médias ?

Le vocabulaire est le véhicule de la pensée, celui qui maîtrise les mots maîtrise le raisonnement. Supprimer du vocabulaire des mots qui permettent de critiquer le système en place permet de supprimer la contestation. (Le rêve de tous les gouvernants comme de ceux qui ont le pouvoir.)

Si bien des africains sont "affamés", il doit bien y avoir quelque part des "affameurs" ! alors disons, pour ne pas parler de ces derniers, qu’il y a le problème de la Faim dans le monde !... oui, c’est un problème !

Si vous vous estimez « exploité »… c’est donc qu’il y a un « exploiteur » !

Mais si vous supprimez du lexique courant le terme "exploité" et le remplacez par « défavorisé » vous concluez que vous n’avez pas eu de bol ! Ca devient votre problème !

Si vous le remplacez par "exclus", ne cherchez pas l’exclueur : ce mot n’existe pas. Mais par contre l’exclus, (ce peut être vous aujourd’hui ou demain), l’exclus sans exclueur doit chercher en lui même les raisons de son exclusion... Si vous êtes exclus, chômeur, sans papier, sans toit c’est de votre faute, et pas de la responsabilité de quelqu’un d’autre... qui n’est plus nommé... qui n’existe plus !

(applaudissements sur les bancs du Medef)

Ceci n’empêchera pas les exploiteurs d’avoir de la "compassion" pour vous et de se montrer à l’occasion charitables… Mais où est donc passé le principe de "justice" dans ce cas là ? (envolé ! bien trop archaïque, dépassé !)

Depuis la parution du roman de George Orwell "1984", chacun de nous constate que cette novlangue (ce langage détourné) s’étend de plus en plus : les couleuvres à avaler "en douce" ont tendance à s’accumuler… même avec un type "normal" !

Petit inventaire : Si vous réagissez devant le scandale de la "privatisation" de certains services publics, la Gauche libérale (oxymore ??) vous calmera en parlant plutôt de "cessions d’actifs publics" : c’est plus digeste qu’une "GAUCHE qui PRIVATISE" !

Vous faites parti d’un "plan de sauvegarde de l’emploi" ? C’est quand même mieux qu’un plan de licenciement, non ? (je vous rassure : c’est la même chose… sauf que le mot "licenciement" implique qu’il y a quelqu’un qui licencie !… mais faut plus le montrer du doigt !

(applaudissement sur la Droite de L’Assemblée Nationale)

Qui, maintenant, est contre les "réformes structurelles de compétitivité" ? Personne ! Précisons la suite : réformes qui cachent d’aligner votre salaire sur celui de votre homologue indien ou du fameux plombier polonais...

Alors, toujours d’accord avec l’enfumage des "réformes structurelles de compétitivité " ?

Citations : La France gaspille son "capital humain" dans le chômage (N.Sarkozy, 9 nov 2006) - la justice sociale (doit) être le ressort de la performance et du capital humain (S Royal, même date : 9 nov 2006)

Incroyable, vous avez du mal à boucler vos fins de mois, mais petit capitaliste vous nous cachez que vous avez un "capital humain" ? (autre oxymore : essayer de penser au "capital" et ensuite à "l’humain"… ok, c’est possible ! Essayez ensuite de mettre les deux ensemble : vous voyez quoi comme idée ? Rien ! C’est fait exprès : la novlangue vous conduit à ne plus pouvoir "penser"… vous n’êtes plus très loin du "temps de cerveau cocalisé" à la sauce TF1)

Mais ceux qui emploient cette expression (toujours des "décideurs » ), qu’entendent-ils par capital humain ? Tout simplement votre force de travail, votre savoir faire, votre dextérité, votre conscience morale et professionnelle, votre sens de la relation et de la négociation, etc : en deux mots, vous êtes une "valeur marchande" ! valeur à capitaliser, à faire fructifier ! sinon au chômage !… et oui si vous ne savez pas vous vendre, il faut vous en prendre à vous !

… Par contre si vous avez un emploi stable, il faut vous mobiliser en permanence pour conserver et accroitre ce capital si précieux… et c’est souvent au détriment de la famille et des autres salariés ou des sans emplois… Mais tranquillisez vous la conscience : ce n’est pas immoral dans le système concurrentiel du "chacun pour soi".

L’être humain est devenu un homo oeconomicus. Toute action politique ou sociale sera accomplie en fonction de considérations de rentabilité. Chacun doit être un petit entrepreneur de lui même. « on gère », « tu vas payer », « j’investis dans un téléphone portable », « c’est rentable », j’ai « un capital humain », etc.

(applaudissement des économistes "chiens de garde", présents à vie sur toutes les chaînes de radio et télé et de certains conseillers "Pôles emplois")

Autre nouveau mot avec une petite plaisanterie entendue à un carrefour : là je ne risque rien : je suis juste sous la vidéo protection.

C’est un fait que "vidéo surveillance" avait un côté "pénétration dans votre vie privée", il fallait donc en novlangue inventer une autre perception : ce fut donc "vidéo protection" à la sauce Hortefeux… Seulement comme tous les nouveaux mots trompeurs qui sont un jour à la mode et le lendemain oubliés s’ils n’ont plus d’ effet soporifique, celui ci est déjà enterré en 2014 : Toutes les vidéos baptisées "de protection" que les médias nous ont ressassées à propos de tels faits divers, nous prouvent que la protection tant chantée est nulle…

Par l’expérience, nous annulons donc une idée trompeuse pour revenir à la définition originale : ce sont des vidéos qui surveillent et qui peut-être serviront a posteriori à arrêter un voleur ou un fou ! (On est bien d’accord : elles sont inutiles à l’égard des honnêtes gens qui se demandent donc bien pourquoi ils sont quand même filmés !… à méditer !)

Cette sagesse de ceux qui savent ne plus se laisser enfumer, est peut être bien la porte de sortie pour échapper à ces matraquages de langage qui ne sont que propagande !

Comme ce n’est pas la langue du peuple, mais bien celle des décideurs, des politiciens, des médias et des publicitaires, je vous souhaite d’être vigilants en 2014 pour ne pas vous faire avoir par :

"employabilité " (contre le droit du travail) - flexisécurité (contre la sécurité de l’emploi)- consensus (c’est quoi la lutte des classes ?) - fracture sociale (ça se soigne ?) - Reconduite (toujours à la Frontière pour ne pas dire "expulsé") - tolérance zéro (réservée aux petits délits : les truands de la Bourse ou des banques ont une tolérance à plusieurs chiffres ) -Ethique (pour une morale de circonstance) - Réforme (pour casser des droits acquis) -antisémite (confondu souvent avec antisioniste) - rigueur ou redressements des comptes publics (à la place d’austérité) - Rolex (signe de réussite à laisser sans regret aux publicitaires) -néolibérale (dernier avatar du capitalisme pas du tout "néo")- retour sur investissement (oh que c’est vilain, le profit) - jeunes issus de l’immigration (islamistes en puissance -expression jamais collée sur le dos des enfants de portugais, ou de chinois) - "identité nationale" (rien à voir avec France terre d’accueil) - "cas social" (là, personne n’y peut rien)- Vous aurez droit avec le PdG de total au "massage" de la roche pour l’extraction du gaz de schiste (ce qui est quand même une pommade qui ne pique pas et bien plus agréable que "fracture ", non ?) -"valeurs universelles" (Plus ils en parlent, moins ils les vivent) - "Service public concurrentiel" (autre oxymore qui conduit à la mort lente du mot usager : on ne peut pas être à la fois usager et client) ou des phrases du type : "Après consultation des partenaires sociaux nous lancerons une restructuration"(qui veut dire : On n’est bien obligé de se taper un comité d’entreprise avant de lancer des licenciements) - et enfin si vous entendez à la radio ou à la télé "il faut dire la vérité aux Français ", installez vous et prenez notes pour débusquer les faux "réformistes" : ceux qui se montrent révolutionnaires ou modernes mais qui ne font qu’employer la "vulgate néolibérale" : la langue de l’Empire qu’ils manient régulièrement pour décrire les réalités de notre monde, langue parfaitement adaptée aux intérêts de l’oligarchie et de la finance... pour ce qui est de vos intérêts à vous !...

Ouvrez l’oeil… ou plutôt ouvrez bien vos oreilles pour repérer dans leur novlangue les épines qu’ils nous destinent… en douce !

PrNIC

»» http://chevaliersduguet.free.fr/
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Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats. L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative. Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.

Guy DEBORD

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