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Misèreux de nos jours, misèreux de toujours.

Aujourd’hui encore, j’entends, comme me le faisait découvrir mon professeur de collège en m’apprenant la révolution française, les trois classes sociales universelles dans lesquelles la population, non seulement d’un état mais du monde, se retrouve. Donc, comme nous l’expliquent dans leur livre les Pinçonc-Charlot, selon Bernard Gensane, dans un article du Grand Soir paru le 9 septembre 2012 : «  (...) le monde est divisé en trois classes : un prolétariat qui subit des formes d’exploitations de plus en plus brutales, des classes moyennes, précarisées, divisées et déboussolées par la prétendue « crise », et la classe dominante, celle qui a gagné - comme disait Warren Buffet - la « guerre » des classes parce qu’elle est solidaire, organisée (...) »

Fort malheureusement, subsiste une quatrième classe sociale... celle qu’on ne voit pas, pourrait dire un peu trop radicalement Sartre. Une quatrième étiquette... que même ceux qui en font parti ne pourraient pas compléter, parce que beaucoup d’entre eux ne savent pas écrire. Une quatrième catégorie : le sous-prolétariat, autrement dit le quart-monde, qui souvent vit la misère de génération en génération. Bref, toutes ces personnes et familles appelés plus couramment les marginaux.

Si le prolétariat subit des formes d’exploitations de plus en plus brutales, que dire du sous-prolétariat : il est loin d’être exploité, il est souvent ignoré. Car il est convenu, eux-mêmes le croient à force de se l’entendre dire, que ce qui leur arrive est de leur faute...

Ignorons donc ces asociaux ! Ne parlons pas d’eux ! Tout ce que je ne vais pas faire, quitte à prendre la parole à leur place, ce qui n’est pas très démocratique je vous l’accorde.

Finissons-en avec « les marginaux », avec ce terme. Vécue de génération en génération, il est évident que la misère désocialise bien plus qu’elle ne rend marginale. Le quart-monde est un peuple dont nous avons honte... à qui nous jetons la pierre... parce qu’à vrai dire, il nous fait bien des misères ce peuple d’indigents : il dévoile le véritable visage de notre société élitiste.

Bien que le terme de « quart-monde » fut employé la première fois par Joseph Wrésinski, fondateur d’ATD Quart Monde en 1956 avec des familles d’un bidonville de Noisy le Grand, ce n’est pas vraiment sa trouvaille. En 1789, Dufourny de Villier écrivait "Les cahiers du quatrième ordre." ( http://humanities.uchicago.edu/images/cahier/contents.html ) Cette année-là , un évènement extraordinaire, mais pas moins à la hauteur des Hommes pour autant, aurait pu... oui, aurait pu... changer vraiment le cours des choses... de notre vie ensemble, mais qui par malheur fut tronquer à cause d’un manque de concertation général. Car justement, comme le préconisait ce révolutionnaire de Dufourny, nous devons construire notre société à partir des très pauvres. A défaut de, nous les incluons (et encore), dans nos raisonnements pour le changement, mais sans leur reconnaître ni ce don de connaissance profonde qu’est l’exclusion sociale, que leur condition de miséreux leur offre... ni la légitimité de remettre en question une civilisation peu civilisée... car nous le répétons assez souvent : « C’est de leur faute si les marginaux en sont arrivés là où ils en sont ! » Et si nous tendons l’oreille un peu plus loin, l’écho de la voix de Saint-Pierre surgit des cieux : « Les pauvres ce n’est pas le Bon Dieu qui les a créé ! » Là où il est, Joseph Wrésinski doit le regarder dans les yeux avec un air sûr de lui : « La misère est l’oeuvre des hommes, seuls les hommes peuvent la détruire. »

Les miséreux sont les premiers à lutter contre la misère, coincés dans les rouages et les engrenages d’une société mal huilée. Ils sont au front, comme un soldat à la guerre sans fusil. Ce sont des résistants avec comme seule arme leur courage. Et engagés dans la société, ils le sont, pour preuve la solidarité mutuelle dont ils font preuve, et sans laquelle ils ne pourraient pas survivre.

Parmi nos nombreuses initiatives contre l’urgence quotidienne, avec de larges sourires pour que les bénéficiaires (tu parles d’un bénéfice) ne se sentent pas mal à l’aise, « Nous leur donnons des asiles. Nous leur donnons à manger. On les lave. Nous leur donnons tout ce qu’ils ont besoin », comme disait Balkany. D’un point de vu sarcastique, je dirais plutôt que c’est cultiver la misère. Et oui, « L’humanitaire est une bonne affaire » Monsieur Kouchner. Il y a de l’avenir dans l’initiative charitable : les miséreux y ont été hier... y vont aujourd’hui... et y retourneront demain.

Beaucoup de ces initiatives n’en sont plus, car de tous temps. Cette urgence quotidienne, n’en est plus une non plus... car par définition, l’urgence exige d’être réglé sans délai, et non remise du jour au lendemain. Alors, pour régler définitivement le problème, ne devons-nous pas arrêter, interdire même, les divers aides d’urgence et caritatives pendant plusieurs générations ? Ainsi les miséreux mourront, et il n’y aura plus de misère !

Mais non, le changement n’est pas pour maintenant ! Faudrait-il encore user nos réservoirs sans fond de bonne conscience.

Je ne mets pas tous les oeufs dans le même panier. Nombre de bénévoles, d’associations, d’ONG, voir même d’hommes politiques ou de fonctionnaires se battent, non pour l’intégration, mais pour l’intégrité des très pauvres. Souvent l’action culturelle permet, non seulement de redonner confiance en soi, mais de trouver les mots pour revendiquer ses Droits. Des Droits fondamentaux qu’ils ne savaient à peine exprimer ; par peur, par honte, tant les mots leur manquaient.

Bien-pensants du trio de tête des classes sociales, observons bien au pied du podium, tout un peuple se bat ne serait-ce que pour monter d’une marche. Quart-monde, miséreux, marginaux, asociaux, désocialisés, pouilleux... Faisons attention à ce que nous disons, soyons fair-play ; si ce n’est que pour le respect des vaincus. Pour le peu, bien-sûr, que nous arrêtons de les ignorer.

Fred Caude

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Michael PARENTI
Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (...)
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On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers », il y aurait eu une révolution.

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