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Merd' ! V'là l'Hiver

"Les Soliloques du Pauvre" (Blusson Editeur), illustré par T-A Steinlen.

Au temps de mes "Humanités", comme on disait encore (c'est-à -dire en Seconde), le prof' qui nous aimait bien lisait parfois un poème de Jehan-Rictus (Gabriel Randon), mais n'allait pas jusqu'au bout car la larme lui venait à l'oeil et il devait sortir son mouchoir large comme une serviette de table pour se moucher bruyamment.

Proposé par Dwaabala

L’Hiver

Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
V’là l’moment de n’pus s’mett’ à poils ;
V’là qu’ceuss’ qui tienn’nt la queue d’la poêle
Dans l’Midi vont s’carapater !

V’là l’temps ousque jusqu’en Hanovre
Et d’Gibraltar au cap Gris-Nez,
Les Borgeois, l’soir, vont plaind’ les Pauvres
Au coin du feu... après dîner !

Et v’là l’temps ousque dans la Presse,
Entre un ou deux lanc’ments d’putains,
On va r’découvrir la Détresse,
La Purée et les Purotains !

Les jornaux, mêm’ceuss’ qu’a d’la guigne,
A côté d’artiqu’s festoyants
Vont êt’ pleins d’appels larmoyants,
Plein d’sanglots... à trois sous la ligne !

Merd, v’là l’Hiver ! Le pègr’ s’échine
A fabriquer des port’s-monnaie
Merd, v’là l’Hiver ! Maam’ Sév’rine
Va rouvrir tous ses robinets !

C’qui va s’en évader des larmes !
C’qui va en couler d’la pitié !
Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes
C’est un vrai commerce, un méquier !

Ah ! c’est qu’on est pas muff en France,
On n’s’occup’ que des malheureux ;
Et dzimm et boum ! la Bienfaisance
Bat l’tambour su’ les Ventres creux !

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Et faut ben qu’ceux d’la Politique
Y s’gagn’nt eun’ popularité !
Or, pour ça, l’moyen l’pus pratique
C’est d’chialer su’la Pauvreté.

Moi je m’dirai : "Quiens, gn’a du bon !"
L’jour ou j’verrai les Socialisses
Avec leurs z’amis Royalisses
Tomber d’faim dans l’Palais-Bourbon.

Car tout l’mond’ parl’ de Pauvreté
D’eun’ magnèr’ manifique et ample,
Vrai de vrai y a d’quoi roter,
Mais personn’ veut prêcher d’exemple !

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Au lieu de plaind’les Purotains
J’m’en vas foute à les engueuler,
Ou mieux les fair’ débagouler,
Histoir’ d’embêter les Rupins.

Oh ! ça n’s’ra pas comm’ les vidés
Qui, bien nourris, parl’nt de nos loques.
Ah ! faut qu’j’écriv’ mes "Soliloques" ;
Moi aussi, j’en ai des idées !

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Et au milieu d’leur balthasar
J’vas surgir, moi (comm’ par hasard)
Et fair’ luire aux yeux effarés
Mon p’tit " Mané, Thécel, Pharès" !

Et qu’on m’tue ou qu’jaille en prison,
J’m’en fous, j’ n’connais pus de contraintes :
J’suis l’Homm’ Modern’, qui pouss’ sa plainte,
Et vous savez ben qu’j’ai raison !

(1894-1895)

URL de cet article 18764
   
Circus politicus
Christophe Deloire, Christophe Dubois
A quelques mois de l’élection présidentielle de 2012, les Français sont saisis d’angoisse à l’idée que la fête électorale débouchera sur une gueule de bois. La crise aidant, la politique se révèle un théâtre d’ombres où les signes du pouvoir servent surtout à masquer l’impuissance. Qui gouverne ? Qui décide ? Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. (…)
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Je crois, juridiquement parlant, qu’il y aurait des motifs sérieux pour inculper chaque président des Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale. Il ont tous été soit de véritables criminels de guerre, soit impliqués dans de graves crimes de guerre.

Noam Chomsky, in "What Uncle Sam Really Wants"

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