Ce qui m’énerve, c’est le discours sur la littérature, qui doit "déranger" (qu’est-ce que ça veut dire ?), forcément "déranger".
Les écrivains, artistes et créateurs prétendent être irresponsables sur tous les plans (y compris sur le plan moral), au nom d’une "liberté" qui est en fait celle de n’être soumis à aucune sorte de loi quelle qu’elle soit, légale, pénale, morale.
Du moment que c’est "beau" (hier), du moment que ça "dérange" (aujourd’hui), tout est permis. Ils n’ont pas de compte à rendre à qui que ce soit sur quoi que ce soit.
Ils réclament et bénéficient d’un privilège exorbitant : celui d’être au-dessus des lois, de toutes les lois. Ils ne veulent même pas admettre que les idées ont des conséquences, que les livres et les oeuvres d’art ont des conséquences. Irresponsabilité totale, et revendiquée, parce qu’en tant qu’artistes ils sont par définition supérieurs aux autres humains.
Un écrivain, un artiste, est un citoyen comme les autres. Un être de chair et de sang qui vit vraiment dans la vraie société, et doit donc être soumis aux mêmes lois que tout un chacun. Ni plus, mais ni moins non plus.
Plus ça va, et plus je me sens proche des vues de Platon et de Jean-Jacques Rousseau sur la littérature (on pourrait étendre ces vues à la création artistique en général). A partir du moment où les Romantiques ont dit "à partir du moment où c’est de la création, tout est permis", on a créé une nouvelle aristocratie, encore plus dangereuse que la précédente (devinette : qui sont les premiers romantiques ? Herder, Chateaubriand, Edmund Burke... "Tout art est propagande", disait Orwell).