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Lettre au Préfet de Police de Haute-Garonne

Bonjour M. le Préfet

Je n’ai pas trouvé d’autre canal susceptible d’attirer votre attention sur une réclamation solennelle de ma part. Donc je me permets d’utiliser la voie de l’autorisation de manifester, qui me semble la plus pertinente dans mon cas.

Depuis plusieurs semaines déjà, vous n’êtes pas sans méconnaître les manifestations des "gilets jaunes".

En marge de ce mécontentement national, viennent s’ajouter des manifestations de lycéens toulousains, issus des quartiers Ouest et Nord. Ceux-ci sont souvent débordés par la présence de vandales, vous le savez.

Vous avez donc fait le choix de sécuriser le centre-ville en empêchant lesdits vandales d’accéder à la rive droite de la Garonne. Tant mieux, vous protégez ainsi la bonne bourgeoisie du centre-ville !

Je note cependant que le plan de déploiement des CRS implique donc un confinement des violences au quartier Saint-Cyprien, quartier qui souffre de la plupart des dégradations.

Habitant d’une rue transversale de la Patte d’Oie, je suis le premier impacté par ces choix policiers.

J’ajouterais que, contrairement à ce que pensent les forces de l’ordre mobilisées pour l’occasion, le confinement Patte d’oie-Saint Cyprien n’est pas sans danger sur les populations.

J’attire en effet votre attention sur l’existence d’une école maternelle et primaire, où sont scolarisés mes enfants ainsi que 400 autres (!), rue du Tchad, soit à environ une centaine de mètres des violences qui ont émaillé le quartier quotidiennement depuis une semaine.

M. Le Préfet,

 Trouvez-vous normal que des enfants toulousains entre 3 et 11 ans se voient régulièrement confinés à causes de gaz lacrymogènes lancés sans discernement Avenue Etienne Billières par les forces de l’ordre, donc sous votre responsabilité ?

 Trouvez-vous normal que des centaines de familles doivent aller chercher par anticipation (avants 16 heures) leurs enfants de peur que les affrontements avec les forces de l’ordre, sous votre commandement, ne les blessent ? N’ont-elles, ces familles pas mieux à faire ? Un travail par exemple ?

 Trouvez-vous normal que des dizaines de familles plusieurs soirs par semaines doivent faire A PIED des détours de plusieurs kilomètres pour rejoindre leurs foyers en toute sécurité ?

 Trouvez-vous normal que les enfants des écoles de proximité se retrouvent confinés dans les classes pour éviter d’être incommodés par les gaz lacrymogènes jetés sans discernement par les forces de l’ordre sous votre commandement ? Que nombre de résidents du quartier en subissent aussi les conséquences ?

 Trouvez-vous normal que les voies échappatoires, c’est à dire les rues transversales, ne soient pas sécurisées quand les vandales les occupent pour se réfugier, avec les conséquences évidentes pour les résidents ?

Bref, une telle situation, qui n’a pour but que de sauvegarder le centre historique des vandales, est insupportable pour le quartier mixte, populaire et cosmopolite de Saint Cyprien et de la Patte d’oie. Alors quoi ? On sacrifie la tranquillité des prolétaires pour complaire aux bons bourgeois du centre ? C’est cela ? Ou on sacrifie les zones résidentielles pour mieux protéger les zones commerciales ?

Tout ceci n’est pas admissible, et je vous demande solennellement de faire cesser cette stratégie du confinement vers les quartiers populaires des violences.

Faute de quoi, je me ferais un devoir de saisir le tribunal administratif, arguant que vous avez fait DELIBEREMENT le choix de sacrifier la sécurité des quartiers populaires périphériques pour protéger les quartiers privilégiés du centre-ville, ce qui, vous en conviendrez, est INDENIABLE au vu de la situation actuelle. Et ce qui est inadmissible au regard de l’égalité des citoyens de ce pays.

Je me fais également fort d’alerter les associations locales et nationales de votre stratégie grotesque et discriminatoire, ainsi que les partis politiques d’opposition et la presse, qui se feront, je n’en doute pas un plaisir de relayer ma parole.

Veuillez agréer, M. le Préfet, l’expression de mes respectueuses mais néanmoins méfiantes salutations.

Eric Mestre,
habitant du quartier Patte d’Oie et enseignant au Lycée Pierre de Fermat de Toulouse

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