RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
Quatre cubains toujours emprisonnés aux États-Unis

Lettre à Obama (décembre 2013)

Le premier décembre 2013

Monsieur le Président,

Nous terminons l’année sans avoir vu la libération des quatre cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González et Ramón Labañino, toujours emprisonnés dans votre pays.

Vous nous avez beaucoup inquiétés le 8 novembre dernier quand Jorge Mas Santos, président de la FNCA (Fondation Nationale Cubano Américaine) vous a reçu en présence de ses amis et de deux dissidents Cubains, dans sa résidence de Miami. Vous adressant à Jorge Mas Santos, vous avez déclaré, parlant de Cuba « Puisque nous sommes de la même génération, nous comprenons tous les deux que les objectifs seront toujours les mêmes. Pour cette raison, nous devons sans cesse trouver de nouveaux mécanismes et de nouveaux outils pour servir ces objectifs qui nous sont chers », et s’adressant à tous cette fois : « Je crois que tous nous comprenons qu’en dernière instance, la liberté de Cuba viendra grâce aux activistes extraordinaires et à l’incroyable vaillance de gens comme ceux que nous voyons ici ». 

Jorge Mas Santos est un homme d’affaires qui a fait fortune dans les télécommunications. C’est un terroriste et un truand.

Jorge Mas Santos préside une organisation terroriste. Jorge Mas Santos a succédé à la présidence de la FNCA à son père Jorge Mas Canosa, fondateur de cette organisation, et décédé en 1997. En 1985, Mas Canosa a organisé l’évasion du terroriste Luis Posada Carriles de la prison de haute sécurité du Venezuela où il était enfermé en tant que cerveau de « l’attentat des Barbades ». Cet attentat avait fait exploser en plein vol l’avion de Cubana de Aviación causant la mort des 73 passagers et membres de l’équipage. Posada Carriles est un ami de ceux qui étaient présents à vos côtés le 8 novembre, et que vous avez qualifiés d’ « activistes extraordinaires ».

Un des anciens dirigeants de La FNCA, José Antonio Llama, allias « Toñin » a défrayé la chronique en 2006 en révélant dans les colonnes du journal El Nuevo Herald du 22 juin comment il avait créé en 1992 au sein de la FNCA un groupe paramilitaire destiné à planifier des attentats contre Cuba. Cet homme avait contracté un emprunt à l’International Financial Bank, ce qui lui avait permis d’avancer à la FNCA la coquette somme de 1.471.840,35 dollars pour participer aux frais liés à ces attentats. Ainsi, ce groupe paramilitaire avait pu acquérir un hélicoptère, sept embarcations rapides, des explosifs et dix modèles réduits d’avions télécommandés destinés à être utilisés contre des objectifs économiques cubains ou dans un attentat contre le président Fidel Castro.

Monsieur le Président, vous soutenez des terroristes ! Votre prédécesseur, George W. Bush, avait martelé à l’envi le 26 août 2003, que « celui qui héberge un terroriste, celui qui soutient un terroriste, celui qui finance un terroriste (…) est aussi coupable qu’un terroriste ».

Jorge Mas Santos est aussi un truand. En avril 1996, à peine un mois après l’accession à la présidence espagnole de José Maria Aznar, l’avant-dernier président de l’entreprise d’état Telefónica, Juan Villalonga, ami intime d’Aznar, bradait la prospère filiale Sintel de Telefónica au profit de MasTec, propriété de Jorge Mas Canosa.

Aznar remerciait ainsi probablement Mas Canosa du soutien que ce dernier avait apporté à sa campagne électorale. Après le décès de leur père, les frères Juan Carlos et Jorge Mas Santos ont fait passer frauduleusement des actions Sintel à plusieurs sociétés ayant leur siège dans des paradis fiscaux qui ont servi à sa liquidation.

La liquidation de Sintel a laissé sans emploi et dans un désarroi le plus total à l’origine de nombreux drames, plusieurs milliers de travailleurs en 2001.

Le juge madrilène Santiago Pedraz a allégué que les deux frères Mas Santos, premiers responsables de la firme MasTec de Miami avaient « détourné des fonds importants » de la firme espagnole Sintec « au profit de la famille Mas ». Le parquet anticorruption a demandé un emprisonnement de 5 ans et 6 mois pour les frères Mas Santos. Les deux frères ne feront pas de prison, ils ne seront même pas jugés. Après avoir trainé 12 ans, l’affaire Sintel a été clôturée en juin 2013 moyennant de la part des Mas Santos un dédommagement de 35000 euros versé aux 3000 ex employés les plus touchés de Sintel.

Monsieur le Président, Jorge Mas Santos a largement contribué à financer vos deux campagnes présidentielles. La contre partie de ce financement a-t-elle été le maintien en prison des cinq patriotes cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González ? Comment expliquer autrement cet acharnement contre ces hommes que vous savez parfaitement innocents ? Rassurez-nous, après vos propos du 8 novembre dans la résidence de ce terroriste et truand. Vos relations envers Cuba ne doivent pas être soumises au bon vouloir d’ « activistes extraordinaires » de la trempe de ceux qui étaient à vos côtés à Miami ce jour là.

L’ancien Ministre de la Justice des États-Unis Ramsey Clark a déclaré : "Vous aurez beau ignorer le mal fait par cette décision arbitraire, le mal à ces personnes aujourd’hui détenues, le mal à leurs familles et le mal aux relations entre les États-Unis et Cuba (…), un jour les États-Unis auront à répondre de ce jugement faussé ".

Ne croyez-vous pas que l’heure est venue de normaliser sur des bases saines et respectueuses vos relations avec Cuba, pour le plus grand bien de vos deux pays ?

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie
64360 Monein (France)

à

Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500

Copies envoyées à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Kathryn Ruemmler et à Messieurs. Joe Biden, John F. Kerry, Rand Beers, Harry Reid, Eric Holder, Denis MacDonough, Pete Rouse, Rick Scott, et Charles Rivkin, ambassadeur des États-Unis en France.

URL de cet article 23498
   
La traque des lanceurs d’alerte
Stéphanie Gibaud
Préface de Julian Assange Les lanceurs d’alerte défrayent l’actualité depuis une dizaine d’années. Edward Snowden, Chelsea Manning et Julian Assange sont révélateurs des méthodes utilisées pour faire craquer ceux qui ont le courage de parler des dysfonctionnements et des dérives de notre société. Pourtant, ces héros sont devenus des parias. Leur vie est un enfer. Snowden est réfugié en Russie, Assange dans une ambassade, Manning était en prison, Stéphanie Gibaud et bien d’autres sont (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’une des choses les plus étonnantes dans le coup monté contre Assange, c’est son audace. Ils savent qu’ils peuvent s’en tirer parce que les grands médias refusent d’en parler.

Matt Kennard

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.