Quand ceux qui ont connu les rescapés de cette guerre de 1914-1918 si meurtrière auront disparu, soit dans quarante ou cinquante ans, que deviendra le souvenir de cette boucherie ? Dans notre pays, c’est également le souvenir des guerres d’Indochine et d’Algérie qui sera marginalisé, ainsi bien sûr que la mémoire de l’occupation. Ce seront des cerveaux vierges qui resteront, ouverts à toutes les propagandes faute de repères. Si l’Histoire n’est pas correctement enseignée aux nouvelles générations, toutes les manipulations deviendront possibles.
Or cette matière essentielle est désormais considérée comme un luxe superflu par les ignares au pouvoir, puisque, comme la philosophie, elle entraîne à réfléchir. Le relèvement de la TVA sur la culture n’est pas un fait anodin : devenue trop dispendieuse pour des citoyens de plus en plus appauvris, elle sombrera dans un néant d’où il sera très difficile d’émerger à nouveau.
C’est pourquoi plus que jamais, un jour du souvenir des conflits, de tous les conflits, devra être au contraire renforcé. Le 11 novembre est une bonne date : peu de temps après la commémoration des morts en général le 2 novembre, ce point d’orgue nous rappellera que c’est par dizaines, voire centaines de millions que la folie de quelques hommes ivres de pouvoir et de culte de l’argent aura conduit au trépas nos frères humains. Il faudra que cette commémoration tienne compte de toutes les guerres, les plus fratricides comme les guerres de religions, aussi bien que les plus lointaines comme l’invasion de l’Amérique par l’homme blanc.