Les putschistes menacent le Brésil tandis que le peuple manifeste pour la restitution de Zelaya
Le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a donné un délai de "10 jours maximum" au Brésil pour qu’il définisse le statut de Manuel Zelaya, le président Hondurien démis, et annoncé qu’il ne recevrait pas les ambassadeurs d’Espagne, d’Argentine, du Mexique et du Venezuela.
Selon l’information de l’Agence EFE, le ministre des relations extérieures du gouvernement de fait a annoncé ce soir à tout le pays dans un communiqué radio et télédiffusé que "à nouveau nous demandons au gouvernement du Brésil de définir le statut de Monsieur Zelaya, dans un délai de 10 jours maximum. A défaut, nous serions obligé de prendre des mesures supplémentaires."
Il a aussi demandé au Brésil "de prendre immédiatement des mesures pour s’assurer que Monsieur Zelaya ne se serve plus de la protection que lui offre la mission diplomatique du Brésil pour appeler à la violence au Honduras", sans préciser ce que seraient ces "mesures supplémentaires.
Réponse de Zelaya à la violence des putschistes
De son côté, le Président légitime du Honduras, Manuel Zelaya, a dit aujourd’hui que les menaces du Gouvernement de fait de Roberto Micheletti contre le Brésil constituent "un appel à la violence" que lui ne désire pas.
Dans une note de presse, EFE a rappelé les déclarations du dirigeant selon lesquelles "les menaces contre le Brésil et contre moi-même, président élu du peuple Hondurien, représentent bien plus un appel à cette violence que nous ne désirons pas, puisque nous voulons un règlement pacifique".
Zelaya a immédiatement répondu à l’ultimatum de 10 jours lancé par le gouvernement de fait pour que le Brésil définisse le statut du président Hondurien démis et à l’annonce de ne pas recevoir les ambassadeurs d’Espagne, d’Argentine, du Mexique et du Venezuela.
Des marches dans les rues
Pendant ce temps, à 90 jours du coup d’état, des milliers de personnes continuaient samedi de réclamer la restitution au Honduras du président Zelaya, pendant que selon l’AFP, la communauté internationale dénonçait le "siège" de l’ambassade du Brésil où Zelaya est réfugié.
"Après 90 jours, personne ici ne renonce" ; "qu’il le veuille ou non, Micheletti partira" ; "Mel, notre ami, le peuple est avec toi", entonnait la foule marchant pacifiquement dans une artère principale de Tegucigalpa bordée de centaines de policiers anti-émeutes et de forces militaires.
En passant aux alentours de l’ambassade - où est réfugié Zelaya depuis son retour au pays lundi - les manifestants se mirent à crier des slogans pendant que des centaines de policiers et de militaires équipés d’armes de guerre bloquaient la rue.
"La résistance est devenue plus forte, aujourd’hui c’est tout le peuple" affirme le dirigeant ouvrier Juan Barahona à l’AFP.
"La pression sur les putschistes pour négocier est chaque jour plus forte" ajouta-t-il.
Depuis le Venezuela où il participait au sommet Amérique-Afrique du Sud, le président brésilien Luiz Ignacio Lula Da Silva a exhorté à empêcher "le recul" de la démocratie dans la région.
"Nous luttons résolument pour jeter aux poubelles de l’Histoire les dictatures militaires d’antan, nous ne pouvons permettre des régressions de ce genre sur notre continent. A l’aube d’un siècle pétri par la démocratie et le multilatéralisme, c’est une question importante pour nous sud-américains", a-t-il dit.
Et la présidente d’Argentine, Cristina Fernandez, affirma que le harcèlement auquel est soumise l’ambassade du Brésil est une agression que même les dictatures des années 70 du Cône Sud n’ont pas commise.
Traductions Laurent EMOR pour le Grand Soir
Rebelión : http://www.rebelion.org/noticia.php?id=92227