RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les Grecs ont perdu... Mais les marchés n’ont pas encore gagné

Ce qui devait avoir lieu s’est produit : la Grèce a capitulé. Pas complètement encore, mais presque. Le pays qui se trouvait être le dernier rempart contre l’austérité (on devrait dire contre la baisse de nos conditions de vie) s’est laissé prendre par la peur d’une sortie de l’Euro ( que Syriza ne souhaitait d’ailleurs pas), et son peuple s’est couché face à la propagande éhontée des partisans de la rigueur. A peu de choses près paraît-il, mais qui pourra vérifier de toutes façons ?

Toujours est-il que comme en France, les Grecs ont préféré se soumettre que de se révolter, que de rentrer dans l’inconnu.

Mais aujourd’hui déjà nous savons tous que ce n’est pas suffisant puisque les bourses ne semblent pas totalement rassurées. L’Espagne inquiète, et très rapidement le «  cas Grec » risque de s’effacer derrière celui-ci….

C’est que la partie n’est pas terminée : ces derniers jours des voix se font entendre de plus en plus fort pour réclamer le «  fédéralisme européen », ou la «  gouvernance européenne », ou «  l’harmonisation fiscale, économique et politique »… Car le but des marchés n’est pas simplement de faire élire des dirigeants soumis à leurs volontés, mais bien de «  légaliser » l’Empire européen que l’Allemagne appelle de ses voeux. Un empire capable d’imposer une politique économique compétitive susceptible de rivaliser avec les grandes puissances économiques mondiales. Et ce n’est que lorsque tous les dirigeants européens engageront leurs signatures au bas d’un texte juridique commun qu’ils seront définitivement rassurés.

En attendant, il faut pour eux continuer d’effrayer les peuples européens, afin que ces derniers permettent par leur adhésion volontaire au projet proposé de se défaire volontairement des régimes démocratiques en place, et puis surtout convaincre les dirigeants en place de se séparer de leurs prérogatives institutionnelles sur le plan national.

C’est la deuxième partie qui commence. Après avoir convaincu les peuples, les marchés doivent désormais convaincre leurs dirigeants, qui eux-mêmes sont poussés par de lourds appareils politiques incontrôlables et sujets aux revirements. Et devenir de simples «  vice-rois » ne doit guère les enchanter.

C’est sans doute la raison pour laquelle les tensions sur les emprunts d’Etats se font si fortes actuellement en Espagne, qui ces derniers jours ne semble pas prête à coopérer totalement. Car il faut dire qu’en prêtant à des taux si élevés, les banques menacent directement les dirigeants qui n’ont d’autre choix que de s’exécuter : à partir de maintenant celui qui n’exécutera pas le programme défini par le pouvoir financier se trouvera immédiatement sanctionné.

Le rôle dévolu aux gouvernants nationaux se limitera donc à servir de fusible entre les marchés et le peuple, pour lui imposer de payer sans lui laisser la possibilité de contester.

Et c’est donc avec certitude qu’on peut envisager pour l’Europe, à la suite du traité sur la «  règle d’or » qui sera bientôt ratifié, une proposition prochaine, émanant des marchés et défendue par l’Allemagne, d’un texte contraignant juridiquement les Etats à soumettre directement leur souveraineté aux exigences non pas du peuple mais des acteurs de la finance, et auquel certains chefs d’Etats puissants comme monsieur Hollande et sa «  croissance » (qui n’est qu’un mot qu’on peut qualifier négativement si on le désire) ne sont pas forcément opposés, mais pressés par leurs peuples de le refuser.

Qui pourra maintenant l’empêcher ? Alors qu’on redoute en France «  l’hégémonie » rendue possible par la prise en main de tous les pouvoirs par le PS, c’est en réalité ce dimanche l’hégémonie des marchés sur l’Europe toute entière qui a été hier validée par le peuple Grec ! Et alors que certains «  fins analystes » criaient victoire des dimanche, les peuples d’Europe ont perdu avec les Grecs tout espoir d’empêcher ce qui va suivre. Comme nous l’avons fait au soir du 10 juin en France. Que nous reste-t-il à présent ?

La certitude que le changement ne viendra pas des urnes, ce qui retire une option pour l’avenir. Ce sera donc soit la guerre, soit la dictature, soit la révolte populaire.

Malheureusement la violence est inscrite dans chacune de ces options, car en procédant ainsi les marchés entrainent une rancoeur de la part des citoyens envers leurs dirigeants, tandis que les dirigeants sont eux-mêmes contraints par les marchés d’imposer aux peuples des sacrifices qui acculent les citoyens à la misère. Quand quelqu’un vient vous prendre ce que vous avez alors que vous n’êtes pas d’accord, les réactions possibles face à cette agression sont soit de recourir à la justice, soit de se soumettre, soit la violence.

Mais si l’empire est légalisé et le traité signé, ne resteront que la soumission ou la violence. Sauf que ce que les marchés oublient, et c’est là le point crucial qui fonde l’erreur du capitalisme, c’est le facteur «  humain », qui n’est pas rationnel dans ses comportements : car à moins qu’il ne se décide volontairement, pour redevenir compétitif, de voir ses conditions de vie se dégrader jusqu’à atteindre celles des «  canons » de la concurrence des pays émergents, l’homme poussé à bout finira toujours par se révolter : c’est qu’il est beaucoup plus difficile de renoncer à ce que l’on a acquis que d’acquérir ce qu’on ne possédait pas. Et perdre la liberté après l’avoir connue, cela est difficile à supporter…

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

URL de cet article 17029
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (prologue de Nelson Mandela)
Salim LAMRANI
En Occident - en Europe et aux Etats-Unis tout particulièrement -, Cuba suscite énormément de critiques et de controverses. Ce petit pays de onze millions d’habitants dispose d’une couverture médiatique disproportionnée par rapport à sa taille et les médias sont unanimes pour stigmatiser la plus grande île des Caraïbes et diaboliser son leader historique Fidel Castro. Les attaques sont virulentes, jamais nuancées et à sens unique. Cuba serait un enfer pour ses habitants avec un système archaïque et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Les Etats Unis doivent diriger le monde en portant le flambeau moral, politique et militaire du droit et de la force et servir d’exemple à tous les peuples.

Sénateur Jesse Helms
"Entering the pacific century" Heritage Foundation, Washington, DC, 1996

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.