Les BRICS+ : d’une réunion informelle au pivot d’un nouveau monde

Avec l'arrivée hier à Kazan, capitale de la République russe du Tatarstan, des principaux dirigeants des pays BRICS+, le sommet du club des principales économies émergentes de la planète a débuté. À la lecture des journaux, les attentes quant aux décisions et à l'orientation politique que prendra ce sommet sont nombreuses et vont d'une discussion sur la réforme du système financier international à la guerre au Moyen-Orient, du débat sur les règles d'adhésion des nouveaux membres à une réforme du système de paiement international. Un signe qui ne trompe pas sur le poids politique (et pas seulement économique) que représente ce groupe de pays. Il ne sera possible de tirer un bilan complet des résultats que demain, à l'issue du forum, mais il est utile d'en retenir d'ores et déjà quelques éléments clés.

Tout d’abord, le fait que le sommet soit organisé en Russie et que les dirigeants de pays qui représentent ensemble 45 % de la population mondiale et un PIB (PPA) supérieur à celui du G7 soient venus ici, rompt avec la rhétorique en vogue en Occident de « l’isolement de la Fédération de Russie » par la communauté internationale. Un mensonge factuel si l’on considère, par exemple, les votes dans des forums tels que les assemblées générales des Nations unies ou la liste des pays adhérant à la politique de sanctions des États-Unis, mais un mensonge qui s’est frayé un chemin dans la perception de masse ici en Europe. La deuxième considération, peut-être encore plus importante, découle du fait que BRICS+ est le résultat d’un élargissement progressif des sommets informels des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui ne se sont jamais considérés comme le pivot d’un pôle géopolitique naissant, homogène politiquement et idéologiquement et dirigé contre d’autres pays ou blocs géopolitiques. Cela entraîne une conséquence fondamentale : comme il n’y a pas de hiérarchie de pouvoir dans les relations entre les pays, ce club ne peut prendre de décisions que par consensus. Cela ne signifie pas que les relations de pouvoir n’existent pas et ne sont pas valables, ni que les décisions ne doivent pas être arbitrées entre les différentes exigences, mais que l’on expérimente une méthodologie des relations entre grands pays qui est une alternative à celle qui est en vogue ici en Occident où, sous le vernis (de plus en plus estompé) d’une démocratie affichée mais non pratiquée, se cache un système de relations basé sur la dépendance d’une « périphérie » vis-à-vis d’un « centre » de commandement politique et militaire, qui annule la souveraineté des États individuels. De ce point de vue, la différence entre le modus operandi en vogue parmi les pays BRICS+ et, par exemple, le G7, est flagrante.

Un autre signe intéressant à noter est la présence au sommet de Kazan du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Ce n’est pas une nouveauté en soi. A. Guterres avait déjà participé au précédent sommet en Afrique du Sud et il a l’habitude d’assister à des sommets réunissant un grand nombre d’États membres de l’ONU, mais sa participation aujourd’hui revêt une signification particulière. Dans les couloirs de la diplomatie internationale, les paroles de condamnation de l’ONU par Israël résonnent toujours, sans être atténuées ni déplorées par ses principaux partenaires et soutiens, à commencer par les Etats-Unis. Plus encore, ils font écho aux missiles israéliens qui ont délibérément attaqué les bases de la mission de l’Unifil déployée au Sud-Liban, en violation flagrante du droit international et de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Une fois de plus, le double standard occidental apparaît : la stratégie de sécurité nationale étasunienne de 2017 (la première signée par Donald Trump) définissait la Russie et la Chine comme deux adversaires ayant adopté une « posture révisionniste » à l’égard de l’ordre international, indiquant l’intention de ces deux pays de bouleverser l’équilibre mondial. C’est précisément l’affaire Unifil de la part d’Israël et l’aval substantiel des États-Unis (son principal partenaire et fournisseur d’équipements militaires) qui montrent que ceux qui veulent bouleverser les règles internationales sont plutôt certains pays du bloc occidental (dont beaucoup ont un poids colonial), dans leur tentative anti-historique d’empêcher l’émergence de pays (dont beaucoup sont d’anciennes colonies), dont le poids accru dans les relations internationales conduit à une démocratisation croissante des règles du jeu.

L’un des principaux domaines sur lesquels ce sommet BRICS+ devrait faire des progrès significatifs est un ensemble de propositions pour un nouvel ordre financier international. L’ordre financier actuel repose en effet sur un système institutionnel fortement déséquilibré qui sert les intérêts des pays riches du Nord au détriment de la plupart des pays à faible revenu du Sud. Une étude du World Inequality Lab montre qu’il y a eu un transfert net de richesses des pays pauvres vers les pays riches au fil des ans. Les plus grandes économies du monde ont reçu un transfert direct de richesse égal à 1 % de leur PIB (1 % si l’on prend en compte les 20 % des économies les plus riches du monde, 2 % si l’on réduit le champ à 10 % de ces économies) de la part des 80 % des pays les plus pauvres qui sont ainsi contraints de transférer environ 2 à 3 % de leur PIB chaque année, des sommes qui pourraient être consacrées à des politiques de développement à l’échelle nationale. Ce transfert de richesse est rendu possible par la centralité du dollar dans le commerce international, un privilège qui institutionnalise cette fuite des ressources des pays pauvres vers les pays riches.

Pour ces raisons, une discussion est mûre sur la manière de surmonter ce système inique, à travers des actions capables de définir un nouvel ordre financier international, par exemple à travers la création d’une unité monétaire comptable commune aux pays BRICS+ (un nom possible a déjà été identifié : « l’Unité »), la réalisation d’une plateforme de paiements en monnaies numériques des différents États (BRICS Bridge) et d’un nouveau système de paiement (BRICS Pay), basé sur une chaîne de blocs (blockchain), capable de contourner les transactions en dollars, auxquels il faut ajouter la naissance d’une nouvelle agence de notation alternative aux trois plus importantes étasuniennes (S&P Global Ratings, Moody’s et Fitch Group).

Personnellement, je ne crois pas qu’un seul sommet puisse démêler un écheveau de nœuds compliqués et offrir des solutions avancées dans l’immédiat. Mais ce à quoi nous assistons est, sans aucun doute, la maturation de réflexions et de processus qui appellent à une refonte globale des équilibres internationaux. Pour ne pas céder à la condamnation de l’émergence d’une nouvelle guerre froide et, surtout, pour rendre ce monde plus accueillant et plus juste.

23 octobre 2024

Francesco Maringiò est un militant communiste italien. Il a occupé des fonctions dirigeantes au sein du Partito della Rifondazione Comunista et du Partito dei Comunisti Italiani, en particulier au sein du département des relations internationales des deux partis. Il a écrit pour L’Ernesto, Marx 21 et un certain nombre de sites web chinois, dont Global Times. Il collabore avec Radio China International Italie. Il est président de l’Association italo-chinoise pour la promotion de la nouvelle route de la soie.

 https://italienpcf.blogspot.com/2024/10/les-brics-dune-reunion-informelle-au.html

COMMENTAIRES  

24/10/2024 10:06 par Zéro...

Le souci est que les USA n’accepteront JAMAIS de perdre leur domination politique, financière et militaire sur le Monde.

Ils ont fait la guerre à tous ceux qui ont osé remettre en cause le Dollar et s’apprêtent à le faire contre la Russie et la Chine, pour cause de BRICS, sous prétexte de défendre l’Ukraine et Taiwan qui sont en réalité des pièges tendus !!

La Russie a été entraînée dans une guerre et la Chine va l’être car elles ne peuvent pas accepter de voir des pays voisins, qui sont en plus composés de populations-sœurs, tomber dans l’escarcelle américaine avec ce que cela suppose de présence militaire...

Ces réponses militaires russe et chinoise, ATTENDUES par les Occidentaux, sont mauvaises : il faut installer des missiles nucléaires russes et chinois à Cuba et au Venezuela et attendre de voir les USA négocier leurs retraits contre l’arrêt de l’aide à l’Ukraine, indépendante ET neutre, et de l’interventionnisme larvé à Taiwan - soit une nouvelle "Crise des missiles" !!

Au passage, que la Chine exige la non-militarisation de Taiwan contre son indépendance garantie me semble beaucoup plus constructif que vouloir la réintégrer au Continent chinois, ce qui s’apparente à du colonialisme ; les îles dignes de ce nom - pas les îlots ! - sont les seuls vrais pays, délimités naturellement, et méritent TOUTES, sans exception, leur indépendance GARANTIE, AIDEE ET PROTEGEE par les organisations internationales au nom de la réparation historique...

24/10/2024 14:13 par Vincent

Pendant ce temps sur France Inter, on entend des "journalistes" et autres chroniqueurs serviles convaincus de porter la voix du Camp du Bien minimiser l’importance de ce sommet et répéter en chœur que Poutine fait "tout pour masquer son isolement", et est "soutenu par des pays parias"... (ce qu’Israël, notez bien, n’est pas).

Je trouve l’article de Pepe Escobar (qui écrit aussi pour le Global Times) intéressant en complément de celui-ci : Il est peut-être plus partial mais me semble plus éloquent ou précis lorsqu’il évoque les différents enjeux autour de ce sommet des BRICS de Kazan.
Je me permets -même si ça prend un peu de place- de déposer ici directement et sans lien le texte en question :

"Rendez-vous avec le destin – Les BRICS offrent de l’espoir en temps de guerre"
par Pepe Escobar

Nous y sommes. Un rendez-vous avec le destin. Tout est prêt pour le rassemblement géopolitique/géoéconomique le plus crucial de l’année et sans doute de la décennie : le sommet des BRICS sous la présidence russe à Kazan, capitale du Tatarstan, où les Tatars sunnites coexistent en parfaite harmonie avec les chrétiens orthodoxes.
Tout le travail minutieux des sherpas et des analystes tout au long de 2024 – supervisé par le principal diplomate russe en charge des BRICS, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergey Ryabkov – a convergé vers trois réunions clés finales et distinctes à Moscou avant le sommet, regroupant les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des BRICS, les groupes de travail et le Conseil d’affaires.
Tout cela dans un contexte désormais familier pour la Majorité mondiale. Le PIB combiné des pays BRICS actuels dépasse les 60 000 milliards de dollars, loin devant le G7 ; leur taux de croissance moyen d’ici la fin de l’année devrait être de 4%, supérieur à la moyenne mondiale de 3,2% ; et l’essentiel de la croissance économique dans un avenir proche proviendra des pays membres des BRICS.
Avant même la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales, le ministre russe des Finances Anton Siluanov soulignait que les BRICS souhaitaient contourner les plateformes occidentales « politisées » – une référence subtile au tsunami de sanctions et à la militarisation du dollar américain – alors que les BRICS travaillent à la création de leur propre système de paiement international favorable à la Majorité mondiale.
Le contexte de ce qui sera décidé à Kazan cette semaine n’est rien moins qu’incandescent, car le chaos incontrôlé des guerres éternelles de l’Hégémon – de l’Ukraine au Moyen-Orient – a même matériellement affecté le lourd travail des BRICS et la nécessité de construire un nouveau système international de relations géoéconomiques pratiquement à partir de zéro.
Un scénario crédible d’escalade de la guerre a peut-être été contrecarré par la fuite d’informations secrètes de haut niveau aux Five Eyes sur les préparatifs d’Israël et des États-Unis en vue d’une attaque contre l’Iran.
L’attaque finira par se produire – avec des conséquences désastreuses – mais probablement pas cette semaine, alors qu’elle aurait pu être programmée pour perturber explicitement et complètement le sommet de Kazan et l’expulser des grands titres de la presse mondiale.
La déclaration commune des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des BRICS ne semble peut-être pas très aventureuse, mais ses contraintes reflètent non seulement la prudence face à un Hégémon dangereux et acculé, mais aussi les contradictions internes entre les membres des BRICS.
La déclaration reconnaît « la nécessité d’une réforme globale de l’architecture financière mondiale pour renforcer la voix des pays en développement et leur représentation ». Pourtant, il est clair que les États-Unis n’ont aucun intérêt à réformer en profondeur le FMI, la Banque mondiale et le système de Bretton Woods. La Russie et la Chine, en particulier, sont parfaitement conscientes de la nécessité d’un système post-Bretton Woods.
La déclaration est plus ferme sur l’initiative des BRICS en matière de paiements transfrontaliers, appelée BCBPI, saluant « l’utilisation des monnaies locales dans le commerce international » et « le renforcement des réseaux bancaires » pour les rendre possibles. Pour l’instant, tout cela n’est que « volontaire et non contraignant ». Kazan devrait donner un coup de pouce au processus.

Pas un groupe anti-occidental, juste un groupe non-occidental
Dans son discours au Conseil d’affaires des BRICS vendredi dernier et dans une table ronde ultérieure avec les chefs des groupes de médias des membres des BRICS, le président Poutine a en fait résumé tous les grands dossiers. En voici les grandes lignes.
Sur le rôle de la NDB, la banque des BRICS, basée à Shanghai : La Russie « élargira les capacités de la NDB » ; la banque devrait devenir le principal investisseur dans les grands projets technologiques et d’infrastructure pour les membres des BRICS et le Sud mondial au sens large. C’est tout à fait logique, la NDB finançant le développement d’infrastructures et s’impliquant commercialement auprès d’entreprises locales et privées. D’ailleurs, le prochain président de la NDB sera russe ; le principal candidat est Aleksei Mozhin, qui travaillait auparavant au FMI.
En ce qui concerne la création d’une infrastructure numérique unique pour les BRICS, c’est déjà en cours. La Russie travaille sur « l’utilisation des monnaies numériques dans les processus d’investissement dans l’intérêt d’autres économies en développement ». Cela rejoint les travaux des BRICS sur leur propre version de SWIFT pour les transactions financières internationales. Il en va de même pour BRICS Pay, une carte de débit dont le premier essai a eu lieu lors du Conseil des affaires la semaine dernière, qui n’est pas sans rappeler AliPay en Chine, et qui sera bientôt déployée dans tous les pays membres des BRICS.

Une monnaie unique des BRICS :
« Cette question n’est pas encore envisagée, elle n’est pas encore mûre ». La dédollarisation, a souligné Poutine, se déroule étape par étape : « Nous prenons des mesures individuelles, l’une après l’autre. En ce qui concerne la finance, nous n’avons pas abandonné le dollar. Le dollar est la monnaie universelle. Mais ce n’est pas nous qui l’avons laissé tomber : on nous a interdit de l’utiliser. Et maintenant, 95% de tout le commerce extérieur de la Russie est libellé en monnaies nationales. Ils l’ont fait eux-mêmes, de leurs propres mains. Ils pensaient que nous allions nous effondrer ».

Le défi d’une monnaie unifiée des BRICS :
Cela « nécessite une intégration économique approfondie (…) Outre un niveau élevé d’intégration entre les membres des BRICS, l’introduction d’une monnaie unique des BRICS impliquerait une qualité et un volume monétaires comparables (…) Sinon, nous serons confrontés à des problèmes encore plus importants que ceux qui se sont produits dans l’UE ». Poutine a rappelé que lors de l’introduction de l’euro dans l’UE, leurs économies n’étaient ni comparables ni égales.
Poutine aura au moins 17 réunions bilatérales à Kazan. Il a souligné, une fois de plus, que « les BRICS ne sont pas un groupe anti-occidental, c’est juste un groupe non-occidental ».
Il a également cité les principaux moteurs économiques de l’avenir proche : l’Asie du Sud-Est et l’Afrique.
Le développement « aura objectivement lieu principalement dans les pays membres des BRICS. Il s’agit du Sud mondial. C’est l’Asie du Sud-Est. C’est l’Afrique. Une croissance positive existera dans des pays puissants comme la Chine, l’Inde, la Russie et l’Arabie saoudite, mais les pays d’Asie du Sud-Est et d’Afrique connaîtront une croissance plus rapide pour plusieurs raisons ».
Il a également mis l’accent sur les principaux projets de développement d’infrastructures entre les BRICS et le Sud mondial : la Route maritime du Nord – que les Chinois définissent comme la Route de la soie arctique – et le Corridor international de transport Nord-Sud (INSTC), avec la triade BRICS Russie-Iran-Inde comme partenaires clés. En ce qui concerne la route maritime du Nord, Poutine a souligné que « nous construisons une flotte de brise-glaces qui n’a pas d’équivalent dans le monde. Il s’agira d’une flotte unique, composée de sept brise-glaces nucléaires et de 34 brise-glaces à propulsion diesel, de grande classe et à usage intensif ».
Sur le partenariat stratégique Russie-Chine :
C’est l’un des facteurs clés de la stabilité dans le monde ; dans les relations entre les deux pays, « il n’y a pas d’aînés ou de cadets ». Sur le grand échiquier, « la Russie n’interfère pas dans les relations entre les États-Unis et la Chine », même si « les Européens ont été entraînés en Asie par l’OTAN. Personne ne demande aux Européens s’ils veulent gâcher leurs relations avec la Chine, s’ils veulent utiliser les entités de l’OTAN pour pénétrer en Asie et créer une situation qui serait source d’inquiétude pour la région, pour la Chine en particulier. Pourtant, ils sont traînés comme des chiots ».

Les guerres éternelles visent les BRICS
Il y aura une session spéciale sur la Palestine à Kazan avec les membres des BRICS plus « l’extension » des BRICS – comme dans partenaires (la Turquie est incluse). Poutine estime que « la dissolution du Quartet pour le Moyen-Orient a été une erreur ». Le Quartet comprenait la Russie,
les États-Unis, l’ONU et l’UE. En théorie, il aurait dû servir de médiateur dans le processus de paix israélo-palestinien. En pratique, il n’en a rien été.
Le belliciste notoire Tony Blair faisait partie du Quartet. Sur le plan diplomatique, Poutine a déclaré : « Je n’ai pas l’intention d’accuser les États-Unis sur tous les plans, mais la dissolution des quatre [le Quartet] a malheureusement été une erreur ».
Il a de nouveau souligné que « la Russie a toujours maintenu le point de vue selon lequel la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de créer deux États – Israël et la Palestine – devrait être mise en œuvre ». Enfin, il a ajouté que « la Russie est en contact permanent avec Israël et la Palestine ».
Cela peut être interprété comme une médiation stratégique et des échanges sérieux en coulisse. Il ne s’est toutefois pas aventuré sur le terrain, se contentant de dire qu’il espérait que les « échanges de coups sans fin » entre Israël et l’Iran cesseraient, tout en ajoutant que « la recherche d’un compromis dans le conflit israélo-arabe est possible, mais qu’il s’agit d’une zone très délicate ».

Tout ce qui précède est hautement significatif pour le contexte des BRICS, car les guerres éternelles au Moyen-Orient ont sérieusement interféré avec le travail au sein des BRICS. Et pour couronner le tout, les guerres éternelles, froides, hybrides et chaudes, sont en fait essentiellement dirigées contre trois membres des BRICS, la Russie, l’Iran et la Chine – qui ne sont pas décrits par hasard comme les trois principales menaces existentielles pour l’Hégémon.
Et cela nous amène inévitablement à l’Ukraine. Poutine a souligné que « l’armée russe est devenue l’une des armées les plus efficaces au combat et les plus high-tech au monde (…) Quand l ‘OTAN se lassera de mener cette guerre contre nous, il suffira de leur demander. Nous sommes prêts à continuer à nous battre, à poursuivre la lutte, et nous aurons le dessus ».
Confirmant ce que l’analyste militaire de pointe Andrei Martyanov étudie depuis des années, Poutine a expliqué comment la guerre moderne est la guerre des mathématiciens – ce qui échappe totalement aux guerriers en fauteuil de l’OTAN : « Les gens qui se battent sur le terrain m’ont dit que la guerre d’aujourd’hui est la guerre des mathématiciens. Les dispositifs de brouillage radioélectrique seraient efficaces contre certains vecteurs et les supprimeraient. L’autre partie a, par exemple, calculé et estimé quelle est la contre-force et reprogramme le logiciel de ses moyens de frappe en une semaine ou trois semaines ».
En ce qui concerne le champ de bataille, avec « l’ordre international fondé sur des règles » rencontrant sa fin humiliante sur le sol noir de Novorossia, Poutine ne pourrait pas être plus catégorique sur le pari de « l’Ukraine nucléaire » : « Il s’agit d’une provocation dangereuse, car tout pas dans cette direction entraînera une réponse (…) Je le dis sans ambages, la Russie ne permettra pas que cela se produise, quoi qu’il arrive ».
Les enjeux à Kazan ne pourraient être plus élevés. D’ici la fin de la semaine, la Majorité mondiale saura si Kazan entrera dans l’histoire comme le point de repère d’un nouveau système émergent de relations internationales, ou si des tactiques grossières visant à diviser pour régner continueront à repousser la disparition inexorable de l’ancien ordre.
Pepe Escobar

25/10/2024 07:26 par Nicolas VRD

Ce matin à 07.00, les "informations" sur France Inter, radio qui, faut-il le rappeler, roule pour les USA (à se demander si ce n’est pas la CIA qui leur sert d’agence de presse...), la speakerine parlait de cette réunion des BRICS avec une telle amertume, une telle russophobie, une telle sinophobie comme quoi ce rassemblement n’avait aboutit sur RIEN de concret que cela en était jubilatoire tant ses propos sonnaient faux et à quelle point il lui était impossible de cacher sa haine !

25/10/2024 20:53 par CAZA

Le Diplo a envoyé ça :
<<<Les Brics+ et l’anti-impérialisme de marché

https://www.monde-diplomatique.fr/telex/2024-10-Les-BRICS-et-l-anti-imperialisme

26/10/2024 11:31 par michel PAPON

M.Guttieres commence à craindre de voir un concurrent de l’ONU emerger et, ipso facto, l’organisation qu’il preside destinée à disparaître ?

31/10/2024 07:21 par alain harrison

L’erreur des réunions des BRICS, le droit de VETO. Apprendre les leçons ?

Pensée critique : Ce que l’Amérique latine a perdu au sommet des BRICS+
28 Octobre 2024, 16:33pm | Publié par Bolivar Infos

Par Rafael Bautista Segales,

Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos

La fracture géopolitique que nous signalions dans un article antérieur a fini par devenir réalité au dernier sommet des BRICS+ à Kazan. Cette fracture a commencé avec l’alignement de Lula et de Pétro sur la rhétorique de la mythologie démocratique yankee, mais avec le véto du président brésilien à l’incorporation du Venezuela et du Nicaragua au bloc de pays BRICS+, un plan esquissé pour miner, entre autres choses, la possibilité que l’Amérique latine devienne un acteur stratégique du nouvel échiquier géopolitique mondial, en plus d’empêcher que le bloc (avec l’absence du Venezuela) puisse déterminer les marges de production et les prix du pétrole et du gaz, est mis en évidence.

C’est-à-dire que les États-Unis ont réussi à faire, grâce a leurs multiples influences, que Lula, faisant office de cheval de Troie, laisse le Venezuela, hors du bloc des puissances émergentes qui a un pouvoir dissuasif face au décadent G7. la situation est claire. Lula ne souhaite pas affronter Washington et ne souhaite pas non plus permettre qu’un acteur puisse lui disputer son autorité en Amérique du Sud. Avec le Venezuela, les BRICS+ disposent d’une carte opérationnelle de découplage progressif de la géo-économie du dollar, et donc d’un pouvoir de dissuasion accru pour contenir l’ordre impérial unipolaire. En revanche, la position de Loula est typiquement conservatrice et en accord avec la bourse de São Paulo. Le dollar est trop influent dans cette partie du monde à cause de l’étroite dépendance de notre économie au patron dollar. C’est pourquoi les secteurs bancaires sont les moins intéressés à se défaire du dollar, même si, à l’heure actuelle, cela signifie renoncer à la possibilité de l’indépendance financière de la région.

Mais le coup de Lula n’est pas seulement porté à l’Amérique latine mais aussi aux BRICS+ eux-mêmes, car il les prive d’un acteur dont le poids énergétique était décisif pour contrer, dans leur ensemble, les manœuvres récurrentes de l’Occident pour continuer à saigner l’économie mondiale au profit de sa puissance financière. Ce poids énergétique devait être dilué dans la perspective du Sommet de Kazan, qui marquerait inévitablement le début du schisme du système mondial moderne-occidental et de sa conception géopolitique centre-périphérie. C’est aussi la raison pour laquelle le chef de la diplomatie yankee, Anthony Blinken, a rencontré en Arabie Saoudite, pendant le sommet, son homologue saoudien Faisal bin Farhan et le prince héritier Mohamed bin Salmán. Officiellement, ils se sont réunis à cause de ce qu’ils appellent par euphémisme, la « crise de Gaza », mais on sait que le sujet qu’ils ont réellement abordé a été de négocier la survie du pétro-dollar. Une question qui ne semble pas résolue pour les États-Unis (car l’Arabie Saoudite a d’autres cartes pour manœuvrer d’une meilleure façon avec Washington), c’est pourquoi il était indispensable de mettre en jeu la carte Lula..........
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Mais la présence de l’Amérique latine reste réduite et ses capacités géopolitiques potentielles faibles. Nous l’avons déjà dit : « notre libération définitive ne pourra être unilatérale, mais régionale. » Les BRICS+ pourraient nous apporter l’ensemble de couvertures stratégiques nécessaires pour engager un découplage du dollar. Lula a été fermement favorable à l’incorporation de l’Argentine dans le bloc BRICS+ (car le Gouvernement argentin de Massa ne représentait pas une concurrence pour son autorité et pouvait même lui être utile en tant que gauche light), mais il ne pouvait pas agir de la même manière face au radicalisme que représente la présence du Venezuela. Être bien avec Washington montre également à quel point l’économie brésilienne est liée au dollar, même au détriment de l’Amérique du Sud. » »

Une question demeure, la future présidente du Brésil .........?

Et bien d’autres questions, dont :
Pourquoi le FMI serait-il pour les BRICS ? Étrange, non !

Et puis, les BRICS sous-entendent que les pays membres reprennent leur souveraineté sur leur monnaie !

31/10/2024 14:18 par CAZA

Relire le telex du Diplo /
<<<< Qu’est-ce que les Brics+ ont en commun ?
« Des intérêts », déclare l’ancien ministre des affaires étrangères brésilien Celso Amorim lors d’un débat organisé par le journal en ligne The Geneva Observer dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH) en mars 2024.
Et des valeurs ?
« Non », tranche le Brésilien.

Part de la Chine dans les briCs :71%
PIB Brésil / à la Chine :10% :

<<<< En 2013, l’économiste Jim O’Neill, qui avait imaginé l’acronyme « BRIC », estime que celui-ci n’aurait plus aucun sens : « Si je devais le changer, je ne laisserais plus que le “C” »

20/11/2024 21:17 par alain harrison

Je veux corriger mon erreur dans mon commentaire ci-haut.

Une question demeure, la future présidente du Brésil .........?

Ayoy ! je me suis trompé entre le Mexique et le Brésil, étant nul question d’AMLO et de la future présidente du Mexique dans cet article. Mes excuses.

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