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Les bootleggers à chapeaux haut-de-forme

Créé en 1933, réalisé en 2008 : le Monopoly

Au plus fort de la crise de 1929, les gens devaient rêver. Charles Darrow, un vendeur d’équipements en chauffages était en chômage.

Lui aussi rêvait. Il créa alors la grande chimère de la richesse, mais surtout du contrôle : le Monopoly.

Le Monopoly est un jeu de société édité par Hasbro . Le but du jeu consiste à ruiner ses concurrents par des opérations immobilières. Il symbolise les aspects apparents et spectaculaires du capitalisme, les fortunes se faisant et se défaisant au fil des coups de dés.

Les propriétés sont groupées par couleurs. Dès qu’un joueur est en possession de l’ensemble des propriétés d’une même couleur, il est en mesure d’y construire des maisons et des hôtels, le joueur possède donc un monopole[1]. Il doit construire uniformément : il ne peut y avoir plus d’une maison de différence entre deux terrains de la même couleur (un hôtel correspond à 5 maisons). De plus, on ne peut construire qu’un seul hôtel par terrain. Source, Wikipedia

Sur un bout de carton, avec des dés, et des faux argents, ça n’a pas de visibles effets.

On en sort frustrés, mais pas dénoyautés...

La crise actuelle, toutefois, est issue de ces mêmes procédés : des dés ( des gageures sur des valeurs « fictives »), de l’argent électronique, et des conséquences désastreuses.

Les joueurs sont accrocs et aucune pub à la télévision ne vous révélera l’ampleur du désastre.

Loto-Planète : le viol du citoyen

Nos sociétés sont devenues des machines à fabriquer des images et des rêves. A tel point que le citoyen n’arrive plus à distinguer la façade de la réalité . Lessivé de la matière grise...

Berné, soudoyé, javellisé, perdu dans un monde où le miroir éclaté sèment ses fragments tranchants en lames de rasoir... Il coupe le citoyen du monde réel.

Les sociétés sont des artistes dans l’art de fabriquer du faux.

Les politiciens sont des portraitistes qui utilisent l’aquarelle : ce médium génial mais translucide. Sauf qu’il ne mène pas le crayon : son dessein (sic) est dicté par la machine à faire du profit au profit des citoyens violés de leurs avoirs.

Le bootlegger à chapeau haut-de-forme

Bootlegger est un terme américain qui signifie « l’homme qui cache une bouteille dans sa botte ».

On connaît tous l’histoire de ces bootleggers qui fabriquaient de l’alcool et le distribuait par des réseaux clandestins.

Aujourd’hui c’est la bourse, les investisseurs, les marchés mondiaux, les abris fiscaux.

Et c’est parfaitement légal...

Et il mène au monopole.

L’impôt sur le revenu... qui ne revient pas

Depuis des décennies le pouvoir d’achat s’est amenuisé. Depuis les années 80, les fonds ont été détournés vers une grappe d’argenteux investisseurs qui flouent le citoyen par des procédures plus ou moins légales.

La règle officielle est formelle : lorsqu’on est en prison, on ne paie plus de loyers, tandis que l’on continue à les encaisser. Une des règles, des variantes du Monopoly.

Un tantinet bizarre, mais ô combien révélateur des modes de fonctionnements.

Dans un jeu de Monopoly version 1933, les joueurs sont visibles. Dans un jeu de Monopoly réel et actuel , les joueurs sont cachés.

Pire encore : ils détournent le capital.

Ces joueurs invisibles, puissants, apparaissent comme des créateurs de richesses. De fait, ils sont les manipulateurs invisibles des politiciens.

Le citoyen détroussé, pelé, sue sang et eau sans vraiment s’enrichir. Bref, il joue le jeu, mais les dés sont pipés.

Si vous désirez savoir où va votre argent -NOTRE argent, dites-vous qu’il est dilapidé à travers un alambiqué jeu de répartitions d’impôt. Falsifié.

La bouteille à la mer

Dans ce grand jeu néolibéral mondialisé, vous avez plus de chance de placer votre argent dans une bouteille, de la lancer à la mer, pour qu’il vous revienne.

Les bootleggers ont un pied dans votre pays, un château en Espagne, et la botte répartie sur toute la planète dans des abris fiscaux.

Le bootlegger 2008 est une grosse pointure.

Il est vêtu comme « les lys des champs », mais c’est une botte nazie qui couvre la Terre entière.

Nous n’y échappons pas : toutes les sociétés, avec leur flopée d’arnaqueurs étatisés, sont des râpes à fromage et nous sommes les têtes fromagées.

Le citoyen béluga : un poisson aux verres « enfumés »

Le mot "berlue" est issu de "beluga", qui signifie "être ébloui". La "berlue" est également le nom attribué à un problème de vue où l’on voit des choses qui ne sont pas devant nos yeux, telles que des points noirs ou des mouches par exemple. C’est en référence à cette maladie que l’on dit d’une personne qu’elle a la berlue lorsqu’elle croit voir des choses qui n’existent pas. Dictionnaire des expressions

Et l’impôt ?

Les citoyens qui détournent des fonds vont - habituellement - en prison. Comme dans le jeu de Monopoly... Mais ils ne paient pas de loyer et continuent d’encaisser...

Souvenez-vous !

La trappe des nigauds de l’impôt

Notre fiscalité progressive n’est pas aussi jolie qu’elle en a l’air. D’abord, elle ne fait pas vraiment payer "les riches" (ceux qui possèdent) mais ceux qui gagnent du fric, ce qui n’est pas du tout la même chose. En effet, on peut être riche comme Crésus, mais, si on ne fait pas fructifier son avoir, on ne doit rien à l’État au titre de l’impôt sur le revenu. Peut-être quelques taxes foncières à la municipalité, certes, mais les hôpitaux, les écoles, les autoroutes... si vous n’avez pas de "revenus", tout ça en théorie ne vous coûte plus rien.

En théorie peut-être, mais en pratique ? Dans la réalité les riches gagnent du fric n’est-ce pas ? Oui... mais ils ne gagnent pas du fric comme vous et moi. Ils font des "gains en capital", ils font des "profits non distribués", ils font des placements à l’étranger... et, quand ils contribuent, ce n’est pas par le biais d’une retenue à la source. Ils "créent des emplois", ils font des "pertes fiscales", ils donnent des oeuvres d’art qui leur valent des déductions... Quand les riches payent un impôt sur leur revenu tel que déclaré, leur revenu, même si leur déclaration est honnête, n’est pas du tout dans le même rapport au revenu des contribuables de la classe moyenne que leur richesse l’est aux maigres biens que ces derniers possèdent.

Présenté comme une mesure progressiste, l’impôt sur le revenu est en fait une arnaque pour blouser un peu plus le pauvre type qui touche un salaire et voit ses impôts déduits de sa feuille de paye. D’autant plus que la distribution des revenus tend à "corriger" le biais qu’introduit la fiscalité dans la courbe naturelle des salaires (définie il y a longtemps déjà par Pareto) et que salaires et honoraires sont peu à peu modifiés en tenant compte de cette "progressivité" fiscale, laquelle est donc vidée de son sens avant même d’être appliquée. Si notre but est de demander aux biens nantis une contribution qui soit proportionnellement supérieure à celle qu’on exige des moins riches, ce résultat, en pratique, n’est guère mieux atteint par l’impôt sur le revenu que par les taxes à la consommation. On exige simplement plus d’astuce des tricheurs, haussant le seuil à partir duquel ceux qui en ont les moyens sont à l’abri du fisc.

L’impôt sur le revenu, n’a fait que s’alourdir depuis le début des années "80 qui a marqué le début de la stagnation de notre économie réelle. Pire, on en a réduit la progressivité ! Même purement formel, voire cosmétique, l’écart entre les taux s’appliquant aux plus hauts revenus et les autres a encore été réduit ! Les réductions fiscales consenties aux petits contribuables lors du budget 1998 sont minimes au point d’être insultantes et rien n’indique, au contraire, que l’impôt sur le revenu visera prochainement une redistribution de la charge fiscale vers les possédants.La vieille panoplie

L’astuce

Le jeu a tellement été populaire qu’il a été adapté à plusieurs pays et en 26 langues. Quand on parle d’un portefeuille diversifié, ce doit être cette manie des joueurs compulsifs à se déplacer sur les diverses adaptations...

Pour tricher un peu...

Avoir le monopole...

On peut y jouer à partir de 8 ans. C’est l’âge où les enfants viennent à peine d’entrer à l’école. A cet âge-là , un cerveau est une sorte de pâte malléable.

Mais qui donc sculpte vraiment la pâte ?

Gaëtan PELLETIER

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