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Profits, misère, lutte syndicale : tranche de vie et leçon de dignité

LEMON HOTEL TOURCOING : Pressés comme des citrons !

Il y a un peu plus d’un an, une salariée du Lemon Hôtel de Tourcoing, s’est syndiquée à la CGT suite à une procédure de licenciement à son encontre. Quelques mois plus tard, la direction, soucieuse de ne pas être condamnée aux Prud’hommes, transigeait en conciliation et remettait un chèque à la salariée.

Ce que nous avait dit cette nouvelle syndiquée sur les conditions de travail dans l’hôtel était absolument ahurissant. Et, il y a quelques mois, grâce à l’intervention d’un conseiller du salarié CGT, un autre employé du même hôtel évitait le licenciement. Nous y reviendrons.

A ce jour, c’est tout le personnel de l’établissement – et le « directeur » en tête (il ne l’est pas – directeur – au regard de l’intitulé de sa fiche de paie), c’est tout le personnel qui est syndiqué à la CGT.

Pourquoi ?

Depuis 2007 et Sarkozy, l’accueil d’urgence est confié, à des fins « d’économies » publiques, au secteur associatif. En l’occurrence, c’est l’AFEJI qui est chargé de régler les problèmes de l’accueil d’urgence. Et de plus en plus, les hôtels sont sollicités. C’est le cas du Lemon Hôtel de Tourcoing, qui, au moment du rachat au groupe Accord par un empire de l’immobilier, faisait du « 100 % social ».

A ce jour, de nombreuses familles sont logées dans cet hôtel, pour la plupart des demandeurs d’asile. Les conditions de logement sont saisissantes. Nous y reviendrons.

Par cette « activité » en tout cas, des marchands de sommeil s’enrichissent, et profitent à plein de la misère du monde, laquelle est ainsi habilement masquée par les pouvoirs publics.

La situation des habitants de cet hôtel est aujourd’hui dramatique, et représente un danger qui ne peut plus être ignoré des responsables politiques. C’est une situation humaine terrible, où une population ayant fui les violences et les menaces du pays d’origine, est plongée dans une situation de non-droit savamment entretenue. Certaines familles sont dans une chambre de 9 m2 depuis des années ! Une famille yougoslave a passé 7 ans dans une de ces cellules, interdite de travailler, interdite de faire une demande de logement, et dans l’impossibilité de retourner dans un pays qui n’existe plus (et ce avec le concours de la France…). Pour chaque chambre occupée, la direction du groupe richissime qui a racheté la chaîne encaisse des euros sonnants et trébuchants, de l’argent public… Et c’est une source sûre, régulière, qui n’est pas prête de se tarir.

Ces demandeurs d’asile coûteraient moins cher à la collectivité, et lui rapporteraient même, s’il leur était permis de travailler, de se loger, d’avoir des papiers. Le discours d’extrême-droite (adopté par la droite et la gauche dites « républicaines ») est ici démenti avec force : ce sont les lois anti-immigration qui coûtent cher, pas les étrangers ! Ce sont les patrons profiteurs qui nous coûtent cher, pas les travailleurs d’ici ou d’ailleurs !

Il y a du chômage en France ? Pas de place pour tout le monde ? Comme beaucoup de salariés écrasés par le travail et la « flexibilité », ceux de Lemon Hôtel justement, revendiquent de la création d’emploi, afin de pouvoir travailler dans des conditions décentes… Mais là, ils se heurtent au patron, profiteur de la misère humaine, et profiteur tout court !

Et que fait la République ? Où est la loi ? Est-il autorisé de loger des personnes dans ces conditions (des familles entières dans 9 m2) ? Non. L’hôtel est-il adapté pour un accueil de longue durée ? Non, et y compris le contrat d’assurance l’interdit expressément. L’AFEJI a tiré la sonnette d’alarme, et a reçu, de la direction parisienne, des promesses verbales. Jamais tenues.

Les chambres et le linge sont sales, le mobilier vétuste, la sécurité pour les accueillis et le personnel n’est pas assurée. La CGT à son tour, porte-voix des salariés, tire la sonnette d’alarme.

Au quotidien, les accueillis (le chiffre peut monter à 190 personnes…) sont logés dans un hôtel où le personnel est réduit à… une personne ! Qui doit gérer, et cela est impossible, l’hygiène, la réception, etc… Sans compter les situations de violence inévitables dans un tel contexte : disputes, bagarres, etc… Et même, dernièrement une affaire de viol. La police, qui semble être le dernier service public encore opérant, est intervenue. Et la direction ? Elle a voulu licencier le veilleur de nuit (qui ne l’est pas, contractuellement, veilleur de nuit…), lui faisant porter la responsabilité de cet évènement. C’est là que la CGT est déjà intervenue, il y a quelques mois.

Le personnel est sous pression, usé, déstabilisé par des horaires impossibles et la tension engendrée par ce contexte. Le « directeur » se trouve dans une situation impossible, fusible entre une situation explosive et une direction passive. Pire, il est aujourd’hui clairement placardisé, dans l’impossibilité de répondre aux obligations qu’on lui fait porter. Il est en arrêt maladie.

Ce dernier week-end, un « salarié » est venu remplacer les absents. Du dimanche 11 heures au lundi 22 heures… Seul.

La direction organise le sabordage de cet hôtel, afin sans doute de pouvoir se débarrasser des salariés actuels. Et notamment du gérant qui, par conscience professionnelle et par simple humanité, a voulu réduire la part du social dans l’occupation des chambres, (ce en lien avec l’AFEJI) et retrouver en partie une activité hôtelière « classique ». C’est là que le bât blessa… En effet, il a réduit cette source sûre et régulière d’argent public dont se goinfrent ses patrons, un groupe très profitable… Vous chercherez… Vous pouvez consulter aussi avec intérêt la page suivante :

http://www.booking.com/hotel/fr/lemon-tourcoing.fr.html#hash-blockdisplay4

Le « directeur » est aujourd’hui en arrêt maladie, et soumis aux coups bas de la direction, qui le harcèle et tente de l’intimider. Les atteintes au droit du travail sont tellement nombreuses et flagrantes que nous ne nous y attarderons pas ici ; nous demandons à l’inspection du travail de les recenser. L’URSSAF y trouverait aussi sûrement son compte…

Pendant ce temps, sur le parking de l’Intermarché voisin, des enfants sans espoir essaient de jouer en évitant les voitures. La direction de l’Intermarché (bien connue de notre Union Locale, pour de multiples atteintes aux droits des salariés, et plusieurs dossiers aux Prud’hommes…) fait pression pour se débarrasser de voisins si gênants. Mais avec un ticket service quotidien de 5 euros par demandeur d’asile, à dépenser uniquement dans cet Intermarché voisin, nous avons calculé que les roms rapportent 200000 euros par an au magasin… On ne peut pas tout avoir…

Les salariés de l’hôtel, soutenus par leur CGT, vous invitent à préparer avec eux l’accueil des dirigeants sur les lieux. En effet, soucieux d’introduire davantage de flexibilité chez les salariés, ils viendront, vendredi, leur « proposer » un avenant à leur contrat de travail. Les heures de nuit ne seront plus payées, un régime d’astreinte sera instauré… L’ANI vient à peine d’être voté, mais déjà…

Cette situation est, nous le répétons, alarmante, et nous appelons les politiques (Municipalité, Conseil Général) à prendre leurs responsabilités.

Au-delà, cette situation est un raccourci saisissant de la société capitaliste et de la loi du profit : un patronat brutal et avide, des politiques qui soutiennent ce patronat par des lois sur mesure et des flots d’argent public, et qui ferment les yeux. Qui ferment les yeux sur les conditions inhumaines d’existence des migrants et sur des conditions de travail dégradées pour l’ensemble des salariés.

Il est pour nous évident qu’on ne saurait séparer le sort des uns et des autres. La misère provoquée ailleurs et celle provoquée ici, sont filles du même monstre capitaliste, exploiteur et guerrier.

Vendredi 24 mai 2013, à 12h45, nous préparerons donc, avec les salariés, l’accueil des dirigeants. La CGT sera là. Et pourra apprécier, en fonction de la présence ou de l’absence de tel ou tel, l’idée qu’on se fait, dans ce pays, de la justice sociale, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité.

  • Nous revendiquons, avec les salariés, une mise aux normes de l’hôtel, des créations d’emploi, le respect strict du droit du travail, la fin des pressions sur le personnel, la requalification de celui-ci, le retrait de toute forme de flexibilité pour un personnel qui a d’abord besoin de stabilité et de sécurité.
  • Nous revendiquons, et depuis longtemps, la régularisation des migrants, des conditions d’existence dignes pour eux et leurs enfants, par ailleurs seul moyen de faire reculer l’extrême-droite à Tourcoing comme ailleurs. Dans le détail, et dans un premier temps, il nous apparaît qu’il faut aussi répondre à la situation d’urgence de ces familles par rapport à leurs conditions de logement. Mais nous ne parlerons pas à leur place. Ceux qui seront présents vendredi, sur le parking, Chaussée Marcellin Berthelot, pourront sans doute en discuter avec eux.

Communiqué adressé à la presse, à l’AFEJI Tourcoing, à la Mairie de Tourcoing, au Conseil Général, à l’agence AXA concernée, à l’inspection du travail, à la LDH Tourcoing, au CSP 59

Tourcoing, le 23 mai 2013

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Eugenio Balari
in Medea Benjamin, "Soul Searching," NACLA Report on the Americas 24, 2 (August 1990) : 23-31.

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