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Le Rwanda et les génocides vus par Chomsky et consorts

La traduction française de l’ouvrage «  The Politics of Genocide », sous le titre «  Génocide et propagande » (1) donne l’occasion de se pencher quelque peu sur la vision défendue par les auteurs - Edward S. Herman et David Peterson - ainsi que par le préfacier, lequel n’est autre que le célèbre intellectuel Noam Chomsky.

L’intention du livre est louable : démonter la généralisation du concept de génocide et surtout établir la dimension stratégique et l’instrumentalisation idéologique (2) de ce terme. Les auteurs passent ainsi en revue toute une série de crimes de masse en soulignant la différence de traitement politique et médiatique qui leur est accordé. Ils pointent notamment, à juste titre, le silence passé par de nombreux analystes sur les massacres commis par les Etats- Unis et leurs alliés, alors que dans le même temps sont condamnés avec unanimité des crimes similaires perpétrés par des «  Etats-Voyous » (3).

Malgré cela, et à la lecture de cet essai, force est constater une série d’amalgames grossiers, contre lesquels les auteurs affirment justement vouloir se prémunir.

Des génocides partout…

Cet ouvrage entend donc dénoncer l’utilisation abusive du concept de génocide, en particulier par les puissances occidentales. Le plus souvent, l’objectif de ces dernières est de justifier une intervention militaire, au nom de la prévention d’une extermination de masse. Cette question se doit d’être posée. De nombreux crimes de masses sont fréquemment qualifiés de génocide sans en avoir les caractéristiques juridiques prônées par la Convention sur le génocide (4). Ainsi et comme les auteurs le dénoncent, certains médias qualifiaient de génocide la politique répressive de Kadhafi contre son peuple. Par ailleurs, ils ont également raison d’insister sur le fait que des crimes commis par la France, les Etats-Unis, le Royaume Uni, Israël ou leurs alliés ne sont pas condamnés avec autant de virulence que les mêmes actes perpétrés par des Etats hors de leur sphère d’influence (5).

En revanche, là où le bat blesse, c’est qu’ils instrumentalisent à leur tour le concept de génocide, et ce de la même façon que ceux qu’ils entendent dénoncer. Concrètement, à de maintes reprises dans l’ouvrage en question, ils élargissent l’accusation de génocide à de nombreux crimes commis par l’Occident et ses alliés, sans pour autant se préoccuper du bien fondé juridique de ces allégations. Ils en viennent ainsi à qualifier de génocide l’agression américaine au Sud-Vietnam (6) ; les crimes menés par l’Indonésie contre sa population (7) ; l’embargo et la guerre contre l’Irak (8) ; la guerre au Congo ; le massacre des amérindiens (9), … En bref, à la lecture de ces lignes, on en ressort avec la désagréable impression que tout crime commis par les Etats-Unis et leurs alliés peut-être qualifié de génocide alors que tout massacre commis par quelqu’un d’autre n’est rien d’autre que propagande ou exagération. En d’autres termes, les auteurs tombent dans les mêmes travers que ceux qu’ils entendent dénoncer, à savoir utiliser le concept de génocide à tout va uniquement dans les cas qui les arrangent.

Par ailleurs, leur méthodologie est sujette à caution. Pour discuter de la qualification ou non de génocide, ils utilisent notamment l’argument numérique. Selon ce dernier, les massacres du Congo doivent être qualifiés de génocide en raison de leur nombre considérable de victimes. A l’inverse, le génocide des Tutsis du Rwanda ne mérite pas ce qualificatif, le nombre de victime ne s’élevant qu’à 800.000. On en retient une comparaison morbide sur le nombre de victimes causé par tel ou tel conflit, et ce alors même que le facteur numérique est absent de la convention sur le génocide.

Ce à quoi il faut s’intéresser sur cette épineuse question est en fait ce qui distingue un génocide d’un autre crime de masse. Si la définition donnée par la convention est intéressante, elle n’est pas claire à certains égards. De plus, l’application est également discutable. Le massacre de Sebrenica a ainsi été qualifié de génocide alors que femmes et enfants furent épargnés. Dans ce cas précis, il est fort probable que la désignation de génocide obéit à une vision partisane. Ces controverses sont en fait intrinsèques à l’usage de ce terme. L’idée même de génocide, qui est apparue après la seconde guerre mondiale, doit être comprise comme un essai de qualifier la tentative d’extermination d’une population dans son entièreté. L’idée singulière dans un génocide est qu’aux yeux du bourreau, il n’y a pas d’échappatoire pour la victime désignée, si ce n’est la mort. Un juif emprisonné ne pouvait espérer quelque clémence qui soit par les autorités nazies. Idem pou un Arménien Turc au début du 20ème siècle ou pour un Tutsi Rwandais à la fin du même siècle. En outre, un génocide stipule l’extermination d’une population comme unique fin, et non seulement comme moyen. Pour cette raison, de nombreux crimes de masse, aussi abjects soient-ils, ne peuvent rentrer dans la catégorie de génocide : l’extermination des Amérindiens obéissait avant tout à la conquête de leur territoire ; les massacres commis par les Khmers Rouge ou par Staline visaient avant tout la soumission du peuple à l’idéologie dominante ; les massacres perpétrés par les Etats-Unis au Vietnam, en Irak ou en Afghanistan n’ont pour but initial l’extermination d’un peuple mais l’imposition d’objectifs géostratégiques, la mort de populations civiles n’étant qu’un moyen d’y parvenir.

Débattre de cette question peut paraître indécent aux yeux de nombreuses personnes. La souffrance physique et psychologique est sans doute comparable entre un enfant ayant perdu ses parents dans un bombardement de l’OTAN (une bavure nous dit-on dans les médias) et un orphelin rescapé d’un génocide. La différence se trouve par contre dans le domaine du symbolique. Le traitement accordé à l’un et à l’autre est différent. L’extermination d’une population dans sa totalité, comme seul et unique but, marque davantage les esprits car elle dépasse l’entendement. Or, cette question est occultée par les auteurs, ce qui est à notre sens à la source de leur confusion.

En raison de ce qui a été dit ci-dessus, l’opinion publique sera la plupart du temps plus sensible à la situation d’une population victime de génocide que d’une autre. Ce phénomène peut conduire à une indulgence vis-à -vis des actes commis par cette population postérieurement. Ce facteur permet sans doute, parmi d’autres, de comprendre pourquoi les atteintes aux droits humains commises par Israël sont banalisées ou pourquoi les massacres commis au Congo (dans lesquels Kigali est lié d’une façon ou d’une autre) sont minimisés voir occultés par rapport à d’autres évènements tels que les massacres au Darfour. Si la dimension stratégique évoquée par les auteurs y est évidemment pour beaucoup, la compassion pour un peuple génocidé sert quant à lui de moyen de propagande à merveille.

La vision tronquée du Rwanda

Si tout ce qui précède peut être considéré comme une différence d’interprétation, le chapitre sur le Rwanda est quant à lui beaucoup plus discutable. Les auteurs tombent rapidement dans une vision totalement mensongère du génocide de 1994, laquelle les décrédibilise complètement.

La vision qu’ils défendent est grosso modo la suivante : le génocide des Tutsis ne serait que baliverne (dans ce contexte, le mot est systématiquement mis entre guillemets) destiné à accroître l’influence des Etats-Unis dans la région, notamment par la mise au pouvoir d’un gouvernement proaméricain, à savoir le gouvernement Kagame. Selon eux, Kagame et son FPR (10) auraient envahi le Rwanda en 1990 et cherché par tous les moyens à s’accaparer le pouvoir, y compris l’assassinat du président Habyarimana la veille du génocide. Pour étayer leur thèse, ils s’appuient à de nombreuses reprises sur l’enquête du juge Bruguière, laquelle avait conclut, après huit ans d’enquête sans jamais s’être rendu sur place (11), que les missiles ayant abattu l’avion présidentiel avaient été tirés par le FPR lui-même. Or, deux éléments récents viennent mettre à mal cette théorie : d’une part le rapport d’expertise remis aux juges français Trévidic et Poux en janvier 2012 qui affirme que les missiles furent très probablement tirés du camp militaire de Kanombe, où étaient stationnés les Forces Armées Rwandaises (FAR). D’autre part, une journaliste britannique vient de dévoiler un inventaire des armes détenues par l’armée rwandaises datant du 06 avril 1994. Ce dernier comprend quinze missiles français similaires à ceux ayant servi à abattre l’avion. Ces deux éléments étayent donc la thèse la plus plausible selon laquelle l’attentat fut perpétré par les extrémistes du régime rwandais, la même qu’Herman et Peterson s’obstinent pourtant à réfuter (12).

Mis à part l’attentat, les mêmes oeillères sont présentes tout au long de leur argumentaire, leur vision du Rwanda en devenant complètement réductrice. Ils adoptent ainsi une vision totalement manichéenne quant à la guerre civile de 1990-1994, qu’ils désignent d’ailleurs comme une «  guerre d’agression », voir une «  invasion » du pays par l’Ouganda voisin (13). Si un soutien ougandais au FPR est sans doute une réalité, les auteurs se gardent bien d’évoquer les persécutions dont furent victimes les Tutsis durant les cinquante années précédentes, élément pourtant indispensable pour comprendre la formation du FPR.

Autre oubli : l’aspect économique et financier du génocide. S’ils affirment à plusieurs reprises le soutien indéfectible du gouvernement étasunien aux forces du FPR contre le gouvernement Habyarimana, pourquoi donc les ventes d’armes en provenance du pays de l’Oncle Sam à destination des FAR se sont poursuivies jusqu’en 1994 (14) ? Pourquoi l’administration Bush qualifiait-elle encore en 1992 ses relations avec le gouvernement comme « excellentes » (15) ? Pourquoi le FMI et la Banque Mondiale, au sein desquels les Etats-Unis ont une influence prépondérante (16), ont-ils continué à prêter des montants considérables au gouvernement extrémiste, sachant pertinemment à quoi étaient destinés ces fonds ? (17) Drôle d’attitude que d’armer et de financer un gouvernement que l’on veut à tout prix renverser. Par ailleurs, si les Etats-Unis soutenaient à ce point le FPR, pourquoi se sont-ils abstenus de prononcer le mot «  génocide » pendant les trois mois d’horreur que le pays a connus ? D’autant plus que la portée de ce mot aurait donné du crédit à une intervention militaire, a fortiori occidentale.

En outre, d’autres éléments pourtant fondamentaux pour comprendre le génocide sont absents du livre d’Herman et de Perterson : pas un mot sur la colonisation qui a pourtant cristallisé les ethnies rwandaises ; rien non plus sur la France dont le rôle dans le génocide est pourtant primordial. Les auteurs restent dans un schéma de pensée extrêmement réducteur dans lequel ils passent à la trappe tout élément qui contredirait un tant soit peu leur thèse. C’est navrant de la part de personnes si attachés à défendre un esprit véritablement critique en permanence.

Dépasser à tout prix une vision manichéenne

Le chapitre consacré au Rwanda n’est en fait qu’une illustration de plus de la difficulté de trouver sur le sujet une opinion un tant soit peu «  objective » et non partisane. Deux visions s’opposent constamment : la première, proche de celle évoquée ci-dessus, considère que l’accusation de génocide, est largement exagérée et que si des crimes ont effectivement été commis à l’encontre des Tutsis, ils le furent dans un contexte de guerre bilatérale et/ou en réaction aux massacres commis contre les Hutus. Cette thèse brasse des horizons divers, allant des négationnistes purs à une certaine gauche antiaméricaine, en passant par les autorités françaises incriminées dans le génocide. Pour les partisans de cette vision des choses, le Rwanda d’après 1994 est devenu une infâme dictature dirigée par un criminel de guerre verrouillant l’ensemble des pouvoirs. De l’autre côté, la thèse «  officielle » (18), soutenant l’idée d’un génocide ayant fait près d’un million de victimes, essentiellement Tutsis (19). Le FPR de Kagame aurait mis fin au carnage et aurait, après des élections libres, redresser économiquement un pays décomposé. Cette thèse est notamment à l’oeuvre dans les sphères gouvernementales et financières (20). Quiconque s’intéresse au Rwanda aura rapidement constaté qu’il est très difficile de trouver des avis s’écartant de près ou de loin d’une de ces deux positions. Il est pourtant fondamental de dépasser cette vision manichéenne qui risque bien de faire ressurgir des tensions au sein d’une région sensible. Cela nécessite une analyse des faits dépourvue de visées «  idéologiques » contrairement à celle d’Herman et de Peterson. Ils affirment notamment que la version officielle n’a «  aucun fondement réellement documenté en dehors des premières revendications du FPR de Kagamé et de ses commanditaires et propagandistes occidentaux » (21). Cette allégation illustre à merveille le fait d’écarter tout avis contredisant la thèse que l’on veut défendre. Toute une série de personnes et d’organisations, que l’on peut difficilement accuser de partisan de l’hégémonie occidentale, défendent pourtant, témoignages et sources à l’appui, la version officielle. Colette Braeckman, Pierre Galand, Michel Chossudovsky ou encore l’association Survie ont parmi d’autres décrits à maintes reprises l’organisation systématique des massacres et leur déroulement.

Bien sûr et comme toujours, il est nécessaire de garder une vision critique du pouvoir ayant émergé suite au génocide. Même si le pays connaît un certain nombre de progrès sur les plans économiques et sociaux (22), cela ne doit pas occulter les crimes commis par le FPR et le gouvernent au pouvoir depuis la guerre civile et jusqu’à aujourd’hui. La culpabilisation d’un certain nombre d’acteurs accusés ne pas avoir empêché l’impensable d’arriver conduit à un laissez-faire de leur part vis-à -vis de l’ensemble des actes du Rwanda, y compris la déstabilisation, les massacres et l’exploitation de régions du Congo voisin. Bien entendu, et c’est un point d’accord avec la vision défendue par Herman et Peterson : les intérêts géostratégiques sont fondamentaux. Il est très probable que les Etats-Unis aient vu Kagamé, formé sur le territoire américain, comme une porte d’entrée vers les ressources minières du Kivu voisin et comme un rempart face à l’influence française dans la région. Mais reconnaître cela ne doit pas conduire à déformer les évènements passés ou présents pour accréditer cette thèse. Le résultat risque simplement d’être contraire au but recherché, à savoir de tendre aux partisans de l’establishment occidental l’argument négationniste, lequel permet de couper court à toute critique.

Un dernier mot sur Chomsky, trop souvent victime d’accusations injustifiées : soutenir un révisionniste au nom de la liberté d’expression est une chose (23). Préfacer et soutenir la négation d’un crime ayant fait près d’un million de victimes, abandonnées par la communauté internationale en est une autre. Si la distinction faite par les grandes puissances entre victimes «  dignes d’intérêts » et les autres doit être combattue, à la façon de Chomsky depuis plus de cinquante ans, il faut éviter à tout prix de tomber dans les mêmes travers, quand bien même pour une cause juste. Sous peine de perdre une part de sa crédibilité.

Renaud Duterme (CADTM)

(1) HERMAN Edward S, PETERSON David, Génocide et propagande, Montréal, Lux Editeur, 2012.

(2) Bien que cette dimension soit apparue dès sa conception par la convention internationale sur les génocides. Sous pression de l’URSS, le critère «  politique » fut supprimé pour empêcher que les massacres de Staline n’apparaissent à postériori comme des génocides.

(3) Selon la vision des Etats-Unis bien évidemment.

(4) Disponible à l’adresse suivante : http://www2.ohchr.org/french/law/genocide.htm

(5) Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser la différence de traitement accordée aux violations des droits humains commises par l’Iran et l’Arabie Saoudite.

(6) Page 36 de l’édition française.

(7) Ibid

(8) Voir le premier chapitre de l’ouvrage.

(9) Avant-propos de Noam Chomsky, page 9 de l’édition française.

(10) Front Patriotique Rwandais

(11) Alors même que les auteurs reprochent notamment à la commission dirigée par Alison Desforges d’avoir rédigé leur rapport après seulement 15 jours passés dans le pays. (voir page 88)

(12) A leur décharge, l’ouvrage a été rédigé avant la découverte de ces deux éléments.

(13) HERMAN Edward S, PETERSON David, op. cit., p75

(14) BRAECKMAN, Colette, Qui a armé le Rwanda ?, Chronique d’une tragédie annoncée, Bruxelles, Les Dossiers du GRIP, 1994.

(15) Ibidem

(16) Les Etats-Unis sont en effet le seul Etat à bénéficier d’un droit de véto de facto, au FMI comme à la Banque Mondiale

(17) Soulignons que le Rwanda rembourse toujours actuellement une dette qui a largement servit au financement du génocide. Selon le droit international, cette dette doit être qualifiée d’odieuse et doit être annulée. Voir à ce sujet : http://www.cadtm.org/Rwanda-un-genocide-evitable et http://www.cadtm.org/Le-Rwanda-les-creanciers-du,5568

(18) Exceptée en France pour des raisons évidentes

(19) Mais également un certain nombre d’Hutus dits «  modérés »

(20) Ministre de la coopération belge, Banque Mondiale, …

(21) HERMAN Edward S, PETERSON David, Génocide et propagande, op. cit.,.P 82

(22) Bien qu’une partie de ces progrès se fassent au détriment de la majorité. Voir http://www.cadtm.org/Rwanda-un-modele-economique-pour-l

(23) Référence à l’affaire Faurisson dans laquelle Chomksy soutint cet historien remettant en cause la vision officielle sur les chambres à gaz. Il le fit cependant, comme il s’en est expliqué à maintes reprises, simplement au nom de la non ingérence de l’Etat dans le débat public.

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