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Le revers de la médaille

Bras de fer entre les axes sunnite et chiite. Bras de fer entre l’axe américano européen et la Russie. Un monde en conflit où les tensions qui animent la scène politique ne sont basées que sur des intérêts propres et au diable les principes. Sur cet échiquier, gars aux perdants. Tout est question de stratégie. Si les européens et leurs alliés occidentaux se sont crus assez intelligent pour recourir aveuglément aux moyens de pression économique : embargo, etc ; les Iraniens ont su mener leur antagonistes par le bout du nez. Une stratégie de l’usure en somme qui a fini par payer en dépit des tentatives sionistes pour allumer le brasier perse.

Cela dit, l’issue de sortie iranienne a piégé les américains et leurs alliés occidentaux qui se sont retrouvés sur la défensive compte tenu de leurs prises de positions aveugles.

En réponse aux sanctions « internationales », Téhéran s’est ouvert à la Chine puis à l’Inde au cours des dernières années. Profitant de l’absence américaine puis du retrait forcé des compagnies européennes, la Chine a conclu un certain nombre d’accords pétroliers et gaziers avec l’Iran.

Aidant en cela, les échecs essuyés par les Occidentaux et plus particulièrement les américains, en Syrie et récemment en Ukraine, les ont amenés à parier sur une menue victoire diplomatique en Iran, au risque de affaiblir leurs relations avec le régime sioniste mais aussi avec l’Arabie Saoudite.

Acculés, donc, les américains ont été obligés de revoir leur politique vis-à-vis de Téhéran. Une prise de position qui se traduit par cette bataille économique avec la Chine à l’ombre des négociations nucléaires.

Alors que l’avionneur Boeing refait son entrée sur le marché iranien, les Européens, qui ont été évincés du fructueux marché iranien, cherchent, mais un peu tard, à en obtenir une part.

L’Iran, qui a un besoin urgent d’investissements, se présente comme le grand bénéficiaire de ces tractations. Par cette politique, Téhéran tâche de mettre en concurrence les investisseurs chinois, indiens, américains et européens. Une ouverture qui semble assez maîtrisée par Téhéran. Comme le soulignent certains analystes, « la maîtrise du temps est une donnée essentielle en Perse, dans la mesure où la lenteur y est associée à la majesté. Faute d’avoir pris en compte cette donnée culturelle fondamentale, les pays occidentaux auront du mal à construire une relation durable avec la nouvelle plaque tournante du Moyen-Orient. »

Par ailleurs, les Iraniens seraient sur le point de trouver un nouveau moyen d’exporter une partie de leur pétrole en signant un partenariat avec un autre pays visé par des sanctions économiques. Il s’agit bien évidemment de la Russie. Selon des sources bien informées, Téhéran et Moscou s’apprêteraient à conclure un accord à 20 milliards de dollars prévoyant la livraison de 500 000 barils de brut iranien par jour à la Russie - durant deux à trois ans - en paiement pour des équipements russes. Les discussions - entamées en novembre - seraient bien avancées, l’agence Reuters indiquant même mercredi qu’il ne leur reste plus qu’à s’entendre sur le prix du

Cet accord, surnommé « Oil-for-Goods » en référence au programme « Oil-for-Food » mis en place par les Nations unies dans les années 1990 pour éviter que les Irakiens ne subissent (trop) les sanctions visant le ­régime de Saddam Hussein, représenterait un véritable pied de nez à Washington et à Bruxelles. En effet, le pétrole iranien est sous embargo occidental, tandis que des Russes proches du pouvoir sont privés d’accès au système bancaire international depuis l’annexion de la Crimée. En janvier déjà, alors que des bruits circulaient autour d’un tel accord, la Maison-Blanche avait fait part de sa « grande préoccupation ». Et indiqué qu’il risquerait de mettre à mal les négociations en cours avec l’Iran sur le dossier nucléaire.

De leur côté, les Russes, qui ne sont pas liés aux sanctions visant le pétrole iranien, voient dans cet accord un moyen d’acheter du brut bon marché pour leur consommation intérieure. Ceci leur permettant ensuite de vendre leur propre production, aux Européens par exemple, à un prix plus élevé. « Avant la Révolution islamique, l’Union soviétique procédait déjà de la sorte avec le gaz iranien », ­ souligne Mohammad-Reza Djalili, professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève. Quant à l’Iran, elle fait pareil avec le gaz qu’elle achète au Turkménistan pour ses besoins dans le nord du pays, alors qu’elle vend à la Turquie celui produit dans le sud.

Cela étant, les iraniens se retrouvent également en bonne posture diplomatique dans la mesure où le Hamas Palestiniens, après une rupture qui a duré plus de deux ans compte revenir dans l’axe de Téhéran. Le 10 mars, Mahmoud al-Zahar, figure de proue du Hamas et dernier lien entre le Hamas et l’Iran, a annoncé que des démarches étaient entreprises pour restaurer la relation bilatérale. Dans ce contexte, certaines sources proches de la direction politique du Hamas avancent que l’Iran envisage aussi de recevoir bientôt le chef du Hamas, Khaled Meshaal, après un long bras de fer marqué par des discussions secrètes. La source a déclaré que le Qatar a servi de médiateur avec l’Iran pour rétablir les liens avec le Hamas.

Cette reprise des relations entre les deux parties a été également annoncée le 10 mars dernier par le chef du Conseil iranien de la Shura Ali Larijani, qui a dit, « L’Iran soutient le Hamas parce qu’il s’agit d’un mouvement de résistance. (...) Notre relation avec le Hamas est bonne et elle est revenue à ce qu’elle était. Nous n’avons aucun problème avec le Hamas. »

La même source en question a admis que la tournure des événements dans la région, suite à l’éviction de l’ex-président Mohammed Morsi en Égypte a accéléré l’évolution des liens Iran-Hamas. L’amélioration des relations entre le Qatar, soutien des Frères musulmans, qui abrite Meshaal, et l’Iran est également un facteur clé dans le réchauffement des liens entre le Hamas et Téhéran.

« Bien sûr, les développements régionaux ont accéléré la reprise des relations entre le Hamas et l’Iran, » a ajouté la source. « Peut-être le plus important de ces développements est la rupture brutale entre le Hamas et l’Égypte après le coup d’État, et la tension entre le Qatar et l’Arabie Saoudite. Cette tension a contribué à réchauffer les relations entre Doha et Téhéran, et a jeté une ombre sur le Hamas d’une manière positive. »

Chérif Abdedaïm

»» http://cherif.eljazeir.com/2014/04/14/chronique-le-revers-de-la-mdaille/
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H. Krazucki
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