« Les Etats-Unis sont en train de repositionner les forces navales et aériennes dans la région » pour préparer « leur gamme complète d’options » à l’égard de la Libye : c’est ce qu’annonce hier (mardi 1er mars) le porte-parole du Pentagone, colonel des marines Dave Lapan. Il a donc dit que « c’est le président Obama qui a demandé aux militaires de préparer ces options », car la situation en Libye empire. Les militaires ont ainsi commencé « la phase de planification et préparation » pour une intervention en Libye. Les stratèges du Pentagone travaillent à plusieurs plans spécifiques, en fonction desquels a commencé le « repositionnement des forces » de façon à avoir la plus grande flexibilité pour mettre en acte n’importe quelle option.Dans ce cadre, le porte-avions nucléaire USS Enterprise, envoyé dans le Golfe d"Aden officiellement pour des opérations anti-piraterie, a commencé à remonter la Mer Rouge pour traverser le Canal de Suez et se placer face aux côtes libyennes. Même déploiement pour le navire amphibie de débarquement USS Kearsarge, avec à son bord une escadrille d’hélicoptères d’attaque et 2 mille marines. Une première option pourrait être l’imposition d’une « no-fly zone » sur la Libye : les chasseurs étasuniens et d’autres pays de l’OTAN empêcheraient à tout autre avion de décoller pour survoler le territoire libyen, en l’abattant s’il le faisait. Cette mesure, dont la motivation officielle serait d’empêcher les chasseurs de Kadhafi de frapper les rebelles, isolerait, en pratique, la capitale. Une autre mesure, qui pourrait être mise en oeuvre en même temps, serait d’interrompre toutes les télécommunications entre la capitale et le reste du pays. On prépare simultanément une troisième option : le débarquement de forces en Libye, officiellement pour ouvrir « des couloirs humanitaires ».
Les opérations aéronavales sont dirigées par le Commandement des forces navales USA en Europe, à Naples, où se trouvent aussi le quartier général des forces navales du Commandement Africa et celui de la Force conjointe alliée. Les trois commandements sont dans les mains du même amiral étasunien Sam J. Locklear III. Un rôle important revient aussi à la base aéronavale de Sigonella (en Sicile), d’où opère depuis longtemps une force spéciale étasunienne pour des missions secrètes en Afrique. Mais c’est tout le réseau des bases USA/OTAN en Italie, Sixième flotte comprise, qui est en état d’alerte pour « la gamme complète des options ». C’est ce qu’a confirmé le secrétaire étasunien « à la défense » (guillemets de la traductrice) Robert Gates, dans une interview au Wall Street Journal et au Weekly Standard : à propos de l’imposition d’une no-fly zone sur la Libye, il a déclaré que « la France et l’Italie ont les structures qui permettraient de mettre en acte l’opération plus rapidement ». Ce que serait la couverture politique de l’opération, c’est la secrétaire d’Etat Hillary Clinton qui l’a anticipé.
Dans une intervention depuis la base aérienne d’Andrews, elle a annoncé que les Etats-Unis sont en train de prendre « des contacts avec de nombreux Libyens qui s’organisent dans la partie orientale du pays, tandis que la révolution avance vers l’ouest ». Ceci confirme indirectement les informations, provenant de diverses sources, que « des conseillers » étasuniens et OTAN sont déjà au travail chez les rebelles. Le feu vert à l’imposition d’une « no-fly zone » et au débarquement de forces USA/OTAN en Libye serait donné à la demande des rebelles eux-mêmes ou d’un « gouvernement provisoire », dirigé par quelque notable qui ait quitté en temps utile la barque du raïs pour passer sur celle des rebelles. Ce qui apparaît ressemble à un plan de « balkanisation » de la Libye, qui exploite le mécontentement et la haine évidente pour le chef et son clan, accumulés chez une partie de la population et, donc, la lutte de ceux (surtout des jeunes) qui se battent sincèrement pour la démocratie et la justice sociale. Un plan, conçu à Washington, qui ne prévoit pas d’éteindre les flammes de la guerre civile, mais de les alimenter pour affaiblir ultérieurement la Libye. La mise est claire : le contrôle des précieuses réserves énergétiques libyennes. Le mot « révolution » dans la bouche de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton devrait résonner comme un signal d’alarme quant au type d’ « assistance » qu’elle offre « à quiconque désire la recevoir des Etats-Unis ».
Manlio Dinucci
Edition de mercredi 2 mars 2011 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
EN COMPLEMENT
Chant officiel des « Marines » (Fusiliers marins) des États-Unis 1879 - Musique d’Offenbach
http://fr.wikisource.org/wiki/Chant_des_Marines
L’hymne des Marines
Des murs de Montezuma
Aux rives de Tripoli
Nous nous battons pour notre pays
Dans les airs, sur terre ou sur mer
Les premiers à se battre pour le Droit et la Liberté
Et pour garder intact notre Honneur
Nous sommes fiers de prétendre au titre de
Marines des États-Unis
Notre drapeau déployé à tout vent
De l’aube jusqu’au couchant
Nous nous sommes battus partout, quel que soit le temps
Partout où nous pouvions amener un fusil
Dans la neige des lointaines terres du Nord
Et sous les paysages des Tropiques
Nous sommes toujours sur la brèche, nous
Les Marines des États-Unis
A ta santé et à celle du Corps
Que nous sommes fiers de servir
Au cours de plus d’un combat nous nous sommes battus pour notre vie
Et nous n’avons jamais perdu notre sang-froid
Si l’Armée et la Marine
Jettent un coup d’oeil au Paradis
Ils verront que les rues y sont gardées
Par les Marines des États-Unis