Voilà un temps à ne pas mettre un pas dehors… C’est une ère de jeux où l’amour pour l’humain s’est figé en un morceau de glace. Le jeu est un plat qui se mange froid. On dirait une partie de hockey où tout le monde dérape…
On patine, on potine, mais s’il n’y a rien sur la table pour les pauvres, les riches se font des coffres-forts qui ne servent… à rien.
Des sandwichs à l’or, ça n’existe pas.
Ce qui me fait penser aux descriptions des parties de hockey sur glace.
Et c’est parti !
***
La foule commence à danser, s’agite, attend impatiente...
Hollande garde les buts.
Cahuzac compte dans les filets du socialisme en enfilant ses avoirs dans… un ailleurs.
Au Canada, le premier ministre coupe fait une réforme de l’Assurance-emploi. De la sueur des travailleurs, on pourra acheter des avions, des bateaux, pour combattre les ennemis des « amis ».
Tous les riches jouent du bâton et traînent la rondelle de leur fortune vers des abris fiscaux.
Le pauvre se retrouve dans le coin de la patinoire, l’oeil au beurre noir, étouffé. On appelle l’ambulance de l’austérité.
Pyongyang menace les États-Unis.
Monsieur de Obama répond en faisant chauffer ses missiles anti-missiles.
L’armée syrienne cherche l’ennemi invisible…
Pendant ce temps, les étasuniens préparent leur plan pour envahir la zone africaine.
Hollande patine.
Obama patine.
Harper patine.
L’ONU patine.
Poutine patine…
La Palestine rétrécit due au réchauffement climatique (selon une étude).
Bayer s’apprête à fêter son 150e anniversaire : au champagne, à l’aspirine et au zyklon B.
Rien n’arrête la partie…
Les spectateurs sont ravis. Ils dansent, sautent, crient, jubilent.
La « science » présente un nouveau brocoli capable de pousser sur un mur vertical.
La foule hurle de joie !
Vert ! Vert ! Vert ! Vertical !
Le travail est devenu une torture. Alors, pour ne pas dormir, certains employeurs font compter aux travailleurs les 436 centrales nucléaires dans le monde. Il est désormais défendu de dormir plus de six heures par nuit.
La foule se lève et brasse ses cartons. LE TRAVAIL C’EST LA LIBERTÉ !
Un plan extraordinaire est prévu pour tirer le gaz de schiste des profondeurs de la Terre : les cadavres, constitués de 70% d’eau seront désormais séchés à froid, sucés avant et leur eau servira à tirer proprement de la Terre le gaz de …l’avenir.
La foule est en liesse.
On tweete de partout dans le monde la bonne nouvelle.
Wall-Street titube.
Il s’affaisse momentanément, mais se relève.
La foule pleure, scande des slogans.
YES WE CAN !
Un conglomérat d’homme d’affaire, aux fins d’améliorer la joute du monde, élabore un plan génial : exporter du sable dans le Nord québécois et importer de la glace dans les pays chauds.
Créer 2 millions d’emplois.
La foule braille, se tord, pleurniche. At last, we will all be rich !
Une voiture saute sur la glace.
Un japonaise à clef USB, freins anti-dérapages, et phares « intelligents » : quand il fait noir, les lumières s’allument d’elles-mêmes.
La foule ne peut plus se contenir. Elle fait la vague… Pendant que, sur un grand écran, un Elvis virtuel chante : « Are You Lonesome Tonight ? »
On braille d’émotion.
On vend du pop-corn, de la crème glacée et des sodas.
La foule a faim.
Un camion arrive, saisit la caisse de la foule en délire et mène les avoirs vers des abris fiscaux.
Pendant ce temps, à Fukushima, un rat mobile ayant élu domicile dans la centrale nucléaire charrie son poison vers les villes voisines.
La sirène de l’aréna sonne.
La partie est terminée.
Et tout le monde jette son verre de plastique dans une poubelle qui mène vers la Chine.
La foule sort des gradins.
Surprise !
Pour une première, ce soir, on payera un surplus à la sortie. Sinon on ira en prison. Les haut-parleurs crachent leurs messages : « Ceci est pour les enfants autistes de votre pays. »
La foule chiale d’émotion.
Pendant ce temps un camion attend la recette de la soirée pour l’envoyer vers un paradis fiscal.
En regardant partir les camions sur lesquels sont inscrites en lettre d’or : NOUS FAISONS FRUCTIFIER VOTRE ARGENT.
Les enfants sourient.
Les parents les serrent tendrement.
Passe un rat entre leurs jambes. Mais dans la fête, étourdis de quelques bières, personne ne remarque la bestiole qui frôle la foule : il s’en retourne dans son logis souterrain, là où il a toujours vécu comme ces Éloïs sortant de temps en temps pour aspirer un peu d’air.
La foule se disperse.
Un coq électronique les attend…
Gaëtan Pelletier
5 avril 2013
La Vidure