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Le Monde Diplomatique (septembre 2016)

Dans son éditorial de septembre 2016, Serge Halimi évoque les promesses du candidat Trump :

En septembre, les États-Unis célèbrent la fête du travail. Cette année, elle aura ceci de singulier que nombre d’ouvriers ou d’employés – blancs et masculins, en particulier – se seront pressés aux meetings du candidat républicain. M. Donald Trump cultive ces appuis en fustigeant les traités de libre-échange qui ont précipité la désindustrialisation des anciens bastions manufacturiers du pays. Et, avec elle, le déclassement, l’amertume, le désespoir du monde ouvrier. « La loi et l’ordre » que M. Trump promet de rétablir sont aussi ceux de l’Amérique des années 1960, dans laquelle, lorsqu’on était blanc, il n’était pas nécessaire d’avoir décroché un diplôme universitaire pour s’assurer un bon salaire, deux voitures par foyer – et même quelques jours de vacances.

Michael Klare écrit qu’à Washington on envisage des scénarios pour un conflit majeur :

Politique du fait accompli en mer de Chine, grandes manœuvres en Crimée et en Pologne, déploiement d’un bouclier antimissile balistique en Europe orientale : les puissances nucléaires montrent leurs muscles. Dans les cercles dirigeants de Moscou, de Pékin et de Washington, les faucons reprennent la main. En déployant quatre bataillons à proximité de la frontière russe, l’Alliance atlantique ajoute à une tension grandissante, tandis que les stratèges occidentaux n’excluent plus l’hypothèse d’une guerre ouverte.

Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin sont allés dans les Balkans à la rencontre du plus vieil islam d’Europe :

De la Russie à l’Andalousie, l’islam vit en Europe depuis plus d’un millénaire. Son enracinement dans les Balkans à la faveur des conquêtes ottomanes l’a enrichi de compromis particuliers avec une modernité marquée par le socialisme. D’une grande diversité selon les pays, il n’échappe pas aux contradictions, aux tensions entre générations et aux influences extérieures.

Pierre Rimbert décrit l’ignoble campagne des médias qui vise à abattre le secrétaire général du parti travailliste Jeremy Corbyn :

Le Daily Telegraph l’a traité de « morveux » (16 septembre 2015) ; le journal du soir de la BBC l’a assimilé à un camion-poubelle en route vers la décharge des « losers » (27 juin 2016). The Economist voit en cet opposant à l’austérité et à la guerre un « saboteur » (10 juin 2016). Le Sun l’a qualifié de « marxiste abruti », affublé en « une » d’un bonnet à clochettes et accusé de soutenir « les tarés djihadistes à longue barbe impatients de détruire l’Occident » (30 et 9 septembre 2015). Les plus fins limiers du Royaume-Uni ont révélé que l’individu se déplaçait sur une « bicyclette de style maoïste » (The Times, 14 septembre 2015) et qu’il aurait « salué la perspective qu’un astéroïde “anéantisse” l’humanité » (MailOnline, 12 août 2015). Mais ces quelques éclairs de génie journalistique résument-ils la médiatisation du chef du Parti travailliste britannique, M. Jeremy Corbyn ?

Pierre Rimbert nous met en garde contre les données personnelles que nous abandonnons aux grands fournissseurs d’accès :

Les traces que nous laissons sur Internet, les informations de nos smartphones, nos contributions aux réseaux sociaux ne sont pas seulement convoitées par les agences de renseignement : elles ravissent les publicitaires et enrichissent les géants de la Silicon Valley. Pourtant, les données personnelles ne sont pas condamnées à ce destin. Leur usage à des fins d’utilité publique exige une mobilisation politique.

Pour Raphaël Godechot, la situation au Cachemire est plus que tendue :

Depuis 1947, trois guerres ont opposé l’Inde et le Pakistan sur le Cachemire. La partie administrée par New Delhi vit sous un régime d’exception. Le 8 juillet, Buhrhan Muzaffar Wani, chef d’un groupe séparatiste, a été tué par des militaires indiens. Il était devenu un symbole de la résistance armée grâce aux réseaux sociaux. Une partie des opposants continuent à se battre en utilisant toutes les ressources de la culture.

Même chose dans la Corne de l’Afrique (Gérard Prunier) :

Zone de contact avec la péninsule Arabique, la Corne de l’Afrique est une région stratégique : ports, puits de pétrole, trafics de marchandises, d’armes et de populations. Occidentaux, Asiatiques, multinationales, pétromonarchies et puissances locales — Éthiopie et Érythrée en tête — s’y livrent une lutte d’influence explosive, attisée par le conflit au Yémen.

Au Nicaragua, que reste-t-il du sandinisme, demande Bernard Duterme ?

Les Nicaraguayens éliront leur président le 6 novembre prochain. Après deux décennies à la tête du pays, le dirigeant sandiniste Daniel Ortega pourrait remporter un quatrième mandat. Mais sa politique, qu’il présente toujours comme « socialiste » et « anti-impérialiste », a-t-elle encore à voir avec celle des années révolutionnaires ?

Thomas Frank, auteur de l’inoubliable Pourquoi les pauvres votent à droite décrit sans pitié l’opposition Trump (« milliardaire en col bleu ») Clinton (« une madone de vertu ») :

À une semaine d’intervalle, les deux conventions américaines de juillet dernier ont, parfois sans le vouloir, laissé apparaître l’état actuel de la politique aux États-Unis. Côté républicain, un homme sans retenue aucune, dont les cadres du parti se défient. Côté démocrate, une candidate sans autre projet que celui de battre son concurrent en affichant une droiture à laquelle presque aucun électeur ne croit.

Pour Philippe Pataud Célérier , les graffs « enchantent la vulgaire réalité » :

Longtemps vilipendés, les graffs, tags et dessins au pochoir ont conquis leurs lettres de noblesse. En août, des communes de Seine-Saint-Denis, en région parisienne, organisaient même une visite guidée des « plus beaux graffs du 93 ». La reconnaissance a parfois conduit les artistes de rue à abandonner toute velléité de contestation, même si la plupart continuent à rejeter la récupération marchande.

La Russie connaît elle aussi ses primaires (Clémentine Fauconnier) :

On ne compte plus les biographies de M. Vladimir Poutine, mais le système politique russe reste mal connu. Sait-on par exemple que le parti du président a organisé des primaires avant les législatives, prévues le 18 septembre ? En imitant ses homologues occidentaux, Russie unie cherche à convaincre de sa capacité à se renouveler, mais aussi – avec un succès mitigé – à éviter que le vote ne tourne à la foire d’empoigne.

Pour Marie Bénilde , les tuyaux ont avalé les journaux :

D’AT&T aux États-Unis à SFR en France, un mot d’ordre circule comme une traînée de poudre : la convergence entre télécoms et médias. Suivant cette stratégie, les propriétaires de réseaux numériques et téléphoniques rachètent des journaux ou des télévisions en difficulté pour remplir leurs tuyaux. Mais ces opérations cachent souvent des enjeux très terre à terre…

Renaud Lambert & Hélène Richard présentent une nouvelle publication du Monde Diplomatique : “ L’économie comme on ne vous l’a jamais expliquée ” :

Le 8 septembre arrive en kiosques le « Manuel d’économie critique » du Monde diplomatique. En 2014, le premier opus de cette collection était consacré à l’histoire. Il s’agit cette fois d’éclairer les bases et les enjeux d’une discipline de pouvoir, l’économie, dont les principes gouvernent maints aspects de nos vies. Cet ouvrage vise à faire comprendre pour faire agir : la bataille des idées s’ouvre à tous dès lors qu’on s’efforce de conjuguer souci de l’écriture, rigueur du propos, sens des images, pédagogie et recul historique. Telle est la vocation de ce manuel.

Pour Christelle Gérand, Aix-Marseille Universit est un modèle d’université libérale :

Fondées pour dispenser des savoirs et préparer à la recherche, les universités françaises se transforment. Pour se faire une place dans le supermarché mondial de l’enseignement supérieur, les établissements rendus « autonomes » par la réforme de 2007 fusionnent. Les exigences scientifiques et pédagogiques fondamentales se heurtent alors à l’expansion d’une bureaucratie libérale.

Pierre Souchon explique pourquoi le désert médical français ne cesse d’avancer :

Entre 2007 et 2016, le nombre de généralistes en France a diminué de 8,7%. Plus de trois millions de personnes peinent désormais à trouver un médecin traitant. D’abord apparu dans les zones rurales, ce problème touche désormais de petites villes comme Lamballe, une commune bretonne gagnée par le désert médical.

Jean-Michel Déprats, un des tout meilleurs traducteurs français de Shakespeare, expose sa méthode et ses partis-pris. Pourquoi, par exemple, il ne faut pas traduire « I humbly thank you » (Hamlet) par « Je vous remercie humblement » mais par « Humblement je vous remercie » :

Permettre à ceux qui ignorent une langue de profiter des chefs-d’œuvre qu’elle a produits : une mission à la fois essentielle et impossible. Comment restituer l’œuvre de Shakespeare en français, idiome si éloigné de l’anglais élisabéthain ? Un traducteur expose ici quelques-uns de ses partis pris.

Pour Marc Billaud, Julie Henry & Pierre Sujobert, le cancer est certes une métaphore, mais elle est trompeuse :

En 1979, l’écrivaine américaine Susan Sontag appelait à libérer les maladies graves, et en particulier le cancer, de la profusion des images nocives qui leur sont associées. Près de quarante ans plus tard, la pertinence de son propos est intacte. Les discours sur le cancer véhiculent de manière récurrente des métaphores évoquant la guerre, l’asocialité ou la folie. Alors que nous comprenons de mieux en mieux les mécanismes du développement tumoral et que la cancérologie peut prétendre à devenir une médecine de précision, il est indispensable de procéder à une analyse critique de ces représentations. Car elles distordent la conception que le public se forme de cette maladie, altèrent la perception des patients et influent sur les stratégies thérapeutiques et les politiques de santé publique.

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