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Le Grand Soir au cinéma

Prix spécial du jury à Cannes dans la catégorie « Un certain regard », le dernier film de Benoit Delépine et Gustave Kerven met en scène deux frères qui tentent d’importer les révolutions arabes dans une zone commerciale bien française... Délirant, triste et clairvoyant.

Et le prix de la scène la plus triste de l’année est attribué à … Benoit Delépine et Gustave Kerven dans Le Grand Soir : désespéré d’avoir été licencié de son poste de vendeur de matelas, Jean-Pierre (Albert Dupontel), s’asperge d’essence et déclenche l’étincelle avec un allume-gaz, au beau milieu d’un supermarché. Il hurle « JUSTICE ! », son costume s’embrase… dans l’indifférence générale. Personne pour lui venir en aide, ni même pour lui accorder un seul regard. Le système de sécurité anti-incendie se déclenche et douche son immolation sans plus de cérémonie.

Le 5ème film réalisé par le duo Delépine-Kerven fourmille de moments comme celui-là  ; on rit, bien sûr, mais le tableau est si sombre que l’on est jamais loin d’être gagné par la déprime spectaculaire de Jean-Pierre et par l’attitude no future de son frère, « Not » (Benoît Poelvoorde). Les trois lettres de son nom punk tatouées sur le front, Not vit dans la rue avec son chien, un « berger punk » lui aussi, qui répond au nom de 8-6. Unis de manière inattendue dans un même rejet de la société, les frangins saccagent gentiment la zone industrielle où travaillait Jean-Pierre et où leurs parents tiennent le restaurant « La Pataterie ». Leur objectif ? Faire de cet immense « non-lieu » éclairé par les néons des enseignes, où les gens viennent remplir leur caddie sous la surveillance de centaines de caméra, le théâtre d’une authentique révolution, comme dans les pays arabes… L’embrasement, quoique réel, se limitera cependant à l’intimité de leur cercle familial.

Rejetés de toutes parts (« C’est la crise » répète-t-on sans cesse à Jean-Pierre), alcoolisés du matin au soir, les deux rebelles font néanmoins la fierté -un peu tardive, mais tout de même-, de leur mère (Brigitte Fontaine) qui se félicite d’avoir su les rendre libres. Not a en effet définitivement débarrassé son frère du « joug du travail » en lui tatouant le mot « Dead » sur le front. A eux deux, ils livrent désormais leur message au monde : « Not Dead » et marchent droit devant, la crête fièrement dressée sur le crâne.

Quand ils croisent en chemin un homme en passe de se pendre dans sa grange, Jean-Pierre/ « Dead » fait de son mieux pour le dissuader d’accomplir son geste fatal, au prétexte que c’est une solution « simpliste » et qui « manque de panache ». Quand l’homme retire sa tête du noeud coulant, Jean-Pierre remercie son frère d’avoir fait de lui un si fin psychologue : « Je capte mieux les gens, c’est grâce à toi », lui dit-il, ému. Quelques instants plus tard, on verra le corps de l’homme tournoyer dans les airs, pendu à un manège pour enfants.

Il faut imaginer le tout sur une musique de Brigitte Fontaine, l’ « inadaptée » (c’est elle qui le dit), qui chante en duo avec un autre inadapté, Bertrand Cantat, dont les oreilles attentives reconnaîtront aisément la voix. La formule a beau être éculée, dans Le Grand Soir, le rire est plus que jamais la politesse du désespoir.

En salles le 6 juin 2012

Source : http://www.marianne2.fr/Cinema-le-Grand-Soir-ce-n-est-pas-pour-tout-de-suite_a219379.html

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Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

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