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Le gouvernement des Etats-Unis est-il coupable de génocide ?

« Si jamais nous sommes forcés de déterrer la hache de guerre contre une tribu, nous ne l’enterrerons pas jusqu’à ce que cette tribu soit exterminée ou repoussée au-delà du Mississippi. À la guerre, ils tueront certains d’entre nous, nous les anéantirons tous. » Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis, 28 août 1807.

On estime la population amérindienne de l’Amérique du nord à la fin du 15ème siècle, au moment où les premiers Européens posent le pied sur le continent, à plus de 12 millions d’habitants. Durant les deux siècles qui suivirent, plus des trois-quarts de ces populations ont été décimées par les maladies contre lesquelles elles étaient sans défense immunitaire mais aussi par les guerres incessantes qui les opposaient aux colons européens.

Au moment de l’indépendance des EU, en 1776, les colonies européennes implantées principalement à l’Est du continent nord-américain comptent 3 à 4 millions d’individus. Cette présence étrangère repousse les peuples autochtones vers les régions occidentales. Quelques années plus tard, les premiers pionniers traversent le fleuve Mississippi pour entamer le lent processus de conquête de l’Ouest. Commence alors un siècle durant lequel seront signés plus de 400 traités de paix entre les autorités de la jeune Amérique et les représentants des tribus indiennes, traités qui seront tous, sans exception, violés par les premières.

En 1864 a lieu le Massacre de Sand Creek qui est représentatif de l’attitude systématique des colons et des représentants du gouvernement des États-Unis lors d’épisodes similaires dans une volonté globale et consciente d’exterminer les peuples autochtones. Quelques années auparavant, en 1851, avait été signé le traité de Fort Laramie dans lequel les États-Unis reconnaissaient de larges portions du Wyoming, du Colorado, du Nebraska et du Kansas actuels, sur lesquels ils n’avaient d’ailleurs aucun droit, comme la propriété de tribus amérindiennes. Sept ans plus tard, en 1858, de l’or fut découvert au Colorado, déclenchant la ruée vers l’or de Pike’s Peak et la violation du traité de Fort Laramie par un grand nombre de colons européens qui s’installèrent illégalement sur les terres amérindiennes, provoquant de facto des confrontations. En 1861, désireux de préserver la paix malgré tout, les Cheyennes et les Arapahos dépêchèrent une représentation de chefs qui signèrent le traité de Fort Wise cédant aux États-Unis la plus grande partie de leurs terres. Ils se retrouvèrent alors avec moins d’un treizième des territoires que le traité de Fort Laramie leur avait consentis dix ans auparavant.

Parmi les chefs amérindiens qui signèrent ce traité, il y avait Nuée Noire, Antilope Blanche et Ours Maigre.

Trois ans plus tard, en 1864, les troupes du Colorado, sous le commandement du colonel de l’armée des EU John Chivington, commencèrent sans la moindre déclaration de guerre ni sans raison apparente à attaquer et à détruire des campements cheyennes. Le 16 mai 1864, un détachement tomba sur un campement de chasse amérindien dans lequel se trouvaient Nuée Noire et Ours Maigre, signataires du traité de Fort Wise. Ours Maigre qui avait déjà rencontré Lincoln à la Maison Blanche, portait toujours sur lui les documents signés de la main du Président des EU certifiant qu’il était un ami des États-Unis. Il chevaucha vers les soldats pleinement confiant que la rencontre serait pacifique, mais à son approche, ils ouvrirent le feu et l’abattirent. Ils agissaient sous les ordres de Chivington de tuer tous les Cheyennes qu’ils rencontreraient.

« Maudit soit tout homme qui sympathise avec les Indiens ! ... Je suis venu pour tuer des Indiens, et je crois qu’il est juste et honorable d’utiliser tous les moyens sous le ciel de Dieu pour tuer des Indiens. ... Tuez-les et scalpez-les tous, grands et petits ; les lentes font les poux. » Colonel John Milton Chivington

Suite à ces incidents, John Evans, le gouverneur du Colorado envoya une lettre aux différentes tribus pour inviter tous ceux qui désiraient la paix à se présenter à Fort Lyon où ils seraient reconnus pacifiques et placés sous la protection du gouvernement des États-Unis. Nuée Noire mena alors les siens à Fort Lyon où ils furent installés à Sand Creek. Au centre du campement, il orna le sommet de son tipi d’un drapeau américain et d’un drapeau blanc pour signaler à quiconque qu’ils étaient pacifiques et sous la protection du gouvernement des États-Unis. La majorité des gens présents sur le campement étaient des femmes et des enfants, la plupart des guerriers étant partis à la chasse. Par deux fois, ils avaient signé des traités cédant un vaste pan de leur territoire pour préserver la paix, par deux fois les États-Unis ont violé ces traités, envahi leurs terres et tué les leurs. Et finalement, ils se sont rendus à la merci des États-Unis et se sont installés là où on leur a dit de le faire avec l’espoir de vivre en paix et la garantie d’être en sécurité.

Le 29 novembre 1864, le colonel Chivington ordonna à son détachement d’encercler le campement et de faire feu. Les femmes et les enfants se rassemblèrent autour du drapeau américain surplombant le tipi de leur chef. Antilope Blanche fut abattu alors qu’il s’approchait des troupes en leur criant de cesser le feu. Plus tard, son corps fut mutilé, il fut scalpé, son nez, ses oreilles et ses organes génitaux furent tranchés. Les soldats entrèrent dans le campement armés de fusils et de sabres et massacrèrent tous ceux qu’ils purent. Les témoignages parlent d’enfants scalpés aux crânes défoncés, de femmes enceintes éventrées, d’enfants utilisés comme cibles d’entraînement par les soldats, de corps mutilés... Nuée Noire parvint à s’échapper du campement et continua tant bien que mal à se consacrer à l’obtention d’une paix durable, jusqu’en 1868 où il fut abattu dans le dos par des soldats alors qu’il traversait une rivière.

Chivington, qui avait orchestré ce massacre, n’a jamais été poursuivi.

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Le gouvernement des États-Unis n’a jamais reconnu le caractère génocidaire de ces actes. Au contraire, l’historiographie officielle américaine qui exclut le terme génocide tend à minimiser la nature des massacres en les qualifiant d’actes de guerre commis dans un contexte de guerre en réponse à d’autres actes de guerre, en faisant des parallèles historique pour le moins hasardeux entre guerres amérindiennes et guerres contre les Nazis, en niant l’échelle des forces en présence qui même si elles avaient été équivalentes ne gommeraient pas la réalité : les Amérindiens défendaient leur terre contre un envahisseur.

Les États-Unis sont-ils coupables de génocide envers les peuples autochtones amérindiens ?

« Si jamais nous sommes forcés de déterrer la hache de guerre contre une tribu, nous ne l’enterrerons pas jusqu’à ce que cette tribu soit exterminée ou repoussée au-delà du Mississippi. À la guerre, ils tueront certains d’entre nous, nous les anéantiront tous. » Thomas Jefferson, troisième président des États-Unis, 28 août 1807.

Dans la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, les Nations-Unis définissent le génocide par l’intention de détruire, tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux en commettant conjointement ou non les actes suivants :

• tuer des membres de ce groupe
• attenter gravement à l’intégrité physique ou mentale de membres de ce groupe
• soumettre intentionnellement ce groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle
• prendre des mesures visant à entraver les naissances au sein de ce groupe, transférer contre leur gré des enfants de ce groupe à un autre groupe.

Le gouvernement des États-Unis a fait de nombreuses tentatives pour inoculer la variole aux populations autochtones. En témoignent ces extraits d’échanges épistolaires entre deux officiers de l’armée des États-Unis.

Général Jeffery Amherst, 8 juillet 1763 : « Ne pourrait-on pas faire en sorte d’envoyer la variole parmi ces tribus d’Indiens mécontents ? Nous devons, à cette occasion, utiliser tous les stratagèmes en notre pouvoir pour les réduire. »

Colonel Henry Bouquet, 13 juillet 1763 : « J’essaierai de contaminer les Indiens au moyen de couvertures qui peuvent tomber entre leurs mains, en veillant toutefois à ne pas contracter moi-même la maladie. »

Général Jeffery Amherst, 16 juillet 1763 : « Vous ferez bien d’essayer de contaminer les Indiens au moyen de couvertures, ainsi que d’essayer toute autre méthode qui peut servir à extirper cette race exécrable. »

Colonel Henry Bouquet, 19 juillet 1763 : « Vos instructions seront respectées. »

En outre, s’il est indéniable que les maladies se sont aussi répandues chez les populations natives par un contact pacifique ou d’une autre manière accidentelle, il n’empêche qu’elles ont conduit à des situations de famines, les malades ne pouvant chasser car affaiblis, et que la malnutrition ajoutée à des conditions de vie rendues misérables ou à des déplacements forcés ont favorisé leur propagation et aggravé leur impact.

Dans les années 60 et 70, les services de santé américains stérilisèrent des milliers de femmes amérindiennes sans leur accord et même sans qu’elles le sachent.

Au Canada comme aux États-Unis, des milliers d’enfants amérindiens furent forcés d’intégrer des pensionnats religieux dans le but avoué de « tuer l’Indien pour sauver l’homme ». Ces écoles, notoirement dures et brutales, étaient situées loin des réserves pour que les enfants aient le moins de contacts possibles avec leurs familles et leur culture. Les enfants étaient contraints de parler une autre langue et la pratique d’activités propres aux Amérindiens était interdite, les châtiments corporels employés pour inculquer ces règles. Ces écoles, dont l’objectif était l’éradication de la culture amérindienne et son remplacement par la culture dominante, fonctionnaient encore dans les années 80.

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Le nom de ces peuples, Apache, Cherokee, Navajo, Sioux... servent aujourd’hui à baptiser des machines de guerre, des 4x4 ou autres véhicules de luxe.

Thanksgiving, la fête célébrée en novembre, serait elle aussi liée à un massacre d’Amérindiens par des colons européens au XVIIe siècle qui, après les avoir invités à un festin pour les remercier de leur aide et de leur accueil, les ont ensuite massacrés et remercié Dieu de leur avoir permis "d’éliminer les sauvages" .

La politique de l’État d’Israël vis-à-vis du peuple palestinien appuyée par les États-Unis est étrangement similaire à celle menée contre les peuples amérindiens de 1776 à aujourd’hui. Tsahal vient juste de rendre plus simple (c’est-à-dire sans conséquences) les tirs contre des civils palestiniens : ils pourront désormais abattre des lanceurs de pierres ou de cocktails molotov... au moins ont-ils l’autorisation maintenant.

En 1900, il reste moins de 250 000 Amérindiens aux États-Unis, tous forcés de vivre dans des réserves dans une pauvreté dont ils ne sortiront jamais et en se mettant à consommer massivement alcool et drogue dans l’espoir de fuir leur honte et leur malheur.

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