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le journal du jeudi

Le gombo des députés

Adam Igor

Le débat fait rage au sein de l’opinion publique et il n’est pas prêt de s’estomper. En effet, ce n’est pas demain la veille que les critiques portées sur les députés et surtout sur leurs émoluments vont s’arrêter. Les Burkinabè, qui étaient braqués à tort ou à raison sur leurs élus, ont une occasion en or pour en découdre.

Depuis que le chef du Parlement a annoncé officiellement que chaque élu coûte mensuellement aux contribuables la somme de 714 000 F, la presse, tant écrite qu’audiovisuelle, a fait du sujet ses "unes" successives.

Interrogés, les citoyens eux-mêmes ont marqué leur étonnement devant un tel traitement alors que le pays est à la queue du classement établi par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Les critiques faites sur les montants des émoluments sont fondées, mais on se doit de reconnaître aux députés leur volonté de transparence en indiquant à leur peuple ce qu’ils encaissent chaque mois.
Cette démarche aurait porté tous ses fruits si les députés eux-mêmes ne s’étaient pas lancés dans des explications qui ne peuvent en aucun cas justifier l’octroi des 714 000 mensuels à chaque député.

La grande majorité de mes honorables ont expliqué le montant de leur traitement par une sorte d’obligation qu’ils ont à acquérir des véhicules tout-terrain flambant neufs. Cela, semble-t-il, pour être en contact permanent avec le peuple à la base.

Une telle justification a fait sourire plus d’un Burkinabè, et pour cause ! Ils sont nombreux les citoyens de ce pays à être au milieu des leurs, pratiquement toutes les fins de semaine, sans pour autant disposer de tout-terrain a fortiori tout neuf. Les Burkinabè se contentent de leur "au revoir l’Europe". Mieux, ceux qui possèdent ces moyens de déplacement se considèrent déjà comme des privilégiés. C’est dire qu’à l’aide des véhicules de seconde main on peut être en contact permanent avec son électorat, pourvu qu’on en ait la volonté.

Les Burkinabè se rappellent que ce n’est pas toujours pour la bonne cause que ces luxueux moyens de déplacement sont acquis. Sous la précédente législature, un des honorables élus n’avait pas trouvé mieux que de mettre sa Prado en location. Il faisait ainsi la preuve que l’acquisition de ce tout-terrain ne répondait pas à une nécessité absolue de fonction. Certes, ce cas isolé ne peut pas être généralisé à tous les députés, mais il est cependant un indicateur sur le sérieux de l’argumentaire de certains d’entre eux.

On peut même leur concéder l’obligation du contact avec la base sans pour autant les suivre dans leur logique. Dans un pays sans ressources, le peuple est en droit d’attendre de ses dirigeants qu’ils lui indiquent la voie à suivre pour sortir de la misère. Dans ce sens, l’acquisition de véhicules utilitaires comme les "bâchées" aurait eu le double avantage de permettre aux élus de l’hémicycle d’être sur le terrain tout en pompant moins les finances publiques.

Tout cela démontre que les députés auraient été mieux compris s’ils étaient allés au bout de leur logique sans chercher de faux fuyants. Il aurait fallu simplement expliquer que cette indemnité a été fixée en fonction du prestige du mandat. Nul n’ignore, en effet, que le député, représentant le peuple, doit disposer d’un certain confort de vie censé lui permettre de se consacrer exclusivement à sa mission constitutionnelle. Cela aurait eu l’avantage de donner plus de contenu à la transparence dont il est question dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Le vin étant tiré, il faut le boire ; les députés doivent travailler à mériter de leur peuple. Les cinq ans de législature doivent être un champ de bataille où ils oeuvreront à se rendre incontournables dans tout processus de démocratisation et d’instauration de la bonne gouvernance au Faso.

Article paru dans le journal Burkinabe : le journal du jeudi

Le Journal du Jeudi (JJ) est un "hebdromadaire" satirique indépendant, créé au Burkina Faso en août 1991. Il traite de l’actualité politique, sociale et économique, nationale et internationale. Il est financé principalement par ses ventes et, dans une moindre mesure, par la publicité.
Son fondateur est Boubakar Diallo. D’une équipe de trois personnes à la création, le personnel du JJ est passé aujourd’hui à quinze personnes : six permanents (trois de la rédaction dont le directeur fondateur et trois administratifs), six collaborateurs extérieurs permanents et trois dessinateurs (un Franco-Burkinabè, un Camerounais et un Tchadien).
Le Journal du Jeudi veut informer. Sa périodicité lui laisse le recul nécessaire pour faire des analyses en profondeur. Dans la limite de ses moyens, il essaye aussi de développer un journalisme d’investigation. De plus, son caractère satirique lui confère une souplesse de ton dans le traitement et lui donne l’occasion d’intégrer l’humour dans un environnement médiatique trop souvent austère.
JJ tente finalement, à travers l’information et la sensibilisation, de consolider la culture démocratique au Burkina, en décrispant, au passage, la vie publique nationale.


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