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Le carton rouge du peuple turc

Depuis que « le projet néo-ottoman » du Parti pour la justice et le développement [AKP] mené par Recep Erdogan est devenu évident, coïncidant avec l’incapacité des États-Unis et d’Israël à mener ouvertement leurs guerres pour briser la Syrie en tant que maillon central de l’Axe de la Résistance englobant l’Iran, le Liban et la Palestine, le Moyen-Orient est entré dans la tourmente d’un violent séisme à répétition.

La Turquie, forte de ses cent millions d’habitants, de son économie florissante et de sa puissante armée intégrée dans l’OTAN, a pensé pouvoir dévorer la Syrie, étape indispensable pour concrétiser ses propres ambitions en Egypte et en Tunisie, [par l’intermédiaire des Frères Musulmans censés prendre le pouvoir et s’y maintenir, avec l’accord des USA ; NdT].

En effet, bien que les médias et les services du renseignement saoudiens et qataris se soient dépensés sans compter et que leur argent ait coulé à flots, seule la Turquie pouvait offrir sa frontière à la guerre quasi-universelle « non déclarée » contre la Syrie.

Seule la Turquie pouvait absorber des milliers de combattants venus des quatre coins de la terre, les organiser, les entraîner, les entretenir grâce au financement des Saoudiens et des Qataris, et leur fournir l’armement consenti par la France ou acheminé à partir de la Libye...

La Turquie a donc pris la direction des opérations terroristes contre la Syrie, poussant ses provocations, autant verbales que territoriales, à un niveau qui aurait suffi à déclencher la guerre entre les deux pays. Mais cette guerre n’a pas eu lieu.

Ce qui a suscité l’incompréhension de nombre de Syriens patriotes et d’observateurs partant du principe que seule une réponse offensive pouvait modifier les équations sur le terrain et dissuader la Turquie de poursuivre sa guerre d’usure en territoire syrien.

C’était sans compter sur l’approche stratégique de la Syrie considérant que les provocations d’Erdogan visaient à l’entraîner dans une démarche guerrière qui rendrait une intervention turque acceptable aux yeux du peuple turc selon une logique défensive et de solidarité nationale. Persuadée que viendra le temps où ce peuple mettra un frein aux ambitions personnelles d’Erdogan, la Syrie a opté pour la retenue et la résistance.

Stratégie payante, car la défaite retentissante d’Erdogan et de son parti ne réside pas tant dans la perte de leur majorité absolue aux élections législatives, ce 7 juin, que dans la perte de leur prestige et de leur domination ; ce qui encouragera les différentes forces et institutions judiciaires, militaires ou autres, à se désolidariser d’Erdogan et à le laisser porter, seul, les conséquences de ses actes.

Un vote crucial et fatidique qui a tourné la page de la Confrérie [des Frères Musulmans] dans la région, et dont les innombrables implications se manifesteront dans un proche avenir. Une victoire de « l’opposition turque » à Erdogan, et à son parti, dont on peut dire, sans exagérer, que la résistance de la Syrie, de son Armée et de son Président, en est le principal partenaire. Tout comme cette résistance avait accéléré la chute du « Frère Morsi » par décision du peuple égyptien et avait minimisé le rôle du Qatar, dont le puissant émir fut immolé sur l’autel saoudien, car incapable de tenir ses promesses au maître US.

Ce qui a obligé l’Arabie saoudite et Israël à jeter leurs masques et à peser de tout leur poids pour soutenir ouvertement Al-Qaïda quel que soit le nom qu’elle se donne [EIIL, EI, Daech, Al-Nosra, Jaïch al-Fateh…] dans la guerre contre la Syrie.

Mais voici, qu’à son tour, l’Arabie saoudite essuie une défaite cinglante au Yémen et se trouve contrainte à accepter une « solution politique » qui n’a plus rien à voir avec ses exigences premières. Et voici que son allié israélien paralysé, car incapable d’assumer le prix d’une guerre ouverte contre le Hezbollah et l’Armée syrienne, se rabat sur un vieux plan de partition suite à leurs victoires contre Al-Nosra dans les montagnes du Qalamoun.

[Un plan qui consiste en la création d’un État druze sous prétexte de protéger les Druzes de Soueïda, dans le sud de la Syrie, d’un massacre identique à celui commis par ses protégés d’Al-Nosra contre les Druzes de Idleb [*], trois jours après le carton rouge du peuple turc. Mais c’est une autre histoire… À suivre... NdT]

Nasser Kandil

12/06/2015

Source : Al-Binaa

http://www.al-binaa.com/?article=49371

Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal

Note :

[*] Massacre dans un village druze : Wahhab demande à Assad d’armer les Druzes

http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=241613&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=23&s1=1

Monsieur Nasser Kandil est libanais, ancien député, Directeur de TopNews-nasser-kandil, et Rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Binaa.

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Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

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