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La vie est un loyer, version 2.00

Quand ma mère mourut, son souhait fut de brûler son corps. Quand l’ami Daniel mourut, son souhait avait été de brûler son corps et de le répandre dans le Fleuve Saint-Laurent.

Je crois qu’il est défendu de jeter des cendres dans le Fleuve Saint-Laurent. Alors, il faut le faire en cachette, la nuit, ou tôt le matin pour ne pas avoir une amende d’un agent de la faune… Ou autre…

Cendres.

Il y a des soirs d’été où je regarde l’Univers, ses étoiles, et je me dis que c’est peut-être Dieu qui a choisi d’être incinéré.

Alors nous vivons sur une poussière de Dieu.

LA «  COMPRÉHENSION ».

C’est bien étonnant… Parce que la compréhension, la réelle, entre les êtres humains, est probablement la plus pauvre de cet Univers. Le vers de terre n’envie pas le papillon qui vole. La Tortue est une formule I pour un quelconque insecte… Mais il n’y a pas de concurrence entre la Tortue et la lenteur d’un escargot.

En fait, on dirait que la «  compréhension » de l’autre, se heurte à un mur : orgueil ? Je ne sais… Il doit y avoir une énergie Ying et Yang dans cette perception. A la fois devenir unique, développer cette unicité, ou alors devenir soldat d’une cause à laquelle se rallie tout le monde et qui fait que nos sociétés n’évoluent pas.

Le 20e siècle aura été celui de la mécanique.

Mécanique également, parce que la propagande, les écoles, n’encouragent pas ni ne développent réellement la «  différence constructrice ». La créative…

Non !

La propagande est un hypnotiseur qui fait son show et dans lequel nous sommes les grands endormis.

J’aime bien l’illusion du temps…

A 16 ans, on a l’éternité devant soi. A 60, on a l’éternité devant soi…

C’est étonnant !

Bien que le corps ne soit pas une éternité, il n’est qu’un loyer… On loue notre séjour pour une période donnée, inconnue, pour ensuite rejoindre la grande machine de la Vie.

Dans une certaine perspective, la feuille, le papillon, l’humain, le colibri, on dirait que plus c’est beau, moins ça dure. Plus ça bouge, moins ça dure. Le coeur du tamia rayé bat à une vitesse telle qu’elle écourte sa vie.

Mais il ne s’en bouche pas les artères. Il court, il mange, il vole, et il est porteur de maladies.

Ce qui dure ?

La pierre…

Encore une illusion… Puisque nous n’avons pas de réelle référence…

Il faudrait de millénaires d’humains pour voir les pierres se modifier, changer de forme, fondre, et finir dans un sable incompréhensible.

INTERMàˆDE A

J’étais en voyage en Gaspésie. Dans un vieux Volks payé 500$. Je couchais sur les quais et je mangeais quand j’avais faim. Ce qui me reste de ce voyage, c’est la morue fraîche, pêchée le jour et mangée le soir sur le bord de la rive avec des gens que je ne connaissais pas vraiment mais qui étaient sympathiques et drôles.

Quand j’ai vu qu’il ne me restait que 10$, je suis retourné à la maison tout de go. Hélas ! j’avais perdu mon 10$ pour l’essence.

Mais le type de la station accepta un chèque. Ce qu’on ne fait pas aujourd’hui. Il aurait sans doute téléphoné à la police…

Je ne voudrais pas être jugé… Je n’ai jamais eu d’ambition d’avoir, de monétaire, de châteaux, de voitures luxueuse, etc. Bref, tout ce que veut le VULGAIRE…

INTERMàˆDE B

Le vulgaire !

Le vulgaire veut tout, mais en raffinements… Les châteaux, les voitures, les voyages, les bijoux.

C’est un raffiné que tout le monde admire.

Le VULGAIRE considère que le pauvre est vulgaire : il rote, il fait des blagues salées, et il se déplace en voiture rouillée.

Bref !, il n’a pas réussi…

Mais le VULGAIRE, lui, pour son raffinement, ne se gêne pas pour investir et faire profiter son argent par la corruption, la bourse, le copinage et la haine pour la «  différence » qu’il ne comprend nullement. Il est nul en compréhension… Il fait de sa vie un tas d’or.

Une roche.

Une chose morte. Comme pour s’accaparer d’une certaine éternité. Le château, l’or… Peu importe leur provenance. Même si le moyen tue 300 humains sur des bases trafiquées de maintenir la société dans une pseudo-démocratie.

Il vomira sur le paresseux et la misère humaine…

Il trouve son éternité dans le ramassage de richesses et dans la tuerie lointaine. Les enfants, quand on ferme les yeux, tout disparaît…

 

Entre le papillon et la pierre…

Je ne prétends pas connaître le sens de la Vie. Toutefois, si nous ne sommes que des passants sur cette Terre, athées ou pas, il reste un devoir fondamental : faire en sorte que ce loyer soit viable et «  vivable ».

Le pauvre est la matière première du riche. Je me répète. Mais le riche a tendance à «  arranger » la vision d’une autre sorte de pauvreté.

Il vous donnera du «  savoir » comme les riches d’autrefois faisaient leur «  Boxing Day ».

On donne ce qui ne nous sert plus.

***

A voir s’éteindre les autres, transformés en poussière, et regarder l’Histoire de cette petite planète, j’ai eu comme un frisson ;

La vie est un loyer…

Nul besoin d’être un grand penseur. C’est si évident…

Dans notre culture cartésienne, «  analystique », les humains se défeuillant du plus beau cadeau pour l’âme, on a réduit en poussière notre pouvoir d’intuition.

L’Occidental peut enfermer la grandeur de son intuition dans un contenant équivalent d’un dé à coudre.

Il s’enterre chaque jour. Et il s’autopoussière…

Oui, on peut choisir la richesse, oui, on peut choisir une certaine pauvreté, mais on ne peut pas choisir d’être un tueur indifférent.

La poésie

Elle sert à ça…

A enfermer en quelques lignes des montagnes d’articles, de billets, d’analyses. Elle n’est pas une approche «  parfaite », englobant le TOUT de la Vie. Mais elle respecte bien des règles que trop, ici-bas ne respectent pas.

Analyses ou poésie… Rien de ces deux manières de comprendre un peu notre univers n’a tué personne.

On parle d’humanisme en ayant dans nos vues l’humain. Mais l’humain, l’être-roseau-pensant, est le seul qui a le pouvoir de changer un peu ce qu’il a détruit.

Ne comptez pas sur le tamia rayé pour changer le monde…

Le grand désastre est le suivant : si tout dans la nature s’adapte et s’équilibre, l’être humain - du moins ceux qui ont le pouvoir de faire - ne s’adapte pas, et se livre à une mission de déséquilibre.

Nous voilà nourris par un amas de cendres…

Icare est un papillon néolibéral de ce siècle…

***

Gaëtan PELLETIER

La Vidure

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