Les représentants de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) continuent à faire pression sur le gouvernement hellénique afin qu’il respecte les engagements qu’il avait pris de supprimer quelque 25.000 postes du secteur public d’ici la fin de l’année. En effet, les milieux financiers européens ont promis une nouvelle « aide » de 130 milliards d’euros à la Grèce et l’allègement de sa dette en échange du licenciement de fonctionnaires en deux vagues successives : 12.500 d’ici juin et 12.500 autres d’ici la fin de l’année. En tout, c’est un total de 150.000 fonctionnaires qui devraient avoir été licenciés d’ici 2015. Mais aucun des trois partis de la coalition gouvernementale (Nouvelle Démocratie du Premier ministre Antónis Samarás, le PASOK du socialiste Evángelos Venizélos et la Gauche démocrate de Fótis Kouvélis) ne veut prendre la responsabilité de se montrer trop conciliant vis-à -vis des exigences de la troïka, de peur d’avoir à en pâtir lors des prochaines échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement tente d’un côté de trouver la solution pour liquider ces emplois publics sans en avoir l’air et de l’autre, les représentants de ces mêmes partis répètent à l’envi, comme l’a fait récemment le Premier ministre grec, que le peuple grec n’est plus en mesure de supporter d’autres sacrifices. Pourtant, les milieux financiers ne s’arrêtent pas au saccage des services publics : ils exigent aussi une réduction de 22 % du salaire minimum dans le privé, la diminution des épargnes retraite de 15 % et la réduction des indemnités de licenciement à trois mois de salaires contre six actuellement. Mais les organismes qui fournissent les prêts à la Grèce ne s’arrêtent pas là : ils lui enjoignent également d’annuler les emplois à durée indéterminée dans les entreprises publiques. Difficile dans ces conditions de porter crédit aux annonces faites par les partis de la coalition au pouvoir.
Pendant ce temps, des mouvements sociaux éclatent à travers tout le pays. Tous les musées et les sites archéologiques de la Grèce - l’Acropole incluse - sont restés fermés vendredi. Les employés du ministère de la culture étaient en grève en signe de protestation contre la grève de salaires et les licenciements.
La veille, c’était au tour des étudiants de descendre dans la rue contre Athina, un plan gouvernemental qui vise à restructurer profondément les universités en fusionnant ou en fermant purement et simplement plusieurs départements universitaires. Le plan, dont le but est de ramener à 384 le nombre de facultés (contre 534 aujourd’hui), prévoit aussi de réduire de 4 % le nombre d’étudiants admis dans l’enseignement supérieur l’an prochain. Appliqué à une population qui n’a jamais été autant exposée au chômage - avec 55,6 % des moins de 25 ans au chômage - il attise les craintes sur l’avenir de ce que la presse grecque a appelé la génération perdue, souvent condamnée à l’exil à l’étranger. Un projet de fusion de vingt-huit facultés a été reporté en 2018 de façon que les étudiants déjà inscrits puissent terminer leurs études sans avoir à être transférés dans un autre établissement. Mais pour accélérer la manoeuvre et être certain de son issue, le plan Athina a été présenté au Parlement sous la forme d’un décret présidentiel. Comme l’a écrit Corinne Gobin du groupe de recherche sur les acteurs internationaux (GRAI), « en acceptant cette obligation d’obéir à une technocratie transnationale qui bafoue les droits les plus élémentaires des peuples, nos gouvernants ne sont-ils pas en train de s’engager vers une situation de haute trahison envers leur population ? ». La réponse coule de source.
Capitaine Martin
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