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La transcription du tribunal de tout ce que Bradley Manning a dit à Adrian Lamo est à vous briser le coeur…

Plus tôt dans la semaine, Adrian Lamo a pris la barre pour témoigner au procès en cour martiale de Bradley Manning. Lamo, bien sûr, est l’ex-hacker en mal d’attention qui avait balancé Manning aux Feds. Dans une narration largement répétée des événements qui avaient précédé, Manning avait spontanément cherché le contact avec Lamo, peut-être après avoir lu un article de Wired relatant le combat du hacker contre la dépression.

Si le témoignage de Lamo et les logs des conversations qu’ils ont eues en ligne doivent être crus, alors Manning s’était confié non seulement sur les détails des câbles qu’il a transférés à WikiLeaks mais également sur sa vie personnelle troublée. Lamo persuada Manning qu’il garderait leurs conversations privées, et lui affirma même être un "journaliste" et qu’il pourrait protéger son identité en tant que source dans le déroulement des événements.

Mais Lamo avait le projet d’agir en tant qu’indicateur tout du long, et livra promptement toute leurs correspondances aux Feds. Ils ne s’étaient jamais rencontrés en personne et, mardi, se virent face à face pour la première fois.

Grâce à une sténographe activiste financée par le public, nous en avons la transcription. Et c’est à vous briser le cœur. L’avocat de Manning Me David Coombs saisit l’opportunité pour relater tout le contenu de leurs chats en ligne, martelant combien Manning avait été naïf, fragile, et mû par de nobles intentions à l’époque. Si vous avez déjà lu les conversations sévèrement éditées entre les deux publiées par Wired, vous avez peut-être une petite notion de ce à quoi vous attendre. Mais pas entièrement.

C’est un portrait aussi pur du caractère de Manning à cette époque que vous en trouverez jamais – et Lamo n’a pas d’autre choix que de concéder qu’il est exact. Le moment dramatique vient à la fin, quand Lamo lui-même, l’indic, acquiesce que Manning n’a témoigné aucune intention de venir en aide à l’ennemi, et croyait en fait qu’il agissait dans l’intérêt du public.

Ce qui suit est une transcription du contre-interrogatoire de Lamo, légèrement édité pour la clarté des propos, et telle qu’enregistrée par les gens diligents et aux doigts rapides de la Free Press Foundation (aucun appareil d’enregistrement audio ou vidéo n’est permis dans le procès). Elle vaut le coup d’être lue dans sa totalité.

David Coombs [Q] : … après avoir contacté les forces de l’ordre vous avez continué à discuter avec le soldat Manning ?

Adrian Lamo [R] : C’est exact.

Q : Et sur la base de vos conversations vous avez déterminé que le soldat Manning était jeune ?

R : Oui.

Q : Et vous pensiez qu’il était motivé idéologiquement ?

R : C’était ma spéculation, oui.

Q : Vous le voyiez aussi comme bien intentionné ?

R : De son point de vue, oui.

Q : De votre point de vue, le voyiez-vous comme bien intentionné ?

R : Subjectivement, oui.

Q : Et vous le voyiez comme un idéaliste ?

R : Oui, en effet.

Q : Maintenant vous avez directement témoigné que le soldat Manning s’était identifié dans les conversations en ligne.

R : Exact.

Q : Et vous avez témoigné directement qu’il disait être Bradley Manning ?

R : Oui.

Q : Maintenant a-t-il dit pendant votre conversation qu’il voulait dévoiler cette information pour le bien du public ?

R : C’était une interprétation, oui.

Q : Sur la base de votre conversation vous avez vu quelque chose de très familier là-dedans ?

R : Oui.

Q : Vous avez vu un jeune de 22 ans avec de bonnes intentions, tout comme vous l’étiez ?

R : C’était exact.

Q : Vous ne connaissiez pas le soldat Manning, exact ?

R : Pas personnellement, non.

Q : Vous ne vous êtes jamais rencontrés en personne tous les deux ?

R : Non.

Q : Et, en fait, vous étiez un supporter des droits LGBT, exact ?

R : Oui.

Q : Il vous a dit, qu’il avait pensé se confier à quelqu’un comme vous qui pourrait peut-être comprendre ?

R : Oui.

Q : Pendant cette conversation initiale il vous a parlé de sa vie et de son enfance ?

R : Dans un certain détail, oui.

Q : Il vous a dit qu’il avait des soucis sur un problème d’identité de genre ?

R : Oui.

Q : Il vous également dit qu’il se posait des questions sur l’identité de son genre sexué depuis des années, mais avait commencé à gérer cette histoire de genre pendant son déploiement ?

R : Oui.

Q : Il vous a dit qu’il pensait avoir fait un grand désordre de lui-même ?

R : Oui, il l’a dit.

Q : Et il a confessé qu’il était émotionnellement fracturé ?

R : Oui.

Q : Il a dit qu’il vous parlait comme quelqu’un qui a besoin de soutien moral et émotionnel ?

R : Oui.

Q : Et à ce moment-là, il vous a dit qu’il essayait de ne pas en venir à mettre fin à ses jours ?

R : C’est également exact.

Q : Il vous a dit qu’il se sentait désespéré et isolé ?

R : Oui.

Q : Il s’est décrit comme une âme brisée ?

R : Oui, il l’a fait.

Q : Il a dit que sa vie partait en morceaux et qu’il n’avait personne à qui parler ?

R : Oui, en effet.

Q : Et il a dit qu’il avait honnêtement peur ?

R : Il a aussi dit cela.

Q : Il vous a dit qu’il n’avait personne en qui avoir confiance ?

R : Exact.

Q : Et il vous a dit qu’il avait besoin de beaucoup d’aide ?

R : Oui, en effet.

Q : Il a fini par vous demander de l’excuser à plusieurs reprises pour avoir épanché son cœur avec vous alors que vous étiez de parfaits étrangers ?

R : Correct.

Q : Maintenant, à un moment donné il vous a demandé si vous aviez accès à des réseaux confidentiels et tout cela, des choses incroyables des choses terribles, des choses qui appartenaient au domaine public, pas à quelque salle sombre de serveurs à Washington, D.C. Que ferais-tu ? Vous souvenez-vous lui avoir posé cette question ?

R : Oui, je m’en souviens.

Q : Il vous a dit qu’il pensait que les informations dont il disposait auraient un impact sur le monde entier ?

R : C’est également exact.

Q : Il a dit que les informations dévoileraient les nombres de victimes en Irak ?

R : Oui.

Q : Il croyait que le State Department et les pays du monde industrialisé exploitaient les autres pays ?

R : Il a fait cette représentation, oui.

Q : Et il vous a dit que les câbles détaillaient ce qui étaient en fait des activités politiques criminelles ?

R : Sans aucun doute.

Q : Il vous a dit qu’il croyait qu’il était important que les informations sortent au grand jour ?

R : Exact.

Q : Il pensait que si l’information sortait, elle pourrait véritablement y changer quelque chose ?

R : Oui.

Q : Il vous a dit qu’il ne croyait plus aux histoires de gentils contre les méchants ?

R : Oui.

Q : Il ne croyait plus qu’en une pléthore d’états agissant dans leurs propres intérêts ?

R : Exact.

Q : Il vous a dit qu’il avait toujours été le genre de personne à essayer de creuser pour connaître la vérité ?

R : Une chose à laquelle je pouvais m’identifier, oui.

Q : Et qu’en fonction de ce qu’il avait vu, il ne pouvait pas garder cette information pour lui ?

R : Oui.

Q : Il a dit qu’il ne pouvait pas se séparer des autres ?

R : Exact.

Q : Il se sentait relié à tout le monde ?

R : Oui.

Q : Vous a même dit que c’était comme si nous étions tous de la même famille, mais éloignés ?

R : Je suis d’accord.

Q : Et il a dit qu’il avait un cœur, et qu’il souffrait ?

R : Oui.

Q : Il vous a dit qu’il pensait garder la trace – garder la trace des personnes que son travail affectait ?

R : Exact.

Q : Et il voulait être sûr que tout le monde allait bien ?

R : Oui.

Q : Et il vous a dit que ce qui le distinguait des autres analystes, c’était qu’il se souciait des gens ?

R : Il a dit cela, oui.

Q : Le soldat Manning vous a dit qu’il cultivait des valeurs humanistes ?

R : Oui, il l’a fait.

Q : Il vous a dit qu’il avait des médailles d’identification estampillées "humaniste" ?

R : Oui.

Q : Savez-vous ce que cela veut dire que d’être humaniste ?

R : De ce que j’en comprends l’importance de la vie humaine et des êtres humains et avoir une structure de moralité.

Q : Il vous a dit qu’il était troublé que personne ne semble avoir de sentiments ?

R : Oui, en effet.

Q : Il vous a dit qu’il pensait que l’apathie était bien pire que la participation active ?

R : Oui.

Q : Il vous a aussi dit qu’il était peut-être trop traumatisé pour vraiment se soucier des conséquences pour lui-même ?

R : Oui.

Q : Il vous a dit qu’il n’était pas courageux. Qu’il était faible ?

R : Oui.

Q : Il vous a dit qu’il n’avait pas tant peur de se faire attraper et de faire face aux conséquences que de ne pas être compris ?

R : Oui.

Q : À un certain point, vous lui avez demandé quel était son objectif final, n’est-ce pas ?

R : Oui, c’est ce que j’ai fait.

Q : Et il vous a dit, avec un peu de chance des discussions à travers le monde, des débats et des réformes ?

R : Oui, en effet.

Q : Et il a dit qu’il voulait que les gens voient la vérité ?

R : Exact.

Q : Il a dit que sans informations vous ne pouvez pas prendre de décision avertie dans l’ensemble ?

R : Oui, en effet.

Q : Et il vous a également dit qu’il espérait que les gens changeraient pour de bon s’ils voyaient l’information ?

R : Exact.

Q : Il vous a aussi dit qu’il reconnaissait qu’il était peut-être simplement jeune, naïf et stupide ?

R : Oui.

Et à un moment donné vous lui avez demandé pourquoi ne vendait-il pas tout simplement les informations aux Russes ou aux Chinois ?

R : Exact.

Q : Et il vous a répondu que l’information appartenait au domaine public ?

R : Oui, c’est ce qu’il a dit.

Q : Il croyait que l’information appartenait au domaine public et devrait contribuer au bien commun ?

R : Oui.

Q : À un certain point il vous a dit que ses ambitions ou sentiments étaient qu’il voudrait éventuellement entrer en politique ?

R : Oui.

Q : Et qu’à l’époque il pensait que l’humanité pouvait accomplir beaucoup, si des personnes intelligentes avec des idées coopéraient entre elles ?

R : Exact.

Q : Vous a-t-il dit à n’importe quel instant qu’il n’avait pas de loyauté envers les USA ?

R : Pas en ces termes, non.

Q : A-t-il dit, à un quelconque moment, que le drapeau des USA ne voulait rien dire pour lui ?

R : Non.

Q : A-t-il dit, à un quelconque instant, qu’il voulait venir en aide à l’ennemi ?

R : Pas en ces termes, non.

Brian Merchant

Traduction : Will Summer

Source : http://motherboard.vice.com/blog/the-court-transcript-of-everything-bradley-manning-told-adrian-lamo-is-heartbreaking#ixzz2VV8Coo34

»» http://blogs.mediapart.fr/blog/will...
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Le plus troublant pour moi était la soif de meurtre témoignée par les membres de l’US Air Force. Ils déshumanisaient les personnes qu’ils abattaient et dont la vie ne semblait avoir aucune valeur. Ils les appelaient "dead bastards" et se félicitaient pour leur habilité à les tuer en masse.

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