Le Monde Diplomatique, 3 février 2007.
Le nouveau gouvernement thaïlandais n’est décidemment pas libéral. « Après un bref flirt avec le contrôle des capitaux à la fin de l’année dernière, éditorialise le Financial Times, le gouvernement d’origine militaire de Thaïlande vient de frapper de nouveau les investisseurs internationaux en menaçant de déchirer les brevets sur les médicaments des compagnies pharmaceutiques (1). »
De fait, le 30 janvier, le ministre de la santé, M. Mongkol na Songkla, a signé le décret qui lui permet de prendre des licences obligatoires sur le Kaletra (un traitement anti-VIH) du laboratoire américain Abbot et le Plavix, un anticoagulant du laboratoire français Sanofi-Aventis, utilisé en cardiologie. Il avait déjà annoncé, l’an dernier, une démarche du même type sur le Stocrin (efavirenz), un antirétroviral du laboratoire allemand Merck. « Nous n’avons pas les moyens d’acheter ces médicaments sûrs et indispensables », argumentait le ministre thaïlandais, qui va se fournir en copies de ces médicaments auprès de plusieurs fabricants indiens de génériques (les firmes Ranbaxy et Hetero), et en produire directement via le laboratoire public GPO (Governement Pharmaceutical Office). (...)
La décision thaïlandaise a été saluée par les militants de la santé publique, et, comme on pouvait s’y attendre, sévèrement critiquée par les lobbies pharmaceutiques et les think tanks conservateurs, qui y voient la preuve que « les nouveaux dirigeants militaires ne comprennent vraiment pas la démocratie (4) ». (...)
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