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La stratégie du confinement (Dissident Voice)

Beaucoup d’entre nous se sont faits encercler et bloquer (kettled) pendant des manifestations : la police nous a enfermés dans un cordon policier, parqués dans un petit espace et empêchés d’aller où nous voulions aller. Le terme kettle est une traduction de kesseln, une tactique militaire allemande consistant à enfermer l’ennemi dans un mur serré de soldats et à l’épuiser progressivement au lieu de l’attaquer directement.

Mais on est aussi encerclé et bloqué par la police de la pensée et cela de manière plus insidieuse. La stratégie du confinement est utilisée sur la scène politique pour empêcher le développement et l’expression des énergies potentiellement révolutionnaires. Dans ce cas, ce ne sont pas des cordons de police qui nous emprisonnent, ce sont des institutions qui se prétendent progressistes et même socialistes. Cette pseudo-gauche détourne notre énergie vers le soutien du parti Démocrate alors qu’il faudrait la consacrer à la formation d’une classe laborieuse militante. Le député démocrate du Congrès, Dennis Kucinich, l’a implicitement reconnu, quand il a dit que sa lutte pour une politique étrangère étasunienne moins belliciste était une manière de garder les militants pour la paix "sous la grande tente" - c’est à dire le parti Démocrate. Les Démocrates aiment bien avoir quelques personnes d’apparence progressiste comme Kucinich dans leurs rangs pour créer l’illusion qu’ils sont le parti de changement.

Ils ont aussi des groupes politiques et médiatiques périphériques qui critiquent souvent leur politique tout en ne cessant d’affirmer que le parti Démocrate est notre seule chance et qu’en insistant un peu on peut le rendre progressiste. Ils dépensent toute leur énergie à essayer de convaincre les Démocrates de se gauchiser. Leur base n’est pas la classe laborieuse mais les professions libérales légèrement à gauche qui soutiennent des politiques progressistes parce qu’elles sont dans leur intérêt. Ils veulent réduire l’accumulation de richesse opérée par les super-riches pour en récupérer le plus possible après en avoir distribué un peu aux masses pour les faire tenir tranquilles. Comme toute leur classe sociale, ils ont reçu une bonne éducation et ont accès au pouvoir politique et financier. Ce sont des spécialistes de la communication et ils savent se montrer persuasifs. Comme celui du mur de policiers, leur message est clair : ne bougez pas ! La seule manière de changer le système est de l’intérieur. Il n’y a pas d’alternative.

Pour empêcher les gens qui sont au bas de l’échelle de se battre, les bureaucrates syndicaux enferment les travailleurs dans des syndicats pro-capitalistes reliés au parti Démocrate. La hiérarchie syndicale a pour fonction d’empêcher les travailleurs d’agir de manière indépendante. Leurs leaders utilisent une rhétorique populiste, mais pour garder leur position privilégiée, ils collaborent avec les employeurs pour imposer des conditions de travail toujours plus mauvaises et des salaires toujours plus bas aux travailleurs syndiqués.

Le but des groupes politiques et médiatiques de cette pseudo-gauche et des syndicats est de nous maintenir à l’intérieur des institutions capitalistes, ce qui rend nos efforts inutiles. La police nous encercle physiquement et le pseudo-gauche nous encercle mentalement pour nous empêcher de sortir du système.

"Oeuvrer de l’intérieur du système" est une stratégie promue par le système lui-même pour détourner la demande de changement structurel vers des réformes superficielles. Mais cette approche graduelle s’est révélée être un leurre. Les améliorations dans le domaine des salaires, de la santé et des retraites obtenues de haute lutte ont été abrogées autant par des présidents démocrates que républicains.

Au lieu de parfaire les modestes réformes de Roosevelt, les Démocrates les ont sabotées. Ils ont constamment servi les intérêts du capital que ce soit pour des guerres impérialistes ou pour exploiter les travailleurs. Quand ils ont laissé les salaires augmenter dans les années 1950 et 1960, ça a été principalement pour relancer la consommation intérieure. Quand ils ont soutenu l’accès égalitaire des femmes et des minorités au marché du travail dans les années 1970 et 1980, ça a été surtout pour permettre aux entreprises d’annuler les augmentations de salaires antérieures.

Ce n’est pas seulement la cupidité qui est à l’origine des comportements répréhensibles des entreprises. C’est le système qui le veut. Baisser le coût du travail est la seule manière de maintenir une position dominante face à la compétition de la main d’oeuvre bon marché des puissances industrielles émergentes comme la Chine ou l’Inde. Les corps constitués transfèrent la pression économique sur les travailleurs. Ils ont baissé les salaires à tel point que les jeunes travailleurs gagnent moins que leurs parents au même âge. Le seul "progrès" est que maintenant nous sommes tous à égalité dans la course pour un job pourri.

les Démocrates ont mené les attaques contre les travailleurs quand ils étaient au pouvoir et les ont soutenues quand ils étaient dans l’opposition. Les leaders syndicaux se sont entendus pour trahir leurs membres. Pendant tout ce processus la pseudo-gauche a caqueté sa désapprobation tout en continuant à soutenir les Démocrates. Et tout cela continue aujourd’hui.

Mais de plus en plus de gens commencent à se libérer de ces stratégies de confinement. L’histoire et notre expérience quotidienne nous montrent que nous avons été réduits à l’impuissance par des mensonges. Il est devenu évident que le capitalisme ne peut pas offrir une prospérité durable aux travailleurs. Ses profits doivent toujours augmenter, et il y a trois moyens d’y arriver : exploiter notre travail en nous payant moins que la valeur que nous avons ajoutée au produit ; inventer de nouvelles manières de réduire les coûts ; accroître sa zone de chalandise. Maintenant que les deux dernières méthodes ont atteint leur limite, il faut augmenter l’exploitation des travailleurs pour maintenir les profits.

La prospérité libérale a été un aspect de la phase keynésienne du capitalisme, une bulle de meilleurs salaires qui a duré 30 ans en Amérique du nord et en Europe au moment où il était nécessaire de stimuler la consommation. Mais la situation à changé sans retour. Le marché mondial a pris le pas sur le marché local et pour vendre à l’international il faut des prix bas et donc une main-d’oeuvre bon marché.

Nous sommes maintenant dans la phase de consolidation du capitalisme dans laquelle la compétition internationale élimine les prédateurs les moins efficaces et la richesse se concentre dans de moins en moins d’organismes gigantesques dont nous devenons tous les esclaves. Il faut renverser ce système barbare et en construire un plus humain ou alors se préparer à une vie de plus en plus dure.

Pour mener cette lutte nous avons besoin d’un programme politique basé sur les leçons de l’histoire et d’une stratégie pour le mettre en pratique. Il nous faut une base de militants appartenant à la classe laborieuse et capables de défendre les travailleurs indépendamment des syndicats. Nous devons rompre définitivement avec le parti Démocratique, le cimetière des mouvements sociaux. Il nous faut des médias qui informent la classe laborieuse au lieu de la tromper. Et il faut faire tout cela au plan international en coordonnant nos efforts avec les travailleurs d’autres pays pour construire un socialisme démocratique dans lequel ce sont les travailleurs qui décideront de l’organisation économique de la société. Quand les ressources et les moyens de production de la planète appartiennent aux populations, elles peuvent les mettre au services des besoins de l’humanité au lieu qu’une toute petite minorité de possédants accapare tous les profits.

C’est le défi de notre époque, une bataille historique pour la libération. C’est un travail énorme mais l’humanité est venue à bout d’autres révolutions tout aussi problématiques. Le meilleur programme que je connaisse pour construire une économie démocratique est celui du Parti de l’égalité socialiste*.

William T. Hathaway

William T. Hathaway a écrit plusieurs livres dont A World of Hurt (Rinehart Foundation Award), CD-Ring, et Summer Snow. Il est professeur adjoint au département des études américaines de l’université de Oldenburg en Allemagne.

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2013/04/strategies-of-containment-2/

Traduction : Dominique Muselet

Note du traducteur :

* William T. Hathaway termine souvent ses articles en faisant la promotion du WSWS. Pourtant ce site n’est pas à l’abri de collusion avec des puissants de la pseudo-gauche, comme par ex. DSK, ainsi qu’en témoigne cet étonnant article : ISO ignores every question of principle in Strauss-Kahn affair de David Walsh du 2 Septembre 2011 (http://www.wsws.org/en/articles/2011/09/socw-s02.html)

Non seulement l’auteur ignore la victime de l’agression présumée mais il appelle à la rescousse de cette oeuvre de blanchiment, tenez-vous bien, notre égérie du parti des salonards, le grand "philosophe" néocolonial va-t-en guerre droit de l’hommiste BHL :

"Le journaliste droitier et philosophe Bernard-Henry Lévy se plaint à juste titre du traitement scandaleux infligé à Strauss-Kahn qui, dit-il, a été « jeté aux chiens, » en ajoutant que rien « ne permet que le monde entier soit invité à se repaître… du spectacle de sa silhouette menottée, brouillée par 30 heures de garde à vue. »

URL de cet article 20145
  
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