Donald Ewen Cameron, un psychiatre étasunien, aurait mené au cours de ses recherches des tests-tortures sur ses sujets afin de détruire leur personnalité à l’aide de divers chocs dans le but d’obtenir un être vide dont on pourrait réécrire totalement la personnalité. Nous tirons cette exemple du livre de Naomi Klein, La stratégie du choc. L’idée sous-jacente était de dire que de même que par des chocs successifs le psychiatre pouvait faire changer la personnalité de son patient, le capitalisme par divers chocs successifs tente de maintenir son hégémonie idéologique et d’appliquer ses doctrines économiques.
Nous sommes dans une période de crise systémique où les tendances lourdes du capitalisme se manifestent, à l’instar de la baisse tendancielle du taux de profit. Une crise qui aggrave :
l’exploitation des travailleurs, comme on le voit dans les pays du « tiers monde » avec sa main d’œuvre payée une misère (Indonésie, Bangladesh, Thaïlande, etc ), tout comme dans des pays développés comme la France (accumulation des contrats précaires) ;
l’impérialisme, au premier rang desquels celui des Etats-Unis, en perte de vitesse mais toujours autant violent (coup d’Etat orchestré en Bolivie par les militaires, la police et des milices fascistes) ;
l’exterminisme, la phase ultime de l’impérialisme-capitalisme où le profit compte bien plus que le vivant et l’environnement de l’Homme.
Cette crise systémique que nous subissons existe depuis la fin des années 60, avec une forte concurrence entre pays capitalistes et le début de la crise du modèle économique d’après-guerre. Cette crise avait été contenue grâce à l’existence d’organisations ouvrières fortes (en France un PCF de combat et une CGT de classe), et par l’existence de pays socialistes puissants qui limitait la volonté de gestion de l’économie « au bon vouloir des maîtres » dans les pays capitalistes. Pour être plus explicite, avec l’existence d’un contre-modèle, même imparfait, les exploiteurs ne pouvaient pas faire exactement ce qu’ils voulaient en termes de politique de régression sociale, sous peine de donner des mauvaises idées aux prolétaires de leurs pays. Depuis la destruction de ces deux éléments, l’exploitation s’est déchainée, entre autres en France. Ceux qui se sont félicités de la fin de l’URSS (fait contre l’avis du peuple soviétique s’étant prononcé par référendum pour le maintien de l’Union soviétique), de la dislocation barbare de la Yougoslavie et de la chute du mur de Berlin, ceux-là à gauche sont-ils heureux de notre situation actuelle ?
La stratégie du choc aujourd’hui frappe un large échantillon de secteurs de la société : outre les ouvriers dont on a délocalisé l’usine, nous trouvons les étudiants de plus en plus précarisés, quand ils n’ont pas une dette énorme envers leur école comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, la classe moyenne, les artisans, les petits propriétaires et bien d’autres.
Cependant, là où le grand Capital fait erreur dans sa stratégie du choc, c’est que son exploitation est tellement accrue, injuste et antisociale qu’elle finit toujours par créer la protestation (même désordonnée, en l’absence d’organisations fortes qui défendent leurs intérêts). C’est en cela que l’on peut expliquer les Gilets jaunes, ainsi que la prochaine grande grève reconductible du 5 décembre, que tout démocrate se doit de soutenir.
La grande bourgeoisie a certes plusieurs cartes dans sa main pour contrecarrer le prolétariat et se maintenir :
Les partis de la droite traditionnelle ou du centre. Dans l’hexagone, cela correspond aux LR qu’on garde sous la main ou à LREM.
Les partis de gauche capitalo-compatible, ceux qui durant les années 30 jusqu’à la seconde guerre mondiale se proposaient de se porter au secours du capitalisme mourant, tout en finissant chez Vichy.
Les partis fascisants ou fascistes, dont on oublie souvent qu’ils ont été massivement financés par la grande bourgeoisie française durant l’entre-deux guerre, que c’est grâce aux grands propriétaires que les voyous de Mussolini ont finalement pris le pouvoir, sans parler du rôle éclatant dans l’accession au pouvoir d’Hitler. Aujourd’hui, quand on voit toute la lumière mis sur Marine Le Pen ou sur sa nièce avec la convention de la (l’extrême-)droite télévisée, qui peut croire que les finances du RN ne sont dues qu’aux cotisants ? Il y a encore peu, le RN avait d’énormes dettes à payer suite à ses diverses campagnes. Comment a-t-il pu les rembourser ?
Enfin, il dispose d’une grande arme institutionnelle, dont il faut bien cibler l’aspect essentiellement contre-révolutionnaire, depuis sa naissance : l’Union européenne. Nous n’avons de cesse de la dénoncer depuis des années, elle qui, grâce à ses traités et directives, organise la casse des conquis sociaux de ses pays membres. Tant que les organisations de la classe ouvrières se feront des illusions à l’égard de l’UE, toute perspective crédible d’émancipation sera impossible.
À tout cela, nous ajouterons que le grand capital peut toujours utiliser les moyens à ses dispositions comme les médias, les écoles, la police et même l’armée.
Afin d’éviter une fin tragique pour l’humanité, il est plus que temps que les organisations de combat de la classe ouvrière, à commencer par la CGT, reviennent sur des bases « rouges ». Il est urgent de reconstruire un parti communiste de combat pour notre pays, qui dégagera une fois pour toutes la grande bourgeoisie du pouvoir.