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La santé universelle : à quel prix ? L’exemple par la grippe

Alors que Courrier International titre le 11 juin 2009 "Le vaccin, il n’y en aura pas pour tout le monde", Le Figaro annonce dans son édition du 15 juin 2009 que « Novartis ne ferait pas don de ses vaccins ».

Seuls les « pays riches » auraient donc le droit au vaccin contre la grippe A ? A quels prix, humain et financier ?

Cet article ne propose pas de solution ; c’est avant tout une interrogation sur la conception de la santé, mise en perspective par l’exemple de la grippe.

La grippe A, appelée aussi H1N1, est aujourd’hui mise en avant dans tous les médias. A juste titre, véritable pandémie en devenir, ou au contraire, paranoïa soutenue par les groupes pharmaceutiques ?

En effet, la production prioritaire de vaccins contre le H1N1 pose un problème évident à la fabrication de vaccins contre la grippe "classique".

Par grippe "classique", j’entends la grippe saisonnière, plus particulièrement fréquente en hiver. La subtilité réside dans le temps de production de ce vaccin : plusieurs mois (3 à 6 mois) ; ce qui implique les choses suivantes :

Le vaccin pour la "grippe classique" pour les pays de l’hémisphère Nord est fabriqué par les laboratoires en été

Le vaccin pour la "grippe classique" pour les pays de l’hémisphère Sud est fabriqué par les laboratoires en hiver

Deuxième donnée, irréfutable, les sources sont nombreuses : les capacités de production des laboratoires pharmaceutiques mondiaux sont actuellement insuffisantes pour produire simultanément vaccin contre la "grippe classique" et vaccin contre la grippe A. Par conséquent, un choix, crucial, s’impose.

Reste la question du timing : constatons que l’OMS a annoncé récemment le passage en "phase 6", soit le niveau maximal d’alerte pandémique. Et ce, en juin, alors même que la production de vaccin contre la grippe "classique" est sur la fin.

L’OMS est donc le gendarme international de la santé. Qui choisit la priorité d’un risque pandémique sur la base, au 12 juin, d’environ 80 morts et 9.830 cas confirmés dans 40 pays, principalement au Mexique et aux Etats-Unis, versus la grippe "classique", qui peut faire jusqu’à 500.000 morts par an dans le monde.

Enfin, reste le comportement des groupes pharmaceutiques, pour lequel business is business, alors même que le monde connaît un bouleversement économique majeur ; quelques laboratoires se sont engagés à donner des doses de vaccin, d’autres à en réserver aux pays pauvres, ou enfin à nuancer leurs tarifs. Novartis est plus ferme, puisque "le groupe suisse qui annonce avoir trouvé un vaccin contre la grippe A n’envisage pas de faire donation de ses vaccins aux pays pauvres" ; pas d’hésitation donc !

Dois-je vraiment récapituler tous ces facteurs ?

La production de vaccin contre la grippe A pénalise la production de vaccins contre la grippe saisonnière "classique", ce qui impactera directement les pays de l’hémisphère Sud

L’OMS choisit la "priorité" des grippes ; sachant qu’il n’existe pas de vaccin à 100% efficace contre la grippe A ; et que Novartis, qui, à ce jour, seul, semble avoir trouvé un vaccin efficace, refuse d’en donner.

Il n’y aura pas de vaccin contre la grippe A pour tout le monde. Mais les pays développés, dans lesquels sont situés les laboratoires pharmaceutiques, ont majoritairement préemptés les vaccins contre la grippe A ; et ont les moyens ou pouvoirs financiers pour le faire

Que faisons-nous ? Difficile d’agir, mais prendre conscience, réagir et informer sont à notre portée. Faut-il laisser agir la loi du plus puissant, ou modifier nos comportements vers plus d’altruisme et d’humanité, que nous sommes en train d’autodétruire ?

URL de cet article 8779
   
Claude Lanzmann. Le Lièvre de Patagonie. Paris : Gallimard, 2009.
Bernard GENSANE
Il n’est pas facile de rendre compte d’un livre considérable, écrit par une personnalité culturelle considérable, auteur d’un film, non seulement considérable, mais unique. Remarquablement bien écrit (les 550 pages ont été dictées face à un écran d’ordinateur), cet ouvrage nous livre les mémoires d’un homme de poids, de fortes convictions qui, malgré son grand âge, ne parvient que très rarement à prendre le recul nécessaire à la hiérarchisation de ses actes, à la mise en perspective de sa (…)
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"Bon, j’imagine que vous ne pouvez tout de même pas tuer vos subordonnés"

seule réponse fournie par les élèves d’une école de commerce de Philadelphie
lorsque le professeur demanda à ses élèves de lui donner un exemple de
comportement repréhensible dans une entreprise.

Cité par Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique de février 2005, page 2

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