Le fait d’armes le plus grave de la guerre d’usure proclamée par les Salafistes tunisiens contre la Révolution de Jasmin, qui va fêter, le 14 courant, son premier anniversaire, reste le sit-in dans les bureaux de l’administration de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba (FLAHM), établissement qui compte 8.000 étudiants.
Le 28 novembre 2011, un groupe de Salafistes, dont la quasi-totalité est étrangère à l’Université, ont bloqué l’accès aux salles pour les étudiants qui devaient passer des examens ou rejoindre des cours, tout en organisant un sit-in, qui perdure jusqu’aujourd’hui, dans les couloirs de la Faculté, et comme ailleurs, leur revendication principale est la levée de l’interdiction du port du Niqab dans l’enceinte universitaire. Suite à la décision prise par le Conseil Scientifique de l’Etablissement, relative au maintien de cette interdiction, les sit-inneurs se sont confortablement installés, cette fois-ci, dans les bureaux de l’administration, interdisant au Doyen d’accéder à son bureau, agressant des étudiants, des administratifs et des enseignants dont le Doyen lui-même ; un enseignant sera même transporté aux Services des Urgences. En outre, ces sit-inneurs, dont seulement trois éléments appartiennent à la FLAHM, ont ajouté une autre revendication, à savoir de mettre fin à la Mission du Doyen qui, rappelons-le, est élu par ses paires.
Suite à ces dépassements inacceptables, à la dégradation de la situation sécuritaire et devant l’impossibilité d’assurer la sécurité des étudiants, des enseignants et du personnel administratif et ouvrier, le Conseil Scientifique de la FLAHM, qui s’est réuni le mardi 6 décembre 2011, a décidé la fermeture de l’établissement universitaire jusqu’au départ des individus étrangers et à la levée du sit-in, et a demandé, par la voie du Doyen, à Moncef Ben Salem, nouveau Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (et membre historique du Parti Islamiste Ennahdha) l’intervention des Forces de la Sécurité Publique afin d’évacuer les sit-inneurs, alors qu’il s’était toujours refusé à une telle intervention jusque là . Cette demande d’intervention des Forces de la Sécurité Publique, bien qu’itérée par la suite plusieurs fois, n’a eu, jusqu’à ce jour, aucune suite. Entretemps, devant l’absence d’une décision forte de l’Etat sommant ces intrus à quitter les lieux, la situation s’est aggravée par l’augmentation du nombre de sit-inneurs et de leurs agressions, de tous genres, contre tous ceux qui oseraient s’approcher de leur territoire.
Aussi, la Fédération Générale de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a appelé « à un Rassemblement de Protestation pour le mercredi 4 janvier 2012, devant le Siège du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, pour la défense de l’autonomie et des valeurs universitaires et pour exiger le levée du sit-in des personnes étrangères à la FLAHM qui veulent imposer par la force et par la violence de nouvelles règles pédagogiques oubliant qu’il s’agit de règles que, seule la profession, a le droit de fixer ». Parmi les slogans scandés en arabe, lors de cette Manifestation on, peut citer « Ministre sans capacité de décider, rentre chez toi et garde la maison », dont une variante est « Ministre ne respectant pas sa parole, rentre chez toi et garde la maison », et, évidemment, le fameux « DEGAGE », scandé, comme il se doit, en français. Cette Manifestation, qui a rassemblé des milliers de personnes, a été, sauvagement, réprimée par les forces de l’ordre se trouvant sur place, comme l’a souligné un Communiqué de la Ligue Tunisienne des Droits de L’Homme, diffusée au cours du Journal Télévisé, le soir même, sur la Première Nationale, « condamnant énergiquement ces violences et exigeant du gouvernement la levée du sit-in qui prend en otage la FLAHM ». Ce qui a conduit plusieurs Mouvements et Associations de la Société Civile à appeler leurs adhérents à soutenir et à rejoindre ce Mouvement de Protestation des Universitaires. Il faut donc s’attendre à ce que la protestation prenne de l’ampleur.
Lors de ce Rassemblement, les présents ont assisté à une première sans précédent, même à l’époque de Zinochet et de Bourguiba, digne des régimes les plus rétrogrades de la Planète : à partir des fenêtres des plus hauts étages des bâtiments du Ministère, furent déroulées des pancartes où étaient inscrits des slogans haineux et diffamatoires, insultant et stigmatisant les enseignants de la FLAHM, en les qualifiant de mercenaires, de vendus, de responsables de la décadence de leur Faculté,…, ainsi que des slogans obscurantistes tel que : « Le Niqab, composante de l’identité » qui laissent présager la nouvelle tendance de ce Ministère !
Etaient-ils inspirés par celui qui traitait Ali Douagi, Abou el Kacem Chebbi, Tahar Haddad,…de « clochards » et d’ « idiots » ! Cf. à ce sujet mon Article intitulé « Tunisie : Une Question-Réponse qui en dit long sur Moncef Ben Salem, notre Ministre « annoncé » de l’Education ! » :
http://www.legrandsoir.info/tunisie-une-question-reponse-qui-en-dit-long-sur-moncef-ben-salem-notre-ministre-annonce-de-l-education.html?fb_ref=.TsjWCo5E2tS.like&fb_sourc
Salah HORCHANI