Les conséquences de la démission du chef de la CIA, David Petraeus, pourraient être plus importantes qu’on aurait pu le penser à première vue : Il est clair que la maîtresse de l’ex chef des services secrets, vers qui tous les yeux se tournent, détient des informations sur ce qui s’est réellement passé à Benghazi.
Deux mois après l’assaut contre le consulat étasunien de Benghazi, on ne sait toujours pas pourquoi au juste ni comment les insurgés sont rentrés dans le consulat le 11 septembre et ont exécuté l’ambassadeur, Chris Stevens, et trois autres Etasuniens. Le débat autour de cette question a été intense pendant la campagne pour la présidentielle et les rapports contradictoires de la Maison Blanche, du Département d’Etat et du Congrès ont engendré une confusion que la démission inattendue de Petraeus, vendredi, a porté à son comble.
Tout de suite après la démission du chef de la CIA, des sceptiques ont suggéré que les choses ne se résumaient pas à ce qu’on en avait appris, surtout si on prenait en compte les hautes fonctions de Petraeus à la tête des services secrets de pays et le caractère relativement anodin de la liaison adultère qu’il avait avouée sans problème en annonçant son départ. Les journalistes et les enquêteurs ont donc tenté d’en apprendre davantage auprès de la prétendue maîtresse, la biographe du Petraeus, Paula Broadwell, et, comme ils l’avaient prévu, l’affaire a brutalement pris une toute autre tournure, dimanche, lorsqu’on a appris qu’elle avait peut-être été mise au courant des vrais dessous du scandale de Benghazi alors que le reste du pays était tenu dans l’ignorance.
Une communication que Broadwell a faîte à son Alma Mater* le mois dernier laisse penser qu’elle détient des informations sur l’attaque terroriste qui n’ont jamais été fournies au peuple étasunien.
"Je ne crois pas que beaucoup d’entre vous le sachent, mais l’annexe de la CIA retenait prisonniers deux membres des milices libyennes" a déclaré Broadwell aux étudiants de l’université de Denver lors de son symposium, le 26 octobre. "Et ils pensent que l’attaque du consulat avait pour but de libérer ces prisonniers. On examine toujours cette possibilité."
Le discours de Broadwell était sur YouTube jusqu’au week-end dernier ; Il a été retiré depuis mais des copies circulent toujours.
Jusqu’à cette date et encore aujourd’hui la CIA a nié que, comme le prétend Broadwell, la CIA ait détenu des prisonniers dans ce bâtiment décrit comme le consulat de Benghazi. Si Broadwell a raison, cependant, cela voudrait dire que l’agence a une prison secrète en Libye, un fait que Washington a toujours nié. Si c’était vrai, cela fournirait un motif pour l’attaque du 11 septembre en plus de dévoiler une violation à la sécurité des services secrets les plus importants des Etats-Unis.
Le FBI a officiellement confirmé avoir fouillé la maison de Broadwell à Charlotte, en Caroline du nord. L’agence n’a pas précisé ce qu’elle cherchait mais il est clair qu’elle prend au sérieux la possibilité que Broadwell ait eu accès à des informations sensibles.
Dans sa première communication sur l’attaque, l’administration Obama a dit que le film produit aux Etats-Unis, "l’innocence des Musulmans" était le catalyseur qui avait déclenché l’attaque de Benghazi et d’autres attaques similaires dans la région. Au bout de quelques jours, la Maison Blanche a été forcée d’admettre, sous la pression, que des terroristes étaient à l’origine du meurtre de l’ambassadeur Stevens, 11 ans après la destruction des Tours Jumelles par Al-Qaeda.
Dans sa déclaration du mois dernier à Denver, Broadwell a aussi dit qu’un groupe de soldats d’élite de Delta Force "les gars les plus talentueux de notre armée" aurait pu être envoyé pour soutenir les Etasuniens de Benghazi mais ils ne l’ont pas été. Au contraire, les Etats-Unis ont fait leurs bagages et ont immédiatement quitté les lieux au lieu de protéger le lieu du crime ce qui fait que quelques jours plus tard la plus grande partie de l’endroit, et sans doute toutes les preuves, avait été pillé et détruit.
Dimanche soir, Greg Miller du Washington Post a écrit sur Twitter que "la CIA affirmait avec force que les allégations de Broadwell, comme quoi l’agence retenait des prisonniers à Benghazi, étaient fausses". Dimanche, un porte-parole de la CIA a dit au Daily Beast que l’agence "n’a plus le pouvoir d’emprisonner des gens depuis janvier 2009 date à laquelle le décret d’application n°13491 a été promulgué. Toute allégation que l’Agence puisse encore faire des prisonniers est infondée et inexacte."
Broadwell n’a pas fait de déclaration à la presse depuis qu’elle a fait la une des médias internationaux vendredi, suite à la démission de Petraeus. De son côté, l’ancien chef de la CIA n’a pas encore commenté le massacre de Benghazi et il ne témoignera plus devant le Congrès comme cela devait se faire jeudi. Michael Morell, le directeur par intérim de la CIA doit répondre aux hommes de loi de Washington à sa place.
Note :
*Alma Mater désigne leur université pour les étudiants qui en sont issus.
On lira avec profit l’article sur le même sujet de Dédefensa :
http://www.dedefensa.org/article-de_benghazi_petraeus_en_passant_par_une_vid_o_de_paula_13_11_2012.html
Et pour les anglicistes celui de M.K. Bhadrakumar sur Indian Punchline, " Petraeus’ exit impacts Afghan war" :
http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/
Pour consulter l’original :
http://rt.com/usa/news/petraeus-benghazi-attack-cia-535/
Traduction : Dominique Muselet