ET LE RETOUR DES "FILLETTES" DE LOUIS XI, MONSIEUR PERBEN, C’EST POUR
QUAND ?
Après le texte de Claude Guillon, "le Temps de vivre", déjà diffusé sur
les listes et sous forme de tracts, voici celui de Maurice Rajfus (que
Le Monde et Libération ont refusé de publier).
Bien le bisou chez vous
Jimmy
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JOà‹LLE AUBRON ET NATHALIE MÉNIGON PLUS DANGEREUSES QUE PAPON ?
En quels temps vivons-nous ?
La justice a cédé le pas à la vengeance.
Qu’en est-il du respect des lois de la République ?
Il paraît qu’il y a une loi Kouchner pour libérer les prisonniers
gravement malades. Qui pourrait affirmer cela ? Seul Maurice Papon,
peut-être, qui a pu quitter la prison de la Santé, après trois ans
d’emprisonnement, en faisant un bras d’honneur aux 1 680 Juifs de
Bordeaux qu’il a contribué à expédier dans les camps d’extermination.
Maurice Papon, malgré ses 93 ans, n’est pas vraiment malade et jouit
d’une liberté pleine et entière.
Joëlle Aubron n’a qu’un cancer au cerveau. Peu de choses, en somme.
Nathalie Ménigon est également en grave danger mais les verrous de
leurs prisons ne semblent pas près de s’ouvrir. Peut-être a-t-on perdu
les clés...
En quels temps vivons-nous ?
On a libéré Maurice Papon, au nom d’un humanisme charitable, mais
Joëlle Aubron est parfois menottée sur son lit, dans un hôpital sous
haute surveillance.
Des policiers rôdent dans les rues, autour de la douillette résidence
de Maurice Papon, mais c’est pour le protéger de possibles intrus qui
viendraient lui rappeler les morts de Bordeaux, mais aussi ceux du Pont
Saint-Michel et de Charonne. D’autres policiers montent la garde devant
la chambre de Joëlle Aubron mais leur mission est nettement moins
conviviale.
On a récemment libéré Loïc Le Floch Prigent. Celui-là s’est largement
goinfré sur les deniers de l’Etat et donc des contribuables. Le Floch
est malade, mais sa vie n’est pas en danger. Il se trouve seulement que
cet escroc était un grand commis de l’Etat. Tout comme l’avait été
Maurice Papon.
En quels temps vivons-nous ?
On nous explique que libérer Joëlle Aubron et Nathalie Ménigon - après
dix-sept ans de prison - pourrait provoquer un trouble à l’ordre
public. Billevesées : toutes deux ne quitteraient la prison que pour un
lit d’hôpital. Le véritable trouble à l’ordre public a été créé par la
libération de Maurice Papon à qui, semble-t-il, l’Etat chiraquien a
finalement pardonné. En fait, le trouble à l’ordre public est provoqué
par cet Etat, de plus en plus policier, qui espère régler ses
difficultés en maintenant en prison les grands malades qu’il ne faut
libérer sous aucun prétexte.
En quels temps vivons-nous ?
Quelle est la logique de cet acharnement judiciaire et policier ? Il
est clair que, pour ce pouvoir, il ne faut pas que les quatre d’Action
Directe puissent un jour retrouver la liberté. Quel que soit leur état
de santé !
La sollicitude ne profite qu’aux assassins d’Etat et aux escrocs en col
blanc qui ne représentent aucun danger pour les institutions, dont ils
sont l’émanation.
Dans notre démarche, il n’est pas question d’idéologie mais de simple
solidarité. En revanche, pour ceux qui détiennent les clés des prisons,
leur survie morale est peut-être au prix de l’enfermement de quatre
militants perdus, rendus malades par le système carcéral.
Qui pourrait hésiter à exiger une remise en liberté qui ne serait
qu’une simple mesure humanitaire ? Encore une fois, il ne s’agit pas de
charité. Les deux prisonnières de Bapaume ne demandent pas l’aumône
mais la solidarité. Nous la leur devons !
Nous sommes là pour dénoncer une attitude de vengeance à perpétuité.
Nous sommes là pour exiger la libération de tous les prisonniers
malades, y compris ceux d’Action Directe.
Nous sommes réunis pour rejeter cette justice haineuse qui sélectionne
ses bons et mauvais sujets. Il faut bien constater que ces choix ne
sont jamais innocents.
Dénoncer cette situation doit faire de nous des coupables potentiels...
Maurice RAJFUS
Observatoire des Libertés Publiques