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La formation politique chez LREM : infantilisation, technocratie et impérialisme

Après nous avoir servi un cahier d’été particulièrement carabiné, le parti de Jupiter 1er souhaite nous former ! De quoi s’agit-il ?

Les militants de ce parti ont créé une plateforme nommée Le Campus (étrangement, un terme provenant des Etats-Unis...) qui a pour but de dispenser des formations gratuites pour tous et d’aboutir à la création d’un citoyen averti. Actuellement il y en a deux, une sur la finance publique et une autre sur l’Union européenne, accessible à la fois au militant et à ceux qui voudraient s’inscrire pour accéder à la formation.

Pour certaines raisons qui nous sont propres, nous allons parler ici exclusivement de la formation sur l’UE.

Afin de rendre plus claire la lecture de l’article nous devons préciser que la formation (« microlearning) est divisée en quatre chapitre de 16 leçons en tout (sorte de sous-chapitre), elle-même divisé en notions, avec au début de chaque notion ce qu’ils ont appelé des « mise en bouche ».

Les adhérents d’En Marche sont-ils des enfants ?

Ce n’est pas de la perfidie mais la question que l’on peut se poser quand on lit les notions et mises en bouche, tant on est abasourdi par le vocabulaire utilisé. Et là il n’est pas besoin de faire des longs développements, citons quelques exemples :

Et ajoutons-y les titres :

Et ainsi de suite... En soi cela est parfait pour présenter des « formations » qui se veulent moins être politiques que l’apprentissage de savoirs neutres idéologiquement : bref, c’est de la technocratie pure et simple, où l’on fait passer ses conceptions idéologiques pour du pragmatisme et du réalisme.

Les mises en bouche

Les mises en bouche portent sur des sujets variés comme, bien entendu, la célèbre déclaration de Victor Hugo en faveur des Etats-Unis d’Europe (comme grande association de colonisateurs). Il est inutile et fastidieux de parler de toutes, mais il y en a une en particulier qui nous a particulièrement choqué et qui portait sur la crise du Canal de Suez de 1956.

Le titre est déjà tout un programme ‘’Y a un nouveau un shérif en ville ‘’. Où l’on assiste à une prise de conscience.

« Eté 1956, Egypte, Le général Nasser proclame la nationalisation du canal de Suez. Reliant la Méditerranée et la Mer Rouge, c’est un passage commercial majeur. Sa décision ne fait pas que des heureux... Actionnaires principaux, la France et la Grande-Bretagne ne comptent pas perdre leurs bénéfices sans réagir !

« Ils envoient des troupes militaires en représailles et occupent une partie du canal. Les Egyptiens ne peuvent faire le poids face à ces deux puissances. Ils sont sur le point de plier lorsqu’une intervention inespérée vient les tirer de là... »

Alors deux petites remarques : 1) on passe sous silence la résistance égyptienne à l’envahisseur, préférant les présenter comme des pauvres gens du tiers-monde incapables de pouvoir se défendre et quémandant la grâce des puissances occidentales. 2) Etrangement la présence de l’armée israélienne dans les envahisseurs n’est pas envisagé...

Alors qui est le Shérif, le défenseur des nations opprimés ? « Les Etats-Unis ! Eh oui, contre toute attente, ce sont les Américains qui prennent la défense de l’Egypte en usant de pressions économiques. Un mois après leur arrivée et malgré leur supériorité militaire, Anglais et Français sont ainsi contraints de rentrer chez eux. Ils font la douloureuse expérience d’un nouvel ordre mondial, celui de la guerre froide. »

Vous remarquerez que l’URSS est absente alors qu’elle a rapidement soutenu Nasser et fait pression. Son nom n’est que prononcé au dernier paragraphe et pas pour rappeler son rôle dans l’affaire. Voilà un exemple, et ce ne sera pas le seul de la « formation », qui montre la vision impérialiste de ce parti quasi-monarchiste.

Les notions

Il y a en tout dans la formation quatre chapitres de quatre leçons chacun. Nous ne traiterons pas point par point toutes les notions, car elles ne sont pas forcément fausses (surtout au niveau du droit) et que l’auteur de l’article ne prétend pas avoir toutes les connaissances pour répondre de manière critique à chacune des « leçons ». Toutefois, nous allons voir au moins six sujets d’importance.

a) La construction européenne : le mythe En Marche et la réalité.

C’est le chapitre 1. Il commence bien sûr par les précurseurs de l’Europe dans lequel on retrouve Kant et... deux défenseurs de la monarchie, Georges de Podiebrad de Bohême et l’intendant Sully ! Ensuite on passe à la partie « Fini les revanches », où l’on nous parle des Résistants qui pensent à la coopération entre tous les pays. Certes c’est vrai, mais pas forcément limité à un continent (ou plutôt dans le cas présent à une partie de continent), ni forcément sur des bases capitalistes. Et puis en termes de coopération, la plupart des pays de l’ouest sont d’accord, mais contre les Soviétiques ! On nous dit qu’aussi il faudra éviter grâce à la coopération la montée du nationalisme, ce qui est une façon commode de passer sous silence la façon dont les industriels ont fait monter ce nationalisme pour lutter contre le communisme.

Après un petit récapitulatif sur la première organisation réellement européenne qu’est le Conseil de l’Europe, on nous parle de ‘’saint’’ Jean Monnet, le « Citoyen sans frontière » comme le rappelle le titre de la partie qui lui est consacrée. Qui aurait dès 1920 alerté sur le danger que représentait d’exiger de l’Allemagne vaincue des réparations financières trop lourdes. Lui toujours qui aurait cherché en 40 une union France-Grande Bretagne pour vaincre l’Allemagne nazie avant que Pétain n’arrive au pouvoir. Après cela on zappe totalement le fait qu’il ait tenté de saper la mise en place de la « France libre » dirigée par De Gaulle, ce qui a sans doute à voir avec la haine que vouaient les Britanniques et les Étasuniens à ce militaire un peu trop indépendant. Après-guerre, Monnet convainc le ministre des affaires étrangères Robert Schuman de la nécessité d’un rapprochement économique avec la RFA. Le seul problème c’est que c’est en réalité un projet plus ancien : en effet le 30 mai 1926 un « Comité Franco-Allemand de Documentation et d’Information » est constitué, rassemblant plusieurs industriels des deux pays, comme Bosch. Et de la constitution de ce cartel, Aristide Briand de dire :

« Pour que l’Europe soit prospère, il faut que la paix règne entre la France et l’Allemagne, c’est-à-dire que des éléments de concorde se développent. Parmi ces derniers, je n’en vois pas de plus importants que les liens économiques et commerciaux qui doivent s’établir entre les industriels des deux pays ; au lieu de se concurrencer et de se combattre, elles doivent s’entendre et travailler en bonne harmonie »

Rajoutons que ce plan avalisait en réalité la supériorité économique du Reich qui disposait de 40, 45% des quotas de production contre 31, 8% pour la France. (1)

Revenons à Monnet : toujours selon En Marche, il comprend que l’instauration d’un marché économique commun, sans douane, « bien que trop libéral à son goût », est une étape nécessaire pour intéresser l’Allemagne et les Pays-Bas. Est-ce que ses liens avec la Banque Lazard et le trafic d’alcool prohibé avait un lien ? Ses liens lui ont-ils fait comprendre le "bien fondé" de la manœuvre ? Il y a, nous pensons, plus qu’une aberration dans cette présentation, mais aussi une image construite qui sert la propagande macroniste : ainsi malgré ses envies contraires, le pauvre Jean Monnet devait bien ce montrer pragmatique et réaliste, et passer par un projet ultra-capitaliste pour faire avancer le projet de la paix... Ainsi nous revenons à la négation de la politique au profit d’une technocratie faussement neutre mais vraiment au service d’une classe.

Ensuite, nous voilà à la Communauté économique du charbon et de l’acier qui crée un marché commun du charbon et de l’acier sans droit de douanes. Nous le savons dans la propagande européiste on invoque souvent comme raison de la création de la CECA, une volonté de paix car en contrôlant ces deux matières on contrôlait la fabrication des armes. On pourrait déjà objecter que plus qu’une alliance économique, cela fait partie de la coopération de l’Europe de l’ouest largement soutenue par les Américains pour lutter contre le communisme. Deuxièmement, les institutions de la CECA sont les précurseurs des institutions de l’UE, notamment en ce qui concerne la technocratie, l’organe dirigeant de la CECA, la Haute autorité étant formé comme la Commission de représentants ‘’indépendants’’ du pouvoir des Etats ; en soi le règne des experts « pragmatique » au détriment de la politique. Détail amusant si l’on peut dire, non rappelé par LREM, quand Robert Schuman fait son fameux discours le 9 mai 1950 pour présenter le projet, le Conseil des ministres venait à peine de connaitre l’existence du projet. Car en effet, cette fameuse union dont on nous vante tant les mérites, s’est faite dans le secret le plus total et dans la volonté délibérée de ne pas s’exposer devant l’opinion publique. CETA à l’appui, cette méthode n’a rien perdu depuis...Troisièmement, un certain nombre de ceux qui ont fait le projet ont un lien avec les Etats-Unis. Et pour cause si le projet est resté secret pour les parlementaires français il ne le fut pas pour le Secrétaire d’Etat américain Dean Acheson, grand ami de Jean Monnet, qui a pu même faire des critiques sur le projet et ‘’l’améliorer’’. (2) (3)

On passe sur certains des « papas » de l’Europe actuelle comme Paul-Henri Spaak et Winston Churchill et sur les premiers pays de la CECA (RFA, France, Italie, Benelux).

Ensuite vient la Communauté européenne de défense (on le verra plus tard mais cette communauté est d’actualité). C’est un projet qui visait notoirement le réarmement de l’Allemagne, soutenu par les Etats-Unis pour lutter contre le socialisme, et qui fut un échec, échec qui est présenté par LREM comme de la responsabilité des députés français trop effrayés de voir leur pays perdre son rang. En réalité, contrairement à la CECA, le projet de la CED était largement connu et largement détesté, car d’une part, ce projet constituait une atteinte à la souveraineté de l’Etat en reconnaissant et avalisant un plan décidé et voulu par les EU, donc à reconnaître sa domination, et à réarmer un pays qui n’avait pas mené jusqu’à son terme la dénazification. Rappelons aussi que c’est notamment grâce au militantisme des communistes français que le projet fut rejeté.

En 1957, les Etats signent le traité de Rome qui créé la Communauté économique européenne et la l’Euratom (nucléaire). Sur le premier le parti macroniste nous dit qu’elle prône quatre libertés : la libre-circulation des personnes, la libre-circulation des marchandises, la libre-circulation des services et bien entendu la libre-circulation des capitaux. A tout hasard, ce qui n’est pas rappelé par eux c’est que ce sont des groupes financiers qui sont à l’origine du projet. Les conséquences de la CEE : l’abaissement des droits de douane, libre-circulation des marchandises et des capitaux qui permettent aux bourgeois de faire jouer les différentiels en matière de protection sociale et de condition fiscale, la pénétration des Etats-Unis sur le marché européen, prépondérance de l’industrie allemande au détriment des autres notamment. (4)

On va passer sur l’autre grand ‘’saint’’ des européistes, Jacques Delors, pour lequel on met en avant son engagement passé dans le syndicalisme (à la CFTC). C’est lui qui est (avec les grands groupes capitalistes), l’un des promoteurs de l’Acte unique de 1986. Celui-ci a comme objectif la création d’un marché commun, qui selon LREM a permis la création d’emplois (où ça ? Permettent-ils de vivre décemment ?) et une baisse de prix pour les consommateurs comme dans la téléphonie mobile. Ils rappellent aussi la volonté affichée d’avoir une politique environnementale et de donner des subventions à certains Etats pour pouvoir faire face à la concurrence agricole d’autres pays de la Communauté.

La chute du Mur de Berlin arrive, bonne nouvelle européiste, mauvaise pour les Ossies. En 1992, les européistes cherchent à dépasser (du moins c’est ce qui est évoqué) la vision utilitariste de l’Europe et à passer à une plus grande intégration. Le traité de Maastricht est signé cette année, après avoir été accepté par référendum en France grâce à une forte propagande. L’Union européenne est créée et envisage une monnaie commune. Dans les promoteurs de Maastricht et de ceux qui ont permis le traité on retrouve des experts issus de la Table ronde des industriels. Cette organisation créée à l’initiative de deux commissaires européens, Otelli et Davignon, regroupe des représentants de grosses entreprises européennes qui cherchent à diminuer les coûts de transaction et à avoir un marché de taille européenne.

Passons sur les règles de décision et sur les institutions de l’Union européenne car ce qu’ils disent n’est pas forcément faux et puis d’autres ont déjà été capables de faire de très bonnes critiques sur ces sujets.

Nous passerons sur une critique des biens faits de l’euro, nous conseillons simplement la lecture des articles suivant :

Le déficit commercial et l’Euro

EURO

Quand et comment sortir de leur maudite monnaie unique ?

« Comment préserver l’idéal d’unité de l’union ? » C’est ce que demande l’une des notions. Et pour y répondre on a deux projets, celui de Jean-Paul II et celui de Vaclav Havel. Le premier « s’inquiète de voir l’UE transformée par un excès d’économie et un déficit de culture... Surtout, ce pape polonais redoute que les démocraties de l’Est soient reléguées au second plan. Il utilise cette image très forte : l’Est et l’Ouest sont les deux poumons de l’Europe, qui doivent respirer à l’unisson. » C’est vrai lui qui a vu son pays, la Pologne, retrouver le capitalisme le plus sauvage, qui aujourd’hui sert soit de pays à main d’œuvre à bas coût, soit de main d’œuvre exportable à bas coût, ou encore de terreau de la réaction et de l’anticommunisme. Et le second d’inviter « les Européens à rester fidèles à leurs valeurs, notamment démocratiques plutôt que de chercher à conquérir le monde ! » Quand a-t-il dit ça ? Avant ou après avoir soutenu la croisade de Bush en Irak en 2003 ?

Nous en arrivons finalement aux « Non » de 2005 à la Constitution européenne Français et Néerlandais. Au moins on peut faire grâce aux militants d’En marche d’avoir un peu évolué sur leur langage et d’éviter de nous ressortir certains clichés, c’est-à-dire qu’on ne nous parle pas de la xénophobie des peuples mais du fait que l’Union européenne a été faite et s’est imposée sans être portée par le peuple (avec un extrait du discours de Macron de Septembre 2017 à Athènes). En revanche de là à dire qu’avec Macron on va passer à une vraie Europe des peuples.... D’autre part on pourra remarquer que le caractère fondamentalement antidémocratique du traité de Lisbonne n’est pas dénoncé, on déplorera simplement qu’il a « un caractère moins fort et solennel que le projet de traité constitutionnel ». Et pour finir l’Europe est désormais fragilisée et a peur de prendre des initiatives. Heureusement, son sauveur a été élu...

Sur le Brexit on leur fera aussi grâce de moins de condescendance pour les Britanniques. Pour une bonne analyse du Brexit, nous vous conseillons le site Initiative communiste

b) La démocratie et l’Union européenne

Les auteurs des notions adorent parler de la démocratie, entre autres exemple les nombreuses références à la Grèce berceau de l’Europe, de Jean-Jacques Rousseau le grand penseur du Contrat social ou encore des critères de Copenhague. Sur ce dernier point, il s’agit de critères trouvés en 1993 qui sont des conditions nécessaires pour pouvoir adhérer à l’Union européenne : 1) des institutions stables qui garantissent la démocratie, les droits de l’homme et la protection des minorités, 2) une économie de marché viable, 3) la transposition dans la législation nationale de toutes les lois et règles de l’UE et 4) la capacité de l’UE à les assimiler. Dans le premier chapitre il est spécifié que ce sont ces critères qui empêchent l’entrée de la Turquie dans l’UE, mais visiblement cela ne s’applique pas aux Pays Baltes qui emprisonnent arbitrairement des communistes et les poursuivent en justice, ou encore voient leurs ministres ou députés aller se rendre gaiement à des manifestations en hommage aux nazis.

Qui dit droit de l’homme dit liberté d’expression nous dit En Marche. Nous aurions été étonnés après tout si cette fameuse « liberté d’expression » n’avait pas été convoquée. On nous dit la « liberté d’expression va de pair avec la liberté de la presse et la liberté de caricaturer, voire de blasphémer. »

« En revanche, on s’inquiète aujourd’hui du contrôle des médias dans certains pays de l’UE comme la Hongrie et la Pologne. » Cependant, en France le fait que 10 milliardaires contrôlent les médias français ce n’est pas attentatoire à la liberté d’expression. Ou peut-être que Macron ne veut pas froisser ceux qui ont fait sa victoire ?

Avec cette notion nous avons le droit à une merveilleuse illustration de Charlie hebdo sur l’utilité d’un débat pour savoir qui est le plus con entre un Catalan et un Corse.... Cette notion amène à plusieurs critiques :

Premièrement, sur la notion de liberté d’expression,comme le rappelle Bruno Guigue dans l’un de ses articles pour « l’idéologie libérale, les choses sont simples. Comme nous sommes libres et égaux, nous jouissons tous de la possibilité de nous exprimer comme nous l’entendons. Attachée à notre nature, cette liberté inaliénable serait à la portée de tous. Dans ce monde idéal où les libertés n’attendent que l’initiative individuelle pour s’accomplir, où chaque individu est un Robinson en attente d’une île déserte pour y bâtir un monde à son image, chacun serait libre de s’exprimer en toutes circonstances. » Le problème c’est que la liberté d’expression tant clamée (et c’est ce que rappel Guigue) est impossible dans notre régime social capitaliste. C’est un droit abstrait, notamment parce que comme nous l’avons dit une petite minorité de milliardaires possèdent les médias et n’ont pas l’idiotie de laisser parler plus que de mesure des personnes, une pensée, qui pourrait être attentatoire pour sa propriété. Et qui pourra dire sans mauvaise foi qu’il voit trop souvent à la télévision, à la radio ou dans le journal, des syndicalistes, des ouvriers, des pauvres ? Ou encore nous dire qu’il a déjà entendu parler de Domenico Losurdo, d’Annie Lacroix-Riz, de Bernard Friot ou de Georges Gastaud ? Et que penser de l’arrêt d’émissions qui même avec leurs défauts donnaient un autre son de cloche que les médias dominants, donc faisaient théoriquement marcher la démocratie, c’est-à-dire les Arrêts sur image, les Ce soir ou jamais ou les Là-bas si j’y suis ?

Deuxièmement, la liberté est-elle si chère à l’UE ? A priori on peut se poser la question, surtout si on parle de la Pologne et de la Hongrie. A l’intérieur du traité de Maastricht on trouve un article 7 qui permet, après le respect d’un certain nombre de procédures, d’éjecter un Etat qui contreviendrait au droit de l’Union européenne. Or cela fait des années que deux Etats violent les obligations de respect de l’Etat de droit, la Hongrie et la Roumanie, et sur qui pend l’application de l’article. Ce qui leur est entre autres reproché c’est un manque d’indépendance de la justice et une corruption généralisée. Contre ces agissements, la Commission ne leur a fait jusqu’à maintenant que des recommandations à adopter, en plus de procédure de contrôle et de mise en œuvre des recommandations. Au vu des situations actuelles des deux pays qui se fascisent, on peut penser que la Commission n’y a pas mis du sien pour défendre l’Etat de droit. Dommage que ces deux pays n’aient pas voulu renégocier leur dette, les institutions de l’UE, comme avec la Grèce, se seraient montrées bien plus actives...

Troisièmement, Charlie Hebdo n’est pas un parangon de vertu. Souvent cité en exemple de la liberté d’expression en France, d’autant plus après les attentats de 2015, il ne faudrait pas oublier qu’ils soutiennent toutes les guerres impérialistes, de manière immonde la colonisation israélienne, qu’ils ont eu parmi eux les maitres censeurs Philip Val, Caroline Fourest et Philippe Corcuff, que la liberté d’expression visiblement ne s’applique visiblement pas pour leurs contradicteurs ni même à un employé un peu trop récalcitrant. Charlie Hebdo n’est que la variante qui se veut subversive de la presse bourgeoise.

Comme dit précédemment les Marcheurs semblent être conscients du fait que l’Europe s’est largement faite en-dehors des peuples, ce qui ne les dérange pas disons-le, mais qui à long terme risque d’aboutir à la destruction de leur chère union. Ce qui est proposé notamment pour remettre de la « démocratie » dans l’UE, c’est ce que Macron appelle les Conventions démocratiques, des débats organisés dans plusieurs pays de l’UE VOLONTAIRE, permettant aux citoyens d’exprimer leurs points de vue et d’influencer les priorités européennes, et même à terme réviser les traités. D’accord mais si les Etats de l’UE ne veulent pas de ces conventions on assiste à un blocage. Et puis ce n’est pas très clair : qui peut les demander ? Les citoyens ? L’Etat lui-même ? Des organisations ? On pourrait se demander aussi si les conventions pourraient porter sur tous sujets ou seulement sur certains sujets en en excluant d’autres ? Le projet, comme le discours de Macron en campagne, est flou et cela ressemble fortement à une chimère.

c) La CED, le retour

Et les macronistes de nous préparer doucement vers la renaissance de la Communauté européenne de défense. Dans le Chapitre 4, leçon 13, on nous parle du problème des migrants : « Réfléchir au sein de l’UE à la manière de gérer l’arrivée des migrants, voilà un défi à relever en urgence ! Qu’ils fuient la guerre ou, bientôt, les bouleversements climatique, l’UE ne peut ignorer leur sort car, marquée par les grandes guerres du siècle dernier, elle porte dans son ADN un idéal de paix et de compassion envers les réfugiés. » Nous pourrions remarquer ironiquement que le colonialisme français invoquait aussi son idéal humanitaire quand il envoyait ses armées massacrer les populations du monde entier pour assouvir sa soif de territoire. Qui crée les guerres ? Qui crée les bouleversements écologiques ? Jusqu’à preuve du contraire ce sont dans les deux cas les pays impérialistes de l’Europe et de l’Amérique du Nord, depuis longtemps devenus exterministes, tant leur course au profit leur fait écraser à la fois l’être humain et la Nature. Nous pourrions nous demander si l’arrivée des migrants n’est pas aussi recherchée par la France aussi bien que l’Allemagne : main d’œuvre pas chère et facilement exploitable, ce qui permettra de faire baisser les prix de la force de travail, et le jour où le capital sera en danger, elle montrera du doigt ces forçats qu’elle aura utilisés, détournant la colère des prolétaires vers leurs frères dans le racisme et la xénophobie la plus ignoble.

En Marche nous présente la façon de gérer ces crises migratoires : hotspots, visas humanitaires, couloirs humanitaires, etc... Sans doute pour parler aux bonnes âmes militant dans l’associatif et dans le parti macronien.

Les Marcheurs se rendent bien compte d’une forte demande de sécurisation de la part des citoyens européens, même s’ils préviennent qu’il faut éviter de se transformer en forteresse.

« Revenir sur l’ouverture des frontières intérieures serait en tout cas contreproductif... D’un point de vue commercial (la marché commun) c’est une énorme réussite ! Et cela se comprend aisément... Avec environ 1,5 % des exportations mondiales de marchandises (hors UE), la France pèse peu pour négocier des accords internationaux. Si l’on additionne ses exportations à celle des autres pays de l’UE vers le reste du monde, en revanche, on obtient près de 15%. Ça pèse tout de suite beaucoup plus : autant que les USA ou que la Chine ! »

Tout cela pour arriver à la conclusion qu’il faut plus de délégation vers une souveraineté européenne renforcée, que l’UE parle d’une seule voix comme à l’ONU ou au FMI. Cela nous mène au projet de faire renaitre la CED. La raison ? Les Européens se sentent menacés. Par qui ? Par les hordes islamiques venues nous remplacer comme le pensent certains partisans de l’Europe blanche et chrétienne ? Contre les chinois ? Bien qu’à l’avenir il n’est pas faux qu’ils puissent être désignés comme ennemis, en creux, le véritable ennemi de l’UE c’est la Russie. Ce qui nous amène à un second point, les relations avec les Etats-Unis. En effet, à plusieurs reprises dans les notions on retrouve ce qu’on pourrait appeler une volonté de démarcation avec les Etats-Unis, que ce soit en les critiquant sur leur position écologique ou en montrant une volonté de les concurrencer en termes d’activités économiques. Cependant, L’UE s’oppose-t-elle vraiment aux EU ? A priori non c’est toujours l’un de leurs plus grands partenaires économiques, quand bien même celui-ci les à mis sur écoute. D’autre part, jusqu’à preuve du contraire l’UE s’aligne toujours devant la position de l’impérialisme américain ! Plus haut nous avons pu voir que la « formation » pouvait aussi très bien acclamer les Etats-Unis pour leurs interventions. Enfin, un président, ancien Young leaders, officine bien connue qui permet aux EU d’acheter les futurs leaders européens, qui truffent d’anglais une grande partie de son discours et chantent la Marseillaise, la main sur le cœur comme pour l’hymne américain, est-il vraiment si indépendant des Etats-Unis ? A-t-on entendu Macron et Merkel parler de sortir de l’OTAN ?

La CED ne signifie que le retour de l’impérialisme allemand couplé avec l’impérialisme français, dominé par l’impérialisme américain.

d) Le dumping social

On trouve dans la leçon 14 une partie contre le dumping social. Le dumping social se définit comme la mise en concurrence par les employeurs, grâce à la mondialisation économique, des travailleurs d’un pays avec une main d’œuvre moins chère dans un pays pauvre.

On nous fait un petit topo sur la directive des travailleurs détachés : « Tout le monde y trouve son compte : le pays d’accueil a besoin de cette main d’œuvre, et le pays d’origine voit ensuite revenir des travailleurs mieux qualifiés. Encore faut-il respecter les règles... notamment quand elles concernent la sécurité sociale ! »

« Si l’employeur du pays d’origine ne paye pas les cotisations sociales (difficile à vérifier), ou si les conditions de l’emploi détaché ne respectent pas les règles de sécurité contre les accidents, la concurrence est faussée. On parle de « dumping social ». »

C’est vrai si l’employeur ne verse même pas les maigres cotisations salariales pour son ouvrier qui a un salaire de misère... Derrière ce déluge de bons sentiments, c’est tout de même une situation voulue par l’UE, par ceux qui l’on faite, par les industriels et les grosses entreprises de l’UE et par les multinationales : concurrence des prix de la main d’œuvre, du droit social et évitement de la contestation sociale. D’autre part, Macron a-t-il durant sa période en tant que ministre de l’économie tenté de remédier à la situation ? Non, il était sans doute préoccupé à laisser Alstom se faire manger par General Electric, laisser une entreprise avec des salariés compétents et des commandes comme à Eccopla se faire racheter par un groupe Italien plutôt que d’accepter le projet de SCOP, et à financer sa campagne.

Que propose-t-il pour réviser la directive sur les travailleurs détachés ? 1) Redéfinir une limite temporelle de détachement, 2) converger vers une définition commune du salaire minimum appliquée dans tous les pays de l’UE, 3) définir la durée hebdomadaire maximum du travail et la durée minimum, afin d’éviter les minijobs précaires, et 4) créer une assurance chômage au niveau européen qui pourrait compléter les systèmes nationaux en cas de crise. Ensuite ils spécifient bien que les décisions sont prises après réunion des partenaires sociaux européens que sont la CES, Business group et le Centre européen des employeurs européens fournissant des services publics, mais que ceux-ci n’ont pas réussi à tenir toutes leurs promesses, comme réduire le plafond des durées de détachement autorisées de deux ans à un an.

En octobre dernier justement Macron a réussi à avoir un nouvel accord sur ladite directive : limitation à 18 mois de la durée de détachement, interdiction des sociétés « boite aux lettres », contrôle renforcé, application du principe « à travail égal salaire égal » et reconnaissance des conventions collectives de branche. Mais la durée moyenne de détachement des travailleurs en Europe actuellement est de 103 jours, la limiter donc à 18 mois n’est en rien une restriction. D’autre part la nouvelle directive devrait entrer en vigueur d’ici 2022, pour laisser sans doute aux Etats le temps de s’adapter, mais surtout aux entreprises de trouver un moyen de contourner la directive. Enfin l’accord ne s’applique au transport alors qu’il s’agit du premier secteur concerné.

Encore une illusion.

Les sources

Dans les ouvrages généraux nous retrouvons L’Europe pour les nuls de Sylvie Goulard et Dictionnaires des termes européens de Denis Michel et Dominique Renou.

Pour la première on rappellera qu’il s’agit de notre ancienne ministre des Armées, qu’elle a dû quitter à cause de sa citation dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen. Voilà ce que nous dit Wikipedia entre autres sur elle :

« Ancienne conseillère de Romano Prodi en sa qualité de président de la Commission européenne, Sylvie Goulard est élue députée européenne dans la circonscription Ouest de la France lors des élections européennes de 2009 puis réélue en 2014 dans la circonscription Sud-Est. Elle siège dans le groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe. »

ADLE qui toujours selon Wikipédia a dans son programme 10 points :

1. Promouvoir la paix dans le cadre d’une Union de type fédéral
2. Faire de l’UE un acteur mondial en réduisant l’écart entre sa dimension économique et sa dimension politique
3. Ouvrir et démocratiser l’Union européenne
4. Garantir les droits fondamentaux de tous les citoyens européens
5. Promouvoir l’éducation à tous les niveaux
6. Renforcer la gouvernance économique après l’introduction de l’euro
7. Éliminer les fraudes et la bureaucratie inutile
8. Faire de l’Europe le chef de file mondial de la protection de l’environnement
9. Rendre la mondialisation positive pour tous
10. Garantir pleinement la reconnaissance et l’amélioration du rôle des régions européennes

Denis Michel est diplômé d’études supérieures de droit public, mention ‘’affaires européennes’’ et du Centre universitaire d’étude des communautés européennes et a auparavant travaillé pour une banque avant de participer à la création d’un établissement scolaire où il enseigne l’histoire et les institutions européennes (vu le niveau de la formation d’En Marche, mieux vaut avoir peur). Son compère, lui aussi diplômé en droit, est un ancien stagiaire de la Commission européenne et actuellement il est chargé des questions communautaires pour le compte d’une grande entreprise.

Au niveau des sites auxquels on renvoie, rien d’anormal, que des sites pro-européens comme celui de Jean Quatremer ou de Notre Europe (think thank créé par Jacques Delors).

Au niveau des ouvrages plus spécifiques à chaque chapitre, on retrouvera bien évidemment un certain nombre de gens ayant connu Jacques Delors venant de son institut comme Pascal Fontaine, Aziliz Gouez ou Pascal Lamy. Ce qui n’est pas étonnant car la personne qui a validé les notions du parcours est Jérôme Vignon, un économiste statisticien ayant appartenu au cabinet de Jacques Delors.

En guise de conclusion, cette initiative des Marcheurs à au moins le mérite de soulever un problème, celui de la formation politique. C’est un vrai enjeu surtout pour un parti qui veut changer la société, « pas de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire », et force est de constater que le PCF qui faisait ce travail de formation l’a complètement abandonné, où on en arrive où les jeunes adhérents du parti n’ont jamais entendu parler du surtravail ni de la baisse tendancielle du taux de profit ! Dans l’optique d’un vrai mouvement révolutionnaire dont la France à besoin, le PRCF et ses adhérents prennent les choses en main...

(1) Tiré de L’idéologie européenne, 2008, par Aymeric Monville, Benjamin Landais et Pierre Yaghlekdjian.
(2) C’est Jean Monnet qui le dit dans ses Mémoires, page 436-437.
(3) L’idéologie européenne, page 34-35.
(4) Ibidem, p. 47-49.

»» http://jrcf.over-blog.org/2017/12/l...
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La gauche radicale et ses tabous
Aurélien BERNIER
Le constat est douloureux, mais irréfutable : malgré le succès de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2012, le Front national réussit bien mieux que le Front de gauche à capter le mécontentement populaire. Comme dans la plupart des pays d’Europe, la crise du capitalisme profite moins à la gauche « radicale » qu’à une mouvance nationaliste favorable au capitalisme ! Tel est le paradoxe analysé dans ce livre. Paralysé par la peur de dire « la même chose que Le Pen », le Front (…)
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La meilleure forteresse des tyrans c’est l’inertie des peuples.

Machiavel

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